12 avril 2020

La vie au temple....

To go with the flow...






J'ai passé six années à vivre dans un temple taoïste, temple que le groupe d'une quinzaine de personnes que nous étions a construit. Ces années se sont passées au Guatemala, dans un bled appelé San Marcos la Laguna, au bord du lac Atitlan. Il y a déjà un chapitre introduisant ce bout d'histoire, vous pouvez le retrouver ici : https://soniaontheroadagain.blogspot.com/2014/05/san-marcos-la-laguna-tai-chi-less.html

I spent six years living in a Taoist temple, a temple built by the group of about fifteen people that we were. Those years were spent in Guatemala, in a village called San Marcos la Laguna, on the shores of the Lake Atitlan. There is already a chapter introducing this piece of history, you can find it here:
https://soniaontheroadagain.blogspot.com/2014/05/san-marcos-la-laguna-tai-chi-less.html




J'y suis venue afin de continuer mon entrainement de Taiji. Je n'aurais jamais choisi sinon de vivre dans ce pays. Mon playground préféré restant l'Inde et il faut le dire, le Guatemala en est loin, pas seulement au niveau géographique mais culturel, culinaire, musical, son ambiance en général, la violence gratuite...

Afin de poser le cadre, il m'apparaît être une bonne idée de visionner un documentaire que TV5 est venu tourner au monastère. Cela donnera une idée certainement plus concrète de notre quotidien, même si cette version en est une améliorée et que la réalité était tout de même quelque peu différente.
Voici le lien pour visionner ce documentaire (en français).

https://www.tv5unis.ca/videos/en-marge-du-monde/saisons/1/episodes/5?fbclid=IwAR0ZIBYubWIZyXNNbcSSAjESjnKfTL-EjLc1IDNhq6R2zNrD1FXW8mR2aKI


I came here to continue my Taiji training. Otherwise, I would never have chosen to live in this country. My favorite playground remains India and it must be said, Guatemala is far from it, not only geographically but culturally, culinary, musically, its atmosphere in general, gratuitous violence...

In order to establish the framework, it seems to be a good idea to watch a documentary that TV5 came to shoot at the monastery. This will certainly give a more concrete idea of our daily lives, even if this version is an improved one and the reality was still somewhat different.
Here is the link to watch this documentary (in French).



Il m'est difficile de relater ces six années passées au temple car tant de choses s'y sont déroulées! Aussi, ce temple, tel que je l'ai connu, n'existe plus.
Ce que je peux en dire, c'est que cela aura certainement été l'expérience la plus intense et ardue que j'aie vécu jusqu'à présent. Bien sûr, ce ressenti et ce récit ne sont que les miens et n'engagent personne d'autre.

La vie en communauté a été quelque chose de difficile à appréhender pour moi, après toutes ces années en solitaire, passées à voyager, où je faisais ce que bon me semble, au moment où j'en avais envie. ll a fallu donc accorder mes violons et cela ne s'est pas fait sans résistances, il faut bien l'avouer. Je savais bien que cela serait dur, en même temps, j'avais conscience que si je voulais avancer sur ce chemin, c'était la case inévitable par laquelle il fallait passer. 

Il faut savoir que chacun était là afin de pratiquer, ce n'était donc pas un groupe d'amis qui s'est réuni pour vivre ensemble mais des personnes de tout horizon qui avaient un même but commun. 

Notre quotidien était donc rythmé par la pratique bien sûr mais aussi les tâches dont chacun était responsable. J'ai eu par exemple pour mission pendant un certain temps de m'occuper des jardins potagers. 

It is difficult for me to recount these six years spent in the temple because so much happened there! Also, this temple, as I knew it, no longer exists.
What I can say is that it will certainly have been the most intense and arduous experience I have had so far. Of course, this feeling and this story are only mine and do not engage anyone else.

Community life was something difficult for me to grasp, after all these years alone, spent traveling, where I did what I wanted, when I wanted to. It was therefore necessary to tune my violins and this was not done without resistance, it must be admitted. I knew it would be hard, at the same time, I was aware that if I wanted to move forward on this path, it was the inevitable box through which I had to go.

You should know that everyone was there to practice, so it was not a group of friends who met to live together but people from all walks of life who had the same common goal.

Our daily life was therefore punctuated by practice of course, but also by the tasks for which each was responsible. For example, I had for a while the task of taking care of the vegetable gardens.






Il fallait aussi pouvoir faire vivre le temple et ses nombreux besoins, j'ai donc travaillé à Shambhala, un café que d'autres habitants du temple ont créés. Le café a tout de suite eu un succès fou. J'y ai travaillé en faisant tout d'abord des heures au service, puis en gérant la boutique attenante où je pouvais mettre en vente mes confections venant d'lnde, ai ensuite géré pendant une période le café en entier, avant de finalement ouvrir ma propre boutique.


Comme vous avez pu le voir dans le reportage, nos journées étaient bien remplies, avec un lever, au plus tard, à 5h du matin. Pour les monastiques, dont je ne faisais pas partie, cela commençait par une série de prosternations au temple, dans la maison principale. Ensuite, nous descendions à l'espace de pratique appelé Zhong Xien pour commencer la séance à 5.30. 

L'idée d'un horaire serré permet de mettre, en fait, un cadre au mental qui s'agite dès que l'on se réveille. En commençant par la pratique, c'est comme si on donnait le ton pour le reste de la journée. J'ai del a chance, je n'ai jamais eu de problèmes pour me réveiller au premier coup de sonnerie. Mais plus d'une fois je me suis quand même bien demandée ce que je foutais là!

La séance commençait par des échauffements. Il y a toujours un leader lorsque l'on pratique le Taiji. Il donne le ton, envoie un signal et le reste du groupe le suit. Ainsi, nous unissons tous notre énergie pour "chanter la même chanson". Le fait de pratiquer en groupe permet d'augmenter la charge énergétique, c'est pourquoi il est bénéfique de le faire à plusieurs, même si la pratique en solo reste indispensable pour se développer.
 
L'idée est de se (re)connecter à son énergie vitale, à ce qui est, plutôt que d'écouter les films de son mental, qui ne sont que des projections au final et pas franchement la réalité. La respiration elle, existe bien! Cela s'appelle de la méditation en mouvement. 
Nous nous concentrons donc sur la respiration et utilisons le corps comme porte d'entrée. Tout le challenge réside dans le fait de rester concentré, en gardant son focus sur les sensations, tout en étant détendu. Cela peut paraître facile à faire quand on le lit mais c'est un réel parcours du combattant pour celui qui a un mental agité. 

La pratique terminée, le soleil installé dans le ciel avec sa chaleur bienfaitrice, nous allions méditer assis, jusqu'à 8.30, heure du déjeuner. Ensuite, chacun partait vaquer à ses tâches. C'était soit du service au sein du temple, soit du travail à l'extérieur. 

