15 novembre 2006

Spiti Valley


- Impressionnante Spiti Valley -
- स्पिति -



Je quitte le monastère de Khanum à l'aube et rejoins la route principale en contre-bas. Il n'y a pas de traffic, le village est encore endormi. Je me mets donc à marcher, entourée des montagnes pour seules compagnes. J'en découvre d'autres et d'autres encore, à chaque virage. Je me sens toute petite entre ces parois qui se dressent énormes, imposantes, inébranlables. Puis, je rencontre un groupe d'enfants sur ma route. Ils attendent le bus qui les mènera, quelques villages plus loin, à la première école. Il est 7h du matin... Comment vous expliquer mes sentiments alors que je découvre cette joyeuse ribambelle de tout âges. Ces sourires, cette explosion de joie, ces cris lorsque ces petits bouts me voient débarquer, sac sur le dos. Ca a quelque chose de magique. Puis, je sors mon appareil photo. Il faut les voir alors, l'air interdit, toute curiosité dehors, d'un air digne, prendre la pause.

Les rayons du soleil s'infiltrent entre les vallées secondaires et tracent comme des V de lumière dorée, c'est magnifique. Je marche quelques kilomètres ainsi, perdue dans la contemplation de ces lieux à l'aspect rocailleux, me sentant libre comme l'air. Une sorte de méditation me plongeant dans l'instant présent. Puis un camion me dépasse et l'on propose de me prendre en route jusqu'à Puh, situé à une vingtaine de kilomètres. Je monte dans la cabine du conducteur, où se trouvent 3 hommes. Il y en a un qui est l'homme à tout faire, un 2ème, chauffeur "de rechange", qui, lorsqu'il n'est pas derrière le volant, agite sa main à la fenêtre, côté passager pour assister la conduite de son partenaire. Je reste quelque peu sur mes gardes, finalement, tout pourrait arriver, mais mes compagnons de route, semblent loin d'être des psychopathes. Il émane plutôt d'eux une sorte de naïveté, comme je le ressens souvent. Comme meilleure arme en voyageant afin de parer aux dangers, j'écoute mon intuition. Elle ne m'a jamais trompée jusqu'à maintenant. Je peux alors me détendre et observer à loisir la cabine de pilotage.

Celle-ci est grande, confortable pour tout un chacun. Il y a des guirlandes en tous genres qui pendouillent sur le pare-brise et divers Dieux lumineux qui clignotent. La radio est fidèle au poste et le camion, cahotant sur la piste défoncée, semble suivre les rythmes endiablés des chansons. Je me sens bien. On ne parle pas la même langue, à part les 3 mots de hindi que je peux baragouiner. On fume en silence (ma tentative d'arrêt n'est pas encore totale... Il faut dire aussi que la cigarette à ce rôle en voyage : elle rassure, seul objet fidèle et connu. Dans un nouvel endroit, l'une des premières choses que je fais sera d'allumer une cigarette afin de me poser et d'appréhender l'espace inconnu).

J'arrive à Puh vers les 9h (environ 1h30 pour la distance parcourue : 20kms). Le camion me dépose. J'ai ensuite à peine le temps de me renseigner pour un bus qu'un homme dans un break propose de m'emmener. Quel luxe de pouvoir découvrir ces paysages hallucinants dans un véhicule tout confort ou presque! Je me mettrais lorsqu'il fera plus chaud, à l'arrière de la voiture, assise sur des énormes sacs de pives, afin de faire le reste du trajet.
Et c'est là parmi les plus beaux instants du voyage : Tête à l'air libre, le vent battant contre mon corps, mon visage, faisant voler mes cheveux. Je me sens vivre. Ca me rappelle aussi des souvenirs d'enfance qui me sont doux. J'aime cette sensation du vent m'effleurant. Aucun toit, fenêtre ou voisin pour m'empêcher de contempler ces montagnes aux reflets argentés, superbes. Je ne me sens jamais aussi libre qu'en ces moments-là. Le spectacle est de toute beauté et je ne cesse de le répeter au charmant chauffeur qui sourit de me voir si heureuse d'être là!

