Alors que je suis de retour à Leh, je rencontre Kathy, Fanny et Jean attablés à la même terrasse que moi (Hello les amis, cela fait un bail! J'espère que vous allez bien?! Je profite aussi de vous remercier encore une fois pour nos échanges de photos, il y a donc dans ce chapitre un mélange de tous nos points de vue!).
Ils parlent français, je les aborde, ne saurais plus vous dire à quel propos, et nous faisons ainsi connaissance. Le feeling passe bien, je les rejoins pour siroter un verre et continuons nos discussions jusque dans la soirée. Nous avons sûrement dû aller ensuite manger au Bowl restaurant, tenu par un tibétain qui nous ravit avec ses assiettes copieuses, cuisinées au feu de bois et aromatisant ainsi tous les plats d'un fumet qui apaise l'âme. Entre ses momos au fromage de yak et pommes de terre (raviolis que l'on trouve dans l'Himalaya, de l'Inde jusqu'au Tibet, souvent agrémentés d'une petite sauce épicée qui relève bien le tout), thalis goûteux avec ses différents sabjis au curry (légumes) et autres pakhoras (beignets), croquants autour mais mous dedans, on a l'embarras du choix. Cela devient "le stam" et j'irais manger là quasi tous les jours!
Mes nouveaux compagnons viennent du sud de la France et ont prévus de partir trekker dans la vallée de Sham, à l'ouest de Leh. ll n'en faut pas plus pour me décider, je les accompagne et nous partons le lendemain matin déjà!
L'heure est matinale mais déjà la population s'affaire. Les Thangkas (peintures bouddhistes colorées) sont mises à pendre devant les échoppes et irradient alors la rue de Buddhas et autres démons. Les moulins à prières disséminés dans les recoins stratégiques de la cité émettent un léger grincement lorsqu'ils tournoient sur eux-mêmes. lls nous rappellent qu'ils ont déjà bien servis puisque presque chaque main qui passe devant les actionnent alors que la prière est énoncée.
Om Mani Padmeh Om
Des petits groups électrogènes à essence ronflent ici et là, car il y a, une fois encore, une panne d'électricité. Des mendiants, certains aux membres salement amputés, réclament l’obole d'une voix geignarde. Des vendeurs de quincaillerie trônent au milieu d’une pile de sceaux, de tiffins en acier inoxydables et d’énormes marmites. Je me fraie un chemin à travers les vaches sacrées, les chiens errants, les rigoles d’eau sales, les dizaines de stands qui offrent des souvenirs. Les klaxons commencent à se faire entendre, comme un murmure d'abord, puis enfin dans un joyeux pétaradement collectif.
Des files de petits ânes immobiles attendent le long de la route qu’on décharge leur bats. A travers cette agitation, des camions passent lentement, difficilement, à grands coups de trompe. Tous, même les plus vieux, les plus essoufflés, sont décorés de couleurs vives, joyeuses. La cabine du chauffeur est enveloppée d'une guirlande qui s’illumine par à coups et émet un mantra aux son saturé. Sur tous leurs côtés, il y a des peintures éclatantes d'écussons, bouquets de fleurs et essaims d’oiseaux. Ils laissent derrière eux un nuage de fumée noire...
Dans le ciel, les corbeaux croissent, ciel d'un bleu vif, ponctué de balles de coton en guise d'horizon. Les oiseaux semblent se livrer bataille. lls tournoient dans les airs, puis planent sereinement, attentifs, avant de foncer sur un autre volatile qui va se mettre à battre des ailes de manière frénétique, dans un mouvement désespéré pour échapper à l'attaque.
Autour d'eux s'élèvent des cerfs-volants: dragons, avions ou simples losanges, ici aussi se livre une âpre bataille. La main à l'autre bout de la ficelle tire par à-coup, créée des loopings, relâche le tout pour tenter de couper les autres fils et faire céder les éclats de couleurs, qui tomberont alors en vire-voletant, doucement, comme une feuille d'automne. ll s'agira ensuite d'aller chercher feu le cerf-volant et se l'accaparer pour bien montrer à tous qui est le meilleur.
Les montagnes qui entourent la ville nous cachent encore du soleil. Lorsqu'il apparaît, il nous réchauffe l'échine alors que le reste du corps se délecte de ce premier chaï. On ne répètera jamais assez à quel point il est bon de sentir ce breuvage emplir la bouche, il est réconfortant par sa chaleur, intriguant avec son mélange d'épices et enfin doucereux pour le baume au coeur. Je ferme les yeux, souris car souvent les petits bonheurs de la vie tiennent à bien peu de choses.
Je suis tirée de ma rêverie par l'activité naissante autour du bus. De gros sacs ficelés sont hissés sur son toit, aidés par les grands cris de celui qui sait mais ne fait rien. Ces énormes balluchons sont remplis de denrées qui rempliront les magasins des villages alentours. Chacun prend place pour un trajet qui ne durera pas bien longtemps.
