28 janvier 2007

Pondicherry et Auroville

Escapade par Pondi, cette ancienne enclave française, qui a toujours ses écriteaux de rues transcris dans notre langue (et en tamil, bien sûr). Il y a, implantées dans la vieille ville, de superbes maisons au style colonial revisité. De gros bouguainvillers aux roses et oranges flamboyants longent les façades. La promenade du bord de mer est délicieuse en fin de journée avec cette brise incessante, venue du grand large.



Nous allons retrouver Dano, l'ami yogi, qui séjourne à Auroville, cette étrange cité, créée en 1968 par "La Mère", soeur spirituelle de Sri Aurobindo, visionnaire du début du siècle passé. Auroville donc, se veut être un lieu qui n'appartient à personne, interdisant toute religion mais où chacun y résidant, s'engage à devenir meilleur. L'argent n'est pas sensé être un problème mais le reste, comme partout ailleurs.
Cette communauté se veut en constante évolution dans divers domaines et apporte peut-être un plus, ou du moins, tente un essai différent de mode de vie.

Il m'a néanmoins semblé que les humains et leurs préoccupations restent partout pareils et même avec les meilleures volontés qui soient, ne semblent pas être si différents à Auroville.
Enfin, il faut leur laisser les meilleures tartelettes au chocolat (suisse, s'il vous plaît) et les croissants pur beurre que je me suis envoyés!!!

Nous avons loué une vespa pour nous y rendre et cela a été l'occasion de bonnes rigolades. C'est un peu comme être dans un jeu vidéo, où plusieurs obstacles, pour ne pas dire dangers, nous viennent contre. Les motos, voitures, rickshaws, camions et bus composant les principaux acteurs de la route ne cessent de se dépasser, faire irruption sur la chaussée, freiner brusquement pour tourner, sans, bien évidemment avertir du mouvement. Bref, une ballade qui m'a fait me demander si je ne fais pas, parfois, preuve d'inconscience lors de mes voyages... En même temps, il faut bien le dire, cela fait partie des meilleurs moments!

Nous ne restons que quelques jours dans les environs, puis rejoignons Chennai en fin de journée et peinons, étrangement, à trouver de quoi loger près de l'aéroport. Nous finissons dans un hôtel, un peu plus loin sur la route pour une courte nuit. L'avion pour les Andamans part tôt demain matin...

26 janvier 2007

Tirupati






Nous avons donc quitté Hampi, le coeur gros, en nous dirigeant vers Tirupati, un autre lieu saint. J'ai, à tout hasard, vérifié notre heure d'arrivée alors que le train roulait (convoi attrapé de justesse, en courant à travers rails, sacs sur le dos, pour s'engouffrer avant l'imminent départ). Alors que nous nous apprêtions à passer la nuit dans le wagon, je découvre que nous atteindrons notre but à 2h du matin... Il s'agit donc de rester éveillé puisque la nuit sera courte.


Arrivés à destination, nous cèderons à la tentation, en nous offrant un taxi, plutôt que le bus, au départ incertain. Il y a une faune qui erre entre la gare et le guichet des tickets de bus. Nous négocions le prix du taxi, roulons dans un lieu où le traffic ne semble jamais s'arrêter et visitons plusieurs chambres avant de jeter notre dévolu sur l'une d'entre elles. Elle est charmante, à l'arrière du batiment, donc loin de la route et de son agitation. Alors que nous nous reposons enfin, voilà qu'un loooooooooong sifflement se fait entendre. Il nous laisse cois, jusqu'à ce que nous réalisons que la chambre donne bien à l'arrière, mais sur 6 voies de chemin de fer!!!

Et c'est là que j'ai pris conscience de la longueur des sifflements de locomotives, annonçant les départs et arrivées des nombreux trains, déversant leurs lots quotidiens de pélerins.




Là, ils viennent offrir leur chevelure aux Dieux. Cela donne une énorme salle aux sols mouillés, avec des gens faisant la queue pour se faire raser la tête. Les femmes et les enfants sont d'un côté et les hommes de l' autre.
Puis, il y a les coiffeurs qui travaillent, assis par terre, leur outil à la main. Ils s'activent en gestes précis, traçant des lignes faisant apparaître le crâne brun, lissé, rasé. Les cheveux tombent, par longues masses chez les femmes, qu'il est déjà si rare de voir aux cheveux courts... Certains enfants pleurent, d'autres restent stoïques.
C'est étonnant tous ces tondus à la ronde, cela n'arrive pas souvent d'en voir autant!
Le site est énorme et reçoit les jours de festival, plus de visiteurs que la Mecque, le Vatican et Jérusalem réunis...



23 janvier 2007

La douceur de Hampi

Nous quittons Mumbai le soir et prenons un train de nuit pour Hubli, dans l'état du Karnataka. La nuit est mouvementée, comme souvent dans les trains et nous arrivons en gare avec de petits yeux, groggys, chiffonés, comme nous. Une correspondance pour Hospet, à 4 kms de Hampi suit dans l'heure, c'est plutôt chanceux.