Entre midi et une heure, nous méditions assis au temple, puis venait l'heure le repas avant de reprendre le service ou son travail à l'extérieur. En fin de journée, une autre séance de Taiji se tenait sur l'espace fait de bambous, qui était magnifique je dois dire. Nous avions la vue sur le lac et les montagnes, rythmé par un énorme gong annonçant les débuts et fins de sessions. Le gong était tellement grand qu'on pouvait ressentir ses vibrations nous traverser le corps. C'était une sacrée expérience. 

Nous avions également des meetings réunissant toute la communauté. Ils pouvaient être formels, à parler des choses organisationnelles du quotidien mais également être beaucoup plus intenses. 
A quoi sert d'avoir la plus belle forme de Taiji si au quotidien on se comporte comme une merde?
Un travail intérieur est donc indispensable pour aller de l'avant, évoluer, grandir. 

Le fait de vivre en groupe révèle comme vous le savez sûrement les comportements des uns et des autres (et leurs déviances!) et c'est là un atout précieux. Ces moments étaient donc également utilisés pour mettre en lumière nos "angles morts", ces manières d'être qui nous font dysfonctionner et génèrent de la souffrance, la sienne d'abord, mais également celles des autres qui nous entourent, lorsqu'ils se prennent en pleine poire, par exemple, notre colère ou agressivité mal gérées. 

J'ai donc vécu beaucoup, beaucoup de meetings où j'ai eu le sentiment d'être acculée contre un mur, renvoyée à mes mécanismes dysfonctionnels. Très souvent quand je recevais ces feedbacks, ma première réaction était la défensive et l'attaque. Il y a eu des moments terribles et j'ai pu observer que plus on résiste, plus on souffre. 
Je pense avoir appris, à force d'avoir été rabâchée, à arrondir mes angles. L'image utilisée était souvent celle-ci, quand on mélange des cailloux ensemble, à force de les frotter les uns et aux autres, ils finissent par s'arrondir. Et je crois bien que c'est vrai.

J'ai "découvert" que ce n'est pas parce que l'on a une émotion, aussi forte soit-elle, qu'il est légitime de la balancer à la face des autres. Ce n'est pas non plus parce que l'on ressent des choses que cela est "vrai". Certes le ressenti est présent, mais au final, nous lisons tous la vie avec nos propres filtres, venant de notre histoire personnelle, notre éducation, pays, voire même karma. Je peux réagir fortement à une situation qui ne touchera pas du tout une autre personne, parce que c'est "mon bouton" qui a été activé, "mon truc" qui n'a pas été réglé et se met en branle, pas forcément au bon moment du coup. 
ll m'a fallu apprendre à prendre mes responsabilités, arrêter de pointer du doigt à l'extérieur pour justifier mes souffrances mais revenir à l'intérieur, observer  mes résistances pour les comprendre, les appréhender et les lâcher. 
C'est au fond un travail de prise de conscience de nos mécanismes. Ainsi, il sera plus aisément possible de les reconnaître lorsqu'ils s'activent et surtout de rectifier le tir. 

Autant vous dire que ce n'est pas simple! Surtout parce que je pense foncièrement que la mouvance du monde ne va pas dans cette direction. Et c'est tellement plus facile de blâmer les autres plutôt que de réaliser que, bien souvent, on créée tout seul son propre malheur. Il est donc indispensable de prendre responsabilité et conscience des choses pour changer le cours de sa vie. 

Un des moments culminant de cette expérience s'est manifesté lorsque j'ai décidé de raser mes cheveux. Je ne passais pas mon temps à en prendre soin, néanmoins ils étaient tout de même porteurs de message.  Quand on a une chevelure, on peut finalement choisir comment on se présente au monde, aux autres. La mienne était sauvage, annonçant la couleur si je puis dire. Quand on est rasé, il n'y a plus que soi, finie l' image que l'on veut mettre en avant. Je ne pouvais plus me "cacher" derrière cette chevelure flamboyante . 
J'ai eu peur de perdre ma féminité au passage. Et puis je me suis rendue compte que j'avais gagné quelque chose ailleurs, de bien plus précieux. Déjà ma posture a changé, comme si le poids des cheveux tiraient en arrière et il fallait alors que ma tête remette de l'équilibre en s'avançant un peu. C'est drôle car à ce moment-là, des gens que je ne connaissais absolument pas, m'arrêtaient dans la rue  pour me dire que ça m'allait super bien, qu'il se dégageait de ma personne une force certaine. 
J'ai eu l'impression d'être plus "vraie". 
Après je ne cache pas la contrainte que cela peut être face au froid et au soleil. J'ai gardé la tête rasée pendant 18 mois, puis petit-à-petit je les ai laissés repousser. 

Il a été intéressant de constater les différences de réaction face à ce crane rasé. En Suisse, les gens qui ne me connaissaient pas évitaient mon regard. Je pense que ça leur évoquait la maladie et la mort et ça leur faisait peur.
En Inde, les gens étant bien moins phagocytés par le sens des convenances m'abordaient et me demandaient directement pourquoi j'avais la tête rasée. Dès que je leur disais que je vivais dans un temple, ils se baissaient en signe de respect et me félicitaient en me disant "that's very good". Lä-bas, il est tout-à-fait normal de dédier sa vie au temple, c'est même très bien vu. Et il n'y avait plus du tout ces jeux de séduction qui peuvent mettre mal à l'aise, je n'aurais jamais été aussi peinarde là-bas!
Comme quoi, les paradigmes changent drastiquement la perception des uns et des autres suivant où l'on se trouve. 

It also needed to be able to sustain the temple and its many needs, so I worked at Shambhala, a cafe that other temple residents started. The cafe was an instant hit. I worked there by first doing service hours, then by managing the adjoining shop where I could sell my confections from India, then managed the entire café for a period, before finally opening my own shop.

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As you could see in the report, our days were busy, with a wake up, at the latest, at 5am. For the monastics, of which I was not one, it began with a series of prostrations in the temple, in the main house. Then we went down to the practice space called Zhong Xien to start the session at 5.30.

The idea of ​​a tight schedule makes it possible to put, in fact, a frame in the mental which is agitated as soon as one wakes up. Starting with practice is like setting the tone for the rest of the day. I'm lucky, I've never had a problem waking up on the first ring. 
But more than once I still wondered what I was doing there!

The session began with warm-ups. There is always a leader when practicing Taiji. He sets the tone, sends a signal and the rest of the group follows him. Thus, we all unite our energy to "sing the same song". Practicing in a group increases the energy charge, which is why it is beneficial to do it with others, even if solo practice remains essential for development.
 
The idea is to (re)connect to your vital energy, to what is, rather than listening to the movies of your mind, which are only projections in the end and not really reality. 
Breathing does exist! 
So we focus on the breath and use the body as a gateway. The whole challenge lies in staying focused, keeping your focus on the sensations, while being relaxed. It may seem easy to do when you read it, but it's a real obstacle course for anyone with a restless mind.

The practice finished, the sun installed in the sky with its beneficent heat, we were going  then to meditate seated, until 8.30, breakfast time. Then everyone went about their chores. It was either service within the temple or work outside.

