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14 janvier 2007

Mumbai et les retrouvailles

Mumbai

मुम्बई


Je remonte à Mumbai pour accueillir Alex, mon ami d'enfance, qui me rejoint pour deux mois. Il vient ici pour la 1ère fois et j'ai souci que tout se passe bien pour lui. J'espère aussi que je "supporterais" de ne plus voyager seule, libre à chaque instant. Alex m'ayant donné plus ou moins carte blanche pour notre itinéraire, je suis confiante et effectivement, tout se passera bien durant notre séjour commun.

Nous restons dans la mégapole, le temps d'une petite acclimatation. J'ai réservé une chambre loin d'être pourrie pour cette 1ère approche, histoire de ne pas l'effrayer. Non pas que je choisisse des lieux insalubres comme chambres mais force est de reconnaître qu'après tout ce temps passé en Asie, où la propreté n'est pas à chaque fois de mise, mon seuil de tolérance a augmenté. On s'habitue à tout et de fait, la saleté n'est plus si répugnante à force de la côtoyer...



Nous visitons la lavanderie de la ville, énorme espace où des milliers de vêtements sont nettoyés chaque jour. On peut se demander comment ils font pour ne pas perdre les choses...



La lavanderie de la ville



Nous errons dans différents marchés, au temple Mumba, déesse de la ville ou encore dans les trains urbains. Nous jouons au backgammon sur des terrasses, visitons la bibliothèque et les couloirs du prestigieux Taj Mahal hôtel. Non loin se trouve la Gateway of India, ouverte sur l'Océan.





Nous allons aussi à la mosquée Hadji Ali, située sur la mer, à quelques mètres du rivage. Un chemin long et tortueux y conduit. Le cortège de pélerins en perpétuel mouvement, arrivant ou partant, foule le sol. Une centaine de mendiants sont installés tout au long afin de collecter quelques piècettes auprès des nombreux pélerins. On y voit de tout : amputés, infirmes, malformés, vieillards aux râles de douleurs, lépreux, enfants maigrichons, etc.


Je visite l'espace réservé aux femmes car je n'ai pas pensé à prendre un foulard couvrant ma tête pour entrer dans le lieu de culte. J'observe l'insouciant spectacle de ce dimanche après-midi. Je vois les femmes, cheveux à l'air libre, profitant du soleil, jouant, s'occupant des enfants, dans une ambiance décontractée. Plusieurs d'entre elles m'abordent, me demandent d'où je viens. Elles semblent amusées de me voir là. Je me dis que j'ai de la chande d'être l'une d'elles pour les voir ainsi, s'épanouir, belles, loin du regard des hommes.




Enfin, nous réservons nos tickets de train pour rejoindre Hampi, notre prochaine étape. Ai-je déjà parlé du processus pour réserver un ticket? Un petit exemple tout bête d'un système qu'il vaut mieux connaître pour se simplifier la vie. Il faut se munir d'une fiche blanche où doivent être indiqués le nom du train, son n°, la gare de départ, l'h, la destination etc. Autant dire des informations que le voyageur moyen n'est pas sensé savoir... Il existe heureusement un catalogue appelé "Trains at a glance" présentant les correspondances principales. A acheter dès son arrivée. Cela permet de choisir son train, puisque pour le même trajet, les convois peuvent mettre un temps radicalement différent pour le parcourir.

30 décembre 2006

Trek dans les alentours de Munnar

J'ai quitté la frénésie balnéaire pour les montagnes du Kerala. Je me suis retrouvée au frais, à Top Station. Il y a là des plantations de thé, ces jolis buissons d'un vert vif. Je passe une 1ère nuit dans une petite cabane du bout du monde, où se trouve le view point. Il est fortement visité la journée, mais à l'aube de mon 1er réveil, je savoure le calme et la beauté de l'instant, en totale solitude et vis là un magnifique moment.











Je rencontre Mano dans l'un des seul chai shop des environs. Il est guide et me propose un trek dans la région. Je viens d'abord dormir chez lui. Je partage la chambre (seule pièce de la maison) avec sa mère (qui dormira sur le sol malgré mes supplications), son mari sur un lit et moi sur un autre.
Sa mère semble perdre un peu la boule avec l'âge mais de manière sympathique. J'aime bien la regarder écosser les haricots de ses mains ridées. Elle les cuisinera ensuite dans un pot en aluminium sur un feu de bois. L'âtre est alimenté par de fines bûches. Le foyer est fait de terre, avec un trou pour placer les casseroles. Il y a constamment un grand récipient qui chauffe de l'eau (pour se laver, faire la cuisine, la vaisselle). Le plafond de la maisonnée est noir de suie mais la nourriture a cette saveur particulière de la cuisson au feu de bois. Il n y a pas l'eau courante mais un tuyau relié à un ru qui remplit de gros barils, dehors. Une autre vie, un autre temps.





