20 septembre 2012

Nako

To go with the flow...



Je quitte les plaines pour des cieux plus élevés ou j’espère (re)trouver le soleil (trop chaud, pas assez, vous jure!!!). Pour ce faire, je prends un bus qui mettra 21h avant d'arriver à destination! Si j’avais su, je me serais préparée mentalement mais n’ai pas pris la peine de chercher l’information... Et le bus, c’est du local ! Deux sièges à gauche, trois sur la droite, serrés comme des sardines nous sommes et le resterons tout le long du trajet (je suis à la fenêtre du côté à trois…). 

I leave the plains for higher heavens where I hope to find the sun. Therefore, I take a bus which will take 21 hours to get to the destination! If I would have known that, I could have prepare myself mentally but didn’t look for this information... And the bus is a local one! Two seats on the left side, three on the right one, squeezed like sardines we are and will remain the entire ride (I am seated next to the window of the three seats…).

Nous gravissons peu à peu les flancs des montagnes ou les essences boisées remplacent l’odeur des pots d’échappements des villes. Au fil de la montée, l’air se rafraichit. Il s’est remis à pleuvoir (mes affaires seront mouillées en arrivant) et cela occasionne des éboulements de terrain et ralentit notre convoi. Un trax apparait de nulle part et s’occupe de dégager la route. Tous les voyageurs que nous sommes patientent alors le long de la route en sirotant un chai dans une gargote amenagee le long de la falaise.

We climb up slowly the mountain’s sides where the woody essences replace the smell of the city’s exhausts. Along the way up, the air is getting fresher. It rains again (my stuff will be wet when I unpack) and this creates landslides which slows down our convoy. A bulldozer comes from nowhere and gets busy clearing the road. All the travelers are waiting patiently along the road while sipping a chai in a stall improvised along the cliff's wall.








Je  ne m’endors évidemment quasi pas du trajet et me demande comment font mes voisins, qui eux roupillent du sommeil du juste. Je leur repousse de temps à autre l’épaule ou la jambe, qui se balançent au gré des cahots, ne manquant pas sur cette route. Mes voisins ronflent même! ... Serait-ce donc une fois de plus l’expression d’un lâcher prise, (quel que soient les conditions), auquel je n’ai, de toute evidence, pas accès ? Je me réveille néanmoins parfois en sursaut après quelques vagues minutes de sommeil, me surprenant la tête dodellinante et la bouche molle, grande ouverte, lorsque nous arrivons enfin à Rekong Peo. J’y fais étape et mon permis pour pouvoir accéder à la Spiti Valley. Je suis fatiguée à mon arrivée comme vous pouvez le constater…

Of course, I can’t really sleep during the journey and wonder how my neighbors manage it, while I push from time to time their shoulder or leg, asleep and bouncing with the potholes, they do even snore!? ...  Is it due once more to a certain let it go, under any circumstances I can’t access? I wake up some time after sleazy, vague minutes of sleep, surprising myself with a nodding head and a wide open mouth, when we finally reach Rekong Peo. I do a stop-over here to recover and a permit to access the Spiti valley. I am tired as you can see…



Soudain tout disparaît. Le roc d’un côté, fait place au gouffre. La rivière s’éloigne, s’efface. Il n’y a plus une seule demeure humaine. Voilà qu’on aborde la grande montagne qui ouvre sur son sommet. Une épreuve qui coupe le souffle et suspend les battements du coeur. Chaussée étroite, coupée de trous énormes, encombrée de quartiers de rocs éboulés. Côtes à pentes incroyables. Virages sans merci. Bord de la route qui s’effrite sur un précipice toujours plus profond et que, pendant des heures le bus suit, effleure, touche. Le ciel est d’un bleu électrique magnifique.
Après avoir passé au fond de gorges si profondes que le soleil n'y pénetre qu'à la verticale, un instant par jour, après avoir longé des lambeaux de terres cultivées dans une boucle de rivière avec leur verdure fragile, nous atteignons le village de Nako.

Suddenly everything disappears. The rock on one side makes room for the chasm. The river keeps of, fades away. There is not one human house left. We approach the great mountain which opens on its summit. An ordeal which cuts the breathe and holds the heart beats. Narrow roads, cut with enormous holes, cluttered with hips of fallen stones. Slopes of incredible steepness. Merciless curves. The bus during hours follows, touches, skims the road’s sides which crumble on an always deeper precipice. The sky is of a magnificent electric blue. After we drove through very deep gorges, the sun must penetrate only in the vertical for an instant per day, after we drove along some bits of cultivated earth with their fragile vegetation in a river’s loop, we reach the village of Nako.
Route bloquée par un éboulis...

attente et...