Between noon and one o'clock, we meditated sitting in the temple, then it was time for the meal before resuming the service or our work outside. At the end of the day, another Taiji session was held on the space made of bamboo, which was magnificent I must say. We had a view of the lake and the mountains, punctuated by a huge gong announcing the start and end of sessions. The gong was so big that you could feel its vibrations going through your body. It was quite an experience.
We also had meetings bringing together the whole community. They could be formal, talking about day-to-day organizational things, but also be much more intense.
What is the use of having the most beautiful form of Taiji if on a daily basis we behave like shit?
An inner work is therefore essential to move forward, evolve, grow.

The fact of living in a group reveals, as you surely know, the behavior of each other (and their deviations!) and this is a precious asset. These moments were therefore also used to highlight our "blind spots", these ways of being that make us dysfunctional and generate suffering, his own first, but also those of others around us, when they take in the face, for example, our badly managed anger or aggressiveness.

So I went through many, many meetings where I felt like I was backed up against a wall, sent back to my dysfunctional mechanisms. Very often when I received these feedbacks, my first reaction was defense and attack. There were terrible moments and I was able to observe that the more one resists, the more one suffers.
I think I learned, by dint of being harped on, to smooth my edges. The image used was often this one, when you mix pebbles together, by dint of rubbing them against each other, they end up rounding off. And I do believe that's true.

I "discovered" that it is not because one has an emotion, as strong as the  can be, that it is legitimate to throw it in the face of others. It is not because we feel things that it is "true". Certainly the feeling is present, but in the end, we all read life with our own filters, coming from our personal history, our education, country, even karma. I can react strongly to a situation that will not affect another person at all, because it is "my button" which has been activated, "my thing" which has not been settled and is set in motion, not necessarily at the right moment.
I had to learn to take my responsibilities, stop pointing the finger outside to justify my sufferings but come back inside, observe my resistances to understand them, apprehend them and let go.

It is basically a work of becoming aware of our mechanisms. Thus, it will be more easily possible to recognize them when they activate and especially to rectify the situation.

Let me tell you, it's not easy! Especially because I fundamentally believe that the movement of the world is not going in this direction. And it's so much easier to blame others than to realize that oftentimes we create our own unhappiness. It is therefore essential to take responsibility and awareness of things to change the course of one's life.

One of the high points of this experience came when I decided to shave my hair. I didn't spend my time taking care of them, but they still carried a message. When you have hair, you can finally choose how you present yourself to the world, to others. Mine was wild, announcing the color if I may say so. When you are shaved, there is only yourself, finished the image you want to put forward. I could no longer "hide" behind this flamboyant hair.
I was afraid of losing my femininity in the process. And then I realized that I had gained something much more precious elsewhere. To start with, my posture has changed, as if the weight of the hair was pulling back and my head had to regain its balance by moving forwards a little. It's funny because at that time, people I didn't know at all stopped me in the streets to tell me that it suited me really well, that there was a certain strength coming out of my person.
I felt like I was more "real".
Afterwards I do not hide the constraint that it can be in the face of the cold and the sun. I kept my head shaved for 18 months, then little by little I let it grow back.

It was interesting to see the differences in reaction to this shaved head. In Switzerland, people who didn't know me avoided my gaze. I think it reminded them of sickness and death and it scared them.
In India, people being much less engulfed by a sense of propriety approached me and asked me directly why I had my head shaved. As soon as I told them that I lived in a temple, they bowed down in respect and congratulated me saying "that's very good". Over there, it is quite normal to dedicate one's life to the temple, it is even very well seen. And there weren't any more seduction games that can make you feel uncomfortable, I would never have been so cushy there!
Like what, the paradigms drastically change the perception of each other depending on where you are.




Cette période au temple coïncide avec une autre grosse étape de mon expérience au sein de cette communauté. Vu que je suis une fumeuse invétérée, il m'a été formulé que c'était ok de faire ce choix de vie, mais pas au temple. En gros, si je voulais rester y vivre, il me fallait arrêter cette habitude et accepter certaines règles. Si je voulais rester sur place, d'autres conditions sont venues avec le deal : Entrer en phase de silence et ne pas quitter le temple pur une durée indéterminée. J'ai accepté.
C'était rude mais je pense que ça m'a aidée.
Le premier mois a été épique. Je ne pensais qu'à la clope, jour et nuit puisque je rêvais même que je fumais... toutes les nuits...

Le fait d'être silencieux, de ne pas convoyer vers l'extérieur ce qui nous anime intérieurement, m'a fait réaliser à quel point mon mental était en constante agitation mais aussi, qu'en réalité, bien des fois, on parle pour ne rien dire. 
Toutes ces pensées étaient comme enfermées en cage et je pense avoir vu ma folie de (très) près. Après un mois, cela s'est calmé et je pense que l'année qui a suivi a été la période la plus "glorieuse" de ma vie au temple. Mon mental et état émotionnel étaient beaucoup plus stables. A quel prix me direz-vous!!!

Je ne peux pas parler du temple sans parler des animaux qui vivaient également avec nous. Au-delà des lapins que nous avions pour leur viande (j'ai toujours réussi à esquiver de les transitionner dans l'au-delà, en ai d'ailleurs jamais mangé. Ce qui je le conçois est hypocrite, puisque je ne suis pas végétarienne) et des poules pour les œufs, nous avions deux chiennes, des sœurs bullmastiffs de 60kgs au moins, Dora et Ossa. C'est des gros gabarit mais tellement gentilles et attachantes. 

This period in the temple coincides with another big step in my experience within this community. Since I am a heavy smoker, I was told that it was ok to make this lifestyle choice, but not in the temple. Basically, if I wanted to stay there, I had to stop this habit and accept certain rules. If I wanted to stay there, other conditions came with the deal: Entering a silence phase and not leaving the temple for an indefinite period. I accepted.
It was rough but it helped me.
The first month was epic. I thought only of the cig, day and night since I even dreamed that I was smoking... every night...

The fact of being silent, of not conveying outwards what animates us internally, made me realize how much my mind was in constant turmoil but also, that in reality, many times, we speak for say nothing.
All these thoughts were like locked in a cage and I think I saw my madness up close. After a month it calmed down, and I think the next year was the most “glorious” time of my temple life. My mental and emotional state were much more stable. At what price will you tell me!!!

I can't talk about the temple without talking about the animals that also lived with us. Beyond the rabbits we had for their meat (I've always managed to dodge transitioning them into the afterlife, by the way have never eaten any. Which I conceive it is hypocritical, since I'm not vegetarian) and chickens for the eggs, we had two female dogs, bullmastiff sisters of at least 60kgs, Dora and Ossa. It's big size but so nice and endearing.


A  deux mois...

A six mois...

Adultes...



Et puis il y avait ma chère minette Esther, qui est un vrai petit ange et me manque tous les jours depuis. On avait nos habitudes, elle arrivait en courant dans la chambre pour venir chercher des câlins ou venait se lover tout contre moi sous le duvet toutes les nuits. 
Toutes trois m'auront aidées les jours où ça n'allait pas, avec cet amour inconditionnel dont les animaux peuvent être capables. 

