To go with the flow...
Les mois qui ont suivi le retour en urgence du Guatemala ont été très durs. Jamais je ne me serais sentie aussi paumée. J'avais l'impression d'être dans une machine à laver émotionnelle que rien ne semblait jamais vouloir s'arrêter. Il aura fallu du temps, beaucoup de temps pour colmater les morceaux. J'ai squatté à gauche et à droite, travaillé ici et là en attendant de retrouver un équilibre (merci à ma chère sœur Natacha, Eve, Carole et Suzanne pour m'avoir hébergée).
Cela faisait plus de 20 ans que je n'avais pas passé un hiver en Suisse. Je redoutais le froid mais c'est le ciel gris et bas, pendant des semaines parfois, qui aura été le plus difficile à gérer. Après des mois d'errances, où j'ai eu l'impression de juste fonctionner, je me sentais surtout morte dedans. L'ambiance anxiogène durant ce temps de pandémie n'aura évidemment pas aidé. Je me demandais bien à quoi cela servait de vivre si c'était pour rentrer sur les rotules après des journées de boulot éreintantes et drainantes, sans perspective d'avenir. Le travail dans le milieu social n'est pas facile... Je n'avais plus envie de rien...
C'était une période très noire.
J'ai loué un petit appartement pour quelques mois, charmant par ailleurs, avec vue sur le lac et les montagnes mais je me rappelle très bien de la première nuit passée dedans. J'ai eu l'impression d''être cloîtrée dans une boîte, limitée, comme si une porte se fermait. C'était tout de même un refuge d'une certaine manière, mais ça n'était pas "moi".
The months following the emergency return from Guatemala were very hard. I would never have felt so lost. It felt like I was in an emotional washing machine that nothing seemed to stop. It will have taken time, a long time to patch up the pieces. I squatted some friend's places, worked here and there while waiting to find my balance (thanks to my dear sister Natacha, Eve, Carole and Suzanne for being there).
It had been more than 20 years since I had spent a winter in Switzerland. I dreaded the cold but it was the gray and low sky, sometimes for weeks, that was the most difficult to manage. After months of wandering, where I felt like I was just functioning, I mostly felt dead inside. The anxiety-provoking atmosphere during this pandemic time will obviously not have helped. I wondered what was the point of living if it was to get back on your knees after exhausting and draining days of work, with no prospect for the future. Work in the social environment is not easy... I didn't want anything anymore...
It was a very dark time.
I rented a small apartment for a few months, charming otherwise, with a view of the lake and the mountains, but I remember very well the first night I spent there. I felt like I was locked in a box, limited, as if a door was closing. It was all the same a refuge in a certain way, but it was not "me".
Et puis il y a eu l'épiphanie, un dimanche d'avril, une année après mon retour quand même, lorsque mon neveu me parle de la vente de son utilitaire jaune. Il ne me faudra pas beaucoup de temps pour mettre deux et deux ensemble et le mercredi suivant, les plaques étaient pausées dessus!!
Franchement, ça a changé ma vie!
Son nom jaillit de nulle part, elle s'appellera Lilyblue, car ça sonne mieux que Lilyellow tout de même!
Très vite, je commence à l'aménager. Je fais les petites annonces et trouve pratiquement tout gratuitement: ici un sommier qui peut s'agrandir, là son matelas qui fait sofa lorsqu'il est rabattu et grand lit une fois ouvert, un tapis pour le rendre plus accueillant et enfin des loupiottes pour l'ambiance. Je passe quelques nuits dans les environs pour l'expérience, y découvre que je dors bien mieux que dans mon appartement!
And then there was the epiphany, one Sunday in April, a year after my return anyway, when my nephew told me about the sale of his yellow utility vehicle. It wouldn't take me long to put two and two together and the following Wednesday the plates were on it!!
Honestly, it changed my life!
It name came out of nowhere, it will be called Lilyblue, because it sounds better than Lilyellow all the same! Very quickly, I begin to arrange it. I do the classifieds and find practically everything for free: here a bed base that can be enlarged, there its mattress which makes a sofa when it is folded down and a large bed once opened, a carpet to make it more welcoming and finally light garlands for the atmosphere. I spent a few nights in the area for the experience, discovered that I slept much better there than in my apartment!
On est donc au téléphone et ça tombe bien, car la semaine qui suit vient le temps de l'ascension. On a tous les deux congé et alors on se donne rendez-vous dans le sud de la France trois jours plus tard! J'adore cette spontanéité dont les gens du voyage sont le plus souvent dotés! J'ai bien envie de tester Lilyblue et voir la mer (cela fait deux ans, jamais je ne serais restée aussi longtemps loin d'elle) et Dinh a besoin d'un break.
La France n'était pas encore "ouverte" et il était demandé à chacun de rester chez soi. Je prends la route quand même, fait des détours pas croyables pour éviter la grande frontière à Genève. Comme je m'en rendrais compte par la suite, cela n'aura pas valu la peine, car il y a ce qui se lit dans les journaux... et la réalité.
ll pleut pendant des heures alors que je longe les Alpes menant au sud. La neige recouvre encore les plus hauts pics, les flancs sont escarpés, pointus, ça leur donne cet air dramatique. Puis petit-à-petit, les montagnes deviennent moins hautes, avec un relief plus doux, les nuages et la pluie s'estompent. La végétation change et enfin le soleil et sa chaleur sont avec nous.
