30 décembre 2006

Trek dans les alentours de Munnar

J'ai quitté la frénésie balnéaire pour les montagnes du Kerala. Je me suis retrouvée au frais, à Top Station. Il y a là des plantations de thé, ces jolis buissons d'un vert vif. Je passe une 1ère nuit dans une petite cabane du bout du monde, où se trouve le view point. Il est fortement visité la journée, mais à l'aube de mon 1er réveil, je savoure le calme et la beauté de l'instant, en totale solitude et vis là un magnifique moment.











Je rencontre Mano dans l'un des seul chai shop des environs. Il est guide et me propose un trek dans la région. Je viens d'abord dormir chez lui. Je partage la chambre (seule pièce de la maison) avec sa mère (qui dormira sur le sol malgré mes supplications), son mari sur un lit et moi sur un autre.
Sa mère semble perdre un peu la boule avec l'âge mais de manière sympathique. J'aime bien la regarder écosser les haricots de ses mains ridées. Elle les cuisinera ensuite dans un pot en aluminium sur un feu de bois. L'âtre est alimenté par de fines bûches. Le foyer est fait de terre, avec un trou pour placer les casseroles. Il y a constamment un grand récipient qui chauffe de l'eau (pour se laver, faire la cuisine, la vaisselle). Le plafond de la maisonnée est noir de suie mais la nourriture a cette saveur particulière de la cuisson au feu de bois. Il n y a pas l'eau courante mais un tuyau relié à un ru qui remplit de gros barils, dehors. Une autre vie, un autre temps.





Des gens à l'accueil incroyable, d'une générosité sans pareille alors qu'ils n'ont pratiquement rien. Ca me renvoie des choses à la figure... La maman, une veille femme qui me regarde fixement de ses yeux foncés, en me tenant le menton avant d'embrasser ses doigts, en dodelinant de la tête, comme seuls les indiens savent le faire. J'adore. J'ai l'impression ici, que les êtres se rencontrent et n'ont pour ce faire, pas même besoin de parler une langue commune. Je me sens ici accueillie, telle que je suis et je peux m'y sentir chez moi. Etrangement, ça ne sera pas le cas. Après le trek que nous effectuerons, je ne me sentirais pas à l'aise, trop en décalage. Je n'arriverai pas à rester dans ce, pourtant, charmant endroit. J'aurais besoin de bouger. Allez savoir pourquoi, le mental est fort quand même...

Mais nous partons donc en trek avec Mano aux travers de buissons et plantations, de forêts et sentiers dans une belle campagne. Je reste alerte et les sens en éveil car ici vivent encore des tigres et éléphants sauvages. J'aurais vu leurs traces de pas dans la terre, des griffures de félins sur les troncs des arbres (où ils s'installent sur les branches pour se reposer) mais pas les animaux en chair et en os, malheureusement. J'écoute les 1001 histoires contées par Mano qui m'émerveillent, me font frissoner et enfin rêver.









Voici une fleur qui ne pousse que tous les 14 ans, appelée Kurinji. Sa comparse de couleur blanche ne pousse elle que tous les 24 ans! J'ai eu la chance d'en apercevoir en toute fin de floraison.

25 décembre 2006

Noël à la plage

La crèche de Noël



Je me retrouve sur la plage de Varkala pour Noël. Ce devait être splendide lorsque c'était encore sauvage,il y a quelques années avec cette grande falaise qui domine la mer, recouverte de cocotiers. Maintenant il y a tout du long, des restos, des hotels et des échopes. Dommage de tout sacrifier ainsi pour le pognon... Même si je suis une actrice active de ce jeu-là en visitant autant d'endroits. J'ai néanmoins bien profité des richesses que ce monde a à offrir, c'est Noël après tout(!), en me gavant de poissons frais, présentés sur des feuilles de bananiers et autres croissants au chocolat...


Le frigo de Varkala
वर्काला


Ce soir-là, j'assiste à un spectacle de danses, genre Bollywood. Les protagonistes, une sorte de boysband, vêtus de fringues un brin kitshouille remuent des hanches, sautent toniquement en tous sens et font du playback sur les paroles. Ils semblent vraiment heureux de se produire et ça a mis une sacrée bonne ambiance! J'ai passé la soirée en compagnie de sexuagénaires, croquant la vie à pleine dents (mon 1er Noël avec cette unique tranche d'âge, comme l'a soulevé Michel, l'un d'entre eux, qui j'imagine ne quintera pas si je donne ici l'adresse de leur blog sur l'Inde, pour ceux que cela intéresseraient, il y a de superbes photos http://inde-eternelle.blogspot.com/).