I am back in Leh where l meet Kathy, Fanny and Jean, seated at the same terrace where l am sipping a hot ginger lemon. They speak french, l start to talk with them, can't remember about what, and that is how we met. There is a good feeling, l join them and we continue our talks until the night falls.
We must have gone to the Bowl restaurant afterwards, a place held by a Tibetan guy who delights us with his yummy dishes, cooked on the fire, flavoring the food with a taste that smoothes the soul. Between his potato/yak cheese momos (raviolis that you find in the Himalayas from India to Tibet, often served with a spicy sauce...), his tasty thalis with different sabjis curries (vegetables) or the pakhoras (salty donghuts), crunchy on the outside but soft in the middle, it is hard to choose! It becomes my spot and will go and eat there almost every day!
My new compagnions are coming from south of Frane and plan to go trekking in the Sham valley, west side of Leh. I don't need much to decide to join them and we leave the followin day already!
It is early but already the people are getting busy. The Tangkas (colorful Buddhist paintings) are put to hang in front of the shops and radiate the streets with Buddhas and demons. The prayer wheels, scattered in strategic spots of the town, make a little noise when they turn. They remind us that they served a lot already as almost every hand passing in front of them is making them move, while the prayer is murmured.
Om Mani Padmeh Om
Some small eletrogene groups, working on fuel, are snowring here and there, as there is, once more, a power cut. Beggars, some of them with very bad injuries, ask for their obolus with a whiny voice. Some sellers of hardware store are enthroned in the middle of buckets, stainless steel tiffins and enormous cooking pots. l spawn a passage between the Holy cows, the street dogs, the dirty water channels and the dozens of stalls offering souvenirs.
Lines of smalls, still donkeys await along the road to have their pack unloaded. Amongst that agitation, some trucks are passing by, slowly, hardly, with great blows. All of them, even the oldest ones, the most breathless ones, are decorated with lively, happy colors. The driver's cabin is wrapped with a luminous garland, working from time to time but broadcasting an over-high pitch mantra. On every sides, there are vivid paintings of flowers and pack of birds. They leave behind them a black smoky cloud.
In the sky, the crows are screaming, sky of a vivid blue, punctuated with cotton balls as the horizon. The birds seem to be fighting. They whirlwind in the air, fly peacefully, attentive, before rushing against another bird, who is going to flap his wings frenetically, in a desperate movement to avoid the attack.
Around them, kites are flying around : dragons, planes or simple losanges, there too is a tough battle going on. The hand at the other side of the string is pulling, creating loopings, releasing everything to try to cut the other threads and break the other's kites, which will then fall, swirling slowly, like an autumn leaf. lt will be then time to run and catch the dead kite to show everyone else who is the best.
The mountains surrounding the city are still hiding us from the sun. When it appears, he warms us up the spine, while the rest of the body is delighted by this first chaï. We will never say enough how nice it is to feel that brew in your mouth, it is conforting with its heat, intriguing with this mix of spices and finally sweet for the heart's balm. l close my eyes, smile as often the joys of life are in the little things.
l am pulled out of my dreamy state by the burstling activity around the bus. Some big, tied bags are lifted up on the roof's bus, helped by big screams of the one who knows but does nothing. Those enormous bundles are filled up with food for the shops in the nearby villages. Everyone takes place for a pretty short ride.
Une fois arrivés à Basgo, nous descendons, ajustons nos sacs et commençons notre marche. Nous dépassons le village, dernier écrin de verdure perdu au milieu de ce désert rocheux. Nous y croisons quelques locaux qui travaillent dans les champs, ils nous saluent de manière aimable en nous montrant le chemin.
Once arrived at Basgo, we go down, adjust our bags and start the walk. We leave the village, last lush greeneries, lost in this rock desert. We meet there some locals, working in the fields, they friendly greet us and show us the way.
Puis nous nous élançons dans un désert, traversant une sorte de plateau, que seul le vent visite aussi, s'étalant entre deux rangées de montagnes.
Le sable, la pierre, le chemin et le plateau. Chaleur, poussiere, sécheresse, soif. Un temps passé. Le soleil monte alors que nous cheminons au travers de paysages spectaculaires par ailleurs, ils sont lunaires, sereins malgré leur dureté. Ils en imposent et seule reste l'humilité.
Then we walk in the desert, crossing some sort of a plateau, that only the wind visits too, spreading between two ranges of mountains.
Then sand, the stones, the path and the plateau. Heat, dust, dryness, thrist. Time pass. The sun is getting high while we walk through breathe-taking sceneries by the way. They are lunar, peaceful even though their toughness. They impose themselves and only remains humility.