Bliss, this is bliss...

Dès que nous entrons dans la Spiti valley, l'eau de la rivière devient turquoise, d'une couleur au ton vif qui contraste fort avec celles des roches. Celles-ci prennent toute la place. Seul le ciel peut encore rivaliser et se pâmer, en occupant une aussi bonne partie de l'espace. Il est bleu électrique ici. La pureté de l'air est telle qu'elle ne laisse plus de place à la platitude. Cette immensité, peu habitée pourrait sembler monotone et ne l'est pourtant pas. La route serpente en étroit lacet, monte la pente, longe la rivière puis la quitte pour se reperdre dans des grandeurs pierreuses, semblables aux paysages lunaires. Je découvre des structures de montagnes différentes, aux tons changeants. La rivière nous montre son côté tumultueux et serein, toujours translucide et turquoise. Saisissant.




Je roule jusqu'à Kaza, la capitale du pays de Spiti. Le chauffeur qui aura refusé que je lui paie à manger ou le dédommage pour l'essence, me trouve même de quoi loger. La saison touchant plus qu'à sa fin, les guest houses sont, pour la plupart, fermées ou pratiquant des prix exhorbitants. Mon chauffeur me place donc dans la maison qui accueille ses collègues en visite. Je suis touchée par tant de générosité. Un sourire pour toute réponse et mon bienfaiteur s'en ira comme il est arrivé. Il y a une famille qui vit dans une pièce de la maison d'accueil. Le père se charge de me faire à souper. Je mange sur le lit de leur unique chambre car ils ont le chauffage et la nuit tombée, il fait un froid glacial. J'ai même vu des flocons de neige virevolter... Ma présence n'a pas du tout l'air de gêner la famille dans son quotidien.

Depuis Kaza, je rayonne et visite les monastères bouddhistes tibétains qui se trouvent dans les alentours : Key, Kibber et Dankhar. J'ai rencontré l''unique autre touriste dans la région. Il loue un taxi-jeep et me propose de se joindre à lui pour m'y rendre. Ce qui m'arrange fort, je dois le dire, compte-tenu des horaires aléatoires des bus. Je ne paie qu'une participation, ne pouvant décemment pas faire brûler mon budget, seulement pour une question de confort personnel. C'est entendu avec cet autrichien, exilé aux Etats-Unis, écrivain de profession, en vacances pour quelques semaines et ayant, de fait, un autre budget que le mien à disposition.



Le monstère de Key




Kibber Gompa




Les salles principales des édifices se parent de superbes couleurs par leurs longues tentures et autres Tangkhas, aux effigies de Bouddha. Il y a aussi de nombreux livres de prières. Ce sont en fait des feuillets, empilés en un bloc et serrés en leurs extrémités, par des planches en noble bois. Ils sont ensuite recouverts d'un tissu protecteur. Certains de ces écrits datent de plus de dix siècles! Les moines font volontiers visiter le monastère. J'y re-découvre (voyage au Laddakh et en Himachal Pradesh en 2000, avec également de nombreuses visites de monsatères bouddhistes tibétains) la rusticité des lieux, du confort, de"services", si je puis m'exprimer ainsi (certes, cela reste un monastère mais tout de même... ceux de la Thailande me semblent bien loin...) : Les toilettes sont un trou entre deux planches. La douche : un robinet d'eau froide venant de la source. Un tuyau le bouche et arrose le jardin. Sinon, un bout de bois qui pendouille stoppe le flux de l'eau. Evidemment, avant que je ne m'en aperçoive lorsque j'ai du l'utiliser, j'inonde le lieu...

Mes diverses observations me font, une fois de plus, m'étonner des différences qui composent nos vies, varient nos réalités et que je ne pensais parfois même pas exister. J'imagine le quotidien des ces gens, au bout de leur vallée, loin de tout, près du ciel.

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