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12 avril 2020

La vie au temple....

To go with the flow...






J'ai passé six années à vivre dans un temple taoïste, temple que le groupe d'une quinzaine de personnes que nous étions a construit. Ces années se sont passées au Guatemala, dans un bled appelé San Marcos la Laguna, au bord du lac Atitlan. Il y a déjà un chapitre introduisant ce bout d'histoire, vous pouvez le retrouver ici : https://soniaontheroadagain.blogspot.com/2014/05/san-marcos-la-laguna-tai-chi-less.html

I spent six years living in a Taoist temple, a temple built by the group of about fifteen people that we were. Those years were spent in Guatemala, in a village called San Marcos la Laguna, on the shores of the Lake Atitlan. There is already a chapter introducing this piece of history, you can find it here:
https://soniaontheroadagain.blogspot.com/2014/05/san-marcos-la-laguna-tai-chi-less.html




J'y suis venue afin de continuer mon entrainement de Taiji. Je n'aurais jamais choisi sinon de vivre dans ce pays. Mon playground préféré restant l'Inde et il faut le dire, le Guatemala en est loin, pas seulement au niveau géographique mais culturel, culinaire, musical, son ambiance en général, la violence gratuite...

Afin de poser le cadre, il m'apparaît être une bonne idée de visionner un documentaire que TV5 est venu tourner au monastère. Cela donnera une idée certainement plus concrète de notre quotidien, même si cette version en est une améliorée et que la réalité était tout de même quelque peu différente.
Voici le lien pour visionner ce documentaire (en français).

https://www.tv5unis.ca/videos/en-marge-du-monde/saisons/1/episodes/5?fbclid=IwAR0ZIBYubWIZyXNNbcSSAjESjnKfTL-EjLc1IDNhq6R2zNrD1FXW8mR2aKI


I came here to continue my Taiji training. Otherwise, I would never have chosen to live in this country. My favorite playground remains India and it must be said, Guatemala is far from it, not only geographically but culturally, culinary, musically, its atmosphere in general, gratuitous violence...

In order to establish the framework, it seems to be a good idea to watch a documentary that TV5 came to shoot at the monastery. This will certainly give a more concrete idea of our daily lives, even if this version is an improved one and the reality was still somewhat different.
Here is the link to watch this documentary (in French).



Il m'est difficile de relater ces six années passées au temple car tant de choses s'y sont déroulées! Aussi, ce temple, tel que je l'ai connu, n'existe plus.
Ce que je peux en dire, c'est que cela aura certainement été l'expérience la plus intense et ardue que j'aie vécu jusqu'à présent. Bien sûr, ce ressenti et ce récit ne sont que les miens et n'engagent personne d'autre.

La vie en communauté a été quelque chose de difficile à appréhender pour moi, après toutes ces années en solitaire, passées à voyager, où je faisais ce que bon me semble, au moment où j'en avais envie. ll a fallu donc accorder mes violons et cela ne s'est pas fait sans résistances, il faut bien l'avouer. Je savais bien que cela serait dur, en même temps, j'avais conscience que si je voulais avancer sur ce chemin, c'était la case inévitable par laquelle il fallait passer. 

Il faut savoir que chacun était là afin de pratiquer, ce n'était donc pas un groupe d'amis qui s'est réuni pour vivre ensemble mais des personnes de tout horizon qui avaient un même but commun. 

Notre quotidien était donc rythmé par la pratique bien sûr mais aussi les tâches dont chacun était responsable. J'ai eu par exemple pour mission pendant un certain temps de m'occuper des jardins potagers. 

It is difficult for me to recount these six years spent in the temple because so much happened there! Also, this temple, as I knew it, no longer exists.
What I can say is that it will certainly have been the most intense and arduous experience I have had so far. Of course, this feeling and this story are only mine and do not engage anyone else.

Community life was something difficult for me to grasp, after all these years alone, spent traveling, where I did what I wanted, when I wanted to. It was therefore necessary to tune my violins and this was not done without resistance, it must be admitted. I knew it would be hard, at the same time, I was aware that if I wanted to move forward on this path, it was the inevitable box through which I had to go.

You should know that everyone was there to practice, so it was not a group of friends who met to live together but people from all walks of life who had the same common goal.

Our daily life was therefore punctuated by practice of course, but also by the tasks for which each was responsible. For example, I had for a while the task of taking care of the vegetable gardens.






Il fallait aussi pouvoir faire vivre le temple et ses nombreux besoins, j'ai donc travaillé à Shambhala, un café que d'autres habitants du temple ont créés. Le café a tout de suite eu un succès fou. J'y ai travaillé en faisant tout d'abord des heures au service, puis en gérant la boutique attenante où je pouvais mettre en vente mes confections venant d'lnde, ai ensuite géré pendant une période le café en entier, avant de finalement ouvrir ma propre boutique.


Comme vous avez pu le voir dans le reportage, nos journées étaient bien remplies, avec un lever, au plus tard, à 5h du matin. Pour les monastiques, dont je ne faisais pas partie, cela commençait par une série de prosternations au temple, dans la maison principale. Ensuite, nous descendions à l'espace de pratique appelé Zhong Xien pour commencer la séance à 5.30. 

L'idée d'un horaire serré permet de mettre, en fait, un cadre au mental qui s'agite dès que l'on se réveille. En commençant par la pratique, c'est comme si on donnait le ton pour le reste de la journée. J'ai del a chance, je n'ai jamais eu de problèmes pour me réveiller au premier coup de sonnerie. Mais plus d'une fois je me suis quand même bien demandée ce que je foutais là!

La séance commençait par des échauffements. Il y a toujours un leader lorsque l'on pratique le Taiji. Il donne le ton, envoie un signal et le reste du groupe le suit. Ainsi, nous unissons tous notre énergie pour "chanter la même chanson". Le fait de pratiquer en groupe permet d'augmenter la charge énergétique, c'est pourquoi il est bénéfique de le faire à plusieurs, même si la pratique en solo reste indispensable pour se développer.
 
L'idée est de se (re)connecter à son énergie vitale, à ce qui est, plutôt que d'écouter les films de son mental, qui ne sont que des projections au final et pas franchement la réalité. La respiration elle, existe bien! Cela s'appelle de la méditation en mouvement. 
Nous nous concentrons donc sur la respiration et utilisons le corps comme porte d'entrée. Tout le challenge réside dans le fait de rester concentré, en gardant son focus sur les sensations, tout en étant détendu. Cela peut paraître facile à faire quand on le lit mais c'est un réel parcours du combattant pour celui qui a un mental agité. 

