25 octobre 2007

Jerusalem

Je visite Jérusalem et particulièrement sa vieille ville qui s'avère être un endroit hallucinant. A l'intérieur des murs, quatre quartiers principaux se répartissent l'espace, les croyances : juif, musulman, chrétien et orthodoxe d'Arménie.







Je déambule dans les ruelles étroites, aux ambiances différentes suivant le-dit quartier.






Puis je me trouve face au mur des lamentations. Juste derrière celui-ci, la mosquée, haut lieu de pélerinage musulman. C'est étonnant!







Le mur donc. Les hommes s'en vont d'un côté, le plus grand espace et les femmes d'un autre. Comment decrire cette intensité, cette énergie. Le front appuyé contre les pierres, les unes prient, les autres pleurent, marmonnent, cherchent un espace dans le mur pour y coincer un bout de papier et sa prière. J'en vois des qui se balancent, la bible sur le nez (ça, c'est presque effrayant et n'ai pas sans me rappeler certains autistes...).
Quelle ferveur! Les croyances sont fortes, c'est indéniable. Que l'on soit adepte ou non, cela a finalement peu d'importance, elles sont là, palpables, elles existent. Ce qui me fait penser qu'il sera difficile de mettre un terme au conflit qui habite ce pays.














12 octobre 2007

Le nord

J'arrive enfin à m'extraire de ma petite routine Tel Avivienne pour arpenter du pays. Je pars d'abord au nord, à Haifa. Je visite là le temple des Baha'i, une religion, branche de l'Islam que je ne savais même pas exister. De superbes jardins entoure les bâtiments. J'y croise Chahaf, un autre pote rencontré en Inde (pour ceux qui ne le savent pas, il y a énormement d'iraeliens qui voyagent là-bas, ceci expliquant cela...)







Je pars ensuite aux alentours de la mer de Galilée, c'est bien connu, on ira tous là-bas...
Ce sera la seule fois que je paierais une nuit d'hôtel lors de mon séjour dans ce pays! C'est la première fois que cela m'arrive dans cette vie de voyageuse...






Je loue un vélo et longe le lac sous un soleil de plomb. Il y a des hordes de pélerins chrétiens, certains même s'en vont se faire baptiser...

08 octobre 2007

Tel Aviv

Commence alors mon sejour a Tel Aviv qui s'averera etre bien plus long que prevu, mais ca n'est pas pour me deplaire! La vie ne semble jamais s'arreter ici.




Tel Aviv est bordée de plages en forme de lune. Elles sont encore fort fréquentées en ce mois d'octobre. L'été s'éternise ici et les soirées sont encore douces : ENFIN il fait chaud. Les rues sont remplies de monde, il y a toujours beaucoup de militaires, des jeunes hommes et femmes qui se baladent en vert avec leur mitraillette pendouillante le long des côtes.
C'est quelque chose l'armée ici. Certes, le pays est en guerre mais rien ne le rappelle à Tel Aviv, la bouillonnante.

La deuxième chose surpenante ici est la mixité de la communauté : les gens viennent de partout, vraiment partout : Russie, Pologne, Allemagne, France, Afrique noire, du nord, d'Asie, un saisissant mélange! J'entends toutes sortes de langues, de musique. La nourriture est hétéroclyte, délicieuse, c'est un vrai melting-pot.

Je vais souvent au marché, animé, ca y sent bon les épices du sud. Les stands regorgent d'amandes, de dattes et autres graines à boulotter. Il y aussi bien sûr les étals de loukoums et autres Ralvas... Les fruits sont charnus, les plantes aromatiques embaument l'air, la menthe semblant souvent prendre le dessus. On y trouve de tout : fleurs, babioles, shlaps et autres t-shirts, un marché quoi, proche du souk.



Je rencontre plein de gens, amis d'amis, les liens se font, toujours dans une attitude easy going. C'est chaque fois l'expression qui me vient a l'esprit. Les gens ne se prennent vraiment pas la tete et cela se sent tout particulierement dans l'accueil qui m'est reserve. Je dois d'abord dire un grand merci a Snir qui m'a laisse son appartement pendant 2 semaines!

Je passe aussi du temps a Ranaana, la ou vit la famille de Snir et ou l'accueil y est incroyable.

Sal, le chien de la famille

Efrat, l'amie de Snir

Dany, l'apprenti de Snir
qui me receptionne mon 1er jour en Israel
au tattoo shop



Les jours passent (2 semaines pour être précise) et je ne ressens absolument pas le besoin de m'en aller. On me répète tellement de faire comme chez moi que ça en devient dangereux!
Je squatte ensuite chez Ilan, le voisin de Snir. Bien qu'il ne me connaisse pas, il installe un lit dans la chambre et me donne une clé, le temps de mon séjour. Il y a 3 appartements sur l'étage. Le jeune couple qui occupe le dernier logement est fait de deux cuisiners et il n'est pas rare de se retrouver pour une delicieuse petite bouffe. C'est incroyable, quelle spontanéité!




Ilan






Je découvre en me balladant les recoins de la ville. Voici Jaffo, le quartier musulman, au sud. Dans le fort, la vieille ville se compose de petites ruelles sinueuses. C'est tout-à-fait charmant.






D'apres certains, on y mange le meilleur houmous d'Israel. Sans equivoque, c'est une expérience à vivre. Le restaurant où s'agglutinent les afficionados ferme dès qu'il n'y a plus de houmous. Il faut donc venir tôt! Les serveurs hurlent les commandes à travers la salle, servent les plats à une vitesse hallucinante et les débarasssent tout aussi rapidement, faisant ainsi place au suivants. Et qu'est ce que c' est bon!

Je revois Nadja, une copine rencontrée en Inde l'hiver passé. Elle me présente à son reseau d'amis, dont certains vivent au kibbutz de Palmahim.
Les kibbutz, il faut en parler. Ce sont ces communautés typiques du pays qui semblent toutefois avoir perdu de leur ampleur avec le temps. C'était un mode de vie rural basé sur des principes égalitaires.
Les enfants étaient eduqués tous ensemble dans une maison, voyant leurs parents quelques heures par jour seulement, pas évident...