Des gens à l'accueil incroyable, d'une générosité sans pareille alors qu'ils n'ont pratiquement rien. Ca me renvoie des choses à la figure... La maman, une veille femme qui me regarde fixement de ses yeux foncés, en me tenant le menton avant d'embrasser ses doigts, en dodelinant de la tête, comme seuls les indiens savent le faire. J'adore. J'ai l'impression ici, que les êtres se rencontrent et n'ont pour ce faire, pas même besoin de parler une langue commune. Je me sens ici accueillie, telle que je suis et je peux m'y sentir chez moi. Etrangement, ça ne sera pas le cas. Après le trek que nous effectuerons, je ne me sentirais pas à l'aise, trop en décalage. Je n'arriverai pas à rester dans ce, pourtant, charmant endroit. J'aurais besoin de bouger. Allez savoir pourquoi, le mental est fort quand même...

Mais nous partons donc en trek avec Mano aux travers de buissons et plantations, de forêts et sentiers dans une belle campagne. Je reste alerte et les sens en éveil car ici vivent encore des tigres et éléphants sauvages. J'aurais vu leurs traces de pas dans la terre, des griffures de félins sur les troncs des arbres (où ils s'installent sur les branches pour se reposer) mais pas les animaux en chair et en os, malheureusement. J'écoute les 1001 histoires contées par Mano qui m'émerveillent, me font frissoner et enfin rêver.









Voici une fleur qui ne pousse que tous les 14 ans, appelée Kurinji. Sa comparse de couleur blanche ne pousse elle que tous les 24 ans! J'ai eu la chance d'en apercevoir en toute fin de floraison.

25 décembre 2006

Noël à la plage

La crèche de Noël



Je me retrouve sur la plage de Varkala pour Noël. Ce devait être splendide lorsque c'était encore sauvage,il y a quelques années avec cette grande falaise qui domine la mer, recouverte de cocotiers. Maintenant il y a tout du long, des restos, des hotels et des échopes. Dommage de tout sacrifier ainsi pour le pognon... Même si je suis une actrice active de ce jeu-là en visitant autant d'endroits. J'ai néanmoins bien profité des richesses que ce monde a à offrir, c'est Noël après tout(!), en me gavant de poissons frais, présentés sur des feuilles de bananiers et autres croissants au chocolat...


Le frigo de Varkala
वर्काला


Ce soir-là, j'assiste à un spectacle de danses, genre Bollywood. Les protagonistes, une sorte de boysband, vêtus de fringues un brin kitshouille remuent des hanches, sautent toniquement en tous sens et font du playback sur les paroles. Ils semblent vraiment heureux de se produire et ça a mis une sacrée bonne ambiance! J'ai passé la soirée en compagnie de sexuagénaires, croquant la vie à pleine dents (mon 1er Noël avec cette unique tranche d'âge, comme l'a soulevé Michel, l'un d'entre eux, qui j'imagine ne quintera pas si je donne ici l'adresse de leur blog sur l'Inde, pour ceux que cela intéresseraient, il y a de superbes photos http://inde-eternelle.blogspot.com/).

22 décembre 2006

L'ashram d'Amma

Je fais une autre ballade sur les eaux, en bateau à moteur cette fois-ci, pour rejoindre Kollam, toujours plus au sud. Je décide de faire halte en chemin, à l'ashram d'Amma, une des seules femmes Gourou du pays.




"Amma est amour, amour inconditionnel,
Amour libre de toute demande,
Amour humble qui ne fait que donner, qui ne peut que donner.
Son amour est une étreinte qui nous emmène au cœur du Divin.
Sa vie est l'expression de cet amour,
Sa vie est compassion infinie,énergie puissante qui jaillit de la source pure de l'Être, énergie de compassion au service de toutes les souffrances."





Je suis quelque peu surprise par la taille des bâtiments qui composent l'ashram. 2 grandes tours abritent les studios des disciples (dont certains vivent là). Tout est rose ici, on se croirait au pays de Barbie, Made in India! La structure est très bien organisée : internet, shops divers, cantine indienne, cantine western food et un bureau d'accueil pour les étrangers (venus de partout dans le monde, Amma ayant des ashrams ailleurs).






J'ai toujours eu un regard sceptique, voire cynique sur ce genre de lieu. Et comme je m'y attendais, je croise certaines personnes qui ont l'air "un peu perdues", d'autres avec un sourire (niais) scotché sur la face, qui me rappellent étrangement celui de certains chrétiens... Une autre se ballade en serrant dans ses bras, une poupée en chiffon à l'effigie d'Amma. Il y a de quoi se poser des questions...