22 décembre 2006

L'ashram d'Amma

Je fais une autre ballade sur les eaux, en bateau à moteur cette fois-ci, pour rejoindre Kollam, toujours plus au sud. Je décide de faire halte en chemin, à l'ashram d'Amma, une des seules femmes Gourou du pays.




"Amma est amour, amour inconditionnel,
Amour libre de toute demande,
Amour humble qui ne fait que donner, qui ne peut que donner.
Son amour est une étreinte qui nous emmène au cœur du Divin.
Sa vie est l'expression de cet amour,
Sa vie est compassion infinie,énergie puissante qui jaillit de la source pure de l'Être, énergie de compassion au service de toutes les souffrances."





Je suis quelque peu surprise par la taille des bâtiments qui composent l'ashram. 2 grandes tours abritent les studios des disciples (dont certains vivent là). Tout est rose ici, on se croirait au pays de Barbie, Made in India! La structure est très bien organisée : internet, shops divers, cantine indienne, cantine western food et un bureau d'accueil pour les étrangers (venus de partout dans le monde, Amma ayant des ashrams ailleurs).






J'ai toujours eu un regard sceptique, voire cynique sur ce genre de lieu. Et comme je m'y attendais, je croise certaines personnes qui ont l'air "un peu perdues", d'autres avec un sourire (niais) scotché sur la face, qui me rappellent étrangement celui de certains chrétiens... Une autre se ballade en serrant dans ses bras, une poupée en chiffon à l'effigie d'Amma. Il y a de quoi se poser des questions...

Amma : une grosse mama qui serre les gens dans ses bras pour faire passer son message
d'amour. J'ai donc fait la queue pour avoir mon embrassade, munie d'un ticket jaune, semblant me donner un passe-droit pour y accèder, en tant que nouvelle arrivante. La gourou est sur une grande scène, à sa gauche la queue des hommes et à sa droite, celle des femmes. Dans la salle, se trouvent des chaises où sont assis des gens. Je ne sais pas ce qu'il font là, s'ils attendent l'embrassade, se recueillent ou assistent juste à la cérémonie. Je me fais prendre en main par une disciple de blanc vêtu, qui m'oriente donc dans la queue, lorsqu'elle aperçoit mon ticket jaune.

Alors que mon tour approche, je suis prise en charge par la main vigoureuse d'une disciple, en blanc aussi, afin d'être positionnée face à Amma. J'ai ensuite à peine le temps de me rendre compte de ce qui m'arrive. Me voilà la tête collée contre les seins d'Amma. Elle continue de parler avec des gens derrière moi alors que j ai les bras coincés contre son ventre.
Je ne suis pas sûre de savoir ce que je devrais ressentir pendant l'étreinte...
Puis Amma change ma tête de côté en me maintenant fermement contre elle. Là, elle me dit à l'oreille quelque chose qui ressemble à : "mowglimoglimowglimogli". Elle me relâche alors, me regarde dans les yeux en me donnant un petit paquet contenant des cendres et un bonbon à l'orange... D'accord...

Je suis à nouveau tirée par le bras. Une autre disciple, celle-ci chargée de placer les gens derrière Amma, me trouve une place. J'ai alors tout le loisir d'observer la faune locale. Certains méditent, d'autres regardent amoureusement Amma (sourire toujours scotché) et d'autres encore se rapprochent d'elle, chaque x qu'une place se libère devant eux...






J'ai de la peine à comprendre cette ferveur, ce besoin d'adulation qui étreint certains de nos congénères. Drôle d'idée que de vouloir vivre dans un ashram qui, quelque part, se coupe de la vie, de la réalité. Je trouve cela un peu triste. Il y a beaucoup de personnes âgées, d'étrangers, seuls chez eux, quoi qu'il en soit, qui s'installent ici, retrouvant une sorte de famille.

Autant qu'ils soient là finalement...