Mais ce qu'il en ressort pour ceux que je rencontre c'est une amitié qui semble être à toute epreuve! La plupart y vivent toujours, ce que je comprends bien étant donne le cadre. Palmahim se trouve à quelques kms au sud de Tel Aviv, au bord de la mer. Ce kibbutz me fait penser à un camp de vacances avec ses petites maisons et les jolis jardins qui parsèment les chemins.
Bien souvent les samedis soirs (notre dimanche), ils organisent un barbecue. On est sensés être six à la base et l'on se retrouve à dix-huit! Chacun amène quelque chose à manger (pita, houmous, salade). L'ambiance y est chaleureuse, ça rit, ça parle, c'est décontracté.




Yogi, le chef barbecue

Inon

Tel Aviv, c'est festif, il faut bien le dire. Ca sent la vie! Je me retrouve un soir dans un club ou j'ai juste l'impression d'avoir, pardonnez l'expression, un baton dans le cul! Les filles se dehanchent, se frottent aux garcons qui sont bien degourdis eux aussi. Ca mate a tout va, la Suisse me semble bien loin...

Je renconterais encore Sharon et Amit au sud de Tel Aviv avec qui nous auront d interessantes discussions sur le pays, les kibbutz, l architecture, bref, encore une jolie decouverte.

Etape suivante - Israel

Voilà, ça y est, le voyage commence maintenant et plutôt de manière bousculée, il faut bien le dire!
J'avais été avertie qu'il me faudrait être assez tôt a l'aéroport car les passagers allant sur Israel s'avèrent être fouillés de manière rigoureuse, comme on peut s'en douter.
Ainsi donc, je me dirige vers le bureau du ¨check-inê mais me fais arreter bien avant de l'avoir atteint pour répondre à de nombreuses questions. Securité oblige. Soit.
Le péèposé me confirme qu'il n'y a rien de personnel à tout cela (j'espere bien, nous venons juste de nous rencontrer!!!) et il commence enfin à m'interviewer et je réponds aux questions : Oui, je me rends en touriste sur place, non je n'ai pas de guide qui m'attende ou même de bouquin sur le pays. Non, je n'irais pas à l'hôtel (des amis m'ont donné le contact d'un de leur ami chez qui j'irais habiter). Ah non, je ne connais pas son nom de famille (bien qu'il doit être noté quelque part, mais où ai-je donc fichu ce bout de papier?). Non, je n'ai pas de ticket d'avion de sortie ( vu que je ne sais pas encore où j'irais après, ni comment, j'ai préféré eviter des frais superflus)...
Et là, commencent les embêtements.

Le préposé ne sourit plus, il s'en va parler avec des collègues, probablement des supérieurs et s'en revient avec eux. Il est très clair que je ne peux pas embarquer pour ce vol sans avoir un ticket d'avion qui me fasse sortir du pays. Well... Ces gens n'ont pas l'air du tout de rigoler ou de vouloir me faire une faveur...
A part acheter de suite un ticket d'avion, je n'ai pas vraiment d'autre choix.

Je cours donc à travers les couloirs pour trouver une agence qui me proposera le ticket le moins cher pour n'importe où et qui puisse être remboursable. Je le tiens finalement en main, espère atteindre enfin le guichet du ¨check-in¨ mais là, me vois alors diriger dans un cagibi où le contenu de mes sacs sera verifiés. Je suis fouillée minutieusement, leur donne mes chaussures puis reste assise dans un coin sans trop savoir ce qu'il se passe.
Je suis appelée ensuite pour venir ouvrir mes sacs. Puis ils me demandent de quitter la pièce. Ils sont trois pour ce faire et ils fouilleront tout. Cela veut dire les sacs en entier. Chacune de mes affaires (pourtant savamment arrangée) est passée dans une grosse boîte, une à une, décortiquée. Je ne vous dis même pas le bordel que c'est! Et le temps que cela prend.... Une heure et demie pour etre exacte! Pendant ce temps, personne ne m'adresse la parole, j'ai un peu l'impression d'être une terroriste et me demande subitement qu'est ce que je vais aller faire dans ce pays!!!

J'ai ensuite à peine eu le temps de dire au revoir à ma mère car nous ne pouvions pas être ensemble pendant la fouille. Elle a "freaken out" comme qui dirait... Et moi aussi, mais bon, il vaut peut-etre mieux un zèle de vigilance plutôt qu'une bombe dans l'avion non?!
Nous nous sommes donc dit au revoir dans l'urgence car évidemment, vu tous ces retardements, j ai du être menée spécialement par un gars pour atteindre l'avion qui était prêt à partir... Je ne vous dis même pas dans quel état j'etais après les proues heures de sommeil de la nuit passée, la dernière avant le départ sur la route...








Tout ceci n'est que passé depuis je suis arrivée en terre sainte car les choses s'enchîinent ensuite incroyablement bien. Oui, enfin cela n'était pas gagné à première vue. J'ai trouvé sans trop de peine le tattoo shop où je dois rejoindre Snir, l'ami des amis qui m'hébergera. J'ai déjà pu être surprise par le nombre de soldats en ville, ils sont partout et sont surtout.... très jeunes! Snir n'est pas là à mon arrivée mais à l'hôpital pour une sérieuse urgence. Heureusement il ira mieux rapidement et restera en convalescence encore quelques jours dans sa famille. Je passe donc mon premier après-midi au shop où je rencontre et discute avec son apprenti, un jeunot tout sympa (et qui n'a pas fait l'armée, fait relativement rare par ici. Les hommes font un service qui dure 3 ans et les filles 2). Nous évoquons les troubles qu'il y a ici et c'est fort intéressant...

Le soir, Roy, le frère de Snir passe me chercher pour que me mener a l'appart, qui se trouvera être mien le temps de la convalescence de Snir!!! L'accueil est chaleureux, l'appartement douillet, situé au centre ville et le frigo est rempli par la mama qui cuisine des trucs incroyablement bons... Bref, je suis dorlotée comme jamais et m'entends sans cesse dire de faire comme chez moi. Une attitude "easy going" comme j'ai rarement vu... So nice!!!
Je tombe bien car il vient d'y avoir le nouvel an juif (Rosh Hashana, suivi de Yom Kipour, journée de demande de pardon à Dieu pour les fautes commises, volontaires ou non), c'est donc une période festive...


