13 septembre 2008

Un an de voyage

Voila, le 12 septembre, cela fait une anne que je suis partie en voyage. Le temps passe vite, j'aipeine a y croire.
Cela occasionne quelques pensees auxquelles un ami de la route, Pascal a mis des mots.
Belle coincidence, je recois son mail parlant le meme langage que moi un jour apres cet "anniversaire". Avec sa permission, voici des extraits de son envoi. Ouais, il et presque en entier...
Et pour ceux que cela interesse, voici son website de photos, par ailleurs, superbes...
Merci a toi et bonne route!
http://www.parcheminsdailleurs.com/

“... Et nous nous mettons a parler de la ou nous sommes, de ce que nous y croisons, de ce que nous y vivons, de ces chemins empruntes, de leurs surprises, des lecons que nous arrivons a tirer de ces tranches de vie, de cette intensite dans l'existence qui fait tourner le moteur encore et encore, pour filer toujours plus loin sur la route, et dont nous ne nous lassons jamais. A 28 ans, il a deja trotte un peu partout a la surface du globe. Il a commence tres tot et, comme moi, il ne s’arrete pas, partant a chaque fois pour de plus ou moins longues periodes. Il s’est aussi fait piquer par ce mysterieux moustique qui lui a donne le virus du voyage. Nous echangeons la-dessus…

Deja, cela fait toujours plaisir de croiser sur sa route des etres ayant des visions, des passions et des reves communs avec les siens. Ca complete. Ca nourrit. Ca conforte. Ca reconforte.Tout comme peut l'etre le fait de rester ancre et etabli dans un cadre fixe et fortement frequente, ou tout le monde se retrouve, s'en voit rassure, meme si cela se passe de maniere inconsciente.
Car il est clair que, comme pour tout d’ailleurs, en se retrouvant seul sac-a-dos sur les routes du monde, surviennent des phases de doutes et de remises en question.s Le contraire serait anormal d’ailleurs, puisque le doute fait partie integrante de tout sain processus de creation et de decision, alors meme que celle-ci peut etre deja prise. Il est present a tout stade du voyage de vie. L’eternel duel entre le bon et le mauvais de ses propres choix, et l’equilibre a trouver entre les deux afin d'ajuster sa boussole d’existence.

En etant seul, ici, plonge en ces terres lointaines et en ne pouvant compter que sur soi-meme nous voila parfois hesitants ou rendus vulnerables. Je pense a ces fameux moments ou l’on se demande si l’on a pris le bon train, alors que la majorite des passagers connus par le passe, qui erraient en gare avec nous semblent en avoir pris un ou plusieurs autres, dans des directions differentes, mais certainement plus frequentes que le notre. Comme si, stupidement, la singularite et la solitude d’un choix en viendraient a le remettre en question face a la loi de la majorite…

J'ai devant moi quelqu’un qui, en toute humilite et sans trop plein d’ego se questionne sur lui-meme, sur son sens, ses choix de vie et ses chemins, et aussi sur l’opportunite du tout, sans vouloir foncer tete baissee. En ce n'est pas forcement frequent de dialoguer avec des gens acceptant de se mettre a nu devant leur miroir, pour s'ouvrir a eux-memes et accepter l’auto-critique. Ceci au lieu de se voiler la face dans 1001 activites envahissantes, des passions ephemeres, d’autres items qui en mettent plein les sens ou encore de la faire taire a coups de somniferes lorsque cette auto-analyse survient la nuit, en empechant sa cible de dormir. Alors que nous ne nous connaissons meme pas, nous nous lachons directement, puisque le ressenti mene a des echanges interessants.
Une belle rencontre de voyage.

Le virus du voyage, ce fameux besoin eprouve au plus profond de nous-memes de bouger, rencontrer et explorer, encore et encore. Et on se demande pourquoi, a quels besoins est-ce que ces experiences repondent a chaque fois… 
Nous offrent-elles, goutte a goutte, des esquisses de solution dans une quete que nous aurions de nous-memes, du monde, de nos reves ou de quelque chose d’encore bien superieur a tout cela? Est-ce ce chamboulement des conceptions qui nous attire, nous nourrit et nous grandit a chaque fois un peu plus? D’un autre cote, est-ce justement l’apaisement que procurent ces experiences, ce desir de liberte totale momentanement assouvi, qui nous rappelle toujours a lui par la suite? Est-ce ce ventre rassasie d’intensite et de Vie qui en vient a nous voiloir faire balayer les choix plus confortables d’une vie, ma foi, plus posee?Cette recherche et cette quete perpetuelle qui, apres ces dits-moments poses, nous hurlent des le reveil. Elles ont envie de repartir en mode d’exploration, puisque ces tranches de vie leur semblent, plus que n'importe quelles autres, rentables d’un point de vue personnel.