Nous voyagerons en classe générale, autrement dit, les bancs en bois. Il n'y a plus de place et parvenons à trouver un espace au-dessus des banquettes, sur les portes-bagages. Nous nous asseyons, cougnés comme des sardines, certes, mais le trajet se fait néanmoins dans la bonne humeur. Il faut simplement faire preuve d'une certaine agilité pour se frayer passage afin d'aller au WC par exemple ou fumer une cigarette à la porte, toujours ouverte. Il fait chaud et bon se poser sur les marches, en regardant le paysage défiler. La campagne est verte, en longues étendues. Il y a de nombreux oiseaux qui virevoltent. C'est calme et beau.

Puis, enfin nous parvenons à Hospet. Un rickshaw nous mènera jusqu'au village saint de Hampi.

Sur la route, les enfant sourient, nous crient des "Namaste" à tue-tête, débordant de spontanéité. Ils courent encore le long de notre rickshaw. Puis ils laissent place aux autres acteurs de la route, ici, les zébus qui tirent des charrettes. Ils sont hauts sur pattes, avec des belles et longues cornes, parfois peintes ou arborant des grelots.

Nous arrivons enfin dans le village et traversons le bazar avec vue impressionnante sur le Virupaksha temple.







Hampi bazar


Là, nous traversons la rivière et allons directement chez une famille, recommandée par une amie. De suite, nous nous sentons bien ici. Le cadre environnant après le trajet, qui aura tout de même duré quelques 21 heures, est séduisant. Il y a une petite terrasse, où il fait bon se prélasser les chaudes après-midi, alors qu'une légère brise souffle.
La vue donne sur les rizières qui sont superbes au coucher du soleil, alors que la lumière devient comme magique, ourlant de doré tous les contours.


La campagne est jallonée de collines aux "constructions" de pierres rondes, amoncellées, étonnantes.


Les temples de Hampi réservent aussi des surprises. Il y a là un éléphant, par exemple qui, lorsqu'on lui donne 2 roupies, fait une puja (prière) en bénissant le donneur avec sa trompe. Je n'ai évidemment pas manqué de me faire protéger par la bête (Ganesh n'est pas loin...)




Nous avons gravit les 500 marches qui mènent à l'Hanuman temple (Dieu Singe), avec un saddhu qui vit là, fumant de gros shiloms à longueur de journée. L'escalier pour y parvenir est escarpé. Les singes se balladent dans les arbres aux alentours. Ils sautent de branches en branches, se posent pour manger un fruit glâné au passage ou encore se cherchent les poux. Ils ne sont absolument pas gênés par les aller-et-venues des pélerins et autres amateurs de points de vue. Car celui qui est offert depuis le temple est tout simplement splendide. Les cocotiers se dessinent en mini feux d'artifices, les rizières se voient parées de reflets aux tons changeants et enfin les rochers encadrent le tout comme dans un rêve.




Hanuman temple
हनुमान तेम्प्ले

La vie se fait douce. On parcourt les environs à vélo, puis les chemins du village, profitant de vues suprenantes sur ces rochers.




Enfin, j'achète ici mon 1er sari, sublime en soie fine, vert émeraude, avec un tombé sur l'épaule en violet, parsemé de bordures dorées. Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller me pavaner (à quelle occasion le porterais-je sinon?!). J'avais le sentiment d'être une princesse, avec ces drapés qui ondulent si bien.
Tous les indiens m'ont regardée défiler, un grand sourire aux lèvres et en dodelinant de la tête, comme ils le font ici, si typiquement, me disant que je suis comme une femme indienne ainsi. Il faut dire que Ganga, la maman de la famille (22 ans), m'avait toute préparée : Bindi au front, tresse sur cheveux préalablement huilés et bien sûr l'enfilage du sari, que j'aurais bien été incapable de faire seule. Et voilà ce que cela donne...





J'ai fort sympathisé avec Ganga, mère des 2 garçonnets de la maisonnée. Ils ont le même âge que mes neveux et sont de vrais bouts de chous. Ils nout ont adoptés, venant jouer, dessiner ou se faire consoler à nos côtés. Nous sommes partis en expédition "à la ville" afin de faire des achats, dont le dit-sari. Il fallait nous voir, entassés dans la jeep-taxi, musique bolywoodienne entraînante émanant de la radio et le petit sur mes genoux. Moments magiques.

Nous avons quitté la maisonnée où l'on se sentait vraiment comme chez soi, avec un confort pourtant loin de rappeler la maison (d'une propreté néanmoins irréprochable). Et pourtant cet endroit, la rencontre avec cette famille resteront l'un des points forts de ce voyage. Le sens de l'hospitalité, le souci de bien faire et la générosité de ces gens en ont fait une vraie rencontre de voyage où les larmes se sont confondues aux au revoirs lorsqu'il fût temps de partir.


