To go with the flow...
La seule chose dont j’avais entendu parler du
Pakistan avant d’y être venue la première fois était les tribus Kalash. Mon
chemin m’avais menée ailleurs mais voilà venu le temps de les visiter. Elles
attisent ma curiosité car se trouvent être les dernières populations animistes du
pays, habitant trois modestes vallées dans le territoire du nord-ouest. La
frontière afghane est juste là, de l’autre côté des montagnes.
The only thing I knew about Pakistan before coming the first time was
the Kalash tribes. Back then, my path took me somewhere else but time has
come to visit them. They revive my curiosity as they are the last animist
population of the country, living in three modest valleys at the end of the
northern-western territory. The Afghan border is just there, behind the mountains.
Nous quittons Chitral le matin de Eid, la fin
du Ramadan, à bord d’une jeep et escortés par nos gardes du corps policiers.
L’un à l’air plus intelligent que l’autre mais ils ne sont pas bien méchants et
doivent donc nous accompagner ou que nous allions. Cela semble bien ridicule
lorsque nous abordons la route ou plutôt la piste menant aux vallées. Elles
sont tant isolées, il y a si peu d’âmes y vivant que l’on se demande si cela à
quelque nécessité. Certes un étranger a été enlevé puis relâché il y a trois
ans. Oui, trois kalashs ont été agressés, là-haut dans la montagne, dont un a
été tué et son troupeau de 800 bêtes volé, par un taliban dit-on. Cela vient
d’arriver et les vallées sont en deuil.
Une fois de plus, il y a un grand décalage entre ces
bulles de violence qui ont pourtant bien lieu et la réalité de mon quotidien.
Et pour cause, voyez plutôt ou je séjourne dans la vallée de Rambur. Les
villages ressemblent vraiment à ceux des hobbits ! Les maisons ont un
charme certain avec leurs couches d’ardoises fines bien alignées. C’est
pittoresque et bucolique à souhait, j’ai l’impression d’évoluer dans une vallée
enchantée ! Les gens sont adorables, travaillent à leur potager qui donne
des légumes exquis, avec enfin une nourriture délicieuse !
We leave Chirtal on Eid’s morning, the end of Ramadan, on a jeep and
escorted by our police bodyguards. One seems more clever than the other one but
they are quite ok and have to join us wherever we go. This seems quite
ridiculous when we get to the road or, better to say the track leading to the
valleys. They are so isolated, there is so little inhabitants that one's can
wander what is the necessity of the police’s presence?!? Yes, a foreigner has
been kidnapped and released three years ago. Yes three Kalash people have been
attacked, up in the mountain, one even killed and his 800 head’s cattle
stolen, by a Taliban it is said. It just happened and the valleys are mourning.
Once more, there is a big gap between those bubbles of violence and the reality
of my daily life. See where I live in the Rambur valley. The villages look like the
hobbits ones! The houses have a certain charm with their layers of fine, well aligned slates . It is picturesque and bucolic, I have the impression to move in
an enchanted valley! The people are lovely, work in their fields which gives
exquisite vegetables with finally delicious food!
La fierté des Kailash, c’est leur femmes qui
portent de somptueux costumes colorés, cousus de perles et coquillages. Elles
se multi-tressent les cheveux et un original couvre-chef leur donnant un air
digne les recouvre. Elles sont magnifiques et il est toujours étrange, comme
magique, d’évoluer dans une communauté qui n’existe nulle part ailleurs.
The pride of the Kalashs is their women, wearing sumptuous colored
traditional clothes, covered with pearls and shells. They multi-plat their hair
and an original hats giving them a proud air is
worn. They are beautiful and it is always a bit strange, like magical, to be in
a community which doesn’t exist nowhere else.
Les villages fonctionnent en communauté. D’intelligents systèmes d’irrigations ont été aménagés, détournant l’eau de la rivière pour en faire des canaux qui longent les champs et les habitations. Des pools ont été créés pour faciliter le bain des plus courageux (l’eau est quand même bien froide !) ou l’accès pour la lessive.
The villages function in a community way. Clever system of irrigation have been built up, diverting the water from the river to create channels flowing along the fields and houses. Pools have been done to make the bath easier (for those ones who are brave enough, as the water is quite cold!) or the access to laundry.
