27 mars 2007

Parvati valley - Manikaran

En milieu de matinée, je descends du bus de nuit et prends un autre bus local pour atteindre la Parvati valley. Ma 1ère idée est de me rendre à Khirganga, tout au bout de la route, à environ 3000 mètres d'altitude. J'apprends que ce ne sera pas possible car il y a 1m50 de neige qui recouvre le hameau et a même détruit des dhabas (petite échoppe à chai). Je verrais bien ce que je ferais ensuite. Pour l'heure, je monte dans un bus qui me mène jusqu'à Manikaran, lieu saint avec sources d'eau chaude... C'est déjà ça...

Je passe tout le trajet à roupiller sur la banquette recouverte de molesquine. Je suis totalement groggy lorsque j'arrive à destination. L'autrichien descend aussi. Vue sur ce superbe temple, au toit blanc qui pointe vers le ciel.



Un pont surplombant la Parvati sacrée rejoint les rives. Le village longe la rivière, s'étirant en longueur et se constitue de bicoques en bois et de maisonettes en dur. De petites ruelles, pleines d'échoppes aux breloques, mènent à la place du village, puis au temple. Sur le chemin, 2 saddhus nous arrêtent. L'autrichien leur demande quelque chose en hindi que je ne comprends pas et me retrouve à suivre les saddhus pour boire un chai. Il faut déjà les voir avec leurs dreads énormes, enroulées sur la tête et soutenues par une écharpe. Le regard est direct et défoncé, fumer le shilom étant l'une de leur principale activité, tel Shiva l'eût fait. "Un don des Dieux". Catapultée au chai shop, j'écoute l'autrichien et les saddhus philosopher. A nouveau, je sens mon côté spirituel inexistant et me trouve quelque peu décalée ici. Cela doit être dû à la fatigue.

Le saddhu qui parle le mieux en anglais se met à chanter, pour son Lord Shiva. Je reçois un Mala, collier de prières en perles. Il semblerait que j'aie un bon karma, comme celui d'une toute jeune fille (est-ce que ça veut dire que mon chemin sera long et mes réincarnations nombreuses???), sa fille. Soit. Pas très rassurant puisqu'il répète sans cesse être un homme fou... Certainement... Il détonne un peu.

Je prends enfin une chambre après cette arrivée rocambolesque dans ce nouveau lieu. Je ressors afin d'explorer les environs, le temple d'abord, si plein de vie avec ces belles couleurs qui flottent. De la fumée s'échappe en certains points de la rivière : ce sont les sources d'eau chaude. Ceux qui viennent prier au temple, déposent en même temps dans des pools, un balluchon contenant du riz, cuisant le temps des prières! Ce sont autant de lieux saints. Quel must de cuisiner et manger grâce à l'eau sacrée!




Je continue mon chemin et me pose là où je croise la femme qui tient le chaishop des saddhus. Elle contemple la vallée en fumant un biddi. Les femmes sont plus libérées par les montagnes. Nous parlons, écoutons le silence, relatif, la rivière dévalant non loin. Son rugissement ne parvient toutefois pas à cacher le chant des oiseaux. La Madame part aux morilles. Je ne la suis pas, étant bien trop fatiguée pour ce faire. J'erre un moment dans les rues, soupe et rentre me coucher, il est 7 heures du soir!

Le lendemain matin, je me sens un peu moins décalée, sauf au niveau du look peut-être, mes nouvelles lunettes ayant un petit air venant de la "City". Je me rends au chaishop, la priorité suite au réveil. Je me réchauffe les jambes à côté d'une sorte de wok contenant des cendres, déposées à l'instant par la Madame, qui semble me prendre en sympathie. C'est plus qu'agréable par cette fraîche matinée. Nous discutons le temps d'un biddi. Aujourd'hui, je compte descendre jusqu'à Kasol par le sentier que j'ai découvert hier. Il longe la rivière agréablement, je me croirais presque en Suisse : même fond d'air frais, sapins et pics enneigés.






Un chemin idéal, en pente douce abrité d'arbres aux troncs longs. Ca bourgeonne de partout, des éclats rosés, pourpres ou blancs pour les fleurs. Les feuilles, quand à elles, se disputent le vert le plus éclatant, alors que certaines osent les orangés. C'est de toute beauté, je me sens bien et me dis que j'ai de la chance.
Je fais une pause et me vois suprise par une lignée d'aigles, plânant à 7 mètres au-dessus de ma tête, en file indienne. Ailes déployées, ils ont une probable envergure d'un mètre ou peut-être davantage. Le ventre est blanc, semble doux et s'étire jusqu'au bout de la queue et des ailes, qui s'ourlent enfin de brun. Ce n'est que grâce, aisance et beauté!