Je porte en moi et de manière douloureuse la manière dont je suis partie, en ayant clairement la culpabilité d'avoir abandonnée ma petite chatte. Mais je l'aurais prise où? Je n'ai pas de chez moi, un avenir totalement incertain et qui change quasiment à chaque instant... 
Et puis, quand je suis partie, je ne savais pas que cela serait définitif...

And then there was my dear kitten Esther, who is a real little angel and I miss her every day since. We had our habits, she would came running into the room to get cuddles or was curling up against me under the duvet every night.
All three will have helped me on the days when things were not going well, with this unconditional love of which animals can be capable.

I carry with me and in a painful way the way in which I left, clearly having the guilt of having abandoned my little cat. But where would I have taken it? I don't have a home, a totally uncertain future that changes almost every moment...
And then, when I left, I didn't know it would be final...





Car le corona virus est arrivé et depuis là-bas, en lisant les nouvelles d'Europe, j'avais l'impression que c'était un mélange d'Ebola et la peste noire. On était au tout début de la pandémie. J'en suis bien revenue depuis...
Le 12 mars 2020, tous les magasins ont fermés, ma boutique y compris évidemment. Un couvre-feu a été imposé, plus personne n'avait le droit de sortir à partir de 17h jusqu'au petit matin. Cela a duré des mois. Le village était fermé, plus personne n'y entrait ou n'en sortait. 

Un mois plus tard, je tombe sur un article, annonçant un vol, le dernier avant que l'aéroport ne se ferme de manière indéfinie (il l'aura été pour plus de 9 mois je crois) avec donc, un dernier vol pour Zurich. Cette nouvelle a tout chamboulé. Quelles étaient les probabilités qu'il y ait un vol pour la Suisse, depuis le cul du Guatemala?!

J'ai eu 24heures pour me décider et sans savoir vraiment ce que je faisais, je suis rentrée. 
Je ne pouvais en effet pas imaginer qu'il arrive un truc à ma mère ou quelqu'un de la famille et que je n'aie même pas essayé de revenir pour être auprès des miens. 
Je m'en serais voulue pour le reste de ma vie.
 
Le cœur gros, dans la nuit, j'ai paqueté un sac avec des affaires dont je n'avais pas du tout besoin, j'étais vraiment à côté de la plaque, à peser le pour et le contre (pas facile pour la balance que je suis), tiraillée je l'ai été. 
Sincèrement, jusqu'à la dernière minute avant de prendre le taxi pour l'aéroport, munie d'autorisations délivrées par l'ambassade, sorte de laisser-passer pour les check-points prévus pour la route, je ne savais pas si j'allais y aller. 
Tout semblait tellement irréel. 

C'est dur de lâcher sa vie, son business, son chat en quelques heures. C'est vite vu, il m'aura fallu des mois pour digérer l'histoire. Et je ne suis pas encore au bout de ce deuil. Je savais certes que je ne finirais pas ma vie au temple, ni au Guatemala, mais j'aurais franchement préféré le faire dans d'autres circonstances. 

Je suis partie en compagnie d'une autre pratiquante vivant au temple ainsi que sa petite fille. Toute le reste du groupe nous a accompagnés jusqu'au taxi. On pleurait tous devant la porte. Je n'avais vraiment aucune idée des conséquences que cela aurait. C'était dévastant mais je me souviens de cette force, bien au-delà de moi-même qui me poussait à faire ce pas. Franchement, ça a été l'évènement le plus traumatisant de ma vie adulte.

Il y a eu les heures de taxi qui ont suivies, jusqu'à l'aéroport. Puis nous y sommes arrivées, il n'y a pas eu de check point comme ils l'avaient annoncé hormis celui du village. On a pas eu besoin de montrer notre paperasserie de l'ambassade, obtenues à coups de nombreux coups de téléphone le jour précédent. 
A l'aéroport, il y avait une longue file de gens qui attendaient cet unique vol, le dernier avant la fermeture du lieu. Tout le monde était masqué, on s'est fait prendre la température, vérifiées qu'on était bien sur la liste de l'ambassade. Vu que le vol affrété était suisse, j'avais la priorité pour y être, les places étant comptées. Je me rappelle encore leur avoir dit, s'il n'y a pas de place pour mon amie et sa fille, laissez les aller à la mienne, comme si je demandais au destin de prendre la décision à ma place. Non, m'a-t-on répondu, vous êtes suisse, vous avez la priorité mais vous y allez toutes les 3. 

S'en est suivi des heures d'attentes, de vols, une correspondance au Costa Rica notamment, où à nouveau on nous prend la température. Ca crée une drôle d'ambiance, auquelle on s'est peut-être habitués depuis? J'ai découvert les avantages de voyager avec un enfant, on évite toutes les files d'attente et elles étaient longues! Le seul vague réconfort dans cette transhumance entamée....

Le vol était plein, collés les uns aux autres avec des hôtesses qui ne portaient pas de masques ni de gants. J'ai commencé à me poser des questions. Elles se sont accentuées en arrivant en Suisse. Personne ne nous prend la température, personne ne porte de masque dans l'aéroport, ni dehors d'ailleurs. Au contraire, quand je sors de ce qui m'a paru les heures les plus longues de ma vie, je vois des groupes de gens, fumant dehors, rigolant. Tout a l'air normal. Il y a un énorme décalage entre ce que je pouvais lire dans les journaux et la réalité.  Certes il y avait peut-être moins de monde dans les rues, mais enfin, on aurait dit un dimanche en Suisse, tranquille quoi.
Là je me dis que j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie et ce sentiment restera avec moi pendant des mois. 

Entre-temps, le temple tel qu'il était s'est disloqué. La grande majorité des gens sont partis pour divergence de point de vue et mauvaise gestion. Et ça, c'est une grande déception et me rends triste. Les humains restent des humains, ça rappelle simplement que l'humilité si elle est négligée, mène à la perte. Néanmoins, c'est seulement à ce moment-là que j'ai commencé à respirer et peut-être me reconstruire. Sans le savoir, j'avais peut-être fait le bon choix. 

Toutes ces années au temple et ce départ précipités auront été des expérience difficiles mais dont je serais éternellement reconnaissante car elles m'auront vraiment aidée à grandir. 
Alors merci.

Because the corona virus arrived and from there, reading the news from Europe, I had the impression that it was a mixture of Ebola and the black plague. We were at the very beginning of the pandemic. I have since landed from that thing...

On March 12, 2020, all stores closed, including mince of course. A curfew was imposed, no one was allowed to go out from 5 p.m. until the early morning. It lasted for months. The village was closed, no one could enter or leave it.

A month later, I come across an article, announcing a flight, the last before the airport closes indefinitely (it will have been for more than 9 months I believe) with therefore, a last flight to Zurich . This news changed everything. What were the odds of there being a flight to Switzerland, from Guatemala?!

I had 24 hours to make up my mind and without really knowing what I was doing, I went home.
I couldn't imagine that something happened to my mother or someone in the family and that I didn't even try to come back to be with them.
I would have blamed myself for the rest of my life.
 