Amma : une grosse mama qui serre les gens dans ses bras pour faire passer son message
d'amour. J'ai donc fait la queue pour avoir mon embrassade, munie d'un ticket jaune, semblant me donner un passe-droit pour y accèder, en tant que nouvelle arrivante. La gourou est sur une grande scène, à sa gauche la queue des hommes et à sa droite, celle des femmes. Dans la salle, se trouvent des chaises où sont assis des gens. Je ne sais pas ce qu'il font là, s'ils attendent l'embrassade, se recueillent ou assistent juste à la cérémonie. Je me fais prendre en main par une disciple de blanc vêtu, qui m'oriente donc dans la queue, lorsqu'elle aperçoit mon ticket jaune.

Alors que mon tour approche, je suis prise en charge par la main vigoureuse d'une disciple, en blanc aussi, afin d'être positionnée face à Amma. J'ai ensuite à peine le temps de me rendre compte de ce qui m'arrive. Me voilà la tête collée contre les seins d'Amma. Elle continue de parler avec des gens derrière moi alors que j ai les bras coincés contre son ventre.
Je ne suis pas sûre de savoir ce que je devrais ressentir pendant l'étreinte...
Puis Amma change ma tête de côté en me maintenant fermement contre elle. Là, elle me dit à l'oreille quelque chose qui ressemble à : "mowglimoglimowglimogli". Elle me relâche alors, me regarde dans les yeux en me donnant un petit paquet contenant des cendres et un bonbon à l'orange... D'accord...

Je suis à nouveau tirée par le bras. Une autre disciple, celle-ci chargée de placer les gens derrière Amma, me trouve une place. J'ai alors tout le loisir d'observer la faune locale. Certains méditent, d'autres regardent amoureusement Amma (sourire toujours scotché) et d'autres encore se rapprochent d'elle, chaque x qu'une place se libère devant eux...






J'ai de la peine à comprendre cette ferveur, ce besoin d'adulation qui étreint certains de nos congénères. Drôle d'idée que de vouloir vivre dans un ashram qui, quelque part, se coupe de la vie, de la réalité. Je trouve cela un peu triste. Il y a beaucoup de personnes âgées, d'étrangers, seuls chez eux, quoi qu'il en soit, qui s'installent ici, retrouvant une sorte de famille.

Autant qu'ils soient là finalement...

Je quitte la cérémonie de l'embrassade, appelée Darshan, alors que les mantras battent leur plein et ne cesseront pas avant 23h. Amma aura serré des gens dans ses bras pendant 15h aujourd'hui. C'est sûr (il faut le lui laisser), ça n'est pas donné à tout le monde!

Je quitte l'ashram le lendemain, me demandant si je suis un être sans spiritualité aucune...



20 décembre 2006

Allepey

Je descends plus au sud, jusqu'à Allapuzha, aussi appelée Allepey. Ici commençent les circuits (touristiques) des backwaters. Ca regorge de palmiers, du vert partout, même l'eau des canaux est de cette couleur. Le bleu du ciel vient agréablement nuancer le tableau.





J'assiste au 1er jour d'un festival de musique religieuse au Mullackal temple. On m'a avertie d'une cérémonie, le lendemain matin, avec un éléphant faisant le tour du temple. M'y voici donc. Une musique s'entendant de fort loin, au son criard, plein de disto, accompagne le rituel. L'éléphant, décoré d'un tissu aux 1000 couleurs et où brillent aussi quelques petits miroirs, se tient devant l'entrée du temple. Il est monté d'un homme au loongi blanc (tissu de coton, noué à la taille). Devant la grande bête, il y a une flamme qui brûle dans un "bougeoir" avec, en ornement sculpté et pour guise de poignée, un cobra au cou deployé. Devant la flamme et celui qui la portera, se tiennent les musiciens (clarinette, tambour battant la chamade et une autre percussion). Ils jouent un même mantra qui plonge réellement l'esprit dans un certain état... d'hébétitude? Puis à un moment donné, le cortège se met en route et fait le tour du temple. Ils répèteront le même rituel 3x. La procession est marrante à observer.

A un moment donné, il me semble bien percevoir un brin de tension chez le pachyderme. Il remue ses jambes, attachées par de grosses chaînes. Son regard semble apeuré, serait-ce la musique trop forte, trop tout? Il remue plus fort une jambe et reçoit en retour un coup de bâton. Il pousse alors un cri, venu du fond des entrailles (de la terre?) qui fige tout un chacun sur place, un frisson semble même parcourir l'audience. D'un coup, je l'imagine brisant ses liens, balançant sa tête, la trompe assomant tout ce qui passe et enfin devenir fou en détalant .
Mais le calme revient une fois qu'il s'est exprimé.
Cela me rappelle simplement que je suis bien peu de chose face aux forces de la nature.