Tous les après-midi, les enfants cèdent leur place aux hommes sur le bout plat qui fait office de terrain de criquet, entre les arbres et les rochers. Pas facile de trouver la balle quand le batteur lance un bon coup... Mais les choses sérieuses commencent… Un silence de plomb règne que seuls quelques clappements de mains ou encouragements viennent troubler entre deux chants d’oiseaux. La poussière se lève sous les pas des équipes.
Pendant ce temps, les femmes tissent sur de
grands métiers leurs ceintures ou cousent leurs vêtements. Il faut dire que le
festival de danse célébrant la fin de l’été a lieu ces jours, les plus jeunes
se parent donc de leur plus beaux atours.
Le reste du village se retrouve autour d’un
chai et d’une assiette de noix, jouent aux cartes, refont le monde ou fument du
hash dans un jardin sous les fruitiers. Oui la vie s’écoule doucereusement en cette fin d’été.
Every afternoon, the children leave the place to the men on the flat
land which becomes the cricket field, between rocks and trees. Not easy to find
the ball when the batter throws a nice shot… But serious business has started…
A heavy silence reigns that only some hands clapping and supports disturb between two bird’s songs. The dust flies under the
paces of the teams.
In the meanwhile, the women weave on big looms their belts or stitch new clothes. It is to say
that the dance festival celebrating the summer’s end is happening those days,
therefore the youngest ones are wearing their best finery.
The rest of the village meets around a chai and a nuts plate, plays
cards, rebuilds the world or smokes hash in a garden under the fruit trees.
Yes, life flows smoothly by this end of summer.
Puis donc le festival de danse a lieu. Ce sont des roulements de tambours et
des chants. Il y a foule sous ce préau construit récemment. Les femmes se
tiennent en ligne et avancent à petits pas, accélèrent, tournoient. Les hommes
font pareil. Ils se retrouvent parfois au centre ou aux extrémités du préau.
Then the dance festival is happening. This is drum’s rolls and singings. There is an important crowd under
that new built covered playground. The women are
standing in line and move with small paces, accelerate, whirl. The men are
doing the same. They sometimes meet at the middle or at the extreme corners.
Plus l’heure avance et plus la population
mâle est bourrée. Car les Kalashs boivent (encore une différence majeure d’avec
le reste du pays…), ils font même leur alcool eux-mêmes. Les vignes poussent
sauvagement, squattent d’autres arbres. Les gamins couratent en tous sens,
c’est plein de vie!
The more it goes, the more the male population is drunk. Because the
Kalash drink (one more major difference with the rest of the country…), they
even do their own alcohol. The grapes are growing widely, squatting other
trees. The children are running all over the place, it is full of life!
C’est un festival de couleurs ou les femmes
resplendissent. C’est aussi clairement le moment ou les jeunes gens se
repèrent, se reniflent et on voit des mariages se dessiner. Les femmes sont
plus libres ici que dans le reste du pays. Elles peuvent choisir leur mari,
divorcer, sont éduquées.
Les Kalash des vallées voisines se joignent
aussi au festival et une fois de plus les traits des visages sont très variés.
It is a colorful festival where women are irradiating. It is also
clearly the time where young people are spotting, smelling each other and one
can see the weddings coming. The women are freer here than the rest of the
country. They can chose their husband, divorce, are educated.
The Kalash of neighboring valleys are joining the event and once more I
can observe the diversity of the faces.
Nos gardes...
Je suis toute contente car dans la
famille ou je séjourne, on m’apprête pour aller au festival ! Grande robe
noire à broderies et tresses bien sûr, reliées sous le joli chapeau de perles.
Je passe presque inaperçue, les gens pensent que je viens de la vallée de
Birir !!! Seul mon appareil photo en main me trahit et sème le trouble.
Apparemment les Kalash descendraient d’Alexandre le Grand… voilà peut-être
notre point commun…
I am very excited because the family I am living with gets me ready to
go to the festival ! Long black dress with embroideries and plats of
course, connected under a nice pearl hat. I move almost unnoticed, the people
think I am coming from the Birir’s valley!!! Only my camera betrays me and
creates confusion. Apparently the Kalash are coming from Alexander the Great… That is maybe our
common point…
J’ai l’impression que mon apparition en
version Kalash n’a pas laissé indifférent mes gardes du corps qui s’en
retournent sur Chitral avec Boogy and les Slovènes partant déjà sous d'autres cieux. Je me sens bien ici et décide
de rester plus longtemps (Marre d’être toujours en mouvement sur des routes magnifiques
certes, mais éreintantes). A la place, je suis maintenant escortée par un
policier Kalash, ce qui m’arrange fort bien car tout le monde le connait,
personne ne le craint et je peux donc évoluer simplement dans la vallée.