La pratique terminée, le soleil installé dans le ciel avec sa chaleur bienfaitrice, nous allions méditer assis, jusqu'à 8.30, heure du déjeuner. Ensuite, chacun partait vaquer à ses tâches. C'était soit du service au sein du temple, soit du travail à l'extérieur. 

Entre midi et une heure, nous méditions assis au temple, puis venait l'heure le repas avant de reprendre le service ou son travail à l'extérieur. En fin de journée, une autre séance de Taiji se tenait sur l'espace fait de bambous, qui était magnifique je dois dire. Nous avions la vue sur le lac et les montagnes, rythmé par un énorme gong annonçant les débuts et fins de sessions. Le gong était tellement grand qu'on pouvait ressentir ses vibrations nous traverser le corps. C'était une sacrée expérience. 

Nous avions également des meetings réunissant toute la communauté. Ils pouvaient être formels, à parler des choses organisationnelles du quotidien mais également être beaucoup plus intenses. 
A quoi sert d'avoir la plus belle forme de Taiji si au quotidien on se comporte comme une merde?
Un travail intérieur est donc indispensable pour aller de l'avant, évoluer, grandir. 

Le fait de vivre en groupe révèle comme vous le savez sûrement les comportements des uns et des autres (et leurs déviances!) et c'est là un atout précieux. Ces moments étaient donc également utilisés pour mettre en lumière nos "angles morts", ces manières d'être qui nous font dysfonctionner et génèrent de la souffrance, la sienne d'abord, mais également celles des autres qui nous entourent, lorsqu'ils se prennent en pleine poire, par exemple, notre colère ou agressivité mal gérées. 

J'ai donc vécu beaucoup, beaucoup de meetings où j'ai eu le sentiment d'être acculée contre un mur, renvoyée à mes mécanismes dysfonctionnels. Très souvent quand je recevais ces feedbacks, ma première réaction était la défensive et l'attaque. Il y a eu des moments terribles et j'ai pu observer que plus on résiste, plus on souffre. 
Je pense avoir appris, à force d'avoir été rabâchée, à arrondir mes angles. L'image utilisée était souvent celle-ci, quand on mélange des cailloux ensemble, à force de les frotter les uns et aux autres, ils finissent par s'arrondir. Et je crois bien que c'est vrai.

J'ai "découvert" que ce n'est pas parce que l'on a une émotion, aussi forte soit-elle, qu'il est légitime de la balancer à la face des autres. Ce n'est pas non plus parce que l'on ressent des choses que cela est "vrai". Certes le ressenti est présent, mais au final, nous lisons tous la vie avec nos propres filtres, venant de notre histoire personnelle, notre éducation, pays, voire même karma. Je peux réagir fortement à une situation qui ne touchera pas du tout une autre personne, parce que c'est "mon bouton" qui a été activé, "mon truc" qui n'a pas été réglé et se met en branle, pas forcément au bon moment du coup. 
ll m'a fallu apprendre à prendre mes responsabilités, arrêter de pointer du doigt à l'extérieur pour justifier mes souffrances mais revenir à l'intérieur, observer  mes résistances pour les comprendre, les appréhender et les lâcher. 
C'est au fond un travail de prise de conscience de nos mécanismes. Ainsi, il sera plus aisément possible de les reconnaître lorsqu'ils s'activent et surtout de rectifier le tir. 

Autant vous dire que ce n'est pas simple! Surtout parce que je pense foncièrement que la mouvance du monde ne va pas dans cette direction. Et c'est tellement plus facile de blâmer les autres plutôt que de réaliser que, bien souvent, on créée tout seul son propre malheur. Il est donc indispensable de prendre responsabilité et conscience des choses pour changer le cours de sa vie. 

Un des moments culminant de cette expérience s'est manifesté lorsque j'ai décidé de raser mes cheveux. Je ne passais pas mon temps à en prendre soin, néanmoins ils étaient tout de même porteurs de message.  Quand on a une chevelure, on peut finalement choisir comment on se présente au monde, aux autres. La mienne était sauvage, annonçant la couleur si je puis dire. Quand on est rasé, il n'y a plus que soi, finie l' image que l'on veut mettre en avant. Je ne pouvais plus me "cacher" derrière cette chevelure flamboyante . 
J'ai eu peur de perdre ma féminité au passage. Et puis je me suis rendue compte que j'avais gagné quelque chose ailleurs, de bien plus précieux. Déjà ma posture a changé, comme si le poids des cheveux tiraient en arrière et il fallait alors que ma tête remette de l'équilibre en s'avançant un peu. C'est drôle car à ce moment-là, des gens que je ne connaissais absolument pas, m'arrêtaient dans la rue  pour me dire que ça m'allait super bien, qu'il se dégageait de ma personne une force certaine. 
J'ai eu l'impression d'être plus "vraie". 
Après je ne cache pas la contrainte que cela peut être face au froid et au soleil. J'ai gardé la tête rasée pendant 18 mois, puis petit-à-petit je les ai laissés repousser. 

Il a été intéressant de constater les différences de réaction face à ce crane rasé. En Suisse, les gens qui ne me connaissaient pas évitaient mon regard. Je pense que ça leur évoquait la maladie et la mort et ça leur faisait peur.
En Inde, les gens étant bien moins phagocytés par le sens des convenances m'abordaient et me demandaient directement pourquoi j'avais la tête rasée. Dès que je leur disais que je vivais dans un temple, ils se baissaient en signe de respect et me félicitaient en me disant "that's very good". Lä-bas, il est tout-à-fait normal de dédier sa vie au temple, c'est même très bien vu. Et il n'y avait plus du tout ces jeux de séduction qui peuvent mettre mal à l'aise, je n'aurais jamais été aussi peinarde là-bas!
Comme quoi, les paradigmes changent drastiquement la perception des uns et des autres suivant où l'on se trouve. 

It also needed to be able to sustain the temple and its many needs, so I worked at Shambhala, a cafe that other temple residents started. The cafe was an instant hit. I worked there by first doing service hours, then by managing the adjoining shop where I could sell my confections from India, then managed the entire café for a period, before finally opening my own shop.

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As you could see in the report, our days were busy, with a wake up, at the latest, at 5am. For the monastics, of which I was not one, it began with a series of prostrations in the temple, in the main house. Then we went down to the practice space called Zhong Xien to start the session at 5.30.

The idea of ​​a tight schedule makes it possible to put, in fact, a frame in the mental which is agitated as soon as one wakes up. Starting with practice is like setting the tone for the rest of the day. I'm lucky, I've never had a problem waking up on the first ring. 
But more than once I still wondered what I was doing there!