14 janvier 2007

Mumbai et les retrouvailles

Mumbai

मुम्बई


Je remonte à Mumbai pour accueillir Alex, mon ami d'enfance, qui me rejoint pour deux mois. Il vient ici pour la 1ère fois et j'ai souci que tout se passe bien pour lui. J'espère aussi que je "supporterais" de ne plus voyager seule, libre à chaque instant. Alex m'ayant donné plus ou moins carte blanche pour notre itinéraire, je suis confiante et effectivement, tout se passera bien durant notre séjour commun.

Nous restons dans la mégapole, le temps d'une petite acclimatation. J'ai réservé une chambre loin d'être pourrie pour cette 1ère approche, histoire de ne pas l'effrayer. Non pas que je choisisse des lieux insalubres comme chambres mais force est de reconnaître qu'après tout ce temps passé en Asie, où la propreté n'est pas à chaque fois de mise, mon seuil de tolérance a augmenté. On s'habitue à tout et de fait, la saleté n'est plus si répugnante à force de la côtoyer...



Nous visitons la lavanderie de la ville, énorme espace où des milliers de vêtements sont nettoyés chaque jour. On peut se demander comment ils font pour ne pas perdre les choses...



La lavanderie de la ville



Nous errons dans différents marchés, au temple Mumba, déesse de la ville ou encore dans les trains urbains. Nous jouons au backgammon sur des terrasses, visitons la bibliothèque et les couloirs du prestigieux Taj Mahal hôtel. Non loin se trouve la Gateway of India, ouverte sur l'Océan.





Nous allons aussi à la mosquée Hadji Ali, située sur la mer, à quelques mètres du rivage. Un chemin long et tortueux y conduit. Le cortège de pélerins en perpétuel mouvement, arrivant ou partant, foule le sol. Une centaine de mendiants sont installés tout au long afin de collecter quelques piècettes auprès des nombreux pélerins. On y voit de tout : amputés, infirmes, malformés, vieillards aux râles de douleurs, lépreux, enfants maigrichons, etc.


Je visite l'espace réservé aux femmes car je n'ai pas pensé à prendre un foulard couvrant ma tête pour entrer dans le lieu de culte. J'observe l'insouciant spectacle de ce dimanche après-midi. Je vois les femmes, cheveux à l'air libre, profitant du soleil, jouant, s'occupant des enfants, dans une ambiance décontractée. Plusieurs d'entre elles m'abordent, me demandent d'où je viens. Elles semblent amusées de me voir là. Je me dis que j'ai de la chande d'être l'une d'elles pour les voir ainsi, s'épanouir, belles, loin du regard des hommes.




Enfin, nous réservons nos tickets de train pour rejoindre Hampi, notre prochaine étape. Ai-je déjà parlé du processus pour réserver un ticket? Un petit exemple tout bête d'un système qu'il vaut mieux connaître pour se simplifier la vie. Il faut se munir d'une fiche blanche où doivent être indiqués le nom du train, son n°, la gare de départ, l'h, la destination etc. Autant dire des informations que le voyageur moyen n'est pas sensé savoir... Il existe heureusement un catalogue appelé "Trains at a glance" présentant les correspondances principales. A acheter dès son arrivée. Cela permet de choisir son train, puisque pour le même trajet, les convois peuvent mettre un temps radicalement différent pour le parcourir.

05 janvier 2007

Gokarna


Je décide de rejoindre le bord de mer. Je prends un taxi-jeep jusqu'à Munnar, puis un bus qui me mène à Ernakulam. Il est 23h lorsque j'y arrive. Tant que j'étais dans le bus, tout allait bien. J'allais d'un point A à un point B. Maintenant que je dois me diriger vers la gare, où je suis déjà sûre de ne point trouver de ticket de train pour cette nuit, je commence légèrement à douter de ma décision hâtive de quitter les lieux.

En effet, il n'y a plus de ticket pour le nord en classe couchettes. J'achète donc un ticket en classe générale, à savoir les bancs en bois. Ce sont des wagons archi-bondés d'habitude et la perspective d'y passer la nuit, ne fait pas du tout partie de mes plans. Je monte dans un wagon couchettes, sympathise avec un couple de français et laisse mon sac non loin d'eux, histoire que quelqu'un y jette un oeil si je dois m'absenter (à la recherche d'une place).

Le contrôleur passe et me demande de rejoindre le wagon général. Je tente de savoir s'il y a moyen d'avoir une place dans ce train jusqu'à ma destination, Bekal, au nord du Kerala. Le train est archi plein me dit-il. Je dois changer de wagon à la prochaine station. Quoi qu'il arrive cette nuit, j'ai déjà décidé que je n'irais pas. Je préfère encore m'installer à côté des toilettes... Et finalement, la providence. Un homme qui m'a vue errer, sans couchette, me propose la sienne, gratuitement malgré mon offre, car il dormira avec son petit garçon. Je le remercie 1000 fois, touchée par sa générosité.

