06 avril 2008

Vashisht

Je quitte donc l'ile de Neil et Alex pour me rendre dans le Pre-Himalaya, a Vashisht plus precisemment. S'en suivra un parcours du combattant pour rejoindre Delhi. Je vole jusqu'a Kolkata car le bateau faisant la liaison vient de partir et le prochain se trouve etre dans un mois seulement...
Je pars donc le lendemain et arrive dans la cite de Kali, la deesse de la destruction, a midi. Je tente de reserver un ticket de train pour Delhi depuis l'aeroport mais tous les departs s'averent etre plein. Je dois me rendre au bureau reserve pour les touristes qui se situe au centre ville. Nous (les touristes) beneficions de quotas qui nous permettent parfois d'obtenir des tickets sur des trains pourtant deja plein . Il existe aussi un autre ticket pour les situations d'urgence. Il faut alors adresser sa requete quelques heures avant le depart du train, dans l'un des bureau des Railways of India. Un prepose mettra alors un tampon sur le formulaire que l'on a prealablement rempli, justifiant la necessite d'un tel ticket. L'avantage c'est que l'on peut ecrire a peu pres n'importe quoi. Il faut juste payer un petit supplement.

Bref, je me rends donc dans ce bureau ou je connais l'un des vendeur de tickets. Il m'avait deja depanne l'annee passee, lorsque je n'ai fait que changer nos dates de depart... Je le re-rencontre donc et il m'arrange a nouveau un itineraire me permettant de partir le soir meme. C'est un peu marathon mais enfin...
Je dois me rendre jusqu'a Kanpur et de la, changer de train. Ca me va, depart a 23h.
Entre-temps, je me rends au sud de la ville, chercher un paquet envoye quelques mois plus tot chez des amis a Claire. Il contient ma veste en goretex, autre polaire et jeans, bien utiles pour les montagnes. Je rejoins Howrah, cette gare animee comme une ville malgre leur tardive. Je suis assise devant une des porte d'acces. Non loin de moi, se trouve un cul de jatte, maintenant endormi, ses jambes repliees contre lui. Il se deplace la journee sur une sorte de planche a roulettes improvisee, schlaps aux poing pour les proteger alors qu il pousse son moyen de locomotion sur le bitume. Les gens presses, enfin arrives (j'imagine apres un trajet inerminable), ne le voient meme pas, pas plus que moi, qui manque me faire ecraser plus d'une fois. Il faut dire que c'est la cohue-bohue par la. Les voyageurs donc, extenues, tentent de quitter la gare et veulent arriver chez eux. Il doivent toutefois encore batailler contre les porteurs qui les suivent et proposent leur service, puis contre les chauffeurs de taxi, qui les tirent de toute part (vers leur engin respectif) en esperant avoir la course.
Puis l'heure de mon depart arrive enfin et je m'installe pour la nuit. Je me reveille tard, attends tranquillement l'arrivee de ma ville-etape afin de changer de train. Je commence neanmoins a m'inquieter car l'heure tourne et nous semblons avoir pris beaucoup de retard. Je pensais avoir tout le temps possible et eviter un bete ratage de train avec 3h30 d'intervalles. Mais non, pas en Inde.

Je loupe ma correspondance de 5 minutes et il n'y a pas d'autres trains avant la nuit. Je suis fatiguee, j'en ai marre, la, maintenant. Je regrette presque mon changement de plan soudain, mon impulsivite qui me plonge dans ce genre de situation. Mais enfin, je ne peux m'en prendre qu'a moi-meme et dans la presente situation, ca ne changera pas grand chose.
Je me dirige donc vers le Head ticket collector, le seul qui puisse regler tous les problemes. Il a toujours son bureau sur la voie n 1. Je lui explique ma situation, dois lui sembler un peu hysterique en cette chaude apres-midi alors que l'on entend les mouches voler. Oui, il ne se passe pas grand chose par ici. Il y avait pourtant un riche Maharadjah en son temps. Le faste semble bien loin en ce coin recule.

Anyway...