Je quitte la cérémonie de l'embrassade, appelée Darshan, alors que les mantras battent leur plein et ne cesseront pas avant 23h. Amma aura serré des gens dans ses bras pendant 15h aujourd'hui. C'est sûr (il faut le lui laisser), ça n'est pas donné à tout le monde!

Je quitte l'ashram le lendemain, me demandant si je suis un être sans spiritualité aucune...



20 décembre 2006

Allepey

Je descends plus au sud, jusqu'à Allapuzha, aussi appelée Allepey. Ici commençent les circuits (touristiques) des backwaters. Ca regorge de palmiers, du vert partout, même l'eau des canaux est de cette couleur. Le bleu du ciel vient agréablement nuancer le tableau.





J'assiste au 1er jour d'un festival de musique religieuse au Mullackal temple. On m'a avertie d'une cérémonie, le lendemain matin, avec un éléphant faisant le tour du temple. M'y voici donc. Une musique s'entendant de fort loin, au son criard, plein de disto, accompagne le rituel. L'éléphant, décoré d'un tissu aux 1000 couleurs et où brillent aussi quelques petits miroirs, se tient devant l'entrée du temple. Il est monté d'un homme au loongi blanc (tissu de coton, noué à la taille). Devant la grande bête, il y a une flamme qui brûle dans un "bougeoir" avec, en ornement sculpté et pour guise de poignée, un cobra au cou deployé. Devant la flamme et celui qui la portera, se tiennent les musiciens (clarinette, tambour battant la chamade et une autre percussion). Ils jouent un même mantra qui plonge réellement l'esprit dans un certain état... d'hébétitude? Puis à un moment donné, le cortège se met en route et fait le tour du temple. Ils répèteront le même rituel 3x. La procession est marrante à observer.

A un moment donné, il me semble bien percevoir un brin de tension chez le pachyderme. Il remue ses jambes, attachées par de grosses chaînes. Son regard semble apeuré, serait-ce la musique trop forte, trop tout? Il remue plus fort une jambe et reçoit en retour un coup de bâton. Il pousse alors un cri, venu du fond des entrailles (de la terre?) qui fige tout un chacun sur place, un frisson semble même parcourir l'audience. D'un coup, je l'imagine brisant ses liens, balançant sa tête, la trompe assomant tout ce qui passe et enfin devenir fou en détalant .
Mais le calme revient une fois qu'il s'est exprimé.
Cela me rappelle simplement que je suis bien peu de chose face aux forces de la nature.

Au cours de la céremonie, les gens ont afflué, tous faisant face à l'éléphant vénéré. Il y a une petite table, devant le temple, où sont entreposées différentes poudres orange, blanche et rouge.
Je vois les indiens défiler les uns après les autres et s'en tamponner le doigt. Il aposent ensuite la couleur sur leur front. Il y a même un miroir installé sur une colonne pour pouvoir viser juste. C'est tout de même bien organisé!!!

Certains prient avec une ferveur, une totale dévotion qui me laisse un brin émue. Ils semblent si "vrais" à ces instants, fronçant parfois des sourcils, les lèvres remuant à peine, formulant vite leur prière. Certains se prosternent à même le sol, dans un mouvement souple.
Un dernier signe sur le front et ils quittent les lieux. Je les suis, quelque peu assourdie et groggy par tant de mêmes phrasés musicaux...

Ballade ensuite dans les backwaters en canoë. Seul le froissement de la pagaie vient troubler le calme environnant. Je découvre des rivières larges, de petits canaux qui desservent les maisons isolées. Je vois un serpent comme posé sur l'eau, qui se met à onduler à la surface alors que le bateau vient troubler sa quiétude.
Les cocotiers sont partout, se reflètant sur les eaux. Elles se transforment alors en fidèle miroir.



14 décembre 2006

Fort Kochin


L'ambiance est décontractée, on est dans le sud. Les chaudes après-midis aspirent à la paresse. Je décide, tout de même au bout de 18 jours, de quitter ce rythme doux pour me (re)jeter dans l'Inde, qui une fois de plus, m'aura suprise en arrivant à Fort Kochin, au Kerala. Un état vert, d'une végétation omniprésente, encore plus luxuriante et éclatante qu'à Goa. Il y a de l'eau partout, des rivières, des canaux qui composent les fameux backwaters.