Je croise enfin le pont qui me fera rejoindre Kasol.
Là, une masse se déplace jusqu'à moi, à la façon de Gollum et dépose un bout de carton à ses pieds. Vêtue de noir, en pièce raccomodée, le pull pendouille. Les cheveux sont châtains et presque rasés, enfin, on ne sait pas trop. La peau est brunie peut-être par le soleil mais surtout par la crasse. Puis la femme, une américaine, s'en est une, me regarde et me demande de l'argent, 500 roupies, une somme énorme ici. Je veux lui proposer à manger ce qu'elle refuse, elle veut de l'argent et me le répète, ce sont les seules choses qu'elle dit pratiquement. Sympathique. Elle me laisse une étrange sensation lorsque je la quitte. J'essaie d'imaginer sa vie, pourquoi elle en est arrivée là. Je suis troublée dans mes réflexions quelques instants plus tard lorsque la même femme hurle sur un groupe de gens, passant par là (et n'ayant pas voulu non plus lui donner de l'argent?!). C'est triste.

Je découvre Kasol et m'en vais manger dans un restaurant, semblant être the place to be, accueillant le blanc, fumant du charas en contemplant la vue. 3 indiens à l'air inspiré sont assis non loin. Ils font tous faces au panorama, ils le décrivent en anglais, avec leur typique indian accent, qui a le don de m'amuser, m'attendrir. L'un d'eux, le plus excentrique, s'est enroulé un turban autour de la tête et porte des lunettes de soleil "de la ville". Il chante des ragas qui ont, heureusement remplacés les chansons des Beattles (pas les meilleures) et ce serait encore mieux s'il ne chantait pas!

Je pense à la fin de ce voyage, il reste moins d'un mois maintenant, le compte-à-rebours à commencé. Le temps va passer encore plus vite. Les villages situés en amont que je pensais pouvoir visiter restent inatteignables. Je vais donc rester ici encore quelques jours. Dans mon hôtel il y a de l'eau chaude de la source. Une sorte de grande salle de bains constamment embuée, avec un bassin en son milieu, rempli de cette eau. Je ne parviens pas à m'y baigner, trop chaud! Mais quel bien de se rincer ainsi. Je n'ose plus compter depuis la dernière fois où j'ai eu de l'eau chaude à profusion!

Ce matin, avant de partir pour Kasol, je me suis rendue au chaishop. Vous l'aurez compris, beaucoup de choses se passent, se vivent là. J'y croise un enfant saddlhu, dreads longues et enroulées également dans un turban. Il vit avec son guruji, son maître. Il doit avoir 10 ans. Est-ce qu'il fume déjà???

Plus tard dans la journée, au même chaishop, je rencontre un anglais, aux dreads énormes, riant de toutes ces situations loufoques s'enchaînant depuis quelques instants. Il est attablé avec 2 indiens. Le plus vieux des 2, boit un chai, sort tous les biscuits de leur paquet, les pose sur la table, marmonne bizarrement, a l'air fêlé quoi. Je réalise alors subitement que tous les gens que j'ai rencontré jusqu'à présent (du moins ceux fréquentant ce chaishop) ont un air fou. Le 3ème gars assis à leur table n'a pas l'air méchant mais a de grands yeux exhorbités et fixants. Je ne sais pas ce que c'est exactement mais il y a quelque chose ici d'un peu follo : le croisement entre les cousins de la vallée, la fumette, le lieu saint font autant de facteurs pouvant attester de cette observation... Ca ne laisse pas mon esprit serein, si je peux m'exprimer ainsi et c'est loin d'être l'ambiance que je m'étais imaginée pour la fin de ce voyage. J'aurais aimé quelque chose d'un peu moins... torturé en quelque sorte...

J'hésite à aller rejoindre Nadja à Mcleod Ganj. La communauté bouddhiste est fortement implantée là-bas et l'ambiance sera peut-être moins ravagée?! Après une bonne nuit de sommeil, je décide de passer ma dernière journée à Manikaran avant de partir le lendemain matin pour Mcleod. Je suis un peu coupée dans mon élan, j'ai besoin de chaleur et n'aime décidément pas me réveiller en me ruant sur mes fringues et autres couvertures pour tenter d'en trouver, de la chaleur. Il aurait fallu que je me prépare à avoir froid... Il m'aura surprise, la saison est étrange ici aussi, en ayant fortement tardé à venir.