Il semble vouloir se debarasser de la patate chaude, moi, en me tamponnant mon ticket de train, m'autorisant a me rendre a Delhi, gratuitement, via Agra. Il m'ordonne, d'un balayement de la main, de suivre un sbire, qui me conduit jusqu'au meme train que je viens de quitter. Je suis sensee aller jusqu'a Agra, changer de gare (il y en a 2 dans la vie du Taj Mahal) et prendre le premier train pour Delhi.

Je longe plusieurs wagons de 1ere classe afin que l'on m'y trouve une place. En 1ere classe oui, car le train que j'ai rate ressemble a ceux que l'on a en Suisse : a l'heure en general, des sieges en air conditionne (non pas les couchettes qui rappellent parfois des trains de deportes) et une musique relaxante. Le billet coute donc plus cher et c'est pourquoi je suis sensee voyager confortablement installee en 1ere, pour le desagrement.
Manque de pot, il n'y a evidemment pas de place et je finirais par passer le trajet, quelques 7h, a cote des WC (de 1ere... tout de meme).

J'arrive a 23h a Agra. Je suis lessivee mais trouve neanmoins l'energie de negocier le prix d'un rickshaw pour me mener a l'autre gare. Faudrait pas en plus que je me fasse completement avoir pour le prix de la course. La, je ne serais pas en etat de le supporter...

Arrivee a la nouvelle gare, j'explique encore une fois mon probleme au Head ticket collector du coin, direction voie 1. La requete passe a son superieur, qui donne son assentiment. Je longe le pont qui me mene au quai 3. Encore une heure a attendre. Je m'assieds sur mon sac. Et comme tout le monde, j'attends. Une drole d'ambiance, a chaque fois, celle de la nuit sur un quai de gare. Ca se rechauffe, la nuit est fraiche, en buvant un chai fumant. Ca mange des chips ou des pakoras pour tromper le temps. Ca ne s'impatiente pas plus que ca, tout en baillant. Puis le train arrive enfin. Je n'ai toujours pas de couchette attribuee. Pour ce faire, je dois a nouveau raconter mon histoire au controleur, qui sera sur le quai devant les wagons de ma classe, maintenant 2eme sleeper. Il y a un essaim d'hommes qui l'entoure, plein de requetes, eux aussi. Je finis par etre entendue et me vois attribuer une couchette, sans plus de complications que cela. Hallelujah. Enfin le dernier trajet d'un long periple.

Je vais devoir me reveiller a 4h30 du matin, ce qui ne va pas etre facile sans alarme... Etrangement, l'esprit a des ressources insoupconnees. Je me reveille en sursaut alors que j'entends la voix-off feminine, desormais familiere des gares, annoncant les arrivees d'un convoi et les prochains departs. J'alpague un chai-wallah (vendeur) qui passe heureusement par la et lui demande ou nous sommes : NewDelhitrainstation Madam'. En moins de deux, j'empoigne mes sac de couchage et a dos, puis saute du train, l'oeil hagard, totalement sonnee.

Je marche jusqu'a mon hotel, Prince palace, au bout de Paharganj, enfin non, je decide de prendre un cyclo, le velo qui tire un petit siege ou je m'affale, extenuee. Ravie neanmoins de m'etre reveillee, le train continue jusqu'a Armitsar, au Punjab, l'etat voisin...
Enfin je me repose.

Je passe les jours suivants a parcourir le marche pour trouver des fringues a ramener aux copiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiines! Puis je quitte Delhi par un bus de nuit, sur une couchette, afin de rejoindre Manali brievement et Vashisht enfin... Et changement de temperature!!!





Je me pose pour quelques semaines je l'espere. J'en ai besoin apres ces jours mouvementes. Je prends chambre chez Yogu, dans une vieille maison en bois.




Ma chambre


Il y a un four (tandoori) au milieu de la piece, bienvenu les nuits froides. Je cuisinerais dessus aussi, quand mon etat le permettra. En effet, a peine arrivee, je tombe malade. J'ai commence par rendre, puis me ruer aux wc, en bas des escaliers qui me semblaient alors etre un parcours pave d'embuches, seulement la pour ralentir ma course. Malade donc des mon arrivee.
Je me suis auto-mediquee pour sortir de cette torpeur et ca a marche pendant quelques jours ou j'ai pu profiter de decouvrir les alentours.