16 septembre 2007

On the road again - Grece

L'appel du voyage se fait à nouveau sentir. J'ai des envies mais ne sais pas encore quel sera l'itinéraire exact de mes pérégrinations.

Je profite de faire la fête en montagne une dernière fois avec ma famille et mes amis. Merci d'avoir été là ce jour là et le temps de mon passage en Suisse!





Et puis le coeur commence a palpiter, la date du depart approche et l imagination s'emballe. Je decide de m'envoler pour commencer en Grece.

L'heure est matinale, la vue sur les montagnes superbe. Le brouillard se deverse dans les vallees.
J'atteins la Grece, n'y suis pas venue depuis longtemps. J'y retrouve les odeurs de mon enfance, celles des pins, de la terre aride et des souvlakis qui rotissent (dont je me gave quotidiennement! c'est tellement bon...)

Le quartier familal a bien change en 12 ans. J'ai de la peine a reconnaitre la rue car de nombreuses maisons sont venues s'ajouter a celles de ma memoire et de nouvelles routes ont ete implantees. Je revois la famille restee au pays. C'est chaleureux.
Je visite aussi les alentours de l'Acropole avec ses quartiers animes.





Les jours passent et je ne sais me decider pour la suite de mes nouvelles aventures. J'hesite entre Istanbul et Israel. J'attends d'avoir comme une revelation et finalement, elle arrive. Ce sera Israel avec un depart le 12 septembre pour Tel Aviv.




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14 avril 2007

Agonda et Arrambol - derniers jours

Je suis face à la mer. J'entends la rumeur des vagues. La marée est montante. La lune est à son apogée et l'eau semble maintenant rugir en s'écrasant. Il y a une brise bienfaitrice qui fait bruisser les feuilles de cocotiers. Et la flûte enchantée de Sujay Bobade s'envole. Je suis arrivée hier, j'ai dormi tout le trajet pour atteindre Goa, un gars a dû m'avertir qu'on était au terminus (heureusement que le train n'allait pas plus loin!). Je partage un taxi avec 2 natifs d'Andorre, en direction du sud et descends dès que je vois un signe pour Agonda. A la jonction, j'apprends qu'il n'y a pas de bus pour y aller. Ils passent par une autre route. Zut. 9 kms en plein cagnard (car il fait chaud, lourd et moite. Le ciel est gris clair, chargé mais la lumière du soleil apparaît toujours. Etrange).
Une moto est arrêtée, un jeune indien à son guidon, propose de m'y emmener. Ok. Il prend soin de ne pas foncer sur la route, elle, bien défoncée!

J'atteins Agonda et trouve une super chambre. Un petit jardin y fait face. Il n'y a personne d'autre (touriste) que moi et quelques membres de la famille.
De suite, je m'y sens bien.
Les après-midi sont redoutables, je reste alors sur la petite terrasse attenante à ma chambre et écoute de la musique. Je fais jouer Gershwin en me prélassant.
Je mange tous les jours chez Fatma qui proposent ses fameux thalis : Aujourd'hui, riz, dhal, carottes au beurre, mélange épicé aux carottes, chou fleur, haricots, haricots aux noix de cachou, bout de pommes de terre au cumin. Tout ceci pour 35 roupies : 1.- Je me gave tous les jours. Les fruits sont superbes. L'ananas est juteux, sucré, goûtu; les bananes sont moëlleuses, parfumées, étonnantes; la papaye enfin apporte une touche fleurie, une belle couleur orangée et une texture veloutée.

Je lis un bouquin d'Alexandra David-Neil, lorsqu'elle visite le Tibet clandestinement, à pied et dans les années 20! Sa manière de voyager est inspirante, étonnante. J'ai l'impression de bourlinguer comme si je faisais partie d'un groupe organisé!

Je passe mes matinées à la plage, profitant des rayons avant qu'ils ne deviennent trop forts. Un jour, 2 hommes viennent à moi et déposent à mes côtés 2 étoiles. Ca ressemble à des oursins mais c'est brun et se trouve être un végétal qui a séché. Les 2 hommes s'en vont comme ils sont venus. Je garde les étoiles, j'aimerais les filmer s'en allant au gré du vent.
Le destin en décide autrement car les voilà déguerpissant plus tôt que prévu. Je ne tente pas de les retenir. Je les regarde avancer, par à-coups sur le sable.





Je croise un copain de Patnem qui m'emmène un jour à Capo de Rama, une belle plage plus au nord. Nous y allons en Entfield, ces vieilles motos pétaradantes. Les environs sont magnifiques, les arbres sont en fruits : les mangues pendent par grappes, les noix de cachou sont collectées et les bananes sont belles jaunes.

Je quitte Agonda et rejoint Arrambol, tout au nord de Goa. Il reste une semaine.
Je croise par hasard Alex, avec ses copines, au marché du samedi soir de Baga. Quel cirque! On en a l'habitude ici en Inde mais là c'est celui du blanc, du riche. Il y a des bars à cocktails partout, de la techno criarde et les prix des produits proposés à prix carrément européens. Les gens qui sont sur le marché ont l'air d'être venus en vol charter pour 2 semaines et ne semblent pas tant avoir une idée des prix, claquant à ne plus savoir qu'en faire. Bref, une sorte de retour télescopé dans notre monde avant l'heure...
Avec Alex, nous nous racontons depuis et prévoyons de nous revoir cette semaine encore. Ils loueront une voiture et viendront sur Arrambol. Sinon, j'ai des fringales comme jamais. Depuis que je suis guérie, je suis tellement contente de pouvoir remanger (et surtout reseller comme il faut) que je n'arrête pas : tartelettes au choco, croissant au beurre, brownie et enfin souvlaki au poulet (1ère viande depuis que je suis arrivée), je profite de tout ce que ce marché peut m'offrir.

Demain, je me rendrais à Pernem afin de prendre mon dernier train pour ce voyage.
J'éprouverais plein de sentiments particuliers en regardant défiler ces paysages des tropiques. Je serais sûrement émue à un moment donné. J'aurais des images du voyage plein la tête, surgissantes, puis une boule au ventre.