...donc pause au chaishop du coin







Me voilà depuis quelques jours à 3600m d’altitude dans ce bucolique village bouddhiste, bordé d’un petit lac, tout au sud de la superbe Spiti valley. Je suis au nord de l’Inde, à la frontière longeant l’ouest du Tibet.

Here am I since a few days at 3600m high, in this bucolic Buddhist village, along a little lake, at the south end of the superb Spiti valley. I am in north India, at the west Tibetan border.




Les maisons sont de pierres et bois, il y a de petites allées ou trainent et broutent chèvres, vaches et ânes, souvent suivis de leurs adorables petits. Chaque maison possède son potager qui donne les derniers légumes. S’en suivra un long hiver ou seules les céréales et aliments préalablement séchés seront consommés. Les toitures sont recouvertes jour après jour de plus de bûches et brindilles collectées pour l’hiver et assurant une meilleure isolation. Pendant ce temps, les feuilles jaunissent inéluctablement, prenant leur bref manteau d’automne.

The houses are of stones and wood, there are small alleys where goats, cows and donkeys are wandering around and gaze, followed by their adorable cubs. Every house has its garden which gives the last vegetables of the season. A long winter will follow where only cereals and dried food are gonna be eaten. The roof tops are covered day after day by more logs and twiks, collected for the winter and assuring a better insulation, while the leaves are getting more yellow, ineluctably, wearing their brief autumn coat. 

























L’hiver doit être extrêmement rude. Les montagnes nous entourant sont désertiques, aux angles lunaires sous ce ciel intense, magnifique qui rend tout beaucoup plus clair. L’austérité du décor me touche, elle me rappelle à plus de simplicité.

The winter must be harsh. The mountains surrounding us are desert, with lunar angles under that intense sky, superb which makes things crystal clear. The landscape’s austerity touches me, its reminds me to more simplicity.




Un chien jaune et blanc me suit parfois en ballade. Il est joueur et adore courir après sa queue. Je dois le chasser si je veux pouvoir faire mon Tai Chi tranquille. Pas facile de trouver néanmoins un espace plane sur ces pentes impressionnantes. Ce sont des éboulis de rocs à perte de vue et lorsqu’un ruisseau apparaît, alors nait une végétation fragile.. Chargées à dos d’hommes, les piles de bûches sont amenées jusqu’aux villages.

A yellow and white dog follows me sometimes during my ballads. He is playful and loves to run after its tale. I always have to chase him away if I want to make my Tai Chi quietly. Not easy though to find a flat space on those impressive slopes. These are endless pits of rocks and when a stream appears, then borns some fragile vegetation. Carried on men’s back, the pile of logs are brought to the villages.




J’ai délaissé ma guest house ou j’ai croupi deux jours sous les effets de l’altitude (maux de tête, vomi) pour aller séjourner chez une famille du bled. Un très jeune couple, marié tout recemment et revenant de leur lune de miel, Sonam et Tenzin, ainsi que la mère de Sonam. Ils sont adorables et ont accepté de me loger et nourrir pour le prix que je déciderais !?!

I left the guest house where I rot for a couple of days under the altitude’s effects (headaches, puke) to live with a local family. A very young married couple, Sonam and Tenzin, as well as Sonam’s mother. They are adorable and have accepted to host and feed me for the price I chose !?! 





Nous sommes dans un village bouddhiste (du même type que les tibétains). Flottent donc aux coins des maisons les fameux drapeaux de prières colorés que l’on retrouve aussi dans la montagne, sur des piliers ou autours des stupas et gompas. Les chemins du village sont parfois tracés le long de murets ou sont posées des plaques de pierre, sculptées de prières. Il faut les contourner dans le sens des aiguilles d’une montre. Tout comme les rouleaux de prières, ces signes sont présents pour rappeler le divin aux mortels.  

We are in a Buddhist village (same kind of the Tibetans). At the house’s corners, the famous colorful prayer flags are flapping. You see them again in the mountains, on pillars or around stupas, gompas and chortens. The village’s paths are sometimes traced along some low walls where are put on top, stone’s plates, sculpted with prayers. You have to walk clockwise around them.  Like the prayer rolls, those signs are there to remind the divine to the mortals. 






Le décor et l’ambiance bouddhiste dévolue à la méditation sont idéaux pour faire ma pratique et juste ‘être’, dans cette immensité qui simplifie tout. C’est sublime et cette sérénité me fait le plus grand bien.