The session began with warm-ups. There is always a leader when practicing Taiji. He sets the tone, sends a signal and the rest of the group follows him. Thus, we all unite our energy to "sing the same song". Practicing in a group increases the energy charge, which is why it is beneficial to do it with others, even if solo practice remains essential for development.
 
The idea is to (re)connect to your vital energy, to what is, rather than listening to the movies of your mind, which are only projections in the end and not really reality. 
Breathing does exist! 
So we focus on the breath and use the body as a gateway. The whole challenge lies in staying focused, keeping your focus on the sensations, while being relaxed. It may seem easy to do when you read it, but it's a real obstacle course for anyone with a restless mind.

The practice finished, the sun installed in the sky with its beneficent heat, we were going  then to meditate seated, until 8.30, breakfast time. Then everyone went about their chores. It was either service within the temple or work outside.

Between noon and one o'clock, we meditated sitting in the temple, then it was time for the meal before resuming the service or our work outside. At the end of the day, another Taiji session was held on the space made of bamboo, which was magnificent I must say. We had a view of the lake and the mountains, punctuated by a huge gong announcing the start and end of sessions. The gong was so big that you could feel its vibrations going through your body. It was quite an experience.
We also had meetings bringing together the whole community. They could be formal, talking about day-to-day organizational things, but also be much more intense.
What is the use of having the most beautiful form of Taiji if on a daily basis we behave like shit?
An inner work is therefore essential to move forward, evolve, grow.

The fact of living in a group reveals, as you surely know, the behavior of each other (and their deviations!) and this is a precious asset. These moments were therefore also used to highlight our "blind spots", these ways of being that make us dysfunctional and generate suffering, his own first, but also those of others around us, when they take in the face, for example, our badly managed anger or aggressiveness.

So I went through many, many meetings where I felt like I was backed up against a wall, sent back to my dysfunctional mechanisms. Very often when I received these feedbacks, my first reaction was defense and attack. There were terrible moments and I was able to observe that the more one resists, the more one suffers.
I think I learned, by dint of being harped on, to smooth my edges. The image used was often this one, when you mix pebbles together, by dint of rubbing them against each other, they end up rounding off. And I do believe that's true.

I "discovered" that it is not because one has an emotion, as strong as the  can be, that it is legitimate to throw it in the face of others. It is not because we feel things that it is "true". Certainly the feeling is present, but in the end, we all read life with our own filters, coming from our personal history, our education, country, even karma. I can react strongly to a situation that will not affect another person at all, because it is "my button" which has been activated, "my thing" which has not been settled and is set in motion, not necessarily at the right moment.
I had to learn to take my responsibilities, stop pointing the finger outside to justify my sufferings but come back inside, observe my resistances to understand them, apprehend them and let go.

It is basically a work of becoming aware of our mechanisms. Thus, it will be more easily possible to recognize them when they activate and especially to rectify the situation.

Let me tell you, it's not easy! Especially because I fundamentally believe that the movement of the world is not going in this direction. And it's so much easier to blame others than to realize that oftentimes we create our own unhappiness. It is therefore essential to take responsibility and awareness of things to change the course of one's life.

One of the high points of this experience came when I decided to shave my hair. I didn't spend my time taking care of them, but they still carried a message. When you have hair, you can finally choose how you present yourself to the world, to others. Mine was wild, announcing the color if I may say so. When you are shaved, there is only yourself, finished the image you want to put forward. I could no longer "hide" behind this flamboyant hair.
I was afraid of losing my femininity in the process. And then I realized that I had gained something much more precious elsewhere. To start with, my posture has changed, as if the weight of the hair was pulling back and my head had to regain its balance by moving forwards a little. It's funny because at that time, people I didn't know at all stopped me in the streets to tell me that it suited me really well, that there was a certain strength coming out of my person.
I felt like I was more "real".
Afterwards I do not hide the constraint that it can be in the face of the cold and the sun. I kept my head shaved for 18 months, then little by little I let it grow back.

It was interesting to see the differences in reaction to this shaved head. In Switzerland, people who didn't know me avoided my gaze. I think it reminded them of sickness and death and it scared them.
In India, people being much less engulfed by a sense of propriety approached me and asked me directly why I had my head shaved. As soon as I told them that I lived in a temple, they bowed down in respect and congratulated me saying "that's very good". Over there, it is quite normal to dedicate one's life to the temple, it is even very well seen. And there weren't any more seduction games that can make you feel uncomfortable, I would never have been so cushy there!
Like what, the paradigms drastically change the perception of each other depending on where you are.




Cette période au temple coïncide avec une autre grosse étape de mon expérience au sein de cette communauté. Vu que je suis une fumeuse invétérée, il m'a été formulé que c'était ok de faire ce choix de vie, mais pas au temple. En gros, si je voulais rester y vivre, il me fallait arrêter cette habitude et accepter certaines règles. Si je voulais rester sur place, d'autres conditions sont venues avec le deal : Entrer en phase de silence et ne pas quitter le temple pur une durée indéterminée. J'ai accepté.
C'était rude mais je pense que ça m'a aidée.
Le premier mois a été épique. Je ne pensais qu'à la clope, jour et nuit puisque je rêvais même que je fumais... toutes les nuits...

Le fait d'être silencieux, de ne pas convoyer vers l'extérieur ce qui nous anime intérieurement, m'a fait réaliser à quel point mon mental était en constante agitation mais aussi, qu'en réalité, bien des fois, on parle pour ne rien dire. 
Toutes ces pensées étaient comme enfermées en cage et je pense avoir vu ma folie de (très) près. Après un mois, cela s'est calmé et je pense que l'année qui a suivi a été la période la plus "glorieuse" de ma vie au temple. Mon mental et état émotionnel étaient beaucoup plus stables. A quel prix me direz-vous!!!

Je ne peux pas parler du temple sans parler des animaux qui vivaient également avec nous. Au-delà des lapins que nous avions pour leur viande (j'ai toujours réussi à esquiver de les transitionner dans l'au-delà, en ai d'ailleurs jamais mangé. Ce qui je le conçois est hypocrite, puisque je ne suis pas végétarienne) et des poules pour les œufs, nous avions deux chiennes, des sœurs bullmastiffs de 60kgs au moins, Dora et Ossa. C'est des gros gabarit mais tellement gentilles et attachantes. 

This period in the temple coincides with another big step in my experience within this community. Since I am a heavy smoker, I was told that it was ok to make this lifestyle choice, but not in the temple. Basically, if I wanted to stay there, I had to stop this habit and accept certain rules. If I wanted to stay there, other conditions came with the deal: Entering a silence phase and not leaving the temple for an indefinite period. I accepted.
It was rough but it helped me.
The first month was epic. I thought only of the cig, day and night since I even dreamed that I was smoking... every night...

