Kit de survie :
Froler les bords de route et klaxonner a chaque virage, toujours. Ou comment doubler jusqu’a la tete d’un embouteillage pour couper brutalement quand il commence a se fludifier. Comment depasser a gauche en roulant sur le bas-cote, chassant hommes, enfants, sacs et poulets. Comment eviter les chars a boeufs et les tracteurs a remorque, mastodontes ruraux qui n’ont rien a perdre. Ne jamais ceder le passage a personne, ne doubler que les camions, jamais les bus. La traversee du Punjab ne se fait pas sans concentration et efforts.
La plaine est jonchee d’affiches publicitaires criardes, placardees sur tous les murs disponibles des maisons, des dhabas, des boutiques. Publicites pour les limonades, les cigarettes, les bidis, les savons. Les cabines telephoniques PCO et STD dans chaque village, par dizaine, chaque echoppe. Et les magasins de pneus, et les ateliers de mecanique et les gargotes, et les gens, partout, accroupis, marchant, mangeant, dormant, defequant, urinant, pedalant, regardant, absolument partout les gens.
Nous arrivons de nuit a Delhi et passons derriere la masse medievale du Fort Rouge. Nous naviguons au milieu de la circulation, houleuse comme la mer, gonflee par le degorgement du samedi soir. Des centaines de bus, de voitures, de scooters et de rickshaws clapotent autour de nous, dans une tempete de klaxons, de crissements de pneus, de cris. Après bien des efforts nous voila enfin arrives dans le quartier de Pahraganj ou il faudra encore trouver un parking surveille et puis une chambre. Il est tard, j’ai faim ou peut-etre pas, je ne sais plus. Mais je suis heureuse d’etre arrivee, suis dans mes reperes, ca aide quand on est fatigues...
Je dirais au revoir a Harry quelques jours plus tard. Il va laisser sa voiture ici et s’en ira visiter le Rajasthan sac sur le dos. Cela sera sans nulle doute plus agreable que de conduire. Et ca aura ete une chance incroyable de le rencontrer et de visiter le Pakistan en sa compagnie. Super easy going, avec des gouts musicaux semblables, il aura ete un perpetuel element motivateur, releguant ma faineantise au brancard. Merci Harryji! Et au plaisir de te recroiser sur les routes du monde!
Je profite de mon sejour a Delhi pour lancer la confection de mes tuniques. Vouiiiiii les fiiiiiiiiiiiiiilles, la commande est passee! J’ai degote un tailleur que je lorgnais depuis quelques temps deja, aux finitions parfaites. Evidemment l’expedition ne sera pas sans faire appel a ma patience et au lacher prise. Il faut attendre trois heures un homme qui ne viendra jamais apporter les echantillons de tissus, braver la circulation a moto pour aller au marche, foulard sur le nez afin de pouvoir encore respirer, retenir mon coeur qui manque lacher face aux multiples possibles accidents evites habilement par mon tailleur, visites de dizaines de magasins de tissus, inspection des cotons, des coloris, hesitation, tri, puis enfin selection, je rate le concert de mes amis Lionel et Suchet.
Il fait nuit lorsque nous quittons le marche. La roue avant du scooter a creve. Malik est doux, a l’ecoute et je sens qu’il comprend et tient compte de mes demandes. Je lui fais confiance pour mes tuniques mais de toute evidence l’homme n’est pas mecanicien. Il me regarde de ses yeux noirs emplis d’incomprehension et semble chercher une reponse dans les miens, perdus dans mes comptes. Mais comment donc faire sortir cette roue de son carenage? Il tourne le pneu dans tous les sens, ca semble etre un casse-tete chinois. Mais dans ma tete, combien de metres, combien de roupies, combien de francs Suisse. Il part a la recherche d’un garage. Et comme par enchantement s’en trouve justement un dans le coin. En attendant, je m’arrete dans un dhaba pour manger des omelettes avec des tranches de pain toastee a meme le feu, arrosee de plusieurs miniverres de the.
A delhi, j’attends maintenant la venue d’amis de voyage rencontres au Cambodge il y a dix ans de cela. Recroises quelques annees plus tard a Jaisalmer, nous sommes depuis restes en contact et voila que nos chemins se melent a nouveau. J’adore le voyage pour cela et ca fait rudement plaisir de se revoir! Bonne route a vous Chantal et Patrick!