Je me poserais ensuite le long du du quai, à quelques mètres du poste de gare. Petite batisse rose. Je m'y asseyerais donc en goûtant aux dernières odeurs du sud. Puis le train arrivera dans un sifflement, comme toujours et je prendrais place dans ma couchette du haut. Je commanderais un thali au gars qui s'occupe de ça et finira bien par passer. Puis je tâcherais de m'endormir, sans grande conviction. Dans la nuit, bercée par le cliquetis du train, je serais entourée des odeurs qui sont exaltées par la chaleur de la journée et se relâchent, comme tout le monde, le soir, quand enfin, la fraîcheur reprend place.

Je trouverais difficilement le sommeil et arriverais chiffonnée à Mumbai. L'instinct de survie sera le plus fort et je marcherais jusqu'à l'arrêt de bus. Je monterais dans le n°1, si je me souviens bien et descendrais à Collaba. Je rejoindrais l'Apollo guest house, où m'attendent mon sac et une chambre. Les boys seront encore endormis, une longue journée les attend. Je passerais la journée à faire les derniers achats, les cadeaux et enfin à ranger tout cela dans mes sacs.
Un taxi m'emmènera jusqu'à l'aéroport, où un long trajet me ramènera en Suisse, ponctué d'attentes interminables.
Je lirais Shantaram, énorme pavé d'un homme aimant l'Inde. J'aurais l'impression d'y être encore un peu ainsi.



01 avril 2007

Delhi avant le sud, pour une dernière fois...

J'arrive à Delhi en milieu de journée. Il fait chaud, ici bas. Un ami m'envoie chez un médecin dès qu'il me voit et me retrouve à nouveau sous antibiotiques. J'ai des "bugs" (puces...) dans le ventre, ma fois, sympathique. Je passe le reste de la journée à écouter des musiciens, dont une chanteuse venue du Honduras à la voix sublime, un chanteur de musique classique indienne qui fait vibrer ses cordes et son corps, superbe. Ca me fait du bien à l'âme.

Alors que je passe ma dernière nuit sur Delhi, Lionel me propose de rendre visite à 2 de ses amis pakistanais, percussionnistes. Nous débarquons dans un hotel 5 étoiles, bien loin des Shiva lodge et autres Ganesh paying guest house, où j'ai l'habitude de "descendre"... Je me sens tout-à-fait décalée dans cette ambiance surfaite, bien loin de la réalité que j'ai cotoyée ces derniers mois.

Puis je rencontre les musiciens. L'un est immense, il en impose, massif comme il est. Il porte une longue kurta (tunique) et à son cou pendent de gros colliers de perles. Il a les cheveux mi-longs, brillants et qui ondulent. Il a un regard qui respire l'amour. Un problème de surdité l'accompagne mais ne l'empêche absolument pas de jouer à la perfection de son instrument.
Et leur instrument, j'y viens. Ce sont de gros "barils" en bois. Aux extrêmités, là où ils tapent, il n'y a pas de peaux mais du plastique, ca résonne mieux.
Il y a des ficelles de couleurs qui en pendent. Une grande lanière soutient la percussion lorsqu'ils jouent debouts, fiers, sublimes.

Le 2ème comparse est grand aussi, plus fin. Il se dégage d'eux un mélange subtil d'assurance, de grâce et d'élégance naturelles. C'en est troublant.

Ils commencent ensuite à jouer, assis dans leur chambre d'hotel. Il y a là Lionel qui les accompagne au début (du moins) au Saaz. Sandip est là également, un ami de Lionel, musicien électronique de son état, il est marrant, me faisant, étrangement penser à Woody Allen, heureusement pas par son physique... Et enfin Suchet, qui m'a envoyée chez le médecin il y a 3 jours. Il a un peu le rôle, ce soir de l'organisateur : il fait venir des plateaux de fruits, de l'eau et même une assiette de dessert, venue tout droit du buffet, s'il vous plaît, avec mousse au chocolat. Bliss after sooooooooooooo long.

Les tambours se mettent à sonner, à résonner, à emplir la pièce. On entend qu'eux. Des rythmes qui jaillissent, nets, secs, clinquants. Ils enivrent, font que l'on se sent libre, gai, bien. Les regards que les musiciens échangent sont à observer. Ils sont heureux. Ils écoutent. Ce sont des joueurs de dhargas, sortes de prières qui ont lieu dans des mausolées généralement. Ils jouent pour Dieu, leur musique n'est pas un divertissement, comme on a tendance à la vivre chez nous. Cela s'entend, il a quelque chose de miraculeux dans ces rythmes et ces hommes.
Ils sont, vivent, respirent le rythme.
Une onde d'énergie qui m'emplit. Je suis sous le choc.

Puis, on sent bien que le 1er des 2 percussionnistes, le plus grand, souhaiterait aller jouer ailleurs, dehors, là où il pourrait taper vraiment. Ca le démange, il semble ne jamais vouloir s'arrêter. Lionel, Suchet et Sandip se mettent alors à chercher un endroit. Ca devient une de ces scènes typique que je vis ici, en Inde. Chacun y va de son idée, en trouvant celle de son voisin meilleure. Le lieu du concert privé prendra donc quelques temps avant d'être établi et en attendant, notre grand ami en profite pour se changer. Il met une belle kurta pour l'occasion. L'autre continue à jouer, il est dedans.

Ce doit être rigolo de nous voir traverser le hall de l'hôtel : 2 blancs au look douteux, 2 pakistanais immenses transportant leurs énormes instruments à l'épaule et enfin Suchet et Sandip, l'un l'oreille collée à son portable, tel un impresario occupé et l'autre, visiblement gêné dans ses murs : Woody Allen j'vous dis!!!
Nous nous enfilons tous dans l'Ambassador de Lionel et partons en expédition. Nous roulons dans Delhi de nuit. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est et je m'en fous. J'ai bien conscience de vivre une soirée très particulière.