A Fort kochin (aussi appelé Ernakulam), il y a de veilles maisons coloniales, d'autres rafraîchies luxueusement. La chaleur y est étouffante, écrasante, étonnante pour la saison. Le moindre mouvement me fait suinter. Les gens se balladent sous des parapluies pour se cacher du soleil. Je tente de feinter mon sort et obtenir un brin d'air en louant une bicyclette, un jour de grève générale. Tous les magasins sont fermés et les rues sans circulation, la ville est au calme. Je longe les devantures d'exportateurs : thé, épices, curry, sacs qui s'entassent, caisses en dépôt. Les odeurs de turmeric, poivre, piment, cardamome, cannelle et autres se mélangent. J'ai l'impression d'y être : plongée dans le temps, la route des épices, ses découvertes, le frétillement du marché conclu puis l'embarcation sur un bateau, d'une durée indéterminée. La chaleur en plus, ça le fait complètement!

Je longe la côte et me rapproche des pêcheurs et de leurs carrelets de filets chinois. C'est beau. Le filet est suspendu en l'air, retenu par un système de balancier. La pêche ici n'est toutefois pas sensationnelle.




En revanche, je me suis levée bien tôt un matin pour assister au retour des bateaux, partis dans le grand large. Les paniers de poissons sont amenés et jetés au sol, sur des bâches. La vente se fait a l'enchère. Rapidement un groupe d'hommes entoure le tas de poiscaille et le gars qui crie les prix. Ca s'active de toute part, les bateaux (de larges barques, avec parfois écrits dessus, le nom des donnateurs suite au tsunami, qui a également atteint ces rives) partent et laissent leur place à d'autres. On me montre un serpent de mer, pris au piège dans un filet. Une fois libéré, un homme lui assène un coup de pagaie sur la tête alors que je cris un nooooooooon...

Puis comme toujours, la vie reprend son cours. Je m'en vais boire un chai, servi par un gars qui se ballade, un tonneau à robinet posé sur son velo. Une petite corbeille contient les verres en plastiques à l'avant. Astucieux. Je sirote mon thé en répondant aux habituels bonjour et autres prénom, nationalité, mariée ou pas, maman ou non et enfin sourires. On veut savoir qui je suis. On ne me demande pas quel travail je fais. Sacrée différence!

Je quitte la doucereuse ambiance de cette ville qui m'aura fait rêver, transportée par ses odeurs.

06 décembre 2006

Goa




J'ai donc laissé les terres arides, lunaires et désertiques du nord visité pour rejoindre la végétation luxuriante du sud, à commencer par goa. J'ai pris le train de jour depuis Mumbai. Départ à 7h du matin alors que la ville et ses faubourgs s'éveillent. La voie ferrée longe pendant longtemps les différents quartiers de cette mégapole. C'est l'heure des toilettes et les hommes viennent se vider le long des rails, l'air impassible, leur bouteille d'eau à portée de main. Diverses odeurs m'assaillent : celle de la merde, évidemment, de l'eau rance, ou encore de l'encens, du café, de bidis, de bouffe huilée. Je m'y fais et finis même pas ne plus la remarquer.

Puis le train prend de la cadence, le cliquetis métallique des rails me berce. Je m'endors pour quelques heures. Je dois être près de Goa lorsque je me réveille. Les alentours sont verts d'arbres, de plantes énormes, de fleurs. L'humidité de l'air contraste fort avec la sécheresse des semaines passées. Je reconnais les charmantes maisons du coin, à l'aspect colonial, revisitées Made in India. Les toits sont bas, faits de tuiles rouges. Pas un ne semble droit, tous ondulent, comme si eux aussi étaient aplatis par la chaleur et les differentes moussons qui leur sont tombées dessus. Les murs sont de couleurs, le plus souvent jaune, vert, bleu ou rose pastels, defraîchis, ce qui leur donnent un air désuet, comme arrêté dans le temps. J'aime bien.