With a heavy heart, in the night, I packed a bag with things that I didn't need at all, I was really off the mark, weighing the pros and cons (not easy for the libra that I am), torn I was.
Honestly, until the last minute before taking the taxi to the airport, armed with authorizations issued by the embassy, ​​a kind of pass for the checkpoints planned for the road, I did not know if I was going to take tahat plane.
Everything seemed so unreal.

It's hard to let go of your life, your business, your cat in a few hours. It's easy to see, it took me months to digest the story. And I am not yet at the end of this mourning. I certainly knew that I would not end my life in the temple, nor in Guatemala, but frankly I would have preferred to do so in other circumstances.

I left with another practitioner living in the temple and her daughter. The rest of the group accompanied us to the taxi. We were all crying outside the door. I really had no idea what the consequences would be. It was devastating but I remember this force, far beyond myself, which pushed me to take this step. 
Frankly, it was the most traumatic event of my adult life.

There were the hours of taxi that followed, to the airport. Then we got there, there was no checkpoint as they had announced except for the village one. We didn't have to show our embassy paperwork, obtained through numerous phone calls the day before.
At the airport, there was a long line of people waiting for this one flight, the last before the place closed. Everyone was masked, we had our temperature taken, checked that we were on the embassy list. Since the chartered flight was Swiss, I had priority to be there, the places being limited. I still remember telling them, if there is no room for my friend and her daughter, let them take my seat, as if I was asking fate to make the decision for me. No, I was told, you are Swiss, you have priority but you go all 3.

This was followed by hours of waiting, flights, a connection in Costa Rica in particular, where again we were taken our temperature. It creates a funny atmosphere, to which we may have become accustomed since? I discovered the advantages of traveling with a child, you avoid all the queues and they were long! The only vague comfort in this transhumance started....

The flight was full, glued to each other with stewardesses who were not wearing masks or gloves. I started asking myself questions. They were accentuated when arriving in Switzerland. No one takes our temperature, no one wears a mask in the airport, or outside for that matter. On the contrary, when I come out of what seemed to me the longest hours of my life, I see groups of people, smoking outside, laughing. Everything looks normal. There was a huge discrepancy between what I could read in the newspapers and reality. Certainly there were perhaps fewer people in the streets, but anyway, it looked like a Sunday in Switzerland, quiet.
There I tell myself that I did the biggest mistake of my life and this feeling will stay with me for months.

In the meantime, the temple as it was has come apart. The vast majority of people left for differences of opinion and mismanagement. And that is a big disappointment and makes me sad. Humans are still humans, it's just a reminder that humility if neglected leads to loss.
Icône de validation par la communauté
It was only then though that I started to breathe and maybe rebuild myself. Without knowing it, I might have made the right choice.

All those years in the temple and that hasty departure were difficult experiences but for which I will be eternally grateful because they really helped me grow.
So thank you.






28 août 2015

Pushkar, le lieu de Brahmâ


To go with the flow...






Nous rejoignons Delhi par un bus de jour, ce qui est une première pour moi, je suis en effet toujours redescendue de l'Himalaya en trajet de nuit. Je découvre alors de très belles gorges sur le chemin. Nous avons retrouvé les forêts et la verdure, l'air est dense, rempli d'humidité, on se sent loin de l'aridité du grand nord malgré les souvenirs pleins la tête qu'il nous en a laissés.

 Il fait une chaleur à crever en plaine, nous qui en voulions, nous voilà servies!!!

Nous ne restons pas à la capitale longtemps car il reste peu de jours avant de rentrer en Suisse. Nous partons rapidement pour Pushkar dans le Rajasthan

Nous y allons en train de nuit et voici à quoi ressemble une gare en lnde, avec son lot de personnes qui dorment, mangent, attendent leur convoi. 

We reach Delhi by a day bus, which is a first for me, I have always come down from the Himalayas on a night trip. I then discover very beautiful gorges on the way. We rediscovered the forests and greenery, the air is dense, filled with humidity, we feel far from the aridity of the far north despite the mind-blowing memories it left us.

It's scorching heat in the plain, we who wanted it, here are we served!!!

We do not stay in the capital for long because there are few days left before returning to Switzerland. We leave quickly for Pushkar in Rajasthan.

We go there by night train and this is what a train station looks like in India, with its share of people sleeping, eating, waiting for their convoy.




Pushkar est un lieu sacré en lnde, grande destination de pèlerinage pour les Hindous. C'est également le nom d'un lac en zone aride (désert du Thar), apparu au XIIème siècle suite à la construction d'un barrage. Les croyances populaires nous apprennent que c'est Brahmâ lui-même qui le fit apparaître quand un des pétales de son lotus tomba du ciel en cet endroit. Sa femme, Savitri, furieuse contre lui interdit alors que l'on construise un temple en son honneur autre part : Pushkar a donc le privilège d'abriter le seul temple dédié au dieu créateur de l'Inde. Cette particularité fait dire aux croyants qu'il ne suffit pas d'effectuer les quatre grands pèlerinages prescrits par les vedas (textes sacrés) pour être définitivement purifié. Il faut in fine, se baigner dans les eaux du lac Pushkar pour parachever son parcours mystique. 
Cinquante-deux ghats (escaliers) permettent aux pèlerins de descendre au niveau du lac pour se baigner dans les eaux sacrées. 

Pushkar is a sacred place in India, a great place of pilgrimage for Hindus. It is also the name of a lake in an arid zone, which appeared in the 12th century following the construction of a dam. The popular beliefs of India tell us that it was Brahma himself who made him appear when one of the petals of his lotus fell from the sky in this place. His wife, Savitri, furious with him, forbids the building of a temple in his honor elsewhere: Pushkar therefore has the privilege of housing the only temple dedicated to the creator god in India. This peculiarity makes believers say that it is not enough to perform the four great pilgrimages prescribed by the vedas (sacred texts) to be definitively purified. In the end, you have to bathe in the waters of Pushkar Lake to complete your mystical journey.
Fifty-two ghats (stairways) allow pilgrims to descend to the lake level and bathe in the sacred waters.

Ambiances du lac













J'en profite pour faire les achats pour mon business, je ne désignais pas encore les collections à l'époque, j'achetais les vêtements déjà tout faits. J'arpente donc le marché de long en large pour trouver le contenu de la nouvelle tendance !

Les rues sont bordées de magasins pour le pèlerin de passage avec les bondieuseries habituelles et de fringues pour les touristes.

I take this opportunity to make purchases for my business, I did not yet design the collections at the time, I bought the clothes already ready made. So I survey the market far and wide to find the content of the new trend!

The streets are lined with shops for the passing pilgrim with the usual knick-knacks and clothes for tourists.

Ambiances des rues

















En entrant au temple, les gens saluent souvent s'inclinant et touchant le sol...


et déposent des offrandes devant le Dieu vénéré.



Entre deux bouffées de chaleur, la pluie tombe à grosses gouttes, c'est vite vu, les rues deviennent des rivières en moins de temps qu'il ne faut pour le dire!!! Et alors il ne faut pas trop penser à ce qui nous frôle les jambes quand on doit évoluer avec de l'eau jusqu'aux mollets, voire genoux...