Je fais une brève escale à Bekal. Le jour de la mort de Saddam Hussein. Je m'en rappelle bien car j'ai eu la mauvaise idée de me ballader dans les rues. Je ne le savais pas, c'est sûr, ça n'est pas en plein milieu de la jungle que j'ai suivi les nouvelles... Le village manifeste en guise de protestation. Les hommes, il n'y a qu'eux dans la rue, sont tendus. On sent une certaine électricité dans l'air. Je me demande vraiment ce que je fais là et m'en veux encore d'avoir quitté Top Station et la charmante famille de Mano. Je ne traîne pas bien longemps dans les rues. Je suis venue ici, à la recherche d'un nouvel endroit au bord de la mer pour m'y poser quelques semaines, genre les plans de Goa, il y a 10 ans de cela. Mais le nord Kerala est musulman et je ne suis pas sûre que la population soit prête, comme au sud, à voir l'invasion de touristes et son lot de distractions arriver...

Je pars le lendemain matin à l'aube. Je n'ai pas envie de rester plus longtemps ici... Je rejoins Gokarna, au bord de la mer, juste au sud de Goa.
La plage de Gokarna
C'est une petite ville sainte au charme pittoresque que j'aime bien. J'y rencontre toujours des gens particuliers, des personnages, comme j'aime à les appeler. Il y a cette photographe, voyageant avec sa fille qui bricole son carnet de voyage. J'apprends que sa maman édite des bouquins, dont "Les odeurs de l'Inde" et pour ce faire, a travaillé avec un nez, qui a composé des parfums accompagnant l'ouvrage. J'avais écouté toute une émission de radio sur ce sujet et avais souhaité m'offrir le bouquin, évidemment, mais il s'était avéré bien trop cher... J'ai aussi rencontré là un vieil américain, vêtu comme les "Babas" d'ici : un loongi blanc autour de la taille et un autre posé sur les épaules, passant le plus clair de son temps à méditer.
Aujourd'hui, 2 gourous, appelés aussi Swamis (सवामिस) (prêtres), étaient attendus dans la ville. Un cortège les a précèdés, avec entre autres, des hommes aux looks incroyables, représentant certaines des divinités, même féminines (quelque peu troublant). Quelle exhubérance! Toute fête religieuse s'accompagne de musique aux rythmes endiablés... Je profite de filmer ces scènes, me réjouissant déjà de monter le tout. Ce pays est tellement étonnant. Je ne suis toujours pas sûre de bien comprendre tout ce que j'y vois. Mais en règle générale, les sourires sont nombreux et la gentillesse de rigueur.

Il y a évidemment toujours aussi les regards persistants, voire hargneux, comme je l'ai vu, une fois seulement, le jour de la mort de Saddam, à Bekal, étant le seule femme, blanche de surcroît, à me ballader dans la rue.



Les coupures d'électricité et ses dêmélés


Une vendeuse de fruits


En route pour Paradise beach
J'y passerai environ 2 semaines, les dernières de mon voyage en solo avant qu'Alexandre ne vienne me rejoindre pour 2 mois. Je suis bientôt à la moitié de ce voyage. C'est fou comme la notion du temps (à nouveau) varie selon l'état d'esprit. Il me paraîtrais inimagineable de rentrer maintenant alors que 3 mois était la durée de mes voyages les plus récents (ces 5 dernières années).





30 décembre 2006

Trek dans les alentours de Munnar

J'ai quitté la frénésie balnéaire pour les montagnes du Kerala. Je me suis retrouvée au frais, à Top Station. Il y a là des plantations de thé, ces jolis buissons d'un vert vif. Je passe une 1ère nuit dans une petite cabane du bout du monde, où se trouve le view point. Il est fortement visité la journée, mais à l'aube de mon 1er réveil, je savoure le calme et la beauté de l'instant, en totale solitude et vis là un magnifique moment.











Je rencontre Mano dans l'un des seul chai shop des environs. Il est guide et me propose un trek dans la région. Je viens d'abord dormir chez lui. Je partage la chambre (seule pièce de la maison) avec sa mère (qui dormira sur le sol malgré mes supplications), son mari sur un lit et moi sur un autre.
Sa mère semble perdre un peu la boule avec l'âge mais de manière sympathique. J'aime bien la regarder écosser les haricots de ses mains ridées. Elle les cuisinera ensuite dans un pot en aluminium sur un feu de bois. L'âtre est alimenté par de fines bûches. Le foyer est fait de terre, avec un trou pour placer les casseroles. Il y a constamment un grand récipient qui chauffe de l'eau (pour se laver, faire la cuisine, la vaisselle). Le plafond de la maisonnée est noir de suie mais la nourriture a cette saveur particulière de la cuisson au feu de bois. Il n y a pas l'eau courante mais un tuyau relié à un ru qui remplit de gros barils, dehors. Une autre vie, un autre temps.