La terre est rouge, humide, elle sent fort. Le ciel, alors bleu, commence à se charger de nuages. Au sortir d'un des nombreux tunnels, une pluie diluvienne, digne de la mousson, s'abat sur nous. L'air devient carrément frais. J'alpague l'un des nombreux vendeurs ambulants qui arpentent le train pour boire un chai (thé au lait). Il l'annonce en disant d'une voix nasillarde : "chaigarrrrrrrrrram" (thé chaud), les autres qui défilent sans cesse crient : kelle (bananes), kakkkkerrrri (concombre), vegbiryani (riz frit), toastsandwicheggcurry (...). puis arrivent les vendeurs de jouets en plastiques, de journaux, de lacets (?), de chocolats, de boissons (gardées au frais dans un sceau rempli de glace). Passent aussi les estropiés, les travelos (ça donne un indien en sari, plein de poils, parfois même avec une moustache, du rouge aux lèvres, dans tous les cas, surprenant), des gamins aux habits sales qui nettoient le sol des wagons, tendant ensuite la main pour obtenir quelques roupies.

J'arrive au terminus de la ligne, à Magdaon plus précisément et pars directement pour rejoindre Patnem, où j'ai maintenant l'habitude d'aller me poser. J'y retrouve les comparses qui passent l'hiver ici. S'en suivent 18 jours de farniente presque total. Au programme bronzage, ballade à vélo (mais pas trop), lecture, grimpe.
Suis allée :
  • 1x a agonda a velo pour manger le superbe thali de Fatma. Chez elle, il y a 6, voire 7 sortes de légumes différents qui composent l'assiette. Un vrai régal, un spectacle de saveurs en bouche. Les graines utilisées, le choix des légumes font que c'est bel et bien, l'un des meilleurs thalis de l'Inde (je dis bien de l'Inde entière) qu'il m'ait été donné de goûter.
  • 3x jusqu a Chaudi (2kms) pour diverses activités, internet, réservation du ticket de train, achat de poudre antibiotique, pas mal pour assècher les plaies.
  • 1x jusqu a Gokarna (3h30 de bus aller) afin de commander des sacs à vendre.
  • 2x a Palolem (la plage d'à côté) pour aller souper...



Vue depuis ma chambre


Vous l'aurez compris, ici , c est repos assuré où le moindre détail prend son importance car on a le temps de s'y arrêter. Goa et ses palmiers qui bruissent dans un léger froissement. Le roulis régulier des vagues. Le cri des chiens en meute la nuit. L'odeur du poisson pêché (de + en + rare), celle fleurie des rizières, en fin d'après-midi. On dirait que toute la terre transpire la chaleur de la journée. C'est humide, chaud, moite, boisé, fleuri, enveloppant, parfois même enivrant. Les oiseaux tiennent des conversations sur les fils éléctriques dont ces beaux verts/jaunes, très fins, qui une fois leurs ailes deployées me font penser aux dinosaures qui volaient. Mes préfèrés restent les martins-pêcheurs aux couleurs bleus ou verts flashys, superbes. Ils ont l'air fiers avec leur bec droit.



Un vendeur de babioles sur la plage



Et puis, allez savoir pourquoi (peut-être le fait de voir des couples partager leur passion ensemble...?!), de profondes refléxions sur ma relation amoureuse se mettent en branle dans mon esprit. Ce n'est pas toujours facile à gérer avec la distance, il faut bien le dire. J'ai le blues comme qui dirait. Triste de ne jamais pouvoir partager cette envie, passion-là. Une sorte de malaise intérieur grandit. Je suis entre 2 chaises depuis bien longtemps. Et le voyage, malgré sa beauté, ses découvertes et surprises n'empêche pas les remises en question. C'est bien plutôt le contraire...

04 décembre 2006

Départ pour le sud, escale par Bundi

J'ai quitté Pushkar par un beau matin dans l'un de ces typique bus locaux. Là, 4 vieilles femmes montent dans l'engin, encore vide à l'aurore. 2 d'entre elles sont fortes et les 2 autres toutes menues. Elles ont l'air de très bien se connaître. Je les imagine soeurs ou belles-soeurs,vivant ensemble depuis longtemps. Les 2 plus fortes peinent à monter dans le bus. Elles brandissent une main tremblotante, tentant de s'agripper quelque part et se hisser, en vain. Finalement, elles se voient aider par les plus agiles qui tirent, poussent de toute part, en pouffant de la situation, loufoque, il faut bien le dire. J'observe le manège et les vois enfin s'installer sur les banquettes en bois : 2 à l'avant et 2 derrière. Elles entament alors des chants religieux, aux sons concordants douteux. Elles chanteront pendant 4h, jusqu'à leur destination. Personne ne se formalisera de cet acte de foi en plein bus. Tout le monde finalement y prendra part à sa manière : chantonnant à son tour, battant le rythme du pied, de la tête, les mantras ayant cette inévitable faculté de plonger l'esprit dans un certain état de torpeur. Je n'y échapperai pas.