Between two hot flashes, the rain falls, in big drops, it's easy to see, the streets become rivers in less time than it takes to tell! And then we must not think too much about what grazes our legs when we have to evolve with water up to the calves, even the knees...







Le voyage touche à sa fin, nous reprenons la route du retour, taxi jusqu'à Ajmer, la ville non loin d'où nous prendrons le train. En chemin, dans la nuit noire, nous croisons une lignée de pèlerins rentrant de Pushkar...

The trip is coming to an end, we take the road back, taxi to Ajmer, the city not far from where we will take the train. Along the way, in the dark night, we meet a line of pilgrims returning from Pushkar...




En attendant le train, fatiguées...



Bye bye à tous et bon week-end de Pâques!
Rendez-vous au prochain chapître.

Bye bye everyone and have a nice Easter weekend!
See you for the next chapter.









20 août 2015

Tso Moriri Trek

To go with the flow...





Nous voilà une fois de plus de retour à Leh. Il y a hésitation quand à la prochaine destination/aventure. Nous avons un problème avec notre permis. Nous en avons déjà un, fait avec les noms de deux des motards avec qui nous étions parties en vadrouille. Et ne peut donc pas en faire un 2ème puisque le premier est toujours en cours. Les deux motards sont loin, nous sommes donc coincées avec ce permis maintenant inutile. Je tente bien d'aller au bureau qui les émet, parlementer, persuader afin de nous laisser aller même quand, rien n'y fait. La bureaucratie indienne est souvent un casse-tête sans motifs apparents...

Je pourrais perdre patience. Nous rencontrons alors Frédérique, une autre suissesse, installée dans la même maison d'hôtes que nous. Elle part pour un trek au lac Tso Moriri et recherche d'autres personnes, afin de former un groupe qui réduira les coûts de l'expédition. Nous allons nous renseigner auprès de l'agence qui organise la virée et le gars assure qu'il règlera le problème du permis, ce qu'il fait effectivement dans la journée. Encore un mystère qui le reste, mais admettons que la corruption, quand elle va dans notre sens, ça arrange !

Nous partons rapidement après l'obtention du permis, le lendemain même, crois-je me souvenir. Et alors, chance inouïe, le Dalaï Lama arrive ce matin à Leh , où il donne des conférences ! Comme bien des laddakhis, nous nous pressons dans l'allée de personnes qui l'attendent patiemment. Nous nous positionnons face à la grande porte par où il entrera. Un murmure parcourt la foule, des rires jaillissent ça et là, l'humeur est bonne enfant. 
Puis nous entendons les véhicules arriver, ce sont de grosses jeeps pour les gardes du corps et le leader bouddhiste. La sienne s'arrête droit devant nous. Tout le monde a baissé la tête et joint ses mains en posture de prière. Le murmure s'est tût. Je ne peux pas m'empêcher de relever les yeux, bien que quasi pliée en deux, et alors nos regards se croisent l'espace d'un instant. Je lui souris et ferme les yeux. Dans les siens, j'y ai lu une bienveillance folle. Et énergétiquement, ai ressenti une énorme vague d'amour par lui et pulsant bien loin derrière moi, c'était comme une vibration palpable, de celle qui ne se vit pas tous les jours...
 
Sa présence n'a duré qu'un moment et pourtant, on a tous un sourire scotché longtemps après encore, étreints par une grande onde de joie et de bonheur. On se serre dans les bras avec la Marie, prises par cette forte émotion. 

Le Dalaï Lama est déjà rentré dans le bâtiment qui le reçoit et nous, nous partons acheter un déjeuner et siroter un chaï, encore "toute chose"...


Here we are once again back in Leh. There is hesitation for the next destination/adventure. We have a problem with our permit. We already have one, made with the names of two of the bikers with whom we went on a mop. And therefore we cannot make a 2nd one since the first is still valid. The two bikers are far away, so we are stuck with this now useless permit. I try to go to the office that issues them, negotiate, persuade in order to let us go further along, nothing helps. 
Indian bureaucracy is often a puzzle with no apparent motives...

I could lose patience. We then meet Frédérique, another Swiss girl, living in the same guest house as us. She goes on a trek to Lake Tso Moriri and searches for other people, to form a group that will reduce the costs of the expedition. We will find out from the agency that organizes the trip and the guy assures us that he will solve the problem of the permit, which he does in fact during the day. 
Another mystery that will remain so, but let's admit that corruption, when it goes our way, is fine!

We leave quickly after obtaining the permit, the very next day, as I recall. And then, by incredible luck, the Dalai Lama arrives this morning in Leh, where he will give lectures! Like many laddakhis, we crowd into the aisle of people who are patiently waiting for him. We position ourselves facing the large door through which he will enter. A murmur runs through the crowd, laughter springs up here and there, the mood is good-natured.
Then we hear the vehicles coming, they are big jeeps for the bodyguards and the Buddhist leader. His stops right in front of us. 

Everyone lowered their heads and joined their hands in prayer. The murmur died down. I can't help but look up, although almost doubled over, and then our eyes meet for a moment. I smiled at him and closed my eyes. In his, I read a crazy benevolence. And energetically, I felt a huge wave of love emanating from him and pulsating far behind me, it was like a palpable vibration, one that is not experienced every day...
 
His presence lasted only a moment and yet, we all have a smile taped lon our face, long after, embraced by a great wave of joy and happiness. We hugged with Marie, taken by this strong emotion.

The Dalai Lama has already entered the building that receives him and we are going to buy breakfast and sip a chai, still a bit out there, or more here?!...




Il est l'heure de partir, nous rejoignons l'agence et le van qui nous amènera au bord du lac Tso Moriri, situé à l'est de  Leh. Nous sommes une petite équipée venant des quatre coins du monde. 
Dès que nous quittons la bourgade, nous retrouvons les paysages de montagnes arides se lisant à perte de vue. Etant donné que d'inhabituelles pluies sévissent en cette saison estivale, une couche d'herbe recouvre les paturâges et nuance ces tons de beiges et de bleu électriques.

It's time to leave, we join the agency and the van that will take us to the edge of Lake Tso Moriri, located south east of Leh. We are a small team from all over the world.

As soon as we leave the town, we find the landscapes of arid mountains read as far as the eye can see. Given that unusual rains rage in this summer season, a layer of grass covers the pastures and shades these tones of beige and electric blue.






En chemin, nous voyons un grand groupe de blue sheeps (bharal), ces sortes de chamois de l'Himalaya.  Parmi eux, cavalent les petits. Ils sont perchés sur des flancs à la verticale de la montagne et se couratent après! Des petites pierres dégringolent en roulant en bas la pente, sous leurs pas pourtant bien agiles. D'autres paissent dans les prés à côté de la  route, pas apeurés pour un sou!

Along the way, we see a large group of blue sheeps (bharal), these kinds of Himalayan chamois. Among them are the little ones. They are perched on the vertical sides of the mountain and are running after each other! Small stones tumble, rolling down the slope, under their nimble footsteps. Others graze in the meadows beside the road, not afraid for a penny!