Des gens à l'accueil incroyable, d'une générosité sans pareille alors qu'ils n'ont pratiquement rien. Ca me renvoie des choses à la figure... La maman, une veille femme qui me regarde fixement de ses yeux foncés, en me tenant le menton avant d'embrasser ses doigts, en dodelinant de la tête, comme seuls les indiens savent le faire. J'adore. J'ai l'impression ici, que les êtres se rencontrent et n'ont pour ce faire, pas même besoin de parler une langue commune. Je me sens ici accueillie, telle que je suis et je peux m'y sentir chez moi. Etrangement, ça ne sera pas le cas. Après le trek que nous effectuerons, je ne me sentirais pas à l'aise, trop en décalage. Je n'arriverai pas à rester dans ce, pourtant, charmant endroit. J'aurais besoin de bouger. Allez savoir pourquoi, le mental est fort quand même...

Mais nous partons donc en trek avec Mano aux travers de buissons et plantations, de forêts et sentiers dans une belle campagne. Je reste alerte et les sens en éveil car ici vivent encore des tigres et éléphants sauvages. J'aurais vu leurs traces de pas dans la terre, des griffures de félins sur les troncs des arbres (où ils s'installent sur les branches pour se reposer) mais pas les animaux en chair et en os, malheureusement. J'écoute les 1001 histoires contées par Mano qui m'émerveillent, me font frissoner et enfin rêver.









Voici une fleur qui ne pousse que tous les 14 ans, appelée Kurinji. Sa comparse de couleur blanche ne pousse elle que tous les 24 ans! J'ai eu la chance d'en apercevoir en toute fin de floraison.

25 décembre 2006

Noël à la plage

La crèche de Noël



Je me retrouve sur la plage de Varkala pour Noël. Ce devait être splendide lorsque c'était encore sauvage,il y a quelques années avec cette grande falaise qui domine la mer, recouverte de cocotiers. Maintenant il y a tout du long, des restos, des hotels et des échopes. Dommage de tout sacrifier ainsi pour le pognon... Même si je suis une actrice active de ce jeu-là en visitant autant d'endroits. J'ai néanmoins bien profité des richesses que ce monde a à offrir, c'est Noël après tout(!), en me gavant de poissons frais, présentés sur des feuilles de bananiers et autres croissants au chocolat...


Le frigo de Varkala
वर्काला


Ce soir-là, j'assiste à un spectacle de danses, genre Bollywood. Les protagonistes, une sorte de boysband, vêtus de fringues un brin kitshouille remuent des hanches, sautent toniquement en tous sens et font du playback sur les paroles. Ils semblent vraiment heureux de se produire et ça a mis une sacrée bonne ambiance! J'ai passé la soirée en compagnie de sexuagénaires, croquant la vie à pleine dents (mon 1er Noël avec cette unique tranche d'âge, comme l'a soulevé Michel, l'un d'entre eux, qui j'imagine ne quintera pas si je donne ici l'adresse de leur blog sur l'Inde, pour ceux que cela intéresseraient, il y a de superbes photos http://inde-eternelle.blogspot.com/).

22 décembre 2006

L'ashram d'Amma

Je fais une autre ballade sur les eaux, en bateau à moteur cette fois-ci, pour rejoindre Kollam, toujours plus au sud. Je décide de faire halte en chemin, à l'ashram d'Amma, une des seules femmes Gourou du pays.




"Amma est amour, amour inconditionnel,
Amour libre de toute demande,
Amour humble qui ne fait que donner, qui ne peut que donner.
Son amour est une étreinte qui nous emmène au cœur du Divin.
Sa vie est l'expression de cet amour,
Sa vie est compassion infinie,énergie puissante qui jaillit de la source pure de l'Être, énergie de compassion au service de toutes les souffrances."





Je suis quelque peu surprise par la taille des bâtiments qui composent l'ashram. 2 grandes tours abritent les studios des disciples (dont certains vivent là). Tout est rose ici, on se croirait au pays de Barbie, Made in India! La structure est très bien organisée : internet, shops divers, cantine indienne, cantine western food et un bureau d'accueil pour les étrangers (venus de partout dans le monde, Amma ayant des ashrams ailleurs).






J'ai toujours eu un regard sceptique, voire cynique sur ce genre de lieu. Et comme je m'y attendais, je croise certaines personnes qui ont l'air "un peu perdues", d'autres avec un sourire (niais) scotché sur la face, qui me rappellent étrangement celui de certains chrétiens... Une autre se ballade en serrant dans ses bras, une poupée en chiffon à l'effigie d'Amma. Il y a de quoi se poser des questions...