The fact of being silent, of not conveying outwards what animates us internally, made me realize how much my mind was in constant turmoil but also, that in reality, many times, we speak for say nothing.
All these thoughts were like locked in a cage and I think I saw my madness up close. After a month it calmed down, and I think the next year was the most “glorious” time of my temple life. My mental and emotional state were much more stable. At what price will you tell me!!!

I can't talk about the temple without talking about the animals that also lived with us. Beyond the rabbits we had for their meat (I've always managed to dodge transitioning them into the afterlife, by the way have never eaten any. Which I conceive it is hypocritical, since I'm not vegetarian) and chickens for the eggs, we had two female dogs, bullmastiff sisters of at least 60kgs, Dora and Ossa. It's big size but so nice and endearing.


A  deux mois...

A six mois...

Adultes...



Et puis il y avait ma chère minette Esther, qui est un vrai petit ange et me manque tous les jours depuis. On avait nos habitudes, elle arrivait en courant dans la chambre pour venir chercher des câlins ou venait se lover tout contre moi sous le duvet toutes les nuits. 
Toutes trois m'auront aidées les jours où ça n'allait pas, avec cet amour inconditionnel dont les animaux peuvent être capables. 

Je porte en moi et de manière douloureuse la manière dont je suis partie, en ayant clairement la culpabilité d'avoir abandonnée ma petite chatte. Mais je l'aurais prise où? Je n'ai pas de chez moi, un avenir totalement incertain et qui change quasiment à chaque instant... 
Et puis, quand je suis partie, je ne savais pas que cela serait définitif...

And then there was my dear kitten Esther, who is a real little angel and I miss her every day since. We had our habits, she would came running into the room to get cuddles or was curling up against me under the duvet every night.
All three will have helped me on the days when things were not going well, with this unconditional love of which animals can be capable.

I carry with me and in a painful way the way in which I left, clearly having the guilt of having abandoned my little cat. But where would I have taken it? I don't have a home, a totally uncertain future that changes almost every moment...
And then, when I left, I didn't know it would be final...





Car le corona virus est arrivé et depuis là-bas, en lisant les nouvelles d'Europe, j'avais l'impression que c'était un mélange d'Ebola et la peste noire. On était au tout début de la pandémie. J'en suis bien revenue depuis...
Le 12 mars 2020, tous les magasins ont fermés, ma boutique y compris évidemment. Un couvre-feu a été imposé, plus personne n'avait le droit de sortir à partir de 17h jusqu'au petit matin. Cela a duré des mois. Le village était fermé, plus personne n'y entrait ou n'en sortait. 

Un mois plus tard, je tombe sur un article, annonçant un vol, le dernier avant que l'aéroport ne se ferme de manière indéfinie (il l'aura été pour plus de 9 mois je crois) avec donc, un dernier vol pour Zurich. Cette nouvelle a tout chamboulé. Quelles étaient les probabilités qu'il y ait un vol pour la Suisse, depuis le cul du Guatemala?!

J'ai eu 24heures pour me décider et sans savoir vraiment ce que je faisais, je suis rentrée. 
Je ne pouvais en effet pas imaginer qu'il arrive un truc à ma mère ou quelqu'un de la famille et que je n'aie même pas essayé de revenir pour être auprès des miens. 
Je m'en serais voulue pour le reste de ma vie.
 
Le cœur gros, dans la nuit, j'ai paqueté un sac avec des affaires dont je n'avais pas du tout besoin, j'étais vraiment à côté de la plaque, à peser le pour et le contre (pas facile pour la balance que je suis), tiraillée je l'ai été. 
Sincèrement, jusqu'à la dernière minute avant de prendre le taxi pour l'aéroport, munie d'autorisations délivrées par l'ambassade, sorte de laisser-passer pour les check-points prévus pour la route, je ne savais pas si j'allais y aller. 
Tout semblait tellement irréel. 

C'est dur de lâcher sa vie, son business, son chat en quelques heures. C'est vite vu, il m'aura fallu des mois pour digérer l'histoire. Et je ne suis pas encore au bout de ce deuil. Je savais certes que je ne finirais pas ma vie au temple, ni au Guatemala, mais j'aurais franchement préféré le faire dans d'autres circonstances. 

Je suis partie en compagnie d'une autre pratiquante vivant au temple ainsi que sa petite fille. Toute le reste du groupe nous a accompagnés jusqu'au taxi. On pleurait tous devant la porte. Je n'avais vraiment aucune idée des conséquences que cela aurait. C'était dévastant mais je me souviens de cette force, bien au-delà de moi-même qui me poussait à faire ce pas. Franchement, ça a été l'évènement le plus traumatisant de ma vie adulte.

Il y a eu les heures de taxi qui ont suivies, jusqu'à l'aéroport. Puis nous y sommes arrivées, il n'y a pas eu de check point comme ils l'avaient annoncé hormis celui du village. On a pas eu besoin de montrer notre paperasserie de l'ambassade, obtenues à coups de nombreux coups de téléphone le jour précédent. 
A l'aéroport, il y avait une longue file de gens qui attendaient cet unique vol, le dernier avant la fermeture du lieu. Tout le monde était masqué, on s'est fait prendre la température, vérifiées qu'on était bien sur la liste de l'ambassade. Vu que le vol affrété était suisse, j'avais la priorité pour y être, les places étant comptées. Je me rappelle encore leur avoir dit, s'il n'y a pas de place pour mon amie et sa fille, laissez les aller à la mienne, comme si je demandais au destin de prendre la décision à ma place. Non, m'a-t-on répondu, vous êtes suisse, vous avez la priorité mais vous y allez toutes les 3. 

S'en est suivi des heures d'attentes, de vols, une correspondance au Costa Rica notamment, où à nouveau on nous prend la température. Ca crée une drôle d'ambiance, auquelle on s'est peut-être habitués depuis? J'ai découvert les avantages de voyager avec un enfant, on évite toutes les files d'attente et elles étaient longues! Le seul vague réconfort dans cette transhumance entamée....

Le vol était plein, collés les uns aux autres avec des hôtesses qui ne portaient pas de masques ni de gants. J'ai commencé à me poser des questions. Elles se sont accentuées en arrivant en Suisse. Personne ne nous prend la température, personne ne porte de masque dans l'aéroport, ni dehors d'ailleurs. Au contraire, quand je sors de ce qui m'a paru les heures les plus longues de ma vie, je vois des groupes de gens, fumant dehors, rigolant. Tout a l'air normal. Il y a un énorme décalage entre ce que je pouvais lire dans les journaux et la réalité.  Certes il y avait peut-être moins de monde dans les rues, mais enfin, on aurait dit un dimanche en Suisse, tranquille quoi.
Là je me dis que j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie et ce sentiment restera avec moi pendant des mois. 