Je prends ma douche aux bains du temple. Il y a une source d'eau chaude, ca y est bouillant en effet. Il faut, evidemment, se dechausser a l'entree.
Puis je me glisse dans l'antre des femmes. Il y a la 4 jets d'eau qui coule constamment dans un 1er bassin. A cote, un autre de ces bassin, rempli cette fois pour s'y baigner. L'eau chaude est salvatrice les jours gris. Tout le monde se lave la. Et ca se lave de telle maniere que j'ai l'impression de ne l'avoir jamais fait comme il faille jusque la. Ca frotte a tour de bras, jusqu'a ce que la peau devienne rouge. Derriere les oreilles, entre les orteils, le dos. Une vieille femme me fait le mien, je frotte la suivante. C'est marrant et en meme temps quelque peu etrange de partager cette intimite la avec des inconnues. Sans compter les nombreuses touristes indiennes qui entrouvrent le rideau et matent ce qu'il se passe, trempottant leurs pieds dans la piscine chaude. Genant parfois, oui, tout de meme, puis on s'habitue et on y prends plus garde... Enfin presque...




Ensuite, je commence a roter d'etranges relans puants l'oeuf pourri, suivis de pets lourds, gras et bruyants : desolee de l'indelicatesse de mes propos mais enfin, ils ont accapares tant de mes jours que je ne peux omettre de les mentionner. Ils font partie integrante du voyage, il faut bien le dire. De suite, je me doute bien avoir une salete installee la et qui ne veut pas s'en aller. Il y a 2 jours de festival, le docteur est donc a guichet ferme mais je m'y rends des que je peux. J'ai des amibes. Heureusement toutefois, je ne me vide pas. Rapidement je retrouve mon appetit et ai l'impression de revivre des que je peux a nouveau profiter des environs et voir la beaute la ou elle est, dans les details comme toujours : les toits en pierres epaisses qui brillent sous le soleil.




Les granges d'ou le foin deborde. Les vaches venues boire et qui me chassent de la fontaine publique, alors que je fais ma lessive sur les pierres plates. Les gamins aux joues pourpres qui sourient de toutes leurs dents en agitant leurs mains : Tata! qu'ils disent.



Tous les arbres bourgeonnent, les feuillent sont naissantes et d'un vert radieux. Les fleurs eclatatent comme des pop-corns.


La vie au village


La saison s'apprete a commencer et chacun se pare. Un jour, le camion vient deposer des briques, commandees en groupe. Le dechargement s'organise.
La vallee regorge de pommiers installes sur des terrasses. Un autre jour, vient le camion qui deversera des milliers et des milliers de planches. Tout le village semble venir s'approvisionner. Chaque personne que je croise portera des planches sur son dos. Ils fabriqueront avec les caisses pour deplacer les pommes.
Dans les villages du coin, la solidarite est encore de mise, comme le soir ou nous sommes alles manger chez une famille en deuil (et nous n'etions pas les seuls!). Ils celebrent le defunt (ici leur fille) a plusieurs reprises ulterieurement.
La derniere fois se trouvant etre 4 ans apres la date de la mort (ce soir). Pour ce faire, un enorme repas est prepare et tout le monde peut s'y joindre (1000 personnes easy...)
Au moins une personne par famille viendra aider celle en deuil pour preparer ce "gueuleton".
La scene est amusante : nous devons d'abord faire la queue, attendant que le groupe precedent ait fini son repas. D'un commun accord et pourtant sans que personne n'ait pipe mot, tout le monde se leve d'un coup et s'en va. Je prends alors place, dans la rangee des femmes. Nous sommes tous en ligne, assis par terre, attendant d'etre servis. Plein d'hommes, les serveurs, s'agitent, installant des assiettes en carton sur le sol, puis les remplissant au passage et a tour de role, des differents dhals.
Je m'en irais d'un bond, comme tout le monde,
une fois que chacun aura fini. La prochaine tournee s'installe deja.
Les terres sont labourees, d'une belle couleur marron. La vie semble reprendre sur l'hiver qui fut rude cette annee, les pics enneiges en temoignent. Les echopes du bord de route vendent plein de babioles, entre jouets et vernis a ongles, bangles et casquettes, reliques religieuses et bidies.
Je commence egalement a apprendre l'hindi. Je dessine et dessine encore ces etranges caracteres qui pourtant veulent dire quelque chose. L'exercice est amusant, interessant, d'une logique autre qui maintient mon interet. Je tente de lire, il me reste a apprendre le vocabulaire, la grammaire, enfin, beaucoup de boulot quoi!
Les derniers jours de mon sejour se passent sous la pluie et le froid. Les touristes commencent a affluer, c'est qu'il fait chaud en plaine...
Je descends sur Delhi, voila que j'ai rendez-vous avec Alex pour aller au Rajasthan, Pushkar, afin d' y faire des habits, je l'espere, pour les ventes...