La lune est quasi pleine. Elle éclaire alors le spot où nous nous dirigions. Un mausolée. Il est d'une forme octogonale. En son milieu, en bas d'escaliers, le lieu de prières, où brûlent des bougies. Les murs, colonnes et autres portes composant l'édifice se dessinent sous la lueur de la lune. Il y a quelques inscriptions en arabe et des toits en terrasse. Nous voyons au loin les lumières orangées de la ville. C'est calme, la rumeur des rues se fait lointaine. Parfait pour nos amis pakistanais.

Ils jouent à présent debouts. Ils tapent fort. C'est incroyable à entendre, à sentir, à voir, à vivre. Je n'en dormirai pas de la nuit.
Je suis invitée quand je veux au Pakistan et n'ai donc pas manqué de leur faire savoir, que justement, je souhaiterais y aller en octobre, à l'occasion de ce grand festival, rassemblant les suffis (dont ils font partie).
Suite à cette soirée, j'aurais reçus plusieurs emails de mes amis de Delhi, me demandant si je sens encore battre les rythmes fous dans mon coeur.

27 mars 2007

Parvati valley - Manikaran

En milieu de matinée, je descends du bus de nuit et prends un autre bus local pour atteindre la Parvati valley. Ma 1ère idée est de me rendre à Khirganga, tout au bout de la route, à environ 3000 mètres d'altitude. J'apprends que ce ne sera pas possible car il y a 1m50 de neige qui recouvre le hameau et a même détruit des dhabas (petite échoppe à chai). Je verrais bien ce que je ferais ensuite. Pour l'heure, je monte dans un bus qui me mène jusqu'à Manikaran, lieu saint avec sources d'eau chaude... C'est déjà ça...

Je passe tout le trajet à roupiller sur la banquette recouverte de molesquine. Je suis totalement groggy lorsque j'arrive à destination. L'autrichien descend aussi. Vue sur ce superbe temple, au toit blanc qui pointe vers le ciel.



Un pont surplombant la Parvati sacrée rejoint les rives. Le village longe la rivière, s'étirant en longueur et se constitue de bicoques en bois et de maisonettes en dur. De petites ruelles, pleines d'échoppes aux breloques, mènent à la place du village, puis au temple. Sur le chemin, 2 saddhus nous arrêtent. L'autrichien leur demande quelque chose en hindi que je ne comprends pas et me retrouve à suivre les saddhus pour boire un chai. Il faut déjà les voir avec leurs dreads énormes, enroulées sur la tête et soutenues par une écharpe. Le regard est direct et défoncé, fumer le shilom étant l'une de leur principale activité, tel Shiva l'eût fait. "Un don des Dieux". Catapultée au chai shop, j'écoute l'autrichien et les saddhus philosopher. A nouveau, je sens mon côté spirituel inexistant et me trouve quelque peu décalée ici. Cela doit être dû à la fatigue.

Le saddhu qui parle le mieux en anglais se met à chanter, pour son Lord Shiva. Je reçois un Mala, collier de prières en perles. Il semblerait que j'aie un bon karma, comme celui d'une toute jeune fille (est-ce que ça veut dire que mon chemin sera long et mes réincarnations nombreuses???), sa fille. Soit. Pas très rassurant puisqu'il répète sans cesse être un homme fou... Certainement... Il détonne un peu.

Je prends enfin une chambre après cette arrivée rocambolesque dans ce nouveau lieu. Je ressors afin d'explorer les environs, le temple d'abord, si plein de vie avec ces belles couleurs qui flottent. De la fumée s'échappe en certains points de la rivière : ce sont les sources d'eau chaude. Ceux qui viennent prier au temple, déposent en même temps dans des pools, un balluchon contenant du riz, cuisant le temps des prières! Ce sont autant de lieux saints. Quel must de cuisiner et manger grâce à l'eau sacrée!




Je continue mon chemin et me pose là où je croise la femme qui tient le chaishop des saddhus. Elle contemple la vallée en fumant un biddi. Les femmes sont plus libérées par les montagnes. Nous parlons, écoutons le silence, relatif, la rivière dévalant non loin. Son rugissement ne parvient toutefois pas à cacher le chant des oiseaux. La Madame part aux morilles. Je ne la suis pas, étant bien trop fatiguée pour ce faire. J'erre un moment dans les rues, soupe et rentre me coucher, il est 7 heures du soir!

Le lendemain matin, je me sens un peu moins décalée, sauf au niveau du look peut-être, mes nouvelles lunettes ayant un petit air venant de la "City". Je me rends au chaishop, la priorité suite au réveil. Je me réchauffe les jambes à côté d'une sorte de wok contenant des cendres, déposées à l'instant par la Madame, qui semble me prendre en sympathie. C'est plus qu'agréable par cette fraîche matinée. Nous discutons le temps d'un biddi. Aujourd'hui, je compte descendre jusqu'à Kasol par le sentier que j'ai découvert hier. Il longe la rivière agréablement, je me croirais presque en Suisse : même fond d'air frais, sapins et pics enneigés.






Un chemin idéal, en pente douce abrité d'arbres aux troncs longs. Ca bourgeonne de partout, des éclats rosés, pourpres ou blancs pour les fleurs. Les feuilles, quand à elles, se disputent le vert le plus éclatant, alors que certaines osent les orangés. C'est de toute beauté, je me sens bien et me dis que j'ai de la chance.
Je fais une pause et me vois suprise par une lignée d'aigles, plânant à 7 mètres au-dessus de ma tête, en file indienne. Ailes déployées, ils ont une probable envergure d'un mètre ou peut-être davantage. Le ventre est blanc, semble doux et s'étire jusqu'au bout de la queue et des ailes, qui s'ourlent enfin de brun. Ce n'est que grâce, aisance et beauté!







Je croise enfin le pont qui me fera rejoindre Kasol.
Là, une masse se déplace jusqu'à moi, à la façon de Gollum et dépose un bout de carton à ses pieds. Vêtue de noir, en pièce raccomodée, le pull pendouille. Les cheveux sont châtains et presque rasés, enfin, on ne sait pas trop. La peau est brunie peut-être par le soleil mais surtout par la crasse. Puis la femme, une américaine, s'en est une, me regarde et me demande de l'argent, 500 roupies, une somme énorme ici. Je veux lui proposer à manger ce qu'elle refuse, elle veut de l'argent et me le répète, ce sont les seules choses qu'elle dit pratiquement. Sympathique. Elle me laisse une étrange sensation lorsque je la quitte. J'essaie d'imaginer sa vie, pourquoi elle en est arrivée là. Je suis troublée dans mes réflexions quelques instants plus tard lorsque la même femme hurle sur un groupe de gens, passant par là (et n'ayant pas voulu non plus lui donner de l'argent?!). C'est triste.