Et voilà qu'il m'arrive un truc bizarre ce matin. J'étais au chaishop, attendant ma commande lorsque je commence à me sentir mal. Je sors, me dirige vers une guest house à la recherche de toilettes, quand ma vue devient progressivement toute blanche, tous contrastes s'estompant inexorablement. Mon ouïe se trouble, j'entends tout au loin. Je finis par ne plus rien voir, titube et m'assieds, au milieu de la place. Je respire calmement puis tout revient gentiment, les couleurs, la rue. Après cette chute de pression, je me rue aux WC et me vide.
Je vais mieux après, continue ma journée et me persuade que c'est décidément une bonne idée de partir d'ici. Je me renseigne pour les bus et le trajet risque de me prendre la journée.

Je passe une nuit terrible, courant régulièrement aux toilettes, avec des crampes au ventre douloureuses. Je suis néanmoins réveillée à 6h et décide de partir coûte que coûte. Je dors ou somnole tout au long du trajet jusqu'à Bhuntar. De là, je prends un autre bus, en direction de Dharamsala (juste en-dessous de Mcleod Ganj), mais c'était juste en direction car après 6h de trajet, où j'ai resomnolé pour la plupart du temps, il m'a fallu prendre un 3ème bus pour 2 autres heures et encore un 4ème ensuite jusqu'à ma destination finale...
Si j'avais su...
Suis arrivée pathétiquement, ai pris une chambre, très mal localisée en bas d'un escalier que je peinerais à gravir les jours suivants pour joindre le village. J'ai dormi pendant 15 heures non-stop. Et là, a commencé la sérieuse chiasse, vous m'excuserez la si peu charmante expression : je pisse du cul.

J'arrive à me mouvoir jusque chez un docteur tibétain, qui m'a senti les pouls en me demandant confirmation concernant mes selles liquides. Il m'a ensuite donné des boulettes brunâtres et infâmes à avaler. Depuis, je tâche de me reposer bien que je continue à me vider. Je tente le jeûne pour que le poison s'en aille et finis par remanger du riz et des carottes en espérant que ça calme le jeu...
Je suis cloitrée (WC à proximité...) dans une chambre sans chauffage qui me glace les os alors que le soleil brille fort au-dehors. Je n'en peux plus, dès que mon corps le permet, je descends la vallée et prends un train pour Delhi. Mon état intestinal m'inquiète un peu. J''espère qu'il est dû à une bactérie attrapée en mangeant et non pas une tournure bizarre suite à mes staphylocoques. Mes plaies sont plus ou moins guéries mais peinent encore à cicatriser complètement.

Je peux à peine parler de Mcleod, puisque je n'ai pas eu la possibilié de quitter ma chambre souvent. Ca grouille de tibétains et de leur artisanat. Les femmes portent des chubas, ces robes se nouant dans le dos. L'ambiance est au buisness semblerait-il, comme partout une fois que l'on y repasse, quelques années plus tard : davantage de shops, de restos et d'hôtels. Les montagnes environnantes me rappellent celles de la Suisse, avec plus d'aigles qui plânent. Les touristes attirés ici sont d'un autre genre que ceux de la Parvati, aussi. En recherche spirituelle, prenant des cours de bouddhisme, langue ou cuisine tibétains, yoga, reiki, j'en passe et des meilleurs.

Après quelques jours dans ma chambre, il me semble aller mieux. Je pars donc pour Delhi. La route me bouscule en tous sens mais mon estomac tient le coup. J'ai l'impression, du moment que je bouge, l'esprit (de survie?) prend le dessus et le corps suit.

J'atteins Pathankot, un de ces trou de l'Inde qui peut avoir un air effrayant. On voit de telles personnages sur les quais des gares parfois... Des vieux à la barbe longue, vêtus de loongis oranges, autour de la taille, du buste, de la tête et un autre encore autour du cou. Ils marchent avec un bâton, ont un point rouge sur le front et des sandales parfois. L'un d'eux s'assied le long des rails, relève ses tissus et se soulage ainsi, accroupi devant tout le monde.
Il y a plusieurs vendeurs ambulants. Ils ont une sorte de carriole et dessus, un wok posé plein d'huile, où frient des mini-crêpes qui se mettent alors à gonfler, pour se revider enfin. Ils servent avec, dans les fameuses petites coupelles faites de feuilles séchées, différentes préparations de légumes ou pois chiches. Les gens s'asseyent ensuite, à même le quai et entament leur repas. Ces crêpes me donneraient presque envie (bon signe) mais ne suis pas convaincue que la friture me soit conseillée, pour l'heure...