Nous marchons depuis des heures déjà et malgré le fait qu'il s'appelle le Baby-trek, il semble bien que nous nous soyons perdus! Nous gravissons une pente de cailloux qui offre par ailleurs une vue spectaculaire sur la chaîne de motagnes de l'autre côté du plateau mais ça ne me semble vraiment pas être la bonne direction. Nous faisons des pauses, observons le décor et hésitons...
We walk since hours already when and even though it is called the Baby-trek, we realize we are lost! We are climbing a rocky slope, which offers by the way an unbelievable view on the mountain chain across the plateau... But it really doesn't look like the right direction. We are making breaks, observe the landscape and hesitate.
Nous allons en direction du nord, donc vers la frontière pakistannaise, alors que nous devrions marcher en direction de l'ouest... Ca ne joue pas. ll se met à pleuviner, nous forçant à nous arrêter et prendre abri sous la roche, le temps d'analyser la situation et réctifier le tir!
We go North, towards the Pakistanni border, while we should walk in the West direction. It just doesn't work. It starts to rain, forcing us to stop and hide under a rock, the time to analyse and rectify the shot!
Nous finissons par redescendre sur le plateau et rejoignons un chemin puis un village où nous faisons halte. Il y a une âme qui nous informe et nous oriente vers une sorte de guest house familiale... C'est que la faim se faire sentir!
Nous sommes accueillis par une charmante famille qui a l'habitude de recevoir des touristes de passage. L'ambiance y est très agréable et il fait bon se reposer ici. Tout se fait dans la grande pièce principale, la cuisine est le salon. A part les étagères aux murs garnies des ustensiles de cuisine, il n'y a quasi pas de meubles, nous sommes assis sur des fins matelas par terre, derrière de petites tables. Le repas se prépare lentement, nous prenons de plus en plus nos aises, dehors il fait chaud et sec.
Jean ne se sent pas super bien. Il a mal à la tête, la nausée, à chaud, puis froid, on dirait bien qu'il souffre du mal des montagnes. J'en suis personnellement souvent atteinte et prends du Diamox dès mon arrivée en haute altitude, pour aider à mon acclimatation. Je lui en donne, il se repose l'après-midi, alors que nous conversons avec la famille étendue qui nous reçois.
Après un repas simple mais délicieux, un chai pour enrober le tout, me voilà maintenant affalée sur les matelas, les heures passant, avec de moins en moins envie de repartir. Nos hôtes sont adorables et la quiétude des lieux suggèrent de rester ici pour mieux s'imprégner de l'ambiance, de ce partage du quotidien. Aussi, je crois qu'on est tous un peu sonnés par le soleil, la sécheresse des lieux. Et puis je n'ai pas de but en soi de toute manière, le baby-trek étant finalement une excuse pour partir au-devant de nouvelles aventures, quelles qu'elle soient. J'en fais part à mes compagnons, qui sont justement en train de formuler la possible idée de reprendre la route. Une fois mon intention partagée, ils décident de rester ici aussi. Jean ne se sentant toujours pas au top, il est en effet peut-être plus prudent de rester au calme pour aujourd'hui.
We finally go back down to the plateau and reach a clear path, before a village where we stop. There is a sould there who informs us and orientate us to a local guest house.... As now we start to be hungry ....
We are welcomed by a charming family who is used to host passing foreigners. The atmosphere is nice and it feels good to relax here. Everything is done in the main room, which is the living space and the kitchen. Apart from the shelves filled up with kitchen gear, there are almost no furnitures. We are seated on flat mattresses on the floor, behind little tables. The food is slowly getting ready, we get more and more relaxed, outside it is hot and dry.
Jean doesn't feel great. He has headache, nausea, feels hot than cold, it looks like altitude sickness. l am very sensitive to it and take Diamox as soon as l get high enough to be sick, to help my acclimatation. l give him some, he rests during the afternoon, while we are having a chat with the family.
After a simple but delicious plate, a chai to warp it up, here am l now slumped on the matress, hours passing by, with less and less will to go agin. Our hosts are adorable and the quietness of the house suggest to stay longer...And l also don't have any goal in itself, the baby-trek being finally an excuse to leave new adventures, whatever they might be. l share that with my companions, who are right now formulating the possible idea to hit the road back. Once my intention shared, they decide to stay too. Jean doesn't feel right still, it is probaly safer to rest today.
En fin d'après-midi quand le soleil tape moins fort, nous explorons les recoins de ce village perdu de l'Himalaya. Les maisons sont de toits plats. Les étables à ciel ouvert les bordent. Les animaux nous regardent passer, l'oeil curieux. La lumière devient dorée et recouvre les reliefs des montagnes. Une brise murmure contre leurs pans. C'est âpre mais serein, il y a quelque chose de solide qui rassure et effraie en même temps, quoi qu'il en soit, force à la contemplation.