Nous arrivons en fin de journée aux abords du lac, à Karzog, où nous camperons pour la nuit. Nous sommes à 4522m d'altitude. Il me semble qu'un vent soufflait fort cette fin d'après-midi là, soulevant la poussière et faisait battre les toiles des tentes colorées. 
Devant nous, s'étire le lac comme une longue onde bleue, étendu dans la vallée isolée de Rupshu

Après une nuit d'adaptation sur un sol caillouteux, nous nous levons de bonne heure. Le ciel est dégagé, les chevaux et leurs maîtres nous rejoignent afin d'être chargés et nous partons le long du lac, en direction du sud. 

We arrive at the end of the day near the lake, where we will camp for the night. We are at 4522m high altitude. It seems to me that a wind was blowing hard that late afternoon, kicking up the dust and flapping the canvas of the colored tents.
Ahead of us lays the lake like a long blue wave, stretched out in the isolated valley of Rupshu.

After a night of adaptation on a stony ground, we get up early. The sky is clear, the horses and their masters join us to be loaded and we leave along the lake, in the direction of the south.






Et alors nous passons la journée à marcher à l'ouest de ce lac aux eaux turquoises. Le paysage est magnifique, il est vrai, et ne change guère au long de la journée. L'air est sec, le soleil tape, je bois mais ça ne change rien à ma bouche aride, comme les montagnes qui nous entourent.

And so we spend the day walking on the west side of this turquoise water lake. The landscape is magnificent, it is true, and hardly changes throughout the day. The air is dry, the sun is beating down, I drink but that doesn't change my arid mouth, like the mountains that surround us.










Les chevaux formant notre petite caravane, sans qui rien de toute cela ne serait possible... Montés de nos tentes de camping, matelas isolants, la tente de la cuisine, où dorment également les écuyers et guides, nourriture pour 5 jours, car il n'y aura pas grand chose sur notre route...

The horses forming our little caravan, without whom none of this would be possible... Mounted with our camping tents, insulating mattresses, the kitchen tent, where the squires and guides also sleep, food for 5 days, because there there won't be much on our way... 




Puis le soleil peu à peu disparaît derrière les monts les plus élevés. Vient alors l'ombre. Il  s'installe dès lors un jeu de clair obscur mouvant, entre ciel et terre, découpant les silhouettes verticales dans l'horizon. 

Then the sun gradually disappears behind the highest mountains. And comes the shadow. From then on, a shifting interplay of chiaroscuro sets in, between sky and earth, cutting out the vertical silhouettes in the horizon.






Nous avons quitté le lac, étions à son bout, et obliqués en direction de l'ouest. Les ombres l'emportent et nous installons le campement pour la nuit. Nous soupons sous le tipi montés par les guides. Les repas sont simples mais revigorants après une journée de marche qui nous a tout de même bien sonnés. 
La nuit est meilleure.

Au petit matin, je  cherche un endroit pour me soulager et alors que je contemple ainsi le paysage, j'aperçois au loin des drôles d'animaux courir dans les prés. Ils sont très allongés, ressemblant presque à des girafes, vous savez, avec cet élan déglingué quand elles bougent, et en y regardant de plus près, je vois que ce sont des chevaux sauvages. Ils marchent vraiment d'une autre manière et sont très hauts sur pattes. 

Après cet épisode étonnant, nous déjeunons, packons nos affaires et entamons notre 2ème jour de marche. 

Nous suivons une rivière qui alimente le lac, puis grimpons peu à peu la montagne. 
Chacun trouve son pas et le groupe, entre les marcheurs, les cheveux et les guides va s'étendre sur des centaines de mètres les jours qui suivent. 

We left the lake, were at its end, and angled in a westerly direction. The shadows prevail and we set up the camp for the night. We have supper under the tepee set up by the guides. Meals are simple but invigorating after a day of walking which still knocked us out!
The night is better though.

In the early morning, I look for a place to relieve myself and while I contemplate the landscape, I see, in the distance, strange animals running in the meadows. They're very elongated, almost like giraffes, you know, with that ramshackle momentum when they move, and after looking closer, I see they're wild horses. They really walk another way and are very high on their legs.

After this amazing episode, we have lunch, pack our things and start our 2nd day of walking.

We follow a river that feeds the lake, then gradually climb the mountain.
Each one finds his step and the group, between the walkers, the hair and the guides will extend over hundreds of meters in the days that follow.









Le 3ème jour, nous traversons quasi toute la matinée une grande plaine parsemée de bosses et de mares avant de gravir une montagne qui mettra le souffle à l'épreuve mais offrira une vue spectaculaire sur l'autre pan.

Then we cross a large plain dotted with bumps and ponds before climbing a mountain that will put your breath to the test but will offer a spectacular view on the other side.






L'après- midi, la météo se gâte, le ciel se couvre d'abord de nuages gris, alors que nous passons non loin d'un troupeau de Dzos (un mix entre la vache et le yak apparemment, il y a en effet très peu de yaks au Laddakh, on les trouve au Tibet et ils sont  en effet beaucoup plus gros).

On the 3rd day, the weather deteriorated, the sky was first covered with gray clouds, as we passed not far from a herd of Dzos (a mix between cow and yak apparently, there are indeed very few of yaks in Laddakh, they are found in Tibet and they are indeed much larger).





Nous dormons ce soir-là auprès de quelques yourtes, les seules habitations que nous verrons durant tout ce trek. Elles appartiennent aux nomades appelés Changpas (les nordiques en tibétain). Ce sont des semi-nomades d'origine tibétaine, qui migrent pour trouver les paturâges et nourrir leurs troupeaux. Leur territoire s'étend sur un haut plateau appelé Changtang (une partie de de l'ouest et nord du Tibet allant jusqu'au sud-est du Laddakh). 

Notre campement attire la curiosité des enfants qui viennent voir de plus près qui nous sommes. 

We sleep that evening with a few yurts, the only houses we will see during this trek. They belong to the nomads called Changpas (Nordic in Tibetan). They are semi-nomads of Tibetan origin, who migrate to find pastures and feed their herds. Their territory extends over a high plateau called Changtang (part of western and northern Tibet extending to southeastern Laddakh).

Our camp attracts the curiosity of children who come to see more closely who we are.








Le 4ème jour sera le plus dur... Il pleut, grêle, fait froid et c'est le jour où nous devons passer le col à 4900 mètres quand même....

The 4th day will be the hardest... It's raining, hail, it's cold and it's the day we have to pass the pass at 4900 meters anyway...





Le moral des troupes est vaillant, presque jusqu'à la fin de cette intense journée de marche. Après avoir affronté une météo capricieuse, s'être fait fouetté le visage par la pluie et la grêle, passé le col et traversé je ne sais plus combien de rivières à l'eau glaciale, on arrive un peu au bord de la crise de nerf au campement du soir...