Ne sommes-nous finalement que deux adolescents attardes, avides d’intensite et n’ayant pas pu trouver de reponses a nos questions? Serons-nous obliges de changer ce qui nous habite en ce moment? Je ne sais pas. Je ne crois pas. En tout cas, cela me semble inconcevable aujourd’hui, car cela reviendrait a se trahir et a se renier soi-meme.
Peut-etre que toutes ces experiences nous ont ouvert des portes desormais impossibles a refermer et surtout pas contre notre gre? Peut-etre avons-nous goute, pleinement et a plusieurs reprises, au mot “Liberte”, et que nous retournons des lors avec un arriere-gout amer en bouche vers un etat anterieur? Nous etions peut-etre nes nomades dans une autre vie? Peut-etre est ce une course perpetuelle que nous faisons, en soi, contre le temps qui passe et cette trop courte vie s'ecoulant et dont on accepte difficilement sa caracterisitque de filer a toute allure. Qui sait​
Est-ce l’ideal d’une eternelle jeunesse vagabonde qui nous poursuit? Est-ce que le monde des “settled down” ne nous attire pas plus que cela, compare a ce que nous gagnons de l’autre cote? N’y avons-nous rien trouve d’allechant, en s’y baignant aussi a notre tour, puisque tout semble y etre dit, fait et trace en mode de pilotage automatique?C’est sans doute une bonne grosse somme de tout cela mis ensemble.

Et le besoin reste la. Incontournable. Et toujours est-il que, tant concernant la prochaine destination sur la carte de notre itineraire, a court terme, qu’au sujet de nos choix et orientations d’existence a moyen ou plus long terme, nous nous retrouvons a flirter avec ces questions de “where to go, what next?”…qui peuvent etre angoissantes puisque n’ayant pas de reponses completement definies. Mais elles nous mettent aussi en confiance car nous nous sentons alors tout simplement, maitres de nous-memes, ayant la fraicheur et l’energie de l’horizon devant nous. Peut-etre aussi est-ce que ce sont toutes ces experiences qui nous ont reellement donnes confiance en nous…

Cela me fait penser a ce proverbe serere qui dit :
“Que celui qui ne sait pas ou il va, sache d’ou il vient et par ou il est passe”.
Et c’est un peu ca…

Ca me rappelle aussi cette citation de Sri Aurobindo que j’avais lue dans un bouquin trouve dans son ashram, en 2002, a Pondichery. Voila un copier/coller :

"Combien de fois l'on rencontre dans la vie des gens qui se font pacifistes parce qu'ils ont peur de lutter, qui aspirent au repos avant de l'avoir gagné, qui se contentent d'un petit progrès et qui en font, dans leur imagination et dans leur désir, une réalisation merveilleuse afin de pouvoir légitimement s'arrêter sur la route. Dans la vie ordinaire déjà, c'est tellement ainsi. Au fond, c'est cela l'idéal bourgeois, celui qui a abruti l'humanité et qui l'a rendue ce qu'elle est maintenant. Travaillez pendant que vous êtes jeunes, accumulez des biens, des honneurs, une position, soyez prévoyants, mettez de côté, faites-vous un capital, devenez fonctionnaires afin que, plus tard, lorsque vous aurez 40 ans, vous puissiez vous asseoir, jouir de vos rentes, et plus tard de votre pension et, comme l'ont dit, jouir d'un repos bien gagné.