Par chance, ce coup-ci, le train n'a quasi pas de retard. Je dois demander à une vieille personne de quitter ma couche, convoitée car en hauteur, garantissant ainsi de pouvoir dormir le lendemain matin. J'ai tendance à être insomniaque dans les transports en commun, sachant à l'avance que la nuit sera difficile. Je vais alors me poser sur les marches de la porte, entre 2 wagons. J'observe la nuit, je vois des phares de camion qui longent les rails. J'entends même parfois de la musique qui jaillit de ce qui semble être nulle part. Puis elle disparaît, comme elle est venue. Je retourne me coucher.
J'ai l'esprit cotonneux, la cadence du train, le bruit régulier des rails chevauchés par les wagons font que j'ai presque l'impression d'entrer en transe. Ce ronron rassurant finalement, cesse. Alors le silence du grand nulle part emplit l'espace. C'est relaxant. Le train est arrêté pour laisser la priorité à un autre. S'en suivra un sifflement qui déchire la nuit mais surtout les oreilles. Les vitres se mettent à trembler et l'on dirait que tout va s'écrouler. Puis le calme revient et le train part enfin, reprenant sa cadence. Après avoir été violemment réveillée, je me rendors, bercée par l'exténuement.

22 mars 2007

Delhi et départ pour les montagnes

Je quitte Varanasi par train de nuit. Le wagon semble dodeliner, comme les indiens le font de la tête pour dire oui. De temps à autre, j'aperçois des lueurs annonçant de la vie dans ce qui semblait pourtant être le néant. Noir, c'est vraiment noir au dehors. L'ambiance de la nuit, si particulière et que j'aime tant, sur la route. L'esprit n'est pas distrait par les 1001 surprises que réservent ce pays, attirant toujours le regard. Juste moi, mes rêveries et la musique. Cela fait du bien de temps en temps...Et là, passe un gamin en haillons, une balayette à la main. Il nettoie le sol. Maintenant, un vendeur de chai hurlant de la voix nasillarde qu'il semble falloir avoir pour faire ce métier : "chaigarrrrrrrrrram". Tout le monde dort pourtant. Il est 3 heures du matin...

J'atteins les alentours de Delhi en fin de matinée, le wagon est calme. La vieille femme en face de moi s'est allongée sur la banquette, recouverte d'une couverture qui cache son superbe sari kaki. Sa fille est cougnée contre la vitre, envoyant des sms ou semblant rêvasser. Un gars se tient debout près de moi, arrêté dans son élan, comme interpellé par ce que je fais, j'écris une lettre ou peut-être est-ce dû au fait que je le fasse de la main gauche, l'impure? Un autre voisin de compartiment est occupé à manger son plateau repas, commandé à un préposé, passé plus tôt, bloc-notes à la main. Il est donc maintenant occupé à manger et a arrêté de me prendre en photo avec son portable. Non pas que cela me dérange trop (vaut mieux pas ici!) mais c'est un peu lourd, à la longue et le manège aura duré une bonne demi heure. D'autres dorment encore, les chanceux.

En gare de Delhi, lorsque nous arrivons enfin, quelques heures de retard derrière nous, c'est le branle-bas de combat ça descend, ça monte, ça transporte un nombre considérable de sacs. Les porteurs, reconnaissables à leur chemise et bandeau rouges, arpentent le wagon à l'affût du client. Une foule en mouvement tente d'atteindre la sortie. Je ne vois que des têtes et des sacs posés sur elles. La passerelle, nous faisant quitter les quais, bouchonne. C'est un mélange d'ethnies, de styles, de castes, de populations. Un patchwork saisissant, comme si toutes les différentes parties de l'Inde étaient représentées là, sur ce bout de pont.

Je rejoins le calme bienfaiteur de l'appart des amis, qui m'accueillent, comme d'habitude avec grande générosité. J'organise mon imminent départ pour les montagnes de l'Himachal Pradesh (cf carte libellé du même nom). J'hésite brièvement entre 2 destinations et pense tout de même aller à Kirganga, au bout de la Parvati valley. Vue sur les montagnes, sources d'eau chaude dans un coin isolé, vie rustique et authentique : Ca devrait le faire.

Il s'agit donc de se munir de chaussettes, les miennes ayant depuis longtemps disparu, des pastilles pour la gorge, du fer pour reprendre des forces après ma prise d'antibiotiques, une couverture que je porterais comme châle, "à la mode d'ici" pour les soirées froides et enfin la réservation de mon ticket de bus pour me rendre dans la vallée de Kullu. Je courate donc en tous sens à Delhi et le jour de mon départ, me levant tard chez Lionel, je trouve encore le moyen d'aller me faire épiler. Me voici fin prête pour quitter le quartier de Paharganj (celui des touristes, bien situé en face de la gare principale). Sac sur le dos, jeans, baskets et toutes mes affaires chaudes packées, je joins un groupe de touristes, prêt à s'en aller prendre le bus. Il nous faudra 3 heures pour quitter la ville, après de nombreuses haltes.

