J'ai donc laissé les terres arides, lunaires et désertiques du nord visité pour rejoindre la végétation luxuriante du sud, à commencer par goa. J'ai pris le train de jour depuis Mumbai. Départ à 7h du matin alors que la ville et ses faubourgs s'éveillent. La voie ferrée longe pendant longtemps les différents quartiers de cette mégapole. C'est l'heure des toilettes et les hommes viennent se vider le long des rails, l'air impassible, leur bouteille d'eau à portée de main. Diverses odeurs m'assaillent : celle de la merde, évidemment, de l'eau rance, ou encore de l'encens, du café, de bidis, de bouffe huilée. Je m'y fais et finis même pas ne plus la remarquer.
Puis le train prend de la cadence, le cliquetis métallique des rails me berce. Je m'endors pour quelques heures. Je dois être près de Goa lorsque je me réveille. Les alentours sont verts d'arbres, de plantes énormes, de fleurs. L'humidité de l'air contraste fort avec la sécheresse des semaines passées. Je reconnais les charmantes maisons du coin, à l'aspect colonial, revisitées Made in India. Les toits sont bas, faits de tuiles rouges. Pas un ne semble droit, tous ondulent, comme si eux aussi étaient aplatis par la chaleur et les differentes moussons qui leur sont tombées dessus. Les murs sont de couleurs, le plus souvent jaune, vert, bleu ou rose pastels, defraîchis, ce qui leur donnent un air désuet, comme arrêté dans le temps. J'aime bien.
La terre est rouge, humide, elle sent fort. Le ciel, alors bleu, commence à se charger de nuages. Au sortir d'un des nombreux tunnels, une pluie diluvienne, digne de la mousson, s'abat sur nous. L'air devient carrément frais. J'alpague l'un des nombreux vendeurs ambulants qui arpentent le train pour boire un chai (thé au lait). Il l'annonce en disant d'une voix nasillarde : "chaigarrrrrrrrrram" (thé chaud), les autres qui défilent sans cesse crient : kelle (bananes), kakkkkerrrri (concombre), vegbiryani (riz frit), toastsandwicheggcurry (...). puis arrivent les vendeurs de jouets en plastiques, de journaux, de lacets (?), de chocolats, de boissons (gardées au frais dans un sceau rempli de glace). Passent aussi les estropiés, les travelos (ça donne un indien en sari, plein de poils, parfois même avec une moustache, du rouge aux lèvres, dans tous les cas, surprenant), des gamins aux habits sales qui nettoient le sol des wagons, tendant ensuite la main pour obtenir quelques roupies.
J'arrive au terminus de la ligne, à Magdaon plus précisément et pars directement pour rejoindre Patnem, où j'ai maintenant l'habitude d'aller me poser. J'y retrouve les comparses qui passent l'hiver ici. S'en suivent 18 jours de farniente presque total. Au programme bronzage, ballade à vélo (mais pas trop), lecture, grimpe.
Suis allée :
1x a agonda a velo pour manger le superbe thali de Fatma. Chez elle, il y a 6, voire 7 sortes de légumes différents qui composent l'assiette. Un vrai régal, un spectacle de saveurs en bouche. Les graines utilisées, le choix des légumes font que c'est bel et bien, l'un des meilleurs thalis de l'Inde (je dis bien de l'Inde entière) qu'il m'ait été donné de goûter.
- 3x jusqu a Chaudi (2kms) pour diverses activités, internet, réservation du ticket de train, achat de poudre antibiotique, pas mal pour assècher les plaies.
1x jusqu a Gokarna (3h30 de bus aller) afin de commander des sacs à vendre.
2x a Palolem (la plage d'à côté) pour aller souper...
Vue depuis ma chambre
Vous l'aurez compris, ici , c est repos assuré où le moindre détail prend son importance car on a le temps de s'y arrêter. Goa et ses palmiers qui bruissent dans un léger froissement. Le roulis régulier des vagues. Le cri des chiens en meute la nuit. L'odeur du poisson pêché (de + en + rare), celle fleurie des rizières, en fin d'après-midi. On dirait que toute la terre transpire la chaleur de la journée. C'est humide, chaud, moite, boisé, fleuri, enveloppant, parfois même enivrant. Les oiseaux tiennent des conversations sur les fils éléctriques dont ces beaux verts/jaunes, très fins, qui une fois leurs ailes deployées me font penser aux dinosaures qui volaient. Mes préfèrés restent les martins-pêcheurs aux couleurs bleus ou verts flashys, superbes. Ils ont l'air fiers avec leur bec droit.
Un vendeur de babioles sur la plage
Et puis, allez savoir pourquoi (peut-être le fait de voir des couples partager leur passion ensemble...?!), de profondes refléxions sur ma relation amoureuse se mettent en branle dans mon esprit. Ce n'est pas toujours facile à gérer avec la distance, il faut bien le dire. J'ai le blues comme qui dirait. Triste de ne jamais pouvoir partager cette envie, passion-là. Une sorte de malaise intérieur grandit. Je suis entre 2 chaises depuis bien longtemps. Et le voyage, malgré sa beauté, ses découvertes et surprises n'empêche pas les remises en question. C'est bien plutôt le contraire...
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