Je découvre Kasol et m'en vais manger dans un restaurant, semblant être the place to be, accueillant le blanc, fumant du charas en contemplant la vue. 3 indiens à l'air inspiré sont assis non loin. Ils font tous faces au panorama, ils le décrivent en anglais, avec leur typique indian accent, qui a le don de m'amuser, m'attendrir. L'un d'eux, le plus excentrique, s'est enroulé un turban autour de la tête et porte des lunettes de soleil "de la ville". Il chante des ragas qui ont, heureusement remplacés les chansons des Beattles (pas les meilleures) et ce serait encore mieux s'il ne chantait pas!

Je pense à la fin de ce voyage, il reste moins d'un mois maintenant, le compte-à-rebours à commencé. Le temps va passer encore plus vite. Les villages situés en amont que je pensais pouvoir visiter restent inatteignables. Je vais donc rester ici encore quelques jours. Dans mon hôtel il y a de l'eau chaude de la source. Une sorte de grande salle de bains constamment embuée, avec un bassin en son milieu, rempli de cette eau. Je ne parviens pas à m'y baigner, trop chaud! Mais quel bien de se rincer ainsi. Je n'ose plus compter depuis la dernière fois où j'ai eu de l'eau chaude à profusion!

Ce matin, avant de partir pour Kasol, je me suis rendue au chaishop. Vous l'aurez compris, beaucoup de choses se passent, se vivent là. J'y croise un enfant saddlhu, dreads longues et enroulées également dans un turban. Il vit avec son guruji, son maître. Il doit avoir 10 ans. Est-ce qu'il fume déjà???

Plus tard dans la journée, au même chaishop, je rencontre un anglais, aux dreads énormes, riant de toutes ces situations loufoques s'enchaînant depuis quelques instants. Il est attablé avec 2 indiens. Le plus vieux des 2, boit un chai, sort tous les biscuits de leur paquet, les pose sur la table, marmonne bizarrement, a l'air fêlé quoi. Je réalise alors subitement que tous les gens que j'ai rencontré jusqu'à présent (du moins ceux fréquentant ce chaishop) ont un air fou. Le 3ème gars assis à leur table n'a pas l'air méchant mais a de grands yeux exhorbités et fixants. Je ne sais pas ce que c'est exactement mais il y a quelque chose ici d'un peu follo : le croisement entre les cousins de la vallée, la fumette, le lieu saint font autant de facteurs pouvant attester de cette observation... Ca ne laisse pas mon esprit serein, si je peux m'exprimer ainsi et c'est loin d'être l'ambiance que je m'étais imaginée pour la fin de ce voyage. J'aurais aimé quelque chose d'un peu moins... torturé en quelque sorte...

J'hésite à aller rejoindre Nadja à Mcleod Ganj. La communauté bouddhiste est fortement implantée là-bas et l'ambiance sera peut-être moins ravagée?! Après une bonne nuit de sommeil, je décide de passer ma dernière journée à Manikaran avant de partir le lendemain matin pour Mcleod. Je suis un peu coupée dans mon élan, j'ai besoin de chaleur et n'aime décidément pas me réveiller en me ruant sur mes fringues et autres couvertures pour tenter d'en trouver, de la chaleur. Il aurait fallu que je me prépare à avoir froid... Il m'aura surprise, la saison est étrange ici aussi, en ayant fortement tardé à venir.

Et voilà qu'il m'arrive un truc bizarre ce matin. J'étais au chaishop, attendant ma commande lorsque je commence à me sentir mal. Je sors, me dirige vers une guest house à la recherche de toilettes, quand ma vue devient progressivement toute blanche, tous contrastes s'estompant inexorablement. Mon ouïe se trouble, j'entends tout au loin. Je finis par ne plus rien voir, titube et m'assieds, au milieu de la place. Je respire calmement puis tout revient gentiment, les couleurs, la rue. Après cette chute de pression, je me rue aux WC et me vide.
Je vais mieux après, continue ma journée et me persuade que c'est décidément une bonne idée de partir d'ici. Je me renseigne pour les bus et le trajet risque de me prendre la journée.

Je passe une nuit terrible, courant régulièrement aux toilettes, avec des crampes au ventre douloureuses. Je suis néanmoins réveillée à 6h et décide de partir coûte que coûte. Je dors ou somnole tout au long du trajet jusqu'à Bhuntar. De là, je prends un autre bus, en direction de Dharamsala (juste en-dessous de Mcleod Ganj), mais c'était juste en direction car après 6h de trajet, où j'ai resomnolé pour la plupart du temps, il m'a fallu prendre un 3ème bus pour 2 autres heures et encore un 4ème ensuite jusqu'à ma destination finale...
Si j'avais su...
Suis arrivée pathétiquement, ai pris une chambre, très mal localisée en bas d'un escalier que je peinerais à gravir les jours suivants pour joindre le village. J'ai dormi pendant 15 heures non-stop. Et là, a commencé la sérieuse chiasse, vous m'excuserez la si peu charmante expression : je pisse du cul.

J'arrive à me mouvoir jusque chez un docteur tibétain, qui m'a senti les pouls en me demandant confirmation concernant mes selles liquides. Il m'a ensuite donné des boulettes brunâtres et infâmes à avaler. Depuis, je tâche de me reposer bien que je continue à me vider. Je tente le jeûne pour que le poison s'en aille et finis par remanger du riz et des carottes en espérant que ça calme le jeu...
Je suis cloitrée (WC à proximité...) dans une chambre sans chauffage qui me glace les os alors que le soleil brille fort au-dehors. Je n'en peux plus, dès que mon corps le permet, je descends la vallée et prends un train pour Delhi. Mon état intestinal m'inquiète un peu. J''espère qu'il est dû à une bactérie attrapée en mangeant et non pas une tournure bizarre suite à mes staphylocoques. Mes plaies sont plus ou moins guéries mais peinent encore à cicatriser complètement.