C'est le grand luxe dans ce bus : Il y a des couchettes 2 places au-dessus des sièges. Il faut rallonger de 200 roupies pour y avoir droit. Le calcul est vite fait : entre la possibilité de :
  • ne pas dormir, être courbaturée, ne jamais trouver la bonne position

et

  • ne pas dormir

Je choisis cette dernière.


Je partage ma couche avec un autrichien qui a vécu 20 en Grèce et s'avérera être un peu... too much for me?! Il parle de cosmos, de connections, d'énergie, me vois comme une déesse musicale??!...
Oui... un de ceux-là.
Sur la couche d'à-côté, se trouvent 2 jeunes israéliens. Elle, vient de se tordre la cheville, plutôt embêtant, juste avant d'aller en montagne... Mais pas trop surprenant, étant donné les chaussures qu'elles porte : ces crocks, je crois que c'est le nom, que tous ses compatriotes mettent aussi. Sorte de gros sabots en plastique avec des trous ronds dessus. Elle voyage depuis un moment en Inde mais ne semble pas particulièrement apprécier les indiens. Il y en a plein des comme ça. Ils restent des mois, reviennent encore mais ne supportent pas les locaux?! Ca paraît absurde et pourtant... Pour en finir avec les voisins de couches, l'israélien, lui, vient de la rejoindre. Il a un sourire scotché, content d'être là et trouve absolument tout "Super". Il semble même halluciner lorsque je réclame son propre change au serveur, qui a visiblement occulté de ses priorités ce menu détail.

Je tente de m'endormir, casque sur les oreilles, musique à fond. Il y a Muse, Depeche Mode, Nine Inch Nails, les fidèles et Shankar, Erkan Ogur ou Dayna Kurtz. J'éprouve subitement l'envie d'écouter Célios, de Gotan Projekt que je regrette de ne pas avoir avec moi. Ca aurait bien été avec mes rêveries du moment. Le casque me permet accessoirement de couper la conversation avec mon voisin l'illuminé.

Longtemps après que le soleil se soit couché, nous quitons Delhi, l'immense. Je suis donc sur une couchette au 1er étage, à l'arrière du bus. La route n'est pas de tout repos. Il y a d'énormes trous qui me projettent en l'air. Difficile de s'endormir ainsi... Puis l'envie d'aller aux toilettes me prends et aucun arrêt en vue. Je vais vers le conducteur, accompagnée de l'israélienne à la cheville foulée. Je découvre le spectacle du trafic : Les lumières des phares, des freins arrières, celles des Ganesh, Shiva, Durga ou autres guirlandes illuminées, posés sur le tableau de bord. Ca zigzague, ça coupe la route, ça s'arrête subitement, ça tourne mais le clignotant reste sans vie, ça passe de droite à gauche, un piéton se jette maintenant sur la route... De la pure folie, c'est étourdissant. Je comprends mieux les soubresauts et autres coups de volants qui font balloter notre convoi, outre la route déjà bien défoncée... J'en viens à admirer le chauffeur qui parvient à faire son boulot dans ces conditions, bien qu'il n'ait pas du tout l'air stressé. C'est une des seules fois où j'ai eu peur sur la route en me reconnaissant inconsciente des réels dangers. Et enfin l'arrêt pipi tant attendu. Je détèste ce besoin lorsqu'il est si urgent, entêtant, aliènant qui peut m'étreindre et parfois durer des heures dans ces bus qui ne semblent jamais vouloir s'arrêter. Ces minutes de galères où tout est bon pour se divertir l'esprit, contracter sa vessie et oublier, juste oublier que là, il faudrait vraiment y aller. Pour ce faire, je chantonne, d'une voix crispée. Je croise les jambes bien serrées. J'avale ma salive. Je me force à observer le paysage, écouter attentivement un morceau de musique mais quoi que je fasse l'envie revient. Ce que je détèste le plus donc, c'est d'avoir l'esprit, le corps omnubilés par cette bête envie d'uriner et qui disparaît dès qu'enfin le bus s'arrête et me voit m'élancer, telle une poule sans tête, à la recherche d'un vague abri pour enfin lâcher la pression. Une attente éternelle alors qu'il n'aura fallu que quelques secondes pour se sentir infiniment mieux...