Entre-temps, le temple tel qu'il était s'est disloqué. La grande majorité des gens sont partis pour divergence de point de vue et mauvaise gestion. Et ça, c'est une grande déception et me rends triste. Les humains restent des humains, ça rappelle simplement que l'humilité si elle est négligée, mène à la perte. Néanmoins, c'est seulement à ce moment-là que j'ai commencé à respirer et peut-être me reconstruire. Sans le savoir, j'avais peut-être fait le bon choix. 

Toutes ces années au temple et ce départ précipités auront été des expérience difficiles mais dont je serais éternellement reconnaissante car elles m'auront vraiment aidée à grandir. 
Alors merci.

Because the corona virus arrived and from there, reading the news from Europe, I had the impression that it was a mixture of Ebola and the black plague. We were at the very beginning of the pandemic. I have since landed from that thing...

On March 12, 2020, all stores closed, including mince of course. A curfew was imposed, no one was allowed to go out from 5 p.m. until the early morning. It lasted for months. The village was closed, no one could enter or leave it.

A month later, I come across an article, announcing a flight, the last before the airport closes indefinitely (it will have been for more than 9 months I believe) with therefore, a last flight to Zurich . This news changed everything. What were the odds of there being a flight to Switzerland, from Guatemala?!

I had 24 hours to make up my mind and without really knowing what I was doing, I went home.
I couldn't imagine that something happened to my mother or someone in the family and that I didn't even try to come back to be with them.
I would have blamed myself for the rest of my life.
 
With a heavy heart, in the night, I packed a bag with things that I didn't need at all, I was really off the mark, weighing the pros and cons (not easy for the libra that I am), torn I was.
Honestly, until the last minute before taking the taxi to the airport, armed with authorizations issued by the embassy, ​​a kind of pass for the checkpoints planned for the road, I did not know if I was going to take tahat plane.
Everything seemed so unreal.

It's hard to let go of your life, your business, your cat in a few hours. It's easy to see, it took me months to digest the story. And I am not yet at the end of this mourning. I certainly knew that I would not end my life in the temple, nor in Guatemala, but frankly I would have preferred to do so in other circumstances.

I left with another practitioner living in the temple and her daughter. The rest of the group accompanied us to the taxi. We were all crying outside the door. I really had no idea what the consequences would be. It was devastating but I remember this force, far beyond myself, which pushed me to take this step. 
Frankly, it was the most traumatic event of my adult life.

There were the hours of taxi that followed, to the airport. Then we got there, there was no checkpoint as they had announced except for the village one. We didn't have to show our embassy paperwork, obtained through numerous phone calls the day before.
At the airport, there was a long line of people waiting for this one flight, the last before the place closed. Everyone was masked, we had our temperature taken, checked that we were on the embassy list. Since the chartered flight was Swiss, I had priority to be there, the places being limited. I still remember telling them, if there is no room for my friend and her daughter, let them take my seat, as if I was asking fate to make the decision for me. No, I was told, you are Swiss, you have priority but you go all 3.

This was followed by hours of waiting, flights, a connection in Costa Rica in particular, where again we were taken our temperature. It creates a funny atmosphere, to which we may have become accustomed since? I discovered the advantages of traveling with a child, you avoid all the queues and they were long! The only vague comfort in this transhumance started....

The flight was full, glued to each other with stewardesses who were not wearing masks or gloves. I started asking myself questions. They were accentuated when arriving in Switzerland. No one takes our temperature, no one wears a mask in the airport, or outside for that matter. On the contrary, when I come out of what seemed to me the longest hours of my life, I see groups of people, smoking outside, laughing. Everything looks normal. There was a huge discrepancy between what I could read in the newspapers and reality. Certainly there were perhaps fewer people in the streets, but anyway, it looked like a Sunday in Switzerland, quiet.
There I tell myself that I did the biggest mistake of my life and this feeling will stay with me for months.

In the meantime, the temple as it was has come apart. The vast majority of people left for differences of opinion and mismanagement. And that is a big disappointment and makes me sad. Humans are still humans, it's just a reminder that humility if neglected leads to loss.
Icône de validation par la communauté
It was only then though that I started to breathe and maybe rebuild myself. Without knowing it, I might have made the right choice.

All those years in the temple and that hasty departure were difficult experiences but for which I will be eternally grateful because they really helped me grow.
So thank you.






28 mars 2015

San Marcos la Laguna, second round

To go with the flow...

.





Dès mon retour à San Marcos, j’ai la grande surprise de voir que mon propriétaire a enfin Dès mon retour à San Marcos, j’ai la grande surprise de voir les travaux sur la terrass en enfin finis!!! Mon propriétaire a progressé, Hallelujah...Rappelez-vous, j’avais avancé une année de loyer pour la création d’une plateforme devant ma chambre. La voilà finie et aménagée avec la cuisine, la douche en extérieur, les bacs pour les fleurs et même le toit en tôle!!! Apres six mois, je n’y croyais plus et c’est donc une jolie surprise pour mon retour. J’ai déjà tous les articles ‘déco’’ pour parfaire son aménagement et j’ai hâte de m’y coller mais repos du guerrier avant tout, ces deux jours de trajets pour rentrer du Mexique m’ont lessivée…

Back to San Marcos, I have the great surprise to see the work on the terrace finally finished!!! My owner progressed, Hallelujah... Remember, I paid ahead a year of rent in exchange of a terrace in front of my room. It is done and equipped with a kitchen, an outside shower, containers for flowers and plants and even a tin roof! After six months, I wasn't believing in it anymore and it is therefor a very nice surprise for my return. I have already the ''deco'' articles to make it more cosy and am excited to work on it but, rest of the warrior first, those two days of travel to come back from Mexico just killed me...


la vue...