Je peux à peine parler de Mcleod, puisque je n'ai pas eu la possibilié de quitter ma chambre souvent. Ca grouille de tibétains et de leur artisanat. Les femmes portent des chubas, ces robes se nouant dans le dos. L'ambiance est au buisness semblerait-il, comme partout une fois que l'on y repasse, quelques années plus tard : davantage de shops, de restos et d'hôtels. Les montagnes environnantes me rappellent celles de la Suisse, avec plus d'aigles qui plânent. Les touristes attirés ici sont d'un autre genre que ceux de la Parvati, aussi. En recherche spirituelle, prenant des cours de bouddhisme, langue ou cuisine tibétains, yoga, reiki, j'en passe et des meilleurs.

Après quelques jours dans ma chambre, il me semble aller mieux. Je pars donc pour Delhi. La route me bouscule en tous sens mais mon estomac tient le coup. J'ai l'impression, du moment que je bouge, l'esprit (de survie?) prend le dessus et le corps suit.

J'atteins Pathankot, un de ces trou de l'Inde qui peut avoir un air effrayant. On voit de telles personnages sur les quais des gares parfois... Des vieux à la barbe longue, vêtus de loongis oranges, autour de la taille, du buste, de la tête et un autre encore autour du cou. Ils marchent avec un bâton, ont un point rouge sur le front et des sandales parfois. L'un d'eux s'assied le long des rails, relève ses tissus et se soulage ainsi, accroupi devant tout le monde.
Il y a plusieurs vendeurs ambulants. Ils ont une sorte de carriole et dessus, un wok posé plein d'huile, où frient des mini-crêpes qui se mettent alors à gonfler, pour se revider enfin. Ils servent avec, dans les fameuses petites coupelles faites de feuilles séchées, différentes préparations de légumes ou pois chiches. Les gens s'asseyent ensuite, à même le quai et entament leur repas. Ces crêpes me donneraient presque envie (bon signe) mais ne suis pas convaincue que la friture me soit conseillée, pour l'heure...

Par chance, ce coup-ci, le train n'a quasi pas de retard. Je dois demander à une vieille personne de quitter ma couche, convoitée car en hauteur, garantissant ainsi de pouvoir dormir le lendemain matin. J'ai tendance à être insomniaque dans les transports en commun, sachant à l'avance que la nuit sera difficile. Je vais alors me poser sur les marches de la porte, entre 2 wagons. J'observe la nuit, je vois des phares de camion qui longent les rails. J'entends même parfois de la musique qui jaillit de ce qui semble être nulle part. Puis elle disparaît, comme elle est venue. Je retourne me coucher.
J'ai l'esprit cotonneux, la cadence du train, le bruit régulier des rails chevauchés par les wagons font que j'ai presque l'impression d'entrer en transe. Ce ronron rassurant finalement, cesse. Alors le silence du grand nulle part emplit l'espace. C'est relaxant. Le train est arrêté pour laisser la priorité à un autre. S'en suivra un sifflement qui déchire la nuit mais surtout les oreilles. Les vitres se mettent à trembler et l'on dirait que tout va s'écrouler. Puis le calme revient et le train part enfin, reprenant sa cadence. Après avoir été violemment réveillée, je me rendors, bercée par l'exténuement.

22 mars 2007

Delhi et départ pour les montagnes

Je quitte Varanasi par train de nuit. Le wagon semble dodeliner, comme les indiens le font de la tête pour dire oui. De temps à autre, j'aperçois des lueurs annonçant de la vie dans ce qui semblait pourtant être le néant. Noir, c'est vraiment noir au dehors. L'ambiance de la nuit, si particulière et que j'aime tant, sur la route. L'esprit n'est pas distrait par les 1001 surprises que réservent ce pays, attirant toujours le regard. Juste moi, mes rêveries et la musique. Cela fait du bien de temps en temps...Et là, passe un gamin en haillons, une balayette à la main. Il nettoie le sol. Maintenant, un vendeur de chai hurlant de la voix nasillarde qu'il semble falloir avoir pour faire ce métier : "chaigarrrrrrrrrram". Tout le monde dort pourtant. Il est 3 heures du matin...

J'atteins les alentours de Delhi en fin de matinée, le wagon est calme. La vieille femme en face de moi s'est allongée sur la banquette, recouverte d'une couverture qui cache son superbe sari kaki. Sa fille est cougnée contre la vitre, envoyant des sms ou semblant rêvasser. Un gars se tient debout près de moi, arrêté dans son élan, comme interpellé par ce que je fais, j'écris une lettre ou peut-être est-ce dû au fait que je le fasse de la main gauche, l'impure? Un autre voisin de compartiment est occupé à manger son plateau repas, commandé à un préposé, passé plus tôt, bloc-notes à la main. Il est donc maintenant occupé à manger et a arrêté de me prendre en photo avec son portable. Non pas que cela me dérange trop (vaut mieux pas ici!) mais c'est un peu lourd, à la longue et le manège aura duré une bonne demi heure. D'autres dorment encore, les chanceux.

En gare de Delhi, lorsque nous arrivons enfin, quelques heures de retard derrière nous, c'est le branle-bas de combat ça descend, ça monte, ça transporte un nombre considérable de sacs. Les porteurs, reconnaissables à leur chemise et bandeau rouges, arpentent le wagon à l'affût du client. Une foule en mouvement tente d'atteindre la sortie. Je ne vois que des têtes et des sacs posés sur elles. La passerelle, nous faisant quitter les quais, bouchonne. C'est un mélange d'ethnies, de styles, de castes, de populations. Un patchwork saisissant, comme si toutes les différentes parties de l'Inde étaient représentées là, sur ce bout de pont.

Je rejoins le calme bienfaiteur de l'appart des amis, qui m'accueillent, comme d'habitude avec grande générosité. J'organise mon imminent départ pour les montagnes de l'Himachal Pradesh (cf carte libellé du même nom). J'hésite brièvement entre 2 destinations et pense tout de même aller à Kirganga, au bout de la Parvati valley. Vue sur les montagnes, sources d'eau chaude dans un coin isolé, vie rustique et authentique : Ca devrait le faire.