Amma : une grosse mama qui serre les gens dans ses bras pour faire passer son message
d'amour. J'ai donc fait la queue pour avoir mon embrassade, munie d'un ticket jaune, semblant me donner un passe-droit pour y accèder, en tant que nouvelle arrivante. La gourou est sur une grande scène, à sa gauche la queue des hommes et à sa droite, celle des femmes. Dans la salle, se trouvent des chaises où sont assis des gens. Je ne sais pas ce qu'il font là, s'ils attendent l'embrassade, se recueillent ou assistent juste à la cérémonie. Je me fais prendre en main par une disciple de blanc vêtu, qui m'oriente donc dans la queue, lorsqu'elle aperçoit mon ticket jaune.

Alors que mon tour approche, je suis prise en charge par la main vigoureuse d'une disciple, en blanc aussi, afin d'être positionnée face à Amma. J'ai ensuite à peine le temps de me rendre compte de ce qui m'arrive. Me voilà la tête collée contre les seins d'Amma. Elle continue de parler avec des gens derrière moi alors que j ai les bras coincés contre son ventre.
Je ne suis pas sûre de savoir ce que je devrais ressentir pendant l'étreinte...
Puis Amma change ma tête de côté en me maintenant fermement contre elle. Là, elle me dit à l'oreille quelque chose qui ressemble à : "mowglimoglimowglimogli". Elle me relâche alors, me regarde dans les yeux en me donnant un petit paquet contenant des cendres et un bonbon à l'orange... D'accord...

Je suis à nouveau tirée par le bras. Une autre disciple, celle-ci chargée de placer les gens derrière Amma, me trouve une place. J'ai alors tout le loisir d'observer la faune locale. Certains méditent, d'autres regardent amoureusement Amma (sourire toujours scotché) et d'autres encore se rapprochent d'elle, chaque x qu'une place se libère devant eux...






J'ai de la peine à comprendre cette ferveur, ce besoin d'adulation qui étreint certains de nos congénères. Drôle d'idée que de vouloir vivre dans un ashram qui, quelque part, se coupe de la vie, de la réalité. Je trouve cela un peu triste. Il y a beaucoup de personnes âgées, d'étrangers, seuls chez eux, quoi qu'il en soit, qui s'installent ici, retrouvant une sorte de famille.

Autant qu'ils soient là finalement...

Je quitte la cérémonie de l'embrassade, appelée Darshan, alors que les mantras battent leur plein et ne cesseront pas avant 23h. Amma aura serré des gens dans ses bras pendant 15h aujourd'hui. C'est sûr (il faut le lui laisser), ça n'est pas donné à tout le monde!

Je quitte l'ashram le lendemain, me demandant si je suis un être sans spiritualité aucune...



20 décembre 2006

Allepey

Je descends plus au sud, jusqu'à Allapuzha, aussi appelée Allepey. Ici commençent les circuits (touristiques) des backwaters. Ca regorge de palmiers, du vert partout, même l'eau des canaux est de cette couleur. Le bleu du ciel vient agréablement nuancer le tableau.





J'assiste au 1er jour d'un festival de musique religieuse au Mullackal temple. On m'a avertie d'une cérémonie, le lendemain matin, avec un éléphant faisant le tour du temple. M'y voici donc. Une musique s'entendant de fort loin, au son criard, plein de disto, accompagne le rituel. L'éléphant, décoré d'un tissu aux 1000 couleurs et où brillent aussi quelques petits miroirs, se tient devant l'entrée du temple. Il est monté d'un homme au loongi blanc (tissu de coton, noué à la taille). Devant la grande bête, il y a une flamme qui brûle dans un "bougeoir" avec, en ornement sculpté et pour guise de poignée, un cobra au cou deployé. Devant la flamme et celui qui la portera, se tiennent les musiciens (clarinette, tambour battant la chamade et une autre percussion). Ils jouent un même mantra qui plonge réellement l'esprit dans un certain état... d'hébétitude? Puis à un moment donné, le cortège se met en route et fait le tour du temple. Ils répèteront le même rituel 3x. La procession est marrante à observer.

A un moment donné, il me semble bien percevoir un brin de tension chez le pachyderme. Il remue ses jambes, attachées par de grosses chaînes. Son regard semble apeuré, serait-ce la musique trop forte, trop tout? Il remue plus fort une jambe et reçoit en retour un coup de bâton. Il pousse alors un cri, venu du fond des entrailles (de la terre?) qui fige tout un chacun sur place, un frisson semble même parcourir l'audience. D'un coup, je l'imagine brisant ses liens, balançant sa tête, la trompe assomant tout ce qui passe et enfin devenir fou en détalant .
Mais le calme revient une fois qu'il s'est exprimé.
Cela me rappelle simplement que je suis bien peu de chose face aux forces de la nature.