Plus les jours passent, plus l’homme se fait rare, partant manger chez lui,
faire la sieste, me laissant faire à ma guise. Il fume du hash à longueur de
journée, est un être simplement bon. C’est le frère de la mère de la famille
ou je vis. Et voici Ingeneer, le sympathique tenancier de la guest house.
I have the feeling that my apparition in Kalash’s version moved
emotionally my bodyguards who are returning to Chitral with the already leaving
Boogy and the Slovenian girls. I feel good here and decide to stay longer (Am a
bit tired of being on the move on those surely magnificent roads but tiring
ones too). Instead, I am now escorted by a Kalash policeman. That is much
better as everyone knows him and doesn’t fear him, I can go simply around the
valley. The more it goes, the less I see the man who goes eating at his place, make a nap, I get more freedom. He is smoking hash all day long, is a simple
but good man. He is the brother of the mother’s house. And here is Ingeneer,
the likeable guest house owner.
Ingeneer
son beau-frère, mon garde du corps
En train de travailler sur le blog...
Suite à l’attaque du bus à Gilgit, une
réponse des Sunnites était à prévoir. 18 Chihaz ont été tués. Comme vous pouvez
le voir, cela concerne ces deux sensibilités. Le touriste n’est pas visé.
Evidemment, il est toujours possible de se retrouver au mauvais endroit, au
mauvais moment mais pas plus que sur les autoroutes européennes… Quoi qu’il en
soit, la route pour revenir sur Gilit est fermée. Cela change considérablement
mes plans. Je décide de redescendre en plaine.
After the Gilgit’s bus attack, a response from the Sunnites was to be
expected. 18 Chihaz people has been killed in the same circumstances. As you
can see, it concerns those two sensibilities. The tourist is not the target. Of
course, it is always possible to find yourself in the bad place, at the bad
time but not more than on the European highways… whatever, the road for Gilgit
is closed like the KKH was. This changes considerably my plans. I decide to go
back in the plains.
Je rejoins Lahore ou je retrouve mes amis de
quartier Hasan, Fazeem and Faheed. Je me rends à une nuit suffi. Il fait encore
très chaud. Mon visa indien court déjà, je m’en vais donc quitter le pays.
J’aime profondément être là mais constate tout de même être dans un état de
sous-jacente tension. Le fait d’être une femme voyageant seule porte son poids
aussi même si je ne me suis jamais sentie en réel danger. Disonc plutôt que
cela peut être fatiguant de toujours attirer l’attention à la longue puisque je
suis souvent la seule représentante du sexe faible dans les rues, assemblées,
bus…
Néanmoins, les sentiments humains qui
régissent les rapports entre les individus sont rigoureusement les mêmes que
les nôtres, quels que soit le fossé culturel qui nous sépare ou le poids du
pouvoir religieux. Je crois qu’il faut aller montrer la confiance que l’on
garde envers ces gens en continuant à aller à leur rencontre. C’est le
meilleur moyen de ne pas creuser un fossé culturel qui entretient
l’incompréhension et la peur. Je recommande à tout le monde de se rendre au
Pakistan, casser ses idées préconçues et recevoir car il donne beaucoup.
I reach Lahore where I meet again with my friends of the neighborhood
Hasan, Fazeem and Faheed. I see my Sufi friends. It is still very hot. My
Indian visa is already running, I am about to leave the country. I like deeply
to be here but notice nevertheless a underlying tension state. The fact of
being a woman traveling alone has its weight too even though I never felt in
real danger. Let’s say that it can be tiring to attract all attention all the
time as often, I am the only female in the streets, assembly, buses…
Nevertheless, the human feelings governing the
link between people are rigorously the same
as ours, whatever the cultural gap separating us or the weight of the religious
power. I think that we have to show the trust we keep in those people by
continuing to go and meet them. It is the best way to not dig a cultural pit
which maintains incomprehension and fear. I
recommend everyone to go to Pakistan, to break your preconceived ideas and
receive because it gives a lot.