Je croise de beaux bleds dont je ne me rappelle plus les noms mais y fait des pauses rapides pour manger et me soulager.
I finally have a new project, a prospect, which had sorely missed all this year. The following weekend I got my buddy Dinh online, we had met in Guatemala when he was working at Shambhala. I remember our first conversation very well. We connected right away because we listened, in spite of ourselves, the space being small, a hippie from the village pour out on spirituality and tell, basically, nonsense (as it's so often the case in these places attracting this kind of people, without wanting to be judgmental).
So we're on the phone and that's good, because the following week comes the time of the ascension. We both have holidays and decide to meet in the south of France three days later! I love this spontaneity that travelers are most often endowed with! I really want to test Lilyblue and see the sea (it's been two years, I would never have stayed so long away from it) and Dinh needs a break.
France was not yet "open" and everyone was asked to stay at home. I took the road anyway, make unbelievable detours to avoid the big border in Geneva. As I would realize later, it won't have been worth it, because there is what is read in the newspapers... and the reality.
It rains for hours as I drive along the Alps leading south. The snow still covers the highest peaks, the sides are steep, pointed, it gives them this dramatic air. Then little by little, the mountains become less high, with a softer relief, the clouds and the rain fade. The vegetation changes and finally the sun and its warmth is with us.
I come across beautiful villages whose names I no longer remember but take quick breaks there to eat and relieve myself.
En fin d'après-midi, j'arrive au bord de la mer, sens son odeur, quel bien cela fait de voir cette étendue, cet horizon infini. Je réalise à quel point cela m'avait cruellement manqué!
At the end of the afternoon, I arrive at the edge of the sea, feel its smell, how good it feels to see this expanse, this infinite horizon. I realize how much I sorely missed it!
Je roule entre des domaines si grands, que l'on ne voit pas leurs maisons. Tout le coin est habité, de ces résidences, on ne voit que leur portail fermés. Je mets un moment à trouver ce qui sera mon spot pour la nuit. C'est loin de la route, il y a un petit chemin que personne ne semble utiliser, les vignes prennent le soleil couchant, les oiseaux chantent, les pinèdes et la terre transpirent leur odeurs parfumées, c'est calme, il y a des oliviers, je suis contente. Cette quiétude fait du bien après les vibrations de ces heures de route!
Cela ne fait pas une heure que je suis là à profiter, lorsqu'un securitas vient m'interpeller pour me dire que c'est une propriété privée et ne peux donc pas rester là... Je suis claquée après le trajet, il est 21 heures, le soleil se couche bientôt, autant vous dire que je n'ai pas du tout envie de bouger.
Et j'adore la liberté que procure cette vie de nomade. Un endroit vous parle et hop, on s'installe!
Nous passons une journée mémorable entre buissons et rocailles sur la montagne, musique et observations minutieuses du monde qui nous entoure. Je vous la fait courte mais lorsque nous rentrons, un peu "dans notre monde", la police vient interpeller toutes les voitures parquées là pour nous avertir qu'il n'est pas possible d'y rester la nuit, avec possibilité d'amende si d'autres agents repassent. Nous prenons le risque et dormons comme des bébés sans être dérangés.
We spend a memorable day between bushes and rockeries in the calanques, music and careful observations of the world around us. I'll make it short but when we go back, a little bit"into our world", the police come to warn everyone that the cars cannot stay parked there overnight, with the possibility of a fine. if other agents return. We take the risk and sleep like babies undisturbed.
Les quelques jours de vacances passent vite, il est l'heure de rentrer, avec évidemment très peu d'envie à ce niveau là! Cet avant-goût de voyage, d'être sur la route à nouveau, confirme le plan qui sera de partir en roadtrip, sans date de retour, cet été pour la Grèce et de nouvelles aventures!
Avant cela néanmoins, je me tape sept heures de bouchon, on dirait que toute la France était descendue dans le sud! Je retrouve mes pénates tard le soir et recommence le rythme fou de la vie suisse, avec la confiance néanmoins que cela ne durera pas longtemps. Il reste deux mois avant les vacances d'été et mon prochain départ en compagnie de Lilyblue!
Bye Dinh! Merci pour les échanges et fous rires, c'est vraiment facile d'être en ta compagnie, même dans un espace aussi réduit!!!
The few days of vacation pass quickly, it's time to go home, with obviously very little desire at this level! This taste of travel, of being on the road again, confirms the plan which will be to go on a road trip, with no return date, this summer in Greece for new adventures!
Before that, however, I'm having a seven-hour traffic jam, it seems that all of France had descended into the south! I return to my place late at night and resume the crazy rhythm of Swiss life, with the confidence, however, that it won't last long. There are two months left before the summer holidays and my next departure with Lilyblue!
Bye Dinh! Thank you for the exchanges and the giggles, it's really easy to be in your company, even in such a small space!!!