Au cours de la céremonie, les gens ont afflué, tous faisant face à l'éléphant vénéré. Il y a une petite table, devant le temple, où sont entreposées différentes poudres orange, blanche et rouge.
Je vois les indiens défiler les uns après les autres et s'en tamponner le doigt. Il aposent ensuite la couleur sur leur front. Il y a même un miroir installé sur une colonne pour pouvoir viser juste. C'est tout de même bien organisé!!!

Certains prient avec une ferveur, une totale dévotion qui me laisse un brin émue. Ils semblent si "vrais" à ces instants, fronçant parfois des sourcils, les lèvres remuant à peine, formulant vite leur prière. Certains se prosternent à même le sol, dans un mouvement souple.
Un dernier signe sur le front et ils quittent les lieux. Je les suis, quelque peu assourdie et groggy par tant de mêmes phrasés musicaux...

Ballade ensuite dans les backwaters en canoë. Seul le froissement de la pagaie vient troubler le calme environnant. Je découvre des rivières larges, de petits canaux qui desservent les maisons isolées. Je vois un serpent comme posé sur l'eau, qui se met à onduler à la surface alors que le bateau vient troubler sa quiétude.
Les cocotiers sont partout, se reflètant sur les eaux. Elles se transforment alors en fidèle miroir.



14 décembre 2006

Fort Kochin


L'ambiance est décontractée, on est dans le sud. Les chaudes après-midis aspirent à la paresse. Je décide, tout de même au bout de 18 jours, de quitter ce rythme doux pour me (re)jeter dans l'Inde, qui une fois de plus, m'aura suprise en arrivant à Fort Kochin, au Kerala. Un état vert, d'une végétation omniprésente, encore plus luxuriante et éclatante qu'à Goa. Il y a de l'eau partout, des rivières, des canaux qui composent les fameux backwaters.

A Fort kochin (aussi appelé Ernakulam), il y a de veilles maisons coloniales, d'autres rafraîchies luxueusement. La chaleur y est étouffante, écrasante, étonnante pour la saison. Le moindre mouvement me fait suinter. Les gens se balladent sous des parapluies pour se cacher du soleil. Je tente de feinter mon sort et obtenir un brin d'air en louant une bicyclette, un jour de grève générale. Tous les magasins sont fermés et les rues sans circulation, la ville est au calme. Je longe les devantures d'exportateurs : thé, épices, curry, sacs qui s'entassent, caisses en dépôt. Les odeurs de turmeric, poivre, piment, cardamome, cannelle et autres se mélangent. J'ai l'impression d'y être : plongée dans le temps, la route des épices, ses découvertes, le frétillement du marché conclu puis l'embarcation sur un bateau, d'une durée indéterminée. La chaleur en plus, ça le fait complètement!

Je longe la côte et me rapproche des pêcheurs et de leurs carrelets de filets chinois. C'est beau. Le filet est suspendu en l'air, retenu par un système de balancier. La pêche ici n'est toutefois pas sensationnelle.




En revanche, je me suis levée bien tôt un matin pour assister au retour des bateaux, partis dans le grand large. Les paniers de poissons sont amenés et jetés au sol, sur des bâches. La vente se fait a l'enchère. Rapidement un groupe d'hommes entoure le tas de poiscaille et le gars qui crie les prix. Ca s'active de toute part, les bateaux (de larges barques, avec parfois écrits dessus, le nom des donnateurs suite au tsunami, qui a également atteint ces rives) partent et laissent leur place à d'autres. On me montre un serpent de mer, pris au piège dans un filet. Une fois libéré, un homme lui assène un coup de pagaie sur la tête alors que je cris un nooooooooon...

Puis comme toujours, la vie reprend son cours. Je m'en vais boire un chai, servi par un gars qui se ballade, un tonneau à robinet posé sur son velo. Une petite corbeille contient les verres en plastiques à l'avant. Astucieux. Je sirote mon thé en répondant aux habituels bonjour et autres prénom, nationalité, mariée ou pas, maman ou non et enfin sourires. On veut savoir qui je suis. On ne me demande pas quel travail je fais. Sacrée différence!

Je quitte la doucereuse ambiance de cette ville qui m'aura fait rêver, transportée par ses odeurs.

06 décembre 2006

Goa




J'ai donc laissé les terres arides, lunaires et désertiques du nord visité pour rejoindre la végétation luxuriante du sud, à commencer par goa. J'ai pris le train de jour depuis Mumbai. Départ à 7h du matin alors que la ville et ses faubourgs s'éveillent. La voie ferrée longe pendant longtemps les différents quartiers de cette mégapole. C'est l'heure des toilettes et les hommes viennent se vider le long des rails, l'air impassible, leur bouteille d'eau à portée de main. Diverses odeurs m'assaillent : celle de la merde, évidemment, de l'eau rance, ou encore de l'encens, du café, de bidis, de bouffe huilée. Je m'y fais et finis même pas ne plus la remarquer.