Les heures viennent à passer sans que je ne le remarque. Notre convoi gravit lentement les pentes, la route serpente, l'air est clair, le ciel noir. Je suis entre le sommeil, Sigur Rós et des bouts de route, d'obscurité qui défilent devant mes yeux. J'ai du dormir. Puis il fait jour et frais. On nous réveille pour une pause chai. Bien que fatiguée, ai-je seulement dormi?, je me chausse et en bois, du chai, shot d'énergie, souvent bienfaiteur. Les montagnes se dressent autour de moi. La fumée des chaumières et la rassurante odeur du feu parfument l'air. Les passants sont cachés sous leur couverture, attendant le départ du bus et sautillant sur leur jambes. Il fait froid, quelques vingtaine de degrés en moins qu'à Delhi. Les petits chapeaux, typiques de l'Himachal Pradesh couvrent les chefs. Les femmes portent un foulard noué sur la tête, ainsi que d'épaisses robes, un châle en laine enroulé autour de la taille. Certaines passent, penchées sous le poids des fâgots qu'elles portent sur le dos.

15 mars 2007

En route, finalement, pour Varanasi


Les ghats

Nous quittons donc Kolkata en compagnie de Nadja, fraîchement débarquée de Thaïlande. Chaleureuses retrouvailles!!! Trajet en train de nuit jusqu'à Varanasi, où je dors évidemment mal: Des gens descendant à une station au milieu de la nuit ont allumés la lumière du compartiment et se sont mis à parler, comme en plein jour. Mon sommeil, déjà tout relatif s'en est trouvé éprouvé. C'est ce qui m'a toujours frappé en Inde. Il y a peu de marques de respect comme nous les attendons chez nous, en revanche une tolérance à quasi toute épreuve. Il me semble que nous fonctionnons à l'envers. Respectueux la plupart du temps, nous manquons par contre cruellement de tolérance.
Mais revenons à notre trajet. Heureusement, dois-je dire, le train s'est immobilisé toute la matinée pour cause de panne. Le wagon cessant enfin de cahoter m'aura permis de dormir et récupérer ainsi vaguement de cette nuit. Nous resterons arrêtés au milieu de nulle part, en rase campagne et ce pendant des lustres. Nous arrivons à la ville sainte avec 6 heures de retard. Nous trouvons facilement une guest house, chez une famille, ce que je préfère. Ballades en barque sur le Gange sacré, avec de sublimes vues sur les anciens palais qui bordent les ghats. Ceux-ci sont parcourus de scènes incessantes de vie, de mort, de prières. J'ai souvent l'impression que l'Inde se révèle à moi lorsque je suis à Varanasi.
Ballade en barque au lever du soleil

Comment ne pas aimer malgré la saleté, la merde, le chaos général qui traînent partout? Les marchés sont animés. Les fruits et légumes se vendent à même le sol, posés sur de vagues bâches. Les saddhus aux looks incroyables se mêlent à la foule.


Babaji

Les mendiants et autres estropiés, souvent les mêmes, poursuivent le passant pour un backchisch. Les enfants vendent des cartes postales, les touristes se balladent, photographient, s'émerveillent, prennent des cours de musique. Nous avons eu l'occasion de voir plusieurs concerts, de vraies calures à l'oeuvre, toujours impressionnant. Je retiens surtout le duo de sarod et sitar, accompagné de tablas. Vraie explosion de vie après une entrée en matière toute en douceur, comme d'habitude. Sublime, j'ai ressenti tant d'émotions. Le plus chouette est de voir les musiciens s'éclater, partager, sourire des prouesses de l'autre. Ils vivent la musique.
Il y a quelque chose de magique, d'unique à Varanasi. Une intensité rare. Les hindous viennent ici pour mourir. L'idéal, le passe-droit afin de cesser le cercle infernal des réincarnations, en voyant ses cendres dispersées dans le Gange sacré. Nombreuses sont les cérémonies de crémation. Les flammes n'ont cessé de brûler ici depuis 2000 ans, dit-on...
Il est temps d'allumer des lueurs qui flotteront sur le fleuve, portées par mes prières.


Puja

A Varanasi, nous nous disons au revoir avec Alex. Il rejoint sa soeur et des amies, venues le visiter pour la fin de son voyage. Je reprends donc la route en solo. Etrange les premiers instants, après ces 2 mois passés accompagnée, je suis toutefois contente de me voir seule pour le dernier mois de voyage. Toujours particulier... Une sorte de revisualisation du périple, des réfléxions qu'il aura engendrées. Un retour sur soi avant le débarquement au bercail, autre réalité.

03 mars 2007

Kolkata

Arrivée à Kolkata un jour après Holy, fête hallucinante où tout le monde se jette de la poudre de couleur dessus (souvent rouge ou violette). Nous voyons les restes sur des cheveux multicolores, vaches teintées ou encore trottoirs aux airs psychédéliques. Etonnant et quelque peu décalé après ce mois sur les îles.
Nous rejoignons Sudder street, le quartier où résident les touristes. Bon nombre d'entre eux sont des bénévoles travaillant dans les diverses ONG locales, la plus connue étant celle de Mère Teresa. Je reconnais certains mendiants de l'année passée dont Gopal qui masse toujours les pieds en marmonnant des prières ou cette femme dont le buste a été ébouillanté.
Je prends quartier au même chai shop, évidemment. Cela devient vite le QG. Il fait bon s'y poser à toute heure du jour pour grignoter quelque chose, boire un inexorable chai ou simplement observer l'incessant manège de la rue.