J'arrive à Bundi, charmante petite ville du Rajasthan. Il y a là bien moins de touristes que dans les autres cités de l'état. L'atmosphère me séduit de suite. L'on découvre dès l'abord de la localité, un fort la surplombant, majestueux avec sa belle architecture aux airs arabisants. Cela me donne le sentiment de voyager dans le temps, également. J'aperçois un quartier de maisons bleues indigo, la couleur des brahmanes, la plus haute caste. J'ai trouvé une superbe chambre dans une vieille haveli. Il y a des alcôves dans les murs, un escalier qui mène sur la terrasse privée et un balconnet intérieur derrière une fenêtre aux verres de 1000 couleurs. Pour un peu, je me croirais Shéhérazade...



Bundi
बुंदी

Je me ballade dans les ruelles étroites. Des vaches traînent ci et là, à la recherche d'un petit rien à boulotter. Certains gamins agitent leurs cerf-volants. D'autres sont assis, se cherchent les poux. Le marché est vivant, coloré, tout s'y trouve, s'y vend. Il y a une rue où se fabriquent les bangels, ces bracelets qui cliquettent et s'accordent au sari, que les femmes indiennes aiment à porter.

Je reste longtemps assise à les voir confectionner les bijoux. Il faut voir aussi le moment de l'essayage. De grosses femmes indiennes, les bras déjà chargés d'achats, s'arrêtent et regardent, comparent, tatent ces cercles de verres. Elles les tiennent entre leurs mains et les ajustent pour voir s'ils sont tous ronds de la même manière. Ca discute ensuite du prix, puis un autre set de bracelets est montrés et la cliente repart avec quelques jeux de nouveaux artifices. Personne ne s'étonne de me voir assise là en leur compagnie, c'est normal, plutôt chouette même.

Je ne fais étape que quelques jours. J'ai un ticket de train qui part de Kota, à 1h de route de là. Je m'en vais rejoindre Mumbai (Bombay) en trajet de nuit. Je quitte Bundi en catastrophe car j'imaginais partir la nuit suivante. Le convoi part à 00.05 le 25 et non pas le 26, comme je l'imaginais. Je packe mes affaires pendant que la famille de la guest house me fait à souper. Je prends encore vite une douche et file ensuite à l'arrêt de bus. Waouh... Je respire, même si ces petits coups d'adrénaline m'amusent bien. Ca aurait été trop bête de rater le train car toutes les places pour la ligne sur Mumbai sont complètes les jours suivants. La période des mariages a commencé (elle durera jusqu'à avril) et de fait, il peut s'avérer difficile de trouver des places en wagon couchettes.

Je débarque à Mumbai après une (étonnante) bonne nuit de sommeil et tente de trouver un ticket de train pour le soir même afin de rejoindre Goa. Bien que je me rende au bureau des touristes, où l'on peut obtenir des places sous quotas réservés à notre effet (étrangers donc), j'apprends que tout est complet... Je passerais la nuit ici et descendrais plus au sud avec le train de jour demain. Je me dirige à Collaba, le quartier des voyageurs, situé juste derrière la Gateway of India et le fameux Taj Mahal Hotel. J'y ai mes habitudes et débarque à l'Apollo guest house où je suis accueillie par les boys (en Inde chacun à son rôle. Il y en a un qui s'occupe du nettoyage des WC, l'autre de cuisiner, le 3ème d'amener le plat, le 4ème, je l'ai vécu, poste l'échelle alors que le 5ème, le patron, montera dessus pour changer l'ampoule), qui me reconnaissent, ce qui est toujours fort sympathique. Ca me demande des nouvelles de chez moi, être sûrs que tout le monde va bien. On s'est rencontrés peut-être 6x et ces gens qui ne connaissent absolument pas ma famille m'en demande des nouvelles. Ce sont ces petits détails qui me touchent ici.

La magie du voyage, une rencontre extraordinaire à Kalamaki - Part 7 Roadtrip

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