Au début on les enlevait encore, les chaussures, pour passer les rivières, on essayait de ne pas se mouiller les pieds, de faire attention, mais me souviens qu'après nombre de bras à traverser, on a laissé tomber ce petit luxe d'avoir les pieds secs... J'ai même donné mes chaussures de marche à la fin du trek à l'un des écuyers qui en était ravi, moi aussi d'ailleurs...

ll y a eu des passages cocasses où l'on ne trouvait tout simplement pas de voies, tant la rivière, coulant à grands flots, se séparait. On pouvait presque entendre les pierrailles se faire trimballer dans l'eau, ça ne donnait pas envie d'y mettre les pieds au risque de se faire shooter les chevilles. Bref... on était contentes de voir cette journée de marche terminée...

The morale of the troops is valiant, almost until the end of this intense day of walk... 
After having faced capricious weather, having had our face whipped by rain and hail, passed the pass and crossed I don't know how many rivers with icy water, we arrive a little on the verge of a nervous breakdown at the evening camp...

At the beginning we still took them off, the shoes, to cross the rivers, we tried not to get our feet wet, to be careful, but remember that after a number of arms to cross, we gave up this little luxury of having dry feet... I even gave my walking shoes at the end of the trek to one of the squires who was delighted with them, me too...

There were funny passages where you simply couldn't find any tracks, as the river, flowing in great flow, was separating so much. You could almost hear the rocks being dragged around in the water, it didn't make you want to set foot there at the risk of getting your ankles kicked. In short... we were happy to see this day of walking over...








Le dernier jour fût paisible. Une journée sous un soleil de plomb, entre rocailles et rivières. Nous retrouvons peu à peu des reliefs plus secs, les paturages disparaissent derrière nous.

The last day was peaceful. A day under a blazing sun, between rockeries and rivers. We gradually find drier reliefs, the pastures disappear behind us.











Nous nous arrêtons dans l'après-midi à une station de bains au souffre si je ne m'abuse, mais qui ne donne guère envie. Je crois bien que nous nous sommes néanmoins douchées dans le coin. 

We stop in the afternoon at a sulfur baths station if I'm not mistaken, but which hardly makes you want to. I believe that we nevertheless showered in the cabins provided for this purpose.




Notre groupe rejoint Pang, une route en laçets avec 3 gargotes posées là, on ne sait pas trop pourquoi. Les toits en tôles crissent dans le vent, un bout de plastique dessine des arabesques au gré de son souffle. Un chien hurle. 
C'est un endroit où se parquent les camions pour casser la croûte ou sippé un chaï. 
Nos aventures himalayennes vont s'arrêter là. On a bien réflechit, c'est après tout l'été, on aimerait bien avoir chaud quand même et avons donc décidé de rejoindre le Rajasthan.... Va alors s'entamer la descente  par étapes jusqu'en plaine...

Le reste du groupe lui remonte sur Leh. Ils attendent le van qui n'est pas encore là. Au revoir à tous, merci à Frédérique pour quelques unes de ses photos, par exemple les belles des paysages clair-obscur.

Nous, nous tentons notre chance en stop et nous  faisons prendre assez rapidement par un camion. Nous voilà parties pour d'autres aventures.

Nous roulons au pas dans ce mastodonte métallique qui cahote entre les nombreuses montées et descentes de la route. Nous passons par des gorges étroites, aux premières loges depuis la cabine au vaste pare-brise. On en rate pas une miette.

Le jour se couche et on se demande quand même un peu où l'on va dormir. Le camionneur s'arrête dans un lieu où se trouvent quelques maisons, on ne les repère qu'à leurs lumières dans cette nuit noire. 
Il ne semble pas y avoir de lieu où passer la nuit, nous resterons donc dans le camion. Le chauffeur s'en est allé, on a donc l'impression qu'on aura la cabine pour nous toutes seules....
Manque de pot, ce n'est pas ce qui se passera.... 

Le chauffeur revient, bourré... Il tient une de ces fioles de tire-boilleaux et nous en propose un verre. On refuse poliment alors qu'il se serre une bonne rasade dans un godet en aluminium... Puis il se vautre sur son siège, nous fait la conversation de sa bouche pâteuse, baragouine des sons qu'on ne saisit évidemment pas. Puis il finit par s'endormir et commence à ronfler...

On glousse un peu, on est surtout soulagées qu'il ait versé- C'est sans compter sur sa persévérance, malgré son état...

Marie me tire de mon sommeil, enfin, sommeil... c'est un bien grand mot, disons plutôt de mon somnolage. Nous sommes couchées, alignées de par et d'autre  de la cabine, derrière le chauffeur. Et celui-ci, serait apparemment en train de caresser la jambe de Marie. Je cherche ma torche frontale, la braque sur le visage du malheureux, en enlevant brusquement la main de la jambe de ma copine et lui rajoutant, à voix bien forte d'arrêter de chipoter avec cette dernière.

Il se tient à carreau pour le reste de la nuit, ronflant à pleine gorge, alors que nous attendons maintenant impatiemment que le jour se lève....

Nous descendons jusqu'à Vashisht, qui nous accueuillera pour quelques jours, le temps de se laver, checker le net, faire la lessive....

Our group joins Pang, a winding road with 3 eateries placed there, we don't really know why. The sheet metal roofs creak in the wind, a piece of plastic draws arabesques according to its breath. A dog howls.
It's a place where trucks park to have a bite to eat or sip a chaï.

Our Himalayan adventures will end there. We have thought about it, it is after all summer, we would like to be warm anyway and have therefore decided to join Rajasthan.... We will then begin the descent to the plain...

The rest of the group goes back to him on Leh. They are waiting for the van which is not there yet. Goodbye everyone, thanks to Frédérique for some of her photos, for example the beautiful chiaroscuro landscapes.

We try our luck hitchhiking and we get picked up fairly quickly by a truck. Here we go for other adventures.

We drive slowly in this metallic juggernaut which bumps between the many climbs and descents of the road. We go through narrow gorges, with a front row seat from the cabin with its vast windshield. We don't miss a beat.

The day is setting and we still wonder a little where we are going to sleep. The driver stops in a place where there are a few houses, that can only be spotted by their lights in this black night. There doesn't seem to be a place to sleep over, so we stay in the truck. The driver has left, so it feels like we'll have the cabin to ourselves....
Bad luck, that's not what will happen....

The driver comes back, drunk... He's holding one of those flasks from bottle-tap and offers us a glass. We politely refuse while he squeezes himself a good glassful in an aluminum cup... Then he wallows in his seat, talks to us with his pasty mouth, gibberish sounds that we obviously don't understand. Then he finally falls asleep and starts snoring...

We chuckle a little, we are especially relieved that he poured - This is without counting on his perseverance, despite his condition...

Marie pulls me out of my sleep, well, sleep... that's a very big word, let's say more from my sleepiness. We are lying down, lined up on either side of the cabin, behind the driver. And this one is apparently stroking Marie's leg. I look for my headlamp, pointing it at the unfortunate man's face, abruptly removing his hand from my friend's leg and telling him, in a very loud voice, to stop quibbling with her.

He hangs on for the rest of the night, snoring loudly, as we now wait impatiently for day to break....

We go down to Vashisht, which will welcome us for a few days, the time to wash, check the net, do the laundry.... 

See you in Rajasthan for the next chapter!!!




Leonidio, les monastères alentours puis le village de Kosmas et enfin Astros

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