04 novembre 2006

Khanum Gompa

C'est donc guillerètement, l'expression presque naïve, ravie de mon coup de tête, que je m'engage en direction de la vallée.
Je vais faire étape dans ce monastère bouddhiste tibétain, Khanum gompa, situé au sommet d'une colline, gravie à la force de mes jambes... Vue superbe après l'effort, soit, je me suis tout de même demandé pourquoi je n'avais pas bêtement attendu le bus pour y aller... Malgré ma tentative d'arrêt de fumer, l'effort me coûte, je peux le dire. Je fais de nombreuses pauses qui me font profiter du paysage et je constate que les montagnes n'ont de végétation qu'autour des villages, tout au plus. Il y a de la roche au beige mielleux, qui semble être polie tant elle scintille sous les rayons du soleil. Celui-ci disparaît tôt, se cachant derrière les cimes déjà blanches.
Le ciel est d'un bleu vif, clinquant.
C'est magnifique mais je ne devrais pas trop traîner avant d'arriver à mon but, qui semble chaque fois plus loin, plus haut.

Enfin arrivée au bout de la pente, je dois d'abord traverser le village, charmant, aux maisons de bois avec sculptures incrustées autour des portes et fenêtres. Les bestiaux se trouvent au rez-de-chaussée et la famille à l'étage, se nichant, le plus souvent, dans la même pièce. Alors que je déambule sur l'unique chemin du bas-village, je m'étonne de la simplicité dans laquelle ces gens vivent. J'ai l'impression de sauter de quelques générations pour ne pas m'exprimer en siècles. Quel décalage...
Les personnes que je croise sont bien sympathiques et répondent volontiers à mes saluts. J'ai plaisir à être là, malgré la fatigue et le récent effort, dans cette beauté naturelle et en toute simplicité.

Je finis par atteindre le monastère, situé, évidemment, tout en amont du village. Je me fais orienter vers le bâtiment des femmes et pour ce faire, suis guidée par un garçon, content de s'acquitter de la tâche.
J'y suis accueillie par une moniale qui parle peu anglais mais comprend, avec nos gestes échangés, que je cherche à dormir là pour quelques nuits... Elle ouvre alors la porte d'une pièce qui comporte un lit, un tapis et des fruits qui sèchent pour l'hiver. Une armoire où sont entreposées des photos du Dalaï Lama, trône dans un coin. Je m'en vais prendre le lit et la moniale dormira par terre, malgré mes oppositions. Elle insiste et rien n'y fera.



Pour venir au monastère, je me suis auparavant munie de quelques provisions pour mon séjour. J'ai acheté du riz, des lentilles (dhal) et quelques légumes. Je les amène au garde-manger où j'y rencontre un vieux monsieur, probablement le garant de l'économat. Assis, dans le noir, le long d'un mur, il se trouve dans une pièce où chauffe, en son milieu, un petit four à bois. Il y a des denrées en tous genres, que je découvre empilées ça et là. Je dépose à tâtons mon paquet dans un coin, qu'indique le geste vague du vieux moine. Je le quitte, comme je l'ai trouvé et une drôle d'impresion m'habite alors. J'ai comme le sentiment d'avoir vécu un moment d'immobilité ou d'éternité. Me demandant ce qu'il fait là, assis, seul, dans cette pièce? Rien? Et après, lorsque je serais partie depuis longtemps, il fera quoi? Sera-t-il toujours assis là, dans la même position? Pense-t-il à quelque chose ou, est-il, seulement?

Combien de fois en Asie, aurais-je vu des gens ne rien faire, en plein milieu de la journée, de la nuit, n'importe où, sur la route, assis par terre, sous un arbre, devant chez eux, au bistrot. Partout. Quel contraste avec notre monde de fou, j'ai envie de dire, où il faut prendre rendez-vous des semaines à l'avance avant de se rencontrer.
Est-ce que j'ai envie de vivre comme ça? Stressée la plupart du temps, indisponible à mes propres besoins, mes envies, aux autres, à la spontanéité. Ici, les gens prennent le temps et j'aime ça, c'est mon luxe.

Après une brève ballade de reconnaissance dans l'est du village, je dors merveilleusement bien, me réveille en pleine nuit et profite alors d'un ciel superbe, noir, au-dessus de ces lieux reculés, où brillent 1000 étoiles argentées.

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