Je décide de rejoindre le bord de mer. Je prends un taxi-jeep jusqu'à Munnar, puis un bus qui me mène à Ernakulam. Il est 23h lorsque j'y arrive. Tant que j'étais dans le bus, tout allait bien. J'allais d'un point A à un point B. Maintenant que je dois me diriger vers la gare, où je suis déjà sûre de ne point trouver de ticket de train pour cette nuit, je commence légèrement à douter de ma décision hâtive de quitter les lieux.
En effet, il n'y a plus de ticket pour le nord en classe couchettes. J'achète donc un ticket en classe générale, à savoir les bancs en bois. Ce sont des wagons archi-bondés d'habitude et la perspective d'y passer la nuit, ne fait pas du tout partie de mes plans. Je monte dans un wagon couchettes, sympathise avec un couple de français et laisse mon sac non loin d'eux, histoire que quelqu'un y jette un oeil si je dois m'absenter (à la recherche d'une place).
Le contrôleur passe et me demande de rejoindre le wagon général. Je tente de savoir s'il y a moyen d'avoir une place dans ce train jusqu'à ma destination, Bekal, au nord du Kerala. Le train est archi plein me dit-il. Je dois changer de wagon à la prochaine station. Quoi qu'il arrive cette nuit, j'ai déjà décidé que je n'irais pas. Je préfère encore m'installer à côté des toilettes... Et finalement, la providence. Un homme qui m'a vue errer, sans couchette, me propose la sienne, gratuitement malgré mon offre, car il dormira avec son petit garçon. Je le remercie 1000 fois, touchée par sa générosité.
Je fais une brève escale à Bekal. Le jour de la mort de Saddam Hussein. Je m'en rappelle bien car j'ai eu la mauvaise idée de me ballader dans les rues. Je ne le savais pas, c'est sûr, ça n'est pas en plein milieu de la jungle que j'ai suivi les nouvelles... Le village manifeste en guise de protestation. Les hommes, il n'y a qu'eux dans la rue, sont tendus. On sent une certaine électricité dans l'air. Je me demande vraiment ce que je fais là et m'en veux encore d'avoir quitté Top Station et la charmante famille de Mano. Je ne traîne pas bien longemps dans les rues. Je suis venue ici, à la recherche d'un nouvel endroit au bord de la mer pour m'y poser quelques semaines, genre les plans de Goa, il y a 10 ans de cela. Mais le nord Kerala est musulman et je ne suis pas sûre que la population soit prête, comme au sud, à voir l'invasion de touristes et son lot de distractions arriver...
Je pars le lendemain matin à l'aube. Je n'ai pas envie de rester plus longtemps ici... Je rejoins Gokarna, au bord de la mer, juste au sud de Goa.
La plage de Gokarna
C'est une petite ville sainte au charme pittoresque que j'aime bien. J'y rencontre toujours des gens particuliers, des personnages, comme j'aime à les appeler. Il y a cette photographe, voyageant avec sa fille qui bricole son carnet de voyage. J'apprends que sa maman édite des bouquins, dont "Les odeurs de l'Inde" et pour ce faire, a travaillé avec un nez, qui a composé des parfums accompagnant l'ouvrage. J'avais écouté toute une émission de radio sur ce sujet et avais souhaité m'offrir le bouquin, évidemment, mais il s'était avéré bien trop cher... J'ai aussi rencontré là un vieil américain, vêtu comme les "Babas" d'ici : un loongi blanc autour de la taille et un autre posé sur les épaules, passant le plus clair de son temps à méditer.
Aujourd'hui, 2 gourous, appelés aussi Swamis (सवामिस) (prêtres), étaient attendus dans la ville. Un cortège les a précèdés, avec entre autres, des hommes aux looks incroyables, représentant certaines des divinités, même féminines (quelque peu troublant). Quelle exhubérance! Toute fête religieuse s'accompagne de musique aux rythmes endiablés... Je profite de filmer ces scènes, me réjouissant déjà de monter le tout. Ce pays est tellement étonnant. Je ne suis toujours pas sûre de bien comprendre tout ce que j'y vois. Mais en règle générale, les sourires sont nombreux et la gentillesse de rigueur.
Il y a évidemment toujours aussi les regards persistants, voire hargneux, comme je l'ai vu, une fois seulement, le jour de la mort de Saddam, à Bekal, étant le seule femme, blanche de surcroît, à me ballader dans la rue.
Les coupures d'électricité et ses dêmélés
Une vendeuse de fruits
J'y passerai environ 2 semaines, les dernières de mon voyage en solo avant qu'Alexandre ne vienne me rejoindre pour 2 mois. Je suis bientôt à la moitié de ce voyage. C'est fou comme la notion du temps (à nouveau) varie selon l'état d'esprit. Il me paraîtrais inimagineable de rentrer maintenant alors que 3 mois était la durée de mes voyages les plus récents (ces 5 dernières années).
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