01 avril 2007

Delhi avant le sud, pour une dernière fois...

J'arrive à Delhi en milieu de journée. Il fait chaud, ici bas. Un ami m'envoie chez un médecin dès qu'il me voit et me retrouve à nouveau sous antibiotiques. J'ai des "bugs" (puces...) dans le ventre, ma fois, sympathique. Je passe le reste de la journée à écouter des musiciens, dont une chanteuse venue du Honduras à la voix sublime, un chanteur de musique classique indienne qui fait vibrer ses cordes et son corps, superbe. Ca me fait du bien à l'âme.

Alors que je passe ma dernière nuit sur Delhi, Lionel me propose de rendre visite à 2 de ses amis pakistanais, percussionnistes. Nous débarquons dans un hotel 5 étoiles, bien loin des Shiva lodge et autres Ganesh paying guest house, où j'ai l'habitude de "descendre"... Je me sens tout-à-fait décalée dans cette ambiance surfaite, bien loin de la réalité que j'ai cotoyée ces derniers mois.

Puis je rencontre les musiciens. L'un est immense, il en impose, massif comme il est. Il porte une longue kurta (tunique) et à son cou pendent de gros colliers de perles. Il a les cheveux mi-longs, brillants et qui ondulent. Il a un regard qui respire l'amour. Un problème de surdité l'accompagne mais ne l'empêche absolument pas de jouer à la perfection de son instrument.
Et leur instrument, j'y viens. Ce sont de gros "barils" en bois. Aux extrêmités, là où ils tapent, il n'y a pas de peaux mais du plastique, ca résonne mieux.
Il y a des ficelles de couleurs qui en pendent. Une grande lanière soutient la percussion lorsqu'ils jouent debouts, fiers, sublimes.

Le 2ème comparse est grand aussi, plus fin. Il se dégage d'eux un mélange subtil d'assurance, de grâce et d'élégance naturelles. C'en est troublant.

Ils commencent ensuite à jouer, assis dans leur chambre d'hotel. Il y a là Lionel qui les accompagne au début (du moins) au Saaz. Sandip est là également, un ami de Lionel, musicien électronique de son état, il est marrant, me faisant, étrangement penser à Woody Allen, heureusement pas par son physique... Et enfin Suchet, qui m'a envoyée chez le médecin il y a 3 jours. Il a un peu le rôle, ce soir de l'organisateur : il fait venir des plateaux de fruits, de l'eau et même une assiette de dessert, venue tout droit du buffet, s'il vous plaît, avec mousse au chocolat. Bliss after sooooooooooooo long.

Les tambours se mettent à sonner, à résonner, à emplir la pièce. On entend qu'eux. Des rythmes qui jaillissent, nets, secs, clinquants. Ils enivrent, font que l'on se sent libre, gai, bien. Les regards que les musiciens échangent sont à observer. Ils sont heureux. Ils écoutent. Ce sont des joueurs de dhargas, sortes de prières qui ont lieu dans des mausolées généralement. Ils jouent pour Dieu, leur musique n'est pas un divertissement, comme on a tendance à la vivre chez nous. Cela s'entend, il a quelque chose de miraculeux dans ces rythmes et ces hommes.
Ils sont, vivent, respirent le rythme.
Une onde d'énergie qui m'emplit. Je suis sous le choc.

Puis, on sent bien que le 1er des 2 percussionnistes, le plus grand, souhaiterait aller jouer ailleurs, dehors, là où il pourrait taper vraiment. Ca le démange, il semble ne jamais vouloir s'arrêter. Lionel, Suchet et Sandip se mettent alors à chercher un endroit. Ca devient une de ces scènes typique que je vis ici, en Inde. Chacun y va de son idée, en trouvant celle de son voisin meilleure. Le lieu du concert privé prendra donc quelques temps avant d'être établi et en attendant, notre grand ami en profite pour se changer. Il met une belle kurta pour l'occasion. L'autre continue à jouer, il est dedans.

Ce doit être rigolo de nous voir traverser le hall de l'hôtel : 2 blancs au look douteux, 2 pakistanais immenses transportant leurs énormes instruments à l'épaule et enfin Suchet et Sandip, l'un l'oreille collée à son portable, tel un impresario occupé et l'autre, visiblement gêné dans ses murs : Woody Allen j'vous dis!!!
Nous nous enfilons tous dans l'Ambassador de Lionel et partons en expédition. Nous roulons dans Delhi de nuit. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est et je m'en fous. J'ai bien conscience de vivre une soirée très particulière.

La lune est quasi pleine. Elle éclaire alors le spot où nous nous dirigions. Un mausolée. Il est d'une forme octogonale. En son milieu, en bas d'escaliers, le lieu de prières, où brûlent des bougies. Les murs, colonnes et autres portes composant l'édifice se dessinent sous la lueur de la lune. Il y a quelques inscriptions en arabe et des toits en terrasse. Nous voyons au loin les lumières orangées de la ville. C'est calme, la rumeur des rues se fait lointaine. Parfait pour nos amis pakistanais.

Ils jouent à présent debouts. Ils tapent fort. C'est incroyable à entendre, à sentir, à voir, à vivre. Je n'en dormirai pas de la nuit.
Je suis invitée quand je veux au Pakistan et n'ai donc pas manqué de leur faire savoir, que justement, je souhaiterais y aller en octobre, à l'occasion de ce grand festival, rassemblant les suffis (dont ils font partie).
Suite à cette soirée, j'aurais reçus plusieurs emails de mes amis de Delhi, me demandant si je sens encore battre les rythmes fous dans mon coeur.

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