...depuis la terrasse






la douche

















Je retrouve Lacie, le chien de la maisonnée qui devient, au fil des mois, le mien, me suivant comme mon ombre. Il aime avoir une vie sociale et me suis donc au village. Il n’est pas bête et sais qu’il est exclu au temple, il ne me suit donc pas lorsque j’en prends la direction. Un malheureux incident lui arrive quelques jours après mon retour. Il se prend un coup de machette juste a cote de l’œil, ça lui a entaille la paupière tout de même. Je lui confectionne une collerette qui ne tiendra pas la nuit afin qu’il évite de se gratter, des sutures n y feront rien, il les enlèvera, a coups de cendre et de poudre de café, la plaie finira pas s’assécher et le canin sera en pleine forme et sur ses pattes au bout de trois jours ! King Kong, le mâle alpha de la maisonnée, lui a eu moins de chance. Il s’est fait empoisonner lors d’une razzia organisée par la mairie et qui donc dispose de la nourriture empoisonnée  dans les rues. Si chacun souhaite conserver son chien vivant, il devrait le garder a l'intérieur cette nuit-la pour éviter ce triste sort.. Le jour où ils vont passer à l’action, ils l'annoncent à l’aide de leur maintenant fameux haut-parleurs. Mes proprios étaient absents ce jour-là et moi partie au Mexique, King Kong s’est fait choper…


I find back Lacie, the house's dog who becomes, month after month, like my shadow. He likes to have a social life and follows me to the village. It is not studpid and knows that he cannot come to the temple, therfor it doesn't folllow me when I take that direction. A sad incident occurs to it, just a few days after I got back. It got hit by a machete right next to its eye and that almost cut it actullay  I make it a carton's collar to make sure Lacie doesn't scratch itself but that won't last, it eventually got stitched but this will also go away quite fast, finally with ashes and coffee powder, the wound dries out and Lacie is back to fullpower moded, on its legs after 3 days! King Kong, the Alpha male of the house was less lucky. It got poisoned when the Municipality organized a razzia, disposing poisoned food in the streets. If you want to keep your dog alive, you should keep it inside those nights to avoid that sad faith. The day they are going to do it, they announce it on their now famous loud-speakers. My owners were gone that day and I was in Mexico, King Kong got hit... 

I also get the visit of ''Small cat', Yann's one who comes and visits me the time he lived here.

Lacie blesse a l oeil...

 le chat de Yann

De retour au village, une routine s’installe au temple de Tai Chi, j’ai l’impression de rejoindre un train qui a pris sa vitesse de croisière. Chacun a ses taches bien définies et je continue à travailler aux jardins, dans les vergers et à la serre en particulier. Aussi, nous commençons à établir une encyclopédie de toutes les plantes (légume, fruit, herbes aromatiques ou médicinales, arbre, fleur, herbe a chat !) que nous faisons pousser. Je participe à la recherche d’informations concernant chacune d’entre elles, autant dire des heures et des heures de recherche ! C’est passionnant et j’en apprends énormément sur les plantes, leurs habitudes, préférences ou besoins. Nous appliquons les principes de permaculture et découvre par exemple que certaines associations de plantes permettent d’attirer ou au contraire repousser certains insectes. Bref il y a du pain sur la planche!

Back to the village, a routine set up at the Temple, I have the impression to join a train rolling at a good speed. Everyone has its defined tasks and I continue to work in the gardens and green house. Also, we begin to establish the encyclopedia of all the plants we are growing (vegetable, fruit, aromatic or medicinal plant, tree, flower, weed for the cats!!!). I participate to the research of information concerning each one of them, let's say it, it is hours of research! It is exciting and I learn a lot about plants, their habits, preferences or needs. We apply the permaculture's principles and I discover for example that certain associations of plants attract or repulse certain insects. Well, there is a lot to work to do!


Before practice, summer time

en route pour le marche!

Je continue de confectionner des moelleux aux chocolat et autres cakes au citron pour le café Shambala de mes amis praticiens au Tai Chi mais commence surtout à gérer le shop qui se crée dans la pièce attenante au café. Avec l’aide de Kathy, je contacte des personnes afin d’approvisionner les rayons, investir et choisir ce qui pourrait se vendre et ma foi ouvrir une boutique ! Nous partons par exemple en excursion a l’autre bout du lac pour y acheter des céramiques faites artisanalement. L’occasion de voir un savoir-faire du cru et autre panorama sur la belle région qu’est le lac Attitlan. C’est agréable, le lieu est très peu touristique, il y a même un chemin qui longe le lac pour faire la ballade, ce que nous n’avons pluss à San Marcos, depuis la montée constante des eaux. 

I still bake 'Chocolate Moelleux' and Lemon Cakes for Shambhala Café, owned by my friends, who are also Tai Chi practitioners. I begin to take care of the shop they open in the room next to the Café. With Kathy's help, I contact people to fill up the shelters, invest and choose what could sell and indeed open a boutique! We go on an excursion  at the other side of the lake to buy hand-made ceramics. It is the opportunity to see a local savoir-faire and another panorama on the nice region around the lake, It is pleasant, the village is not touristic really; there is even a path along the waters to wander around, which we don't have anymore in San Marcos since the level of the lake went up. 











Petit-a-petit, la boutique prend forme : des produits naturels de soins (huiles essentielles, savons, tisanes, capsules aux herbes etc.) sont exposés, mais des vêtements aussi (dont ceux que j’ai ramené d’Inde, vous jure je n’ai pas voyagé léger !), des tricots aux motifs incroyables (tête de mort !) faits main (moi qui suis incapable de faire une écharpe…). Dans l’artisanat, nous avons encore des bijoux en perles ou macramés (aaaah le macramé… eh oui, ce que le hippie achète…). Les vendeurs de rues viennent me voir avant qu’ils ne quittent les lieux pour essayer d’écouler leur stock ce qui permet de réapprovisionner le nôtre. Nous organisons des journées Paca, ventre de fringues 2eme main. Bref, l’affaire se met assez vite à rapporter ses fruits. Je fais les enveloppes de nos fournisseurs à la fin du mois, rencontre plein de gens pour se faire, artisans pour la plupart et c’est une chouette expérience pour moi. Cela demande beaucoup de temps et mon quotidien devient très occupé. Pas facile de tout gérer à la fois, comme vous le savez si bien…

Slowly, slowly, the boutique takes shape : natural health products (essential oils, soaps, teas, pills etc) are exposed but also clothes (including the ones I brought back from India, I swear I didn't travel light!), hand-made, knitted designs (skulls! me who can't even make a scarf...). We also have pearl jewelries or marcrame ones (aaaaah the macrame... yes, what the hippie would buy...). The street sellers come to see me when they leave the place to get rid off their stock, which allows us to furnish ours. We organize Paca days (2nd hand clothes sell). The business starts to run well quite fast. I pay the people at the end of the month, meet a lot of people, it is a nice experience for me. It asks time and my daily life is very busy. Not easy to deal with it all, as you know quite well...