Raffi, Alex et moi au QG


Kolkata étant l'un des 2 ports principaux de débarcation des Andamans, nous retrouvons ici bon nombre de personnes rencontrées sur place. Cela rend le séjour agréable. Nous partons en visite du côté de l'Howgly river, prenons pour ce faire le bac et profitons de la belle journée pour visiter le marché aux fleurs.








La vie à Kolkata se résumera rapidement au repos et à la récupération. En effet, alors que mes plaies aux jambes continuent leur infection, je m'en prends à un bouton facial, qui me sera fatal... Je me réveille au milieu de la 2ème nuit, avec une plaie sur la tronche. Mes ganglions sont enflés et j'ai de la fièvre. Chouette.
Je vais voir un médecin le lendemain. Un bureau, un gars qui brasse des papiers, une étagère derrière lui, pleine de médicaments. Une porte qui s'ouvre et le médecin me reçoit. Il a écouté, ne m'a pas touchée (auscultée) mais a regardé les plaies. Il semblerait que j'aie une infection de la peau à staphylocoques. Soit... Me voilà sous une ribambelle de médics, dont des antibiotiques et je repars, comme je suis venue. Ceci pour la modique somme de 100 roupies (3.-)

Nous étions sensés quitter Kolkata le lendemain de notre arrivée et avons changé nos tickets (1h00 d'attente) afin de profiter un peu plus de la ville. Kolkata, malgré sa taille et les inconvénients inhérents, se trouve être un endroit fort intéressant, où il est agréable de traîner. Nous partirons donc 2 jours plus tard. Comme souvent lorsque je réserve à l'avance, mes plans tombent à l'eau. Il se passe toujours quelques chose, un aléa qui me vois changer de date, de destination. de décision.

Le jour donc où nous nous apprêtons à quitter la cité, Alex s'en va réserver des billets d'avion pour la suite de son voyage. Il est 17h15, nous prévoyons de quitter le quartier pour la gare autour des 18h45. Je n'ai pas pensé à lui préciser que la manoeuvre risque de lui prendre trop de temps. Habituellement, une matinée entière est dédiée à ce genre de "Mission".
Alors que j'attends Alex sur le trottoir, nos sacs descendus, prête à partir, il arrive en retard, sans ticket n'y même un numéro de référence. Il doit retourner à l'agence afin de récupérer ses billets dans 1/2 heure.
C'est à ce moment-là, je ne sais pas pourquoi exactement : Je sais que ça ne le fera pas. Nous ne serons jamais à la gare pour le départ du train, compte tenu de l'heure de pointe et du fait, que rien ne nous assure que dans 1/2 heure, les tickets seront là. Alex reste confiant, force m'est de constater qu'il ne sait pas...
Ce laps de temps passé, Alex revient de l'agence en courant, je suis toujours sur le trottoir, me faisant déjà à l'idée de ne pas partir ce soir et cela n'est pas pour me gêner, je me sens encore un peu faible, en effet.
Le plan maintenant est d'être amenés par le gars de l'agence jusqu'à la gare. Il nous faudra encore au passage récupérer les tickets d'avion qui ne sont, évidemment, pas arrivés entre temps.
Maintenant, c'est sûr, je n'y crois plus. Nous louperons le train.
Là, je dis franchement que nous devrions renoncer et faire les choses au calme. La perspective de courir à travers l'immense gare de Howrah, sac sur le dos, encore à moitié affaiblie par mon infection, après un train qui sera probablement déjà loin, ne me réjouis guère.
Nous pouvons toujours repousser, encore une fois nos tickets, attendre par exemple l'arrivée de Nadja, notre copine de Neil island et partir ensemble jusqu'à Varanasi. Nous sommes mercredi, elle arrive dimanche, pourquoi nous presser...

C'est ce que nous finirons par faire, reprenant notre chambre et habitudes au chai shop dès notre retour downtown...

28 février 2007

Havelock

Nous voilà donc débarquant sur l'île de Havelock, la plus connue de la région et au tourisme florissant, évidemment. Nous en avons tellement entendu parler qu'aucune attente précise ne nous motive. Nous atterissons sur la plage n°7, (nommée par numéro car les noms seraient trop compliqués à retenir) la plus réputée et effectivement... elle est belle... Une sorte de piscine turquoise. La surface est plate, contrastant fort avec les marées successives qui rythmaient Lalaji beach.