Je fais une escapade a Chandni Chowk, le vieux Delhi et m’arrete devant une patisserie interpelle par la routiniere agitation, l’Inde que j’aime ou j’y vois toute une poesie. Il y a de grands Rarahis de cuivre ou bouillonnent le lait et l’huile, alimentes par des hommes a la peau sombre et suante, les sacs de sucre beants sont entreposes dans un coin, les presentoirs aux vitres sales renferment du burfi blanc et le laddoo au safran, aux entetantes odeurs douceatres et ecoeurantes, un grand-pere est assis sur un cousin sureleve et les mouches, partout, parsement les confiseries, les vitres, les gens.
Et puis je sejourne aussi une partie de mon temps chez Lionel que sa mere visite et avec qui j'aurais plaisir a discuter. Havre de paix dans cette profusion ne semblant jamais s’arreter. Rue etroites, embouteillages interminables, circulation houleuse de cycles, de scooters, de voitures, de bus, echoppes se deversant a moitie sur la chaussee, vendeurs ambulants plantes au milieu de la rue, betail vagabondant partout. Passage a Connaught place ou les familles bruyantes ont deserte les lieux, et les marchands ambulants de golgappa et de crème glacee prospecte les derniers trainards. Le vendeur de biddies, un homme maigre et nerveux au teint sombre – probablement originaire de l’Uttar Pradesh ou du Bihar – m’observe avec curiosite comme cherchant a deviner le sens de ma presence seule ici. Je suis sur le chemin du retour et fais la navette entre mon tailleur a Paharganj et le cocon douillet chez Lionel.
Puis je quitte la megapole depuis la station de train au sud appelee Nizammudin. Partout des ombres arpentent les quais. Ratatinees sur elles-memes, trainant les pieds et resserrant sur elles leurs couvertures brunes et rugueuses. Elles attendent un train qui tarde. Je vais a Omkareshwar, un lieu saint et par chance, mon train est a l'heure.
While leaving
Survival kit :
Surf on the edges of the road and horn at any curve, always. Or how to overtake until the head of a traffic jam to cut brutally when it starts to get more fluid. How to overtake on the left, riding next to the road, chasing men, kids, bags and chicken. How to avoid the bull carts and the pick up tractors, the rural mastodons which has nothing to loose. Never let the way to anyone, overtake only trucks, never buses. The way through
The plain is covered with advertising signs, put on any free dhaba, house or shop’s wall. Advertisements for sodas, ciagerettes, biddies, soaps. Telephone cabins called PCO and STD are found in every village, dozen of them, every shop is one. And the tyre shop, and the mechanic workshop and the stalls, and the people, everywhere, squatting, walking, eating, sleeping, shitting, pissing, pedaling, watching, people absolutely everywhere.
We get at night time in
I will say goodbye to Harry a few days after. He is gonna let his car here and go visit Rajasthan with his backbag on. No doubt it will be much more comfortable than driving here!
And it was an incredible chance to meet him and to visit
While I am in
Then vsits of dozen of shops, inspection of the cottons, the colors, hesitations and finally I do a selection. I miss the concert of my friends Lionel and Suchet as it is already dark when we leave the market. And then, the scooter’s front tyre gets flat. Malik is soft, listening and I sense that he understands and will do what I want. I trust him for my clothes but obviously the man isn’t a mechanist. He looks at me with his black eyes, bulled of incomprehension and seeks for a solution to our new problem in mine, lost in my count book. But how the hell is it possible to make this tire get out of its place? He is turning the wheel all the ways around, it seems to be an impossible mission. But in my head : how many meters, rupees, swiss francs… He is going to find a garage. And luckily there is one just right the corner. While waiting, I stop on a dhaba to eat some omelet with toasted bread, done on the fire, and sip a few glasses of chai.
Anyway, now the work can start.
In
I go for an escpade at Chandni Chowk, the Old
I stay some of my time at Lionel’s place while his mother is visiting. It is so quite there in that profusion which seems to never stop. Narrow streets, unending traffic jams, rough circulation of cycles, scooters, cars, buses, stalls overtaking the road, walking sellers standing in the middle of the street, cattle wandering around, everywhere. I navigate between Paharganj where I meet my tailor and Lionel’s residential neighborhood . One evening, while going back late, I stay at
I leave the megapole from the south train station called Nizammudin. Everywhere shadows are wandering on the gates. Bump off, limping and tightening their brown and rough blanket. They wait for a delayed train. I go to Omkareshwar, a Holy place.