Au cours de la céremonie, les gens ont afflué, tous faisant face à l'éléphant vénéré. Il y a une petite table, devant le temple, où sont entreposées différentes poudres orange, blanche et rouge.
Je vois les indiens défiler les uns après les autres et s'en tamponner le doigt. Il aposent ensuite la couleur sur leur front. Il y a même un miroir installé sur une colonne pour pouvoir viser juste. C'est tout de même bien organisé!!!

Certains prient avec une ferveur, une totale dévotion qui me laisse un brin émue. Ils semblent si "vrais" à ces instants, fronçant parfois des sourcils, les lèvres remuant à peine, formulant vite leur prière. Certains se prosternent à même le sol, dans un mouvement souple.
Un dernier signe sur le front et ils quittent les lieux. Je les suis, quelque peu assourdie et groggy par tant de mêmes phrasés musicaux...

Ballade ensuite dans les backwaters en canoë. Seul le froissement de la pagaie vient troubler le calme environnant. Je découvre des rivières larges, de petits canaux qui desservent les maisons isolées. Je vois un serpent comme posé sur l'eau, qui se met à onduler à la surface alors que le bateau vient troubler sa quiétude.
Les cocotiers sont partout, se reflètant sur les eaux. Elles se transforment alors en fidèle miroir.



14 décembre 2006

Fort Kochin


L'ambiance est décontractée, on est dans le sud. Les chaudes après-midis aspirent à la paresse. Je décide, tout de même au bout de 18 jours, de quitter ce rythme doux pour me (re)jeter dans l'Inde, qui une fois de plus, m'aura suprise en arrivant à Fort Kochin, au Kerala. Un état vert, d'une végétation omniprésente, encore plus luxuriante et éclatante qu'à Goa. Il y a de l'eau partout, des rivières, des canaux qui composent les fameux backwaters.

A Fort kochin (aussi appelé Ernakulam), il y a de veilles maisons coloniales, d'autres rafraîchies luxueusement. La chaleur y est étouffante, écrasante, étonnante pour la saison. Le moindre mouvement me fait suinter. Les gens se balladent sous des parapluies pour se cacher du soleil. Je tente de feinter mon sort et obtenir un brin d'air en louant une bicyclette, un jour de grève générale. Tous les magasins sont fermés et les rues sans circulation, la ville est au calme. Je longe les devantures d'exportateurs : thé, épices, curry, sacs qui s'entassent, caisses en dépôt. Les odeurs de turmeric, poivre, piment, cardamome, cannelle et autres se mélangent. J'ai l'impression d'y être : plongée dans le temps, la route des épices, ses découvertes, le frétillement du marché conclu puis l'embarcation sur un bateau, d'une durée indéterminée. La chaleur en plus, ça le fait complètement!

Je longe la côte et me rapproche des pêcheurs et de leurs carrelets de filets chinois. C'est beau. Le filet est suspendu en l'air, retenu par un système de balancier. La pêche ici n'est toutefois pas sensationnelle.




En revanche, je me suis levée bien tôt un matin pour assister au retour des bateaux, partis dans le grand large. Les paniers de poissons sont amenés et jetés au sol, sur des bâches. La vente se fait a l'enchère. Rapidement un groupe d'hommes entoure le tas de poiscaille et le gars qui crie les prix. Ca s'active de toute part, les bateaux (de larges barques, avec parfois écrits dessus, le nom des donnateurs suite au tsunami, qui a également atteint ces rives) partent et laissent leur place à d'autres. On me montre un serpent de mer, pris au piège dans un filet. Une fois libéré, un homme lui assène un coup de pagaie sur la tête alors que je cris un nooooooooon...

Puis comme toujours, la vie reprend son cours. Je m'en vais boire un chai, servi par un gars qui se ballade, un tonneau à robinet posé sur son velo. Une petite corbeille contient les verres en plastiques à l'avant. Astucieux. Je sirote mon thé en répondant aux habituels bonjour et autres prénom, nationalité, mariée ou pas, maman ou non et enfin sourires. On veut savoir qui je suis. On ne me demande pas quel travail je fais. Sacrée différence!

Je quitte la doucereuse ambiance de cette ville qui m'aura fait rêver, transportée par ses odeurs.

Leonidio, les monastères alentours puis le village de Kosmas et enfin Astros

  To go with the flow... Je tombe instantanément sous le charme de Leonidio , situé en Arcadie , alors que je longe le lit asséché de la riv...

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