Heureusement, il y a des moments de repos ou relâche que je passe avec des amis restés pour la saison des pluies. Sinon le village s’est vidé et rares sont les touristes de passage. Vishesh, un indien rencontré brièvement à Delhi via notre ami commun Thomas, débarque pour la saison. Il est musicien et a le don de rassembler les gens. Ginou, copine libanaise rencontrée la saison passée est là aussi et se met au chant, en compagnie de Chris, américain vivant ici depuis 2 ans. Les amis se retrouvent pour jouer ensemble de la musique, mon emploi du temps ne me le permet pas mais je vais les écouter les dimanches soirs à Shambala ou bien même sur ma terrasse les dimanches après-midi, en compagnie de Josh et son violoncelle. Les formations musicales varieront au fil des mois avec l’arrivée des beaux jours et nouveaux venus tout au long de la saison. Avec Vishesh nous cuisinons les dimanches après-midi des repas de cuisine indienne, vendus à Shambala. Nous partageons aussi des repas ensemble allant des sushis au croissants feuilletés que je ne manque pas le dimanche toujours. Et puis il nous arrive parfois de nous retrouver pour danser pendant une heure ou deux dans la belle maison que loue Ginou, j’ai toujours une petite playlist de prête pour l’occasion et cela s’avère être vraiment très libérateur !!! 

Luckily, there are moments of rest I spend with my friends who stayed even though it is the rainy season. Vishesh, who comes from India and that I met briefly in Delhi via our common friend Thomas, arrives for the season. He is a musician and has the gift to gather people. Ginou, a Lebanese friend I met the previous season is here too and starts to practice singing along with Chris, an American man living here since 2 years. The friends are meeiing to play together, my schedule doesn't allow it but I go to listen to them the Sunday nights at Shambhala or even on my terrace on Sunday's afternoons, with Josh and his cello. The music bands will change along the season with the new arrivals of people. With Vishesh, we cook for a few Sundays, dishes of Indian food, that we sell at Shambhala. We also share food together, from sushis to crunchy croissants, still on Sundays. We also gather to dance for an hour or two at Ginou's beautiful house, I always have a ready playlist and it feels very nice !



On Sundays...
Sushis 





Butter chicken 





 Yummy breakfast 







 Concert

Ballades dans les villages environnants



 Indian cooking


Indian food... 




 Shambala



 Relax

Lancha...
et toute la musique que j'aime...




Si la plateforme est enfin finie, la cohabitation avec mes propriétaires n’en devient que plus difficile. Ils ont pris possession de l’étage du dessous qui ne devait être qu’une bodega mais se retrouve être un lieu de vie pour eux. Le plancher n’est fait que de bois, je les entends comme s’ils étaient dans ma chambre. Je ne sais pas si c’est du à l’entrainement de Tai Chi mais vers le mois d‘octobre et pendant quelques semaines, je deviens très sensible des oreilles et, disons que nous n’avons pas tout à fait la même définition du silence et du respect de l’autre. Autant le dire, je pete les plombs un dimanche matin quand je les entends boutiquer vers les 5h40, à l’aube quoi ! Je me réveille tous les jours à 4h50 pour aller à la pratique, les dimanches sont sacrés, les dimanches sont le jour où je tente de récupérer et dormir. Nos relations se réduisent à présent au strict minimum et atteignent le pompon lorsqu’au mois de novembre, alors que mon contrat se termine à la fin décembre, Cristobald, mon proprio, me demande de payer un loyer d’avance, ce que je fais. Le 2eme jour du mois de décembre du loyer payé, il m’annonce que celui-ci va doubler ou presque dès le mois suivant. Maintenant que la terrasse est finie, l’internet installé, les murs repeints en blanc pour couvrir les horribles violets et flashy verts, bref un lieu de vie agréable, le barbare augmente salement le loyer. 


J’arrive au bout de ma limite avec cette famille et leur mauvaise foi. Je préfère me chercher un nouveau lieu de vie pour les quelques mois qu’il me reste à San Marcos. J’aurais de la peine a quitter Lacie mais le revoit de temps a autre au village et il me fait une fête quand c’est le cas ! Enri mon ancien voisin étant à nouveau dans les parages, nous décidons de partager une maison ensemble en bas au village. Autant le dire, cela ne sera pas une bonne idée et alors que la saison bat son plein, je dois me retrouver un nouveau lieu de vie. Comme si je n’avais pas autre chose à faire… Ce sera ma foi, une belle grande maison sur trois étages faisant face au lac. Ce coup-ci je colloque avec Max, un américain qui s’entraine également au temple. 

If the platform is finally finished, the cohabitation with my owners becomes harder. They took over the lower floor which was supposed to only be a bodega but ended up being a living space for them. The floor between us is just out of wood, I hear them like if they were in my room. I don't know if it is due to the Tai Chi training which can make me more sensitive, but around October and during a few weeks, I become ultra sensitive to sounds and lets say that we don't have the same definition of silence and respect of others. Let's admit it, I totally lost it one Sunday morning when I hear them  at around 5.40am! I wake up every day at 4.50 to go practice, Sundays are sacred, Sundays are the day where I try to sleep and recover. Our relationship is now reduced to the minimum and reach its top when in November, my contract is running until the end of that month, my owner asks me to pay a rent in advance which I do. The 2nd of December, the month already paid, he announces me that the rent will then almost double afterwards. Now that the terrace is done, the internet installed, the walls repainted in white to cover the horrible purple and flashy greens, a nice place to live, the barbarian raises up the rent. 

I reach my limit with this family and what I see as bad faith. I prefer to find another place to live the last months I have left in San Marcos. It will be hard to leave Lacie but I see it from time to time in the village! I am not proud to have put myself in that state with them because I am very far to apply the Tai Chi principles I am taught at the Temple. Anyhow, I couldn't handle it better. Enri my ex neighbor is back and we decide to share a house down at the village. It wasn't a good idea and while the season is at its peak, I look for another house. Like if I had nothing else to do... It will be a nice, three floors house facing the lake. This time, my roommate is Max, an American who also trains at the temple. 








C’est plus motivant d’être a deux pour monter la raide cote alors qu’il fait encore noir. Les chiens n'ont étonnamment jamais été un problème, ni les éventuels saoulards que l'on voit parfois et zigzaguent sur le chemin ou encore des voleurs a la machette. 

It is more motivating to be two to climb up the steep hill when it is still dark. The dogs have surprisingly never been a problem, nor the potential drunkards you sometimes see on the path or the robbers with their machete.