S'asseoir, s'arrêter sur la route, ne plus avancer, s'établir, s'endormir, c'est descendre avant l'heure vers la tombe, c'est cesser de vivre la raison d'être de la vie. De la minute où l'on cesse d'avancer, on recule. Du moment où l'on est satisfait et où l'on aspire plus, on commence à mourir. La vie, c'est le mouvement, c'est l'effort, c'est la marche en avant, c'est l'escalade de la montagne, c'est gravir vers les révélations personnelles de l'esprit, vers les réalisations futures, humaines et spirituelles. Rien de plus dangereux que de vous reposer. C'est dans l'action, c'est dans l'effort, c'est dans la marche en avant qu'il faut trouver le repos, le vrai repos de la confiance totale dans la grâce spirituelle, de l'absence de désirs, de la victoire sur l'égoïsme. Le vrai repos, c'est celui de l'élargissement, de l'universalisation de la conscience. Devenez vastes comme le monde et vous serez toujours dans le repos.
En pleine action, en pleine bataille, en plein effort, vous aurez le repos infini et de l'éternité".

Nous voila soulages, explores, completes et ayant comme traduit une forme d’echos cette serie de choses qui bouillonnent en nous. Un peu la meme impression que nous pouvons avoir en ayant betement range et fait le menage chez soi. On se sent affranchis et tout parait etonnamment clair.
La vie est belle.

Je me disais aussi qu’avec le temps, en “vieillissant”, il semblerait que de moins en moins d’occasions soient accordees afin de parler et echanger sur ces vraies questions avec les gens qui nous entourent. Je me rappelle de toutes ces personnes avec qui je delirais bien la-dessus, il y a quelques annees, et avec qui la profondeur de toutes ces conversations s’est aujourd’hui tassee.
Est-ce qu’avec l’age, nous n'aurions plus besoin de parler de tout cela, plus envie? Trouvons-nous des reponses definitives a tout? Ou n'avons-nous plus “le temps” pour cela? Ou peut-etre encore nous voila installes dans des schemas rassurants, momentanement, et qui font taire ces questions? Momentanement? Avant une crise eventuelle a venir? je ne sais pas mais toujours est-il que ces points d’interrogations sont toujours bel et bien la pour venir me taquiner. Et a raison, car meme s’ils entrainent leurs periodes de turbulences, ils permettent aussi, par la meme occasion, d’avancer en paix et en accord avec soi-meme, avec les yeux grand ouverts...”


There it is, the 12th of September, I have been travelling for a year. Time is running, I can hardly believe it!
It does bring out some thoughts and a traveller friend, Pascal, did put some words to them. Nice coincidence, I got a mail from him, speaking the same language as I, a day after this “anniversary”. With his permission, here are some extracts of his text. Well, almost all of it, actually.
And for those who would be interested, here is his website, which has some superb photos.
www.parcheminsdailleurs.com

Thank you!

« ... And we start to talk of where we are, what we meet, what we experience, the paths we take, their surprises, the lessons we can learn from these slices of life, this intensity in the existence which makes you go and go again, to continue, always a bit further on the road,
without getting bored. »

At 28, he has been almost everywhere around the globe. He started young and like me, does not stop, every time leaving for more or less long periods. He has been also bitten by this mysterious mosquito which gave him the travel's virus. We share it...
It is always pleasant to meet somebody sharing the same visions, passions and dreams as yours. It is like feeling complete, fed, it's comforting. Kind of like the fact of staying anchored and established in a fixed frame, strongly crowded, where everyone finds themselves reassured, even though this can be unconscious.

Because that's for sure, to be alone with your backpack on the worlds’ roads, you will face some phases of doubt. The contrary would be abnormal as doubting is part of any healthy process of creation and decision, even if that one is taken already.
Doubt is there at every level of the life journey. The eternal dual between good and bad in your own choices, and the balance between them to adjust the compass of your existence.

By being alone, here, immersed in these far away lands and able to count only on yourself, here are we sometimes hesitant or vulnerable. I think of those famous moments where you wonder if you took the right train while the majority of the passengers you met in the past, wandering in the gate with you, seem to have taken one or more different ones, in diverse directions but certainly more crowded than yours. Like if, stupidly, the singularity and loneliness of a choice could be questioned compared to the majority.

I have in front of me a person who, with humility and not so much ego, questioned himself about his meaning, choices of life and paths he took and as well about the opportunity of all these, without wanting to go, head down. And it is rare to talk to people who accept to show themselves naked in front of a mirror, to be open and to accept an auto critical point of view.
This, instead of hiding themselves in 1000 side-tracking activities, short-lived passions, other items keeping you full on, or even to quieten it with pills when this analysis becomes to heavy.

While we don't even know each other, we let it go straight away as the feeling leads to interesting exchanges. A nice meeting during a trip.
The virus of travelling, this need felt deep inside to move, meet, and explore more and more. And you wonder why, to which needs do those experiences answer to every time?