The scenery and the Buddhist atmoshpere, devoted to meditation are ideal to practice and just ‘be’ in that immensity which simplifies everything. It is sublime and this serenity is the best for me.






Les montagnards se battent pour survivre. Ils travaillent dur pour exploiter la moindre ressource de leur territoire. Ils entourent leurs jardin par des murets de pierres recouverts de ronces, sinon quoi les vaches et chèvres ravageraient cette terre si vaillamment cultivée. Les pentes sont terrassées, les terres irriguées, les semences plantées. Bientôt arrivera l’hiver et alors la montagne ne donnera plus que du froid. Et là, je vois le mouvement des petits troupeaux et les couleurs éclatantes qui couvrent les femmes et les enfants.

The mountain people are battling to survive. They work hard to exploit the least resource of their territory. They surround their gardens with low stoned walls covered with brambles, otherwise the cows and goats would ravage that earth so valiantly cultivated. The slopes are terraced, the earth irrigated, the seeds planted. Soon the winter will come and then the mountain will only give coldness. And there, I see the movement of the little cattle and the flashy colors covering the women and children. 








Ils ont la peau burinée par le vent et le soleil. Les gamins ont le nez plein de morve et sont plein de vie. De manière générale, ca rit beaucoup, se rassemble pour jouer, prier, refaire le monde ou juste être.

They have the skin furrowed by the sun. The children have the noise full of snots and are also full of life. In a general matter, it laughs a lot, meets to play, prays, rebuilds the world or just be together.



















J’aime ces balades quotidiennes dans les hauteurs rocailleuses entourant le village. Il y a sur chaque espace plane un stupa, gompa et des drapeaux de prières qui flottent. Leur léger claquement est le seul bruit à la ronde, avec celui du vent, lorsqu’il frôle les parois et mes oreilles. Parfois un oiseau me survole. A perte de vue des montagnes sèches, des pics aux neiges éternelles ou l’on ne voit pas la trace  de l’homme. C’est calme et serein. . Je n’ai besoin de rien d’autre.

I like those daily ballads in the rocky heights surrounding the village. On every flat space are found  stupas, gompas, chortens and floating prayer flags. Their slight flapping is the only noise around, with the wind when against the walls and my ears. Sometimes a bird overflies me. Endlessly, arid mountains, eternal snowed peaks where you can’t see any human trace. It is calm and serene. I need nothing else. 







8 commentaires:

  1. Hoooo merci pour cette balade superbe... dans le bureau de la multimationnal, j'ai passé une bonne demi heure avec toi là-bas... Merci beaucoup!

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  2. que de beauté!!! superbe...
    Sonia, je dois dire que tu atteins un niveau dans l'écriture et la retranscription de l'atmosphère vraiment de haute qualité!!! très joliment décrit, donnant envie de s'immerger immédiatement dans ce décor magnifique...
    Bravo ma belle!! à quand le bouquin???
    bisous
    Ingrid

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  3. Bonsoir Sonia,
    Encore une belle tranche de vie durement gagnée. Mais l'absolu n'a pas de prix, seulement une fin.
    Nous t'embrassons.
    Daniel PASDELOUP

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  4. Hello Sonia!

    Comment vas-tu?

    Merci pour tous tes récits dans ton blog qui sont toujours un plaisir à lire. Ça fait du bien de voyager un peu avec toi.

    Belle journée à toi

    Bisous

    Cécile

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  5. Dear Sonia;

    I enjoy reading you stories so much. It is really coll that you write in english and french since I am learning french now and i can practice. I thought about you and where you might be a lot. I see you are enjoying and doing what you love the most. I am looking forward to read this piece.

    XX from Slovenia.
    p.s. The sister say hi too, they just got back from Nicaragua:)
    p.s. I was very honoured when you mentioned us in your pakistan story:)

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  6. Dear Sonia,

    As I read, I envied you for all those wonderful journeys !
    Keep going and sharing.

    Regards,
    Goyle


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  7. Bonjour Sonia,

    Je t'écris de suite pour te remercier de nous donner tes impressions devant es paysages et rencontres... tu transmets le vertige des lieux, c'est fabuleux... et proche lorsque tu parles des gens...

    Bonne suite,
    Gafia

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  8. Salut Sonia,
    Pour ma part j etais dans le nord est de l est, arunachal, assam, tripura, nagaland, belles decouvertes. En juin je retourne au kirgyztan, je ne crois pas que tu connaisses, il faudra vraiment que tu ailles y faire un tour.
    Je vais mon plonger dans ton nouveau blog
    Bises et continues de nous faire voyager

    Thierry

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