Je sais maintenant que je dois rentrer en Suisse prochainement, mon budget, malgré mes gâteaux, ventes et heures pour la boutique ne suffisent pas pour financer mon quotidien ici et le compte en Suisse se vide. Les vacances de Pâques se profilent et ma famille prévoit de venir me rejoindre au Mexique ! Réjouissance ! C’est decide, je rentrerais ensuite en Europe... et plus loin encore mais je vais trop vite...
Max s’en va à la mi-février et je ne peux pas financer la grande maison toute seule, elle est de toute manière déjà louée. Je suis alors recueillie pour les quelques semaines à venir chez Jonathan, un anglais sympa et fun qui vit au village depuis quelques années. Il loue une énorme et belle maison tout en matériaux naturels avec un petit pavillon à cote que je ‘’squatte’’. Je profite de me refaire une santé, la cuisine n’ayant jamais été mon fort, en me faisant dorlotée par de délicieux petits plats préparés maison. C’est un vrai plaisir d’être là, merci encore luv ! 

I know now that I have to go back to Switzerland soon, my budget, even though my cakes, sells and hours at the boutique are not enough to finance my daily life here and the bank account at home is getting empty. The Eastern holidays are coming and my family plan to visit and meet me in Mexico. Excitement! It is decided, I will then go to Europe... and beyond but I go too fast...

Max leaves in mid-February and I cannot pay the big house alone, it is anyway already rent out. I will then live, for the last weeks to come, at Jonathan's place, a nice and funny English guy who lives in the village since a few years. He is renting an enormous and splendid house, all built up in natural materials with a little pavilion next to it that I squat. I am lucky as I have never been a genius in cooking myself to be spoilt with amazing, home-made dishes he does. It is a real pleasure to be here, thank you again luv!











Les jours de congé nous descendons au lac pour pic knicker ou allons à la plage la Cristalina. 

On my free days, we go to the lake for pic-nics or to the beach at the Cristalina.






























Je packe mes affaires dans un garde-meuble pour le temps de mon absence et commence à contempler le temps passé ici. Cela fera dix-huit mois au total que je suis au même endroit et plus de vingt ans que cela ne m’étais pas arrivé ! C’est sûr, quelque chose est en train de changer ! Je me suis gentiment faite à l’idée que, dorénavant, ma vie se passerait principalement ici : Quel chemin parcouru depuis mon arrivée… Moi qui pensais aller suivre mes cours de Tai Chi au Guatemala avant de retourner en Inde et partager ainsi mon temps en deux, je me retrouve dans un temple que nous continuons de construire et où il m’est demandé d’être dans la conscience des choses, à chaque instant ; être responsable de mes actes ; avoir une approche, relation alignee avec les autres; avoir une communication claire ; accepter d’être ‘’corrigée’’, dans le sens ou les autres sont un support pour pointer les patterns, mauvaises habitudes, points morts reactionnels afin que l'on s'en rendre compte pour pouvoir rectifier le tir (en d'autres mots, avoir la conscience des choses pour ne plus etre le bete esclave de son mental; Toujours plus facile a dire qu a faire, le chemin est encore long mais je reconnais enfin la grande aide que sont les autres pour se faire); laisser tomber mes barrières, mon ego pour être au service des autres. 
Je crois profondément au travail que nous faisons et a sa valeur. Meme si j’avance de deux pas pour reculer d’un, je sais que c’est là que je vais (C'est pourquoi je n'arrete pas de me demander pourquoi je resiste autant?! Difficile de sacrifier ce a quoi je m'identifie encore il semblerait...).

Et puis j’en suis venue à me rendre compte, après diverses expériences vecues ici, que si je veux faire le travail jusqu’au bout, je dois vivre au sein de la communauté (Cela m'evitera au passage l'effet accordeon entre le ''dehors et le dedans''' mais surtout me donnera moins d'occasions pour eviter de faire le travail...). Commence alors à se forger lentement dans ma tête, l’idée qui aurait été impensable lors de mon arrivée ici, l’idée oui, d’intégrer la communauté. Car ma foi, c’est bien ce travail en profondeur qui m'attire et si on y croit et s’inquiète suffisamment de l'accomplir, il faut être activement prêt à souffrir pour. Vivre dans la communauté ne vas pas être facile, ni de tout repos, je le sais mais je me sens maitnenant prete. Vous en decouvrirez plus, tout comme moi d’ailleurs, lors de mon retour ici dans quelques mois. En attendant, je remercie ici toutes les personnes au temple, dans la communauté qui m’aident chaque jour à devenir quelqu’un de meilleur, plus alignee, moins pleine d'idees preconcues, jugements.


Pour l’heure, il est temps de me rassembler, je suis prise d’une grande émotion en quittant San Marcos la Laguna que je n'aurais pas soupconnee.. Tant de choses se sont passées ces mois passés ici...


I pack my stuff in a cloak room for the time of my absence and start to contemplate the time spent here. It has been eighteen months in total that I am at the same place and more than twenty years that it didn't happen! For sure, there is something changing! I got slowly to the idea that my life will mostly be spent here : What a long-distance path accomplished since I arrived... I thought I was going to follow my Tai Chi classes in Guatemala before going back to India and share my time like this, in two, but end up in a temple we are still building and where I am asked to be in consciousness, at all times; have the right relationship, approach with others; being responsible of and for my acts; having a clear communication; accept to be ''corrected'', in the sense that the others are a support to point out the patterns, bad habits, blind spots that we all have, to be able to finally see them and hopefully rectify the shot (in other words, being conscious of things and avoid to be the slave of your mind; Always more easy to say than to do, the path is still very long but I finally recognize the great help that the others are to do so);  drop my barriers, ego to be at the service of others. I deeply believe in the work we do at the temple and even if I walk two steps forwards and then one backwards, I know that is where I go (which is why I keep wondering why I still resist so much?! Hard I guess to sacrifice what I still identify with...).

And I also reached the point, after diverse experiences here, that if I want to do the job fully, I have to live inside the community (this will avoid me the accordion effect between ''the inside and the outside'' but also (and especially) avoid the too many occasions to not do the work...). The idea, which would have simply  been unthinkable when I got here, the idea of living inside the community slowly starts to merge. Because, what to say, it is that deep work which attracts me and if you believe and trust enough to accomplish it, I think you have to be actively ready to suffer. Living in the community will not be easy nor a holiday, I know it but I am now ready. 

You will discover more about it, like me actually when I will be back here in a few months. In the meanwhile, I thank here everyone at the temple, in the community who helps me every day to become a better person, more aligned, less full of bullshit, pre-convieved ideas, judgement. 

For now, it is time to put myself together, I am taken by a big emotion when I leave San Marcos la Laguna that I would have not thought. So many things happened here during those months...


















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  To go with the flow... Je tombe instantanément sous le charme de Leonidio , situé en Arcadie , alors que je longe le lit asséché de la riv...

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