Nous passons la nuit dans un village où toutes les chaumières sont endormies et les lumières éteintes. Là, le silence progresse d’heure en heure. Les étoiles s’amassent quant à elles. Seul le pépiement aigu d’un chien ou le cri d’un enfant ponctuent le temps, cette nuit.
At the end of the afternoon, when the sun hits less, we go and explore this lost village of the Himalayas. The house have a flat roof. The barns sits in the open sky, next to the houses. The animals look at us, with a curious eye. The light becomes golden and overuns the mountains. A light brise mumbles against their walls. It is a tough but peaceful, there is something solid which reassures and scares at the same time, whatever that is, forces to contemplation.
We spend the night in that village where all the houses are asleep and the lights turned off. Now, the silence progresses from hour to hour. The stars are pilling up. Only the acute chirping of a dog or the scream of a kid punctuate the time, that night.
Nous apprenons qu'un monastère se trouve en bas d'une vallée partant du village. Une grande cérémonie va y avoir lieu dans les jours à venir, car un important Rinpoché le visite. Je suis partante pour aller découvrir ce lieu saint et nous décidons de nous y rendre dans deux jours.
Une descente s’amorce, en son long, brille un cours d’eau. Le chemin le longe alors que celui-ci, petit-à-petit devient rivière. Elle serpente maintenant entre des parois rocheuses orangées. La végétation, grâce à cet apport d'eau y pousse, seule trace dans ce désert de rocs.
C'est une marche facile et agréable dans un décor magnifique. Nous ne croisons personne.
We learn that there is a monastery sitting down a valley that starts in the village. A big ceremony is going to be held in the coming days, as an important Rinpoche is visiting. l am ready to go discover that Holy place and we decide to get there in 2 days.
A slope starts, along shines a small stream. The path goes along it while, slowly slowy the stream becomes river. She is now winding between the rocky, orangy rocks. The vegetation can grow, only trace of green in that desert.
lt is an easy and nice walk in a beautiful scenery. We don't meet anyone.
Après quelques heures seulement, nous arrivons au Monastère, qui est comme une une tache blanche, incrustée dans la montagne.
After just a few hours, we already reach the monastery, which looks like a white staint, incrusted in the moutain.
Il s'érige sur plusieurs étages, abritant un dédale de ruelles, de cours intérieures et terrasses, ainsi que les chambres des moines.
En ses murs, des moinillons fabriquent des guirlandes colorées en vue des festivités à venir. Certains moines, eux, jouent du cor ou des cymbales, imposant une silence respectueux. ll y a les salles des prières et d'études. Sur le toit, le vent souffle sur les drapeaux qui clappent à sa fréquence.
lt stands, on several floors, sheltering a labyrinth of small streets, indoor courtyards and terraces as well as the monk's rooms.
Inside its walls, some baby monks are creating colorful garlands to prepare for the upcoming festival. Some monks are playing cor or symbals, imposing a respectful silence. There are as well the praying and studying rooms. On the roof, the wind blows on the prayer flags, flapping at its frequency.
Nous rejoignons ensuite la "grande route", celle qui relie le Cachemire au Laddakh et faisons du stop puisqu'aucun bus ne se pointe. On pourrait croire qu'à 4, nous n'avons aucune chance, et pourtant, assez rapidement, nous nous faisons embarquer dans la cabine d'un camion. Nous avançons lentement, mais cela permet de profiter des paysages qui sont évidemment spectaculaires. Montagnes aux tons sobres, ciel d'un bleu électrique, village ancestraux passés à la chaux, les décors se succèdent sans lassitude.
Notre hôte nous dépose là où est sont but et nous continuons notre séance d'autostop après un repas dans cette petite ville marchande.
After our visit, we walk back to the big main road, linking Cachemire to Laddakh. We hitchhike as there is no trace of a bus. One could think that it might be a hard task as we are 4 of us, nevertheless, quite fast, we are taken by a truck. We all sit in the cabin with the driver, go slowly but that allows to really enjoy the sceneries which are, of course, magnificient. Mountains with sober tones, sky of an electric blue, ancestral villages, the landscapes are changing one after the other, with no boredom. Our host drops us when he reaches his goal, we continue our hitchike session, after a quick meal in that little merchant town.
Nous sommes cette fois-ci pris dans un van qui emmène un groupe d'amis venus du Punjab. Ils sont en pélerinage et passent ainsi quelques semaines à arpenter quelques lieux saints. L'ambiance y est à son comble, bonne enfant, la musique bat son plein et nous roulons ainsi jusqu'à Leh...
We end up this time in a van, bringing a group of friends from Punjab travelling together. They are actually making a pilgrimage and go from holy place to holy place. The atmospehere is great, they play loud music, sing along, laugh, we ride this like until Leh...