06 mars 2008

Neil island


Il est 5h30 du matin lorsque j'arpente la jetty, l'oeil sacrement glauque, a la recherche du bateau qui me menera sur l'ile de Neil. J'apprends alors qu'il ne partira qu'a 7h... Soit et dommage pour la petite heure de sommeil en plus dont j'aurais pu beneficier. Je pose mon sac contre un mur, m'assieds dessus et profite de siroter un chai, en regardant la ville qui s'eveille. Les bacs deversent leur lot de travailleurs venus commencer leur journee. Un chat orange vient miauler a mes pieds et s'en va observer les poissons. J'en repere un, un lion qui flotte au gre du ressac, toutes nageoires deployees, ressemblant plutot a des plumes en plein essor. Etonnant de le voir la.
Puis enfin vient l'heure du depart. Le bateau semble etre plein mais un gars vendra des tickets 1/2 heure avant le largage des amarres. J'espere pouvoir en choper un et ca s'averera etre une histoire en poche. Je le negocie au prix normal et passerais le trajet sur le pont. J'arrive sur l'ile de Neil a 9h du matin.




Je croise de suite Marco au petit port de Neil, l'ami italien deja rencontre en Jordanie, puis a Gokarna et Hampi aussi. Comme je le disais plus haut, le monde des voyageurs est petit...
Je retrouve la aussi Alex qui est installe depuis quelques jours. Il a pris ses habitudes et semble deja bien dans le bain! Pas plus effraye que cela par la vue d'un serpent au coin de son pied...
Ahhhhhhhh le temps de Long Island semble bien loin (Cf chapitre Andamans Fevrier 2007).


Le luxuant jardin de PearlPark, notre guest house,
grouillant de reptiles en tout genre et autres instectes interessants...

Nous passons quelques jours ensemble a reprendre nos coutumes qui se declinent principalement a jouer au backgammon, beachtennis, manger, faire les anes sur la plage et nous raconter. De chouettes et intenses retrouvailles, comme toujours, ponctuees par une memorable nuit et surtout matinee sur la plage alors que le ciel semblait se dechainer sur l'ile (etonnament etrange pour la saison, par ailleurs).




Le dhaba ou l'on a l'habitude de manger ces delicieux parotas, pitas

Et lui, il fait les monstres roulades aux legumes qui me rappellent les souvlakis... un vrai delice!

On a pas l'air heureux notre roll en main?













J'emprunte une bicyclette pour me rendre au village, manger au dhaba, faire mes achats ou boire un chai. Les apres-midi sont pluvieuses et rendent le ciel lourd et bas. L'humidite est intense. Et la vie s'ecoule. L'ile est calme. seul le cri des chiens semblants fous ne derange.

Puis je decide sur un coup de tete de rejoindre les montagnes himalayeennes. Je dis au revoir a Alex que je recroiserais plus tard.

Sur la jetty

La magie du voyage, une rencontre extraordinaire à Kalamaki - Part 7 Roadtrip

 To go with the flow... Je prends la route de bon matin et continue de longer la côte qui devient de plus en plus construite en remontant en...

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