Puis le train prend de la cadence, le cliquetis métallique des rails me berce. Je m'endors pour quelques heures. Je dois être près de Goa lorsque je me réveille. Les alentours sont verts d'arbres, de plantes énormes, de fleurs. L'humidité de l'air contraste fort avec la sécheresse des semaines passées. Je reconnais les charmantes maisons du coin, à l'aspect colonial, revisitées Made in India. Les toits sont bas, faits de tuiles rouges. Pas un ne semble droit, tous ondulent, comme si eux aussi étaient aplatis par la chaleur et les differentes moussons qui leur sont tombées dessus. Les murs sont de couleurs, le plus souvent jaune, vert, bleu ou rose pastels, defraîchis, ce qui leur donnent un air désuet, comme arrêté dans le temps. J'aime bien.


La terre est rouge, humide, elle sent fort. Le ciel, alors bleu, commence à se charger de nuages. Au sortir d'un des nombreux tunnels, une pluie diluvienne, digne de la mousson, s'abat sur nous. L'air devient carrément frais. J'alpague l'un des nombreux vendeurs ambulants qui arpentent le train pour boire un chai (thé au lait). Il l'annonce en disant d'une voix nasillarde : "chaigarrrrrrrrrram" (thé chaud), les autres qui défilent sans cesse crient : kelle (bananes), kakkkkerrrri (concombre), vegbiryani (riz frit), toastsandwicheggcurry (...). puis arrivent les vendeurs de jouets en plastiques, de journaux, de lacets (?), de chocolats, de boissons (gardées au frais dans un sceau rempli de glace). Passent aussi les estropiés, les travelos (ça donne un indien en sari, plein de poils, parfois même avec une moustache, du rouge aux lèvres, dans tous les cas, surprenant), des gamins aux habits sales qui nettoient le sol des wagons, tendant ensuite la main pour obtenir quelques roupies.

J'arrive au terminus de la ligne, à Magdaon plus précisément et pars directement pour rejoindre Patnem, où j'ai maintenant l'habitude d'aller me poser. J'y retrouve les comparses qui passent l'hiver ici. S'en suivent 18 jours de farniente presque total. Au programme bronzage, ballade à vélo (mais pas trop), lecture, grimpe.
Suis allée :
  • 1x a agonda a velo pour manger le superbe thali de Fatma. Chez elle, il y a 6, voire 7 sortes de légumes différents qui composent l'assiette. Un vrai régal, un spectacle de saveurs en bouche. Les graines utilisées, le choix des légumes font que c'est bel et bien, l'un des meilleurs thalis de l'Inde (je dis bien de l'Inde entière) qu'il m'ait été donné de goûter.
  • 3x jusqu a Chaudi (2kms) pour diverses activités, internet, réservation du ticket de train, achat de poudre antibiotique, pas mal pour assècher les plaies.
  • 1x jusqu a Gokarna (3h30 de bus aller) afin de commander des sacs à vendre.
  • 2x a Palolem (la plage d'à côté) pour aller souper...



Vue depuis ma chambre


Vous l'aurez compris, ici , c est repos assuré où le moindre détail prend son importance car on a le temps de s'y arrêter. Goa et ses palmiers qui bruissent dans un léger froissement. Le roulis régulier des vagues. Le cri des chiens en meute la nuit. L'odeur du poisson pêché (de + en + rare), celle fleurie des rizières, en fin d'après-midi. On dirait que toute la terre transpire la chaleur de la journée. C'est humide, chaud, moite, boisé, fleuri, enveloppant, parfois même enivrant. Les oiseaux tiennent des conversations sur les fils éléctriques dont ces beaux verts/jaunes, très fins, qui une fois leurs ailes deployées me font penser aux dinosaures qui volaient. Mes préfèrés restent les martins-pêcheurs aux couleurs bleus ou verts flashys, superbes. Ils ont l'air fiers avec leur bec droit.



Un vendeur de babioles sur la plage



Et puis, allez savoir pourquoi (peut-être le fait de voir des couples partager leur passion ensemble...?!), de profondes refléxions sur ma relation amoureuse se mettent en branle dans mon esprit. Ce n'est pas toujours facile à gérer avec la distance, il faut bien le dire. J'ai le blues comme qui dirait. Triste de ne jamais pouvoir partager cette envie, passion-là. Une sorte de malaise intérieur grandit. Je suis entre 2 chaises depuis bien longtemps. Et le voyage, malgré sa beauté, ses découvertes et surprises n'empêche pas les remises en question. C'est bien plutôt le contraire...

La magie du voyage, une rencontre extraordinaire à Kalamaki - Part 7 Roadtrip

 To go with the flow... Je prends la route de bon matin et continue de longer la côte qui devient de plus en plus construite en remontant en...

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