Do they give us, drop by drop, some idea of a solution in a quest we could have of ourselves, of the world, of our dreams or something even more superior than all of these? Within this concept, which is often contradictory, we lose ourselves within these experiences but we always kind of find the exit.


Is it this chaos of conceptions which attracts, feeds and helps us rise every time a little bit more? On the other hand, is it in fact the peace achieved by these experiences, this feeling of total freedom, which makes us lost sometimes, barely able to find our way to the exit and calls us back again and again? Is it this belly-full of intensity and life which sweeps away the most comfortable choices of a more settled down life?

This research and perpetual quest beckons to us as soon as we wake up, especially after some more settled moments. We want to go again, in exploration mode, as those slices of life seem, more than any others worth it on a personal level.
Are we finally only 2 teenagers, craving intensity and not able to find answers to our questions? Are we going to be forced to change what keeps us alive right now?
I don't know. I don't think so. Today, at least, it sounds inconceivable because it would mean betraying and denying ourselves.

Maybe all those experiences have opened some doors which are now impossible to close. More importantly we don’t want to close them! Maybe we fully tasted “Freedom” a few times and had to get back to the previous state with a bitter taste in the mouth? Were we nomads in another lifetime? Maybe we are perpetually running, against time and this short life passing by. Maybe we find it hard to accept life’s characteristic of going away too fast. Who knows?

Is it the ideal of the eternal vagabond, which follows us? Is the “settled down” life not attractive to us, compared to what we gain on the other side? Didn't we find anything enticing, while bathing in it, as everything seems to be said, done and planned already in an automatic way?
It is probably a big sum of all of these.

But the need stays there. Unavoidable. Those questions of what's next make us feel trustful, as we will be then master of ourselves, with the horizon's freshness and energy.
Maybe all those experiences did help us feel self-confident.
It makes me think of a saying:

“The one who doesn't know where he's going should know where he's from and how he got there.”

Here are we relieved, explored, complete and as if we had translated a kind of echo about all these things boiling inside us. Slightly the same feeling you get after a big house cleaning. We feel freed and everything sounds stunningly clear.
Life is beautiful.

I was thinking, with time passing by, while getting “older”, it sounds as though we give ourselves less and less occasions to talk and share those real questions with the people surrounding us. I remember all those people with whom I used to do it a lot few years ago.

Is it with the age? Don’t we feel the need to talk about that anymore? Do we find definitive answers to everything? Or don’t we have time for this anymore? Or maybe is it the fact of being already settled down too much in reassuring patterns, momentarily, and which shuts all those questions up. Temporarily? The calm before the storm?
I don't know but those question marks are still there to tease me.

And it is not bad because even though their periods of turbulence, they allow me to keep going peacefully and balanced, with myself, eyes wide open.

5 commentaires:

  1. Opos leme stin Ellada, Chronia Polla, na ta ekatostisis !!! bon je sais pas si ça plairait à ta maman na ta ekatostisis, ça ferait un trop long voyage !!! c'est fou comme le temps passe mais je pense que cette année t'a marquée sur beaucoup de points.
    T'embrasse.
    Babeth

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  2. Chere Sonja,

    Je m'attends avec impatience a lire de tes aventures en Inde!

    Avec mes meilleurs voeux

    Raoul

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  3. love your blog and photos
    take care and enjoy
    love helen

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  4. he!
    j't'adore! t'es toute marrante sur les photos ou tu fais la 'tite folle a la playa!

    Pascal

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  5. Salut Sonia, libre voyageuse, libre comme les airs lointins...

    De Genève (tu te souviens, la ptite ville du bout du lac...) je prends le temps de voir ton blog, sur lequel je ne suis plus retournée depuis un moment... Quel bien fou. J'ai les poumons remplis d'embrunts marins. De rêves (innasouvis?). De souvenirs. Bruts... Comme cette Indonésie que j'ai tant aimé. Heureuse de voir que le monde, sur ton blog et tes photos, va encore bien... les eaux sont limpides. Les plages immaculées. La nature, intacte. Bref, je suis vraiment émue de lire, aussi.
    Voilà, le coeur chargé (de ne pas voyager autant que toi) mais ravigoré, tout de même, je te laisse à tes périples géographiques et philosophiques.

    Dessine-moi encore le monde... Love, Caro.

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