Il s'agit donc de se munir de chaussettes, les miennes ayant depuis longtemps disparu, des pastilles pour la gorge, du fer pour reprendre des forces après ma prise d'antibiotiques, une couverture que je porterais comme châle, "à la mode d'ici" pour les soirées froides et enfin la réservation de mon ticket de bus pour me rendre dans la vallée de Kullu. Je courate donc en tous sens à Delhi et le jour de mon départ, me levant tard chez Lionel, je trouve encore le moyen d'aller me faire épiler. Me voici fin prête pour quitter le quartier de Paharganj (celui des touristes, bien situé en face de la gare principale). Sac sur le dos, jeans, baskets et toutes mes affaires chaudes packées, je joins un groupe de touristes, prêt à s'en aller prendre le bus. Il nous faudra 3 heures pour quitter la ville, après de nombreuses haltes.

C'est le grand luxe dans ce bus : Il y a des couchettes 2 places au-dessus des sièges. Il faut rallonger de 200 roupies pour y avoir droit. Le calcul est vite fait : entre la possibilité de :
  • ne pas dormir, être courbaturée, ne jamais trouver la bonne position

et

  • ne pas dormir

Je choisis cette dernière.


Je partage ma couche avec un autrichien qui a vécu 20 en Grèce et s'avérera être un peu... too much for me?! Il parle de cosmos, de connections, d'énergie, me vois comme une déesse musicale??!...
Oui... un de ceux-là.
Sur la couche d'à-côté, se trouvent 2 jeunes israéliens. Elle, vient de se tordre la cheville, plutôt embêtant, juste avant d'aller en montagne... Mais pas trop surprenant, étant donné les chaussures qu'elles porte : ces crocks, je crois que c'est le nom, que tous ses compatriotes mettent aussi. Sorte de gros sabots en plastique avec des trous ronds dessus. Elle voyage depuis un moment en Inde mais ne semble pas particulièrement apprécier les indiens. Il y en a plein des comme ça. Ils restent des mois, reviennent encore mais ne supportent pas les locaux?! Ca paraît absurde et pourtant... Pour en finir avec les voisins de couches, l'israélien, lui, vient de la rejoindre. Il a un sourire scotché, content d'être là et trouve absolument tout "Super". Il semble même halluciner lorsque je réclame son propre change au serveur, qui a visiblement occulté de ses priorités ce menu détail.

Je tente de m'endormir, casque sur les oreilles, musique à fond. Il y a Muse, Depeche Mode, Nine Inch Nails, les fidèles et Shankar, Erkan Ogur ou Dayna Kurtz. J'éprouve subitement l'envie d'écouter Célios, de Gotan Projekt que je regrette de ne pas avoir avec moi. Ca aurait bien été avec mes rêveries du moment. Le casque me permet accessoirement de couper la conversation avec mon voisin l'illuminé.

Longtemps après que le soleil se soit couché, nous quitons Delhi, l'immense. Je suis donc sur une couchette au 1er étage, à l'arrière du bus. La route n'est pas de tout repos. Il y a d'énormes trous qui me projettent en l'air. Difficile de s'endormir ainsi... Puis l'envie d'aller aux toilettes me prends et aucun arrêt en vue. Je vais vers le conducteur, accompagnée de l'israélienne à la cheville foulée. Je découvre le spectacle du trafic : Les lumières des phares, des freins arrières, celles des Ganesh, Shiva, Durga ou autres guirlandes illuminées, posés sur le tableau de bord. Ca zigzague, ça coupe la route, ça s'arrête subitement, ça tourne mais le clignotant reste sans vie, ça passe de droite à gauche, un piéton se jette maintenant sur la route... De la pure folie, c'est étourdissant. Je comprends mieux les soubresauts et autres coups de volants qui font balloter notre convoi, outre la route déjà bien défoncée... J'en viens à admirer le chauffeur qui parvient à faire son boulot dans ces conditions, bien qu'il n'ait pas du tout l'air stressé. C'est une des seules fois où j'ai eu peur sur la route en me reconnaissant inconsciente des réels dangers. Et enfin l'arrêt pipi tant attendu. Je détèste ce besoin lorsqu'il est si urgent, entêtant, aliènant qui peut m'étreindre et parfois durer des heures dans ces bus qui ne semblent jamais vouloir s'arrêter. Ces minutes de galères où tout est bon pour se divertir l'esprit, contracter sa vessie et oublier, juste oublier que là, il faudrait vraiment y aller. Pour ce faire, je chantonne, d'une voix crispée. Je croise les jambes bien serrées. J'avale ma salive. Je me force à observer le paysage, écouter attentivement un morceau de musique mais quoi que je fasse l'envie revient. Ce que je détèste le plus donc, c'est d'avoir l'esprit, le corps omnubilés par cette bête envie d'uriner et qui disparaît dès qu'enfin le bus s'arrête et me voit m'élancer, telle une poule sans tête, à la recherche d'un vague abri pour enfin lâcher la pression. Une attente éternelle alors qu'il n'aura fallu que quelques secondes pour se sentir infiniment mieux...

Les heures viennent à passer sans que je ne le remarque. Notre convoi gravit lentement les pentes, la route serpente, l'air est clair, le ciel noir. Je suis entre le sommeil, Sigur Rós et des bouts de route, d'obscurité qui défilent devant mes yeux. J'ai du dormir. Puis il fait jour et frais. On nous réveille pour une pause chai. Bien que fatiguée, ai-je seulement dormi?, je me chausse et en bois, du chai, shot d'énergie, souvent bienfaiteur. Les montagnes se dressent autour de moi. La fumée des chaumières et la rassurante odeur du feu parfument l'air. Les passants sont cachés sous leur couverture, attendant le départ du bus et sautillant sur leur jambes. Il fait froid, quelques vingtaine de degrés en moins qu'à Delhi. Les petits chapeaux, typiques de l'Himachal Pradesh couvrent les chefs. Les femmes portent un foulard noué sur la tête, ainsi que d'épaisses robes, un châle en laine enroulé autour de la taille. Certaines passent, penchées sous le poids des fâgots qu'elles portent sur le dos.

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