Nous dormons sous tente sur des matelas. Quel luxe de commander un chai, arrivant dans les 2 minutes, à tout instant, sans devoir mettre en marche un interminable processus. Choisir ce que l'on veut à manger, sans devoir tenir compte de rythmes communs. Céder à la tentation et acquérir un pot de Nutella qui aggrémentera idéalement les fins de soirée et les pancakes!
Après Long island, Havelock me semble être le paradis!

Les soirées se passent dans l'un des restos-bouibs qui longent la route menant à la plage. Ils se ressemblent tous et proposent la même chose à manger. Puis, l'assemblée, quelques hippies rescapés et autres touristes musicos, entonne des chants que même les vieux locaux joignent en tapant la cadence. Une ambiance bonne enfant où il fait bon être.

Visite d'autres plages comme Elefanta, aux superbes fonds sous-marins, coraux vivants et aux couleurs variées. Les poissons sont nombreux, virevoltant au gré du courant. Après-midis de farniente sur la belle plage n°5.







La campagne est belle, vallonnée, à la végétation luxuriante. De nombreux martins-pêcheurs bleus traînent le long de la route. Ainsi que ces noix de coco, mises à sécher.





Le séjour sur les îles touche à sa fin et la perspective de rejoindre une mégapole, Kolkata paraît excitante (retour à real India) d'un côté et loufoque d'un autre : Quitter ce havre de paix pour se rejeter dans les klaxons, la pollution et l'agitation en tout genre paraît incongru... Un retour à la civilisation et au net, après une absence d'un mois qui m'aura valu de belles remises en question. L'envie de reprendre sérieusement la route se fait certaine. En attendant, dernière vue sur les Andamans, pour ce voyage-ci.



23 février 2007

Long Island

Notre petit groupe se composant de 7 personnes quitte donc Neil le jour de la St-Valentin. Embarcation sur un bateau qui ralie différentes îles avant d'atteindre notre but. La traversée est belle, je vois plusieurs serpents de mer onduler jusqu'à la surface de l'eau, pour replonger de suite dans les profondeurs. Dans la bonne humeur, nous débarquons sur les rives de Long island.
Nous prévoyons de rester 10 jours. Il s'agit donc de faire les achats pour le ravitaillement car là où nous allons, il n'y aura pas de magasins, rien. Nous nous pressons à travers les quelques échoppes du village qui pourvoyeront à nos besoins (élémentaires, il faut le dire...).

Etant donné l'heure déjà avancée en cette fin d'après-midi, nous jugeons plus sage de rester aux alentours du village pour cette nuit. Il semblerait, en effet, qu'une marche de 2 heures au moins nous attende avant de rejoindre la plage de notre futur lieu de vie. C'est décidé, ce soir, nous camperons à 2kms de là, le long de la côte. Les indiens nous regardent passer, amusés de voir ce groupe de blancs, au look parfois douteux, se mouvoir en masse, des sacs plein les bras. Nous atteignons une jolie plage qui nous offre le spectacle d'un superbe coucher de soleil.

Jetée à l'eau salvatrice.




Nous étalons nos affaires, sortons les sacs de couchage et autres hamacs, cherchons du bois, bref, nous préparons cette 1ère soirée "à la belle étoile".

Je me souviens de cette scène, Alex et moi regardant cet épais et noir nuage au large, pensant que si nous avions été en Suisse, il ne manquerait pas "nous tomber dessus". Ricanant à cette idée qui semble bien loin de nous, il était alors difficile d'imaginer qu'une dramatique et efficace pluie allait s'abattre sur nous quelques minutes plus tard. Aucun arbre ou quelque autre abri ne peut nous protéger. La pluie est trop drue. En un rien de temps, toutes nos affaires, bêtement sorties trop tôt, s'en voient trempées. Cela semble surnaturel, spécialement à cette saison. Nous prenons notre mal en patience, que faire d'autre, et commençons à avoir sérieusement froid. Je fais également face à un autre démon intérieur: ma phobie des serpents, qui, comme tout le monde le sait, sortent par temps de pluie. Nous nous trouvons sur une plage, certes, mais néanmoins bordée d'une jungle dense, imposante, sûrement pleine de ces rampantes bêtes... Il n'en sera rien, heureusement, rien. Une fois que la pluie cesse, nous prenons le chemin du retour, affaires sous le bras et bravons la marée montante avant de rejoindre le village. Les indiens ne cachent plus leurs rires en nous voyant défiler en sens inverse, toutes nippes pendouillantes et dégoulinantes.



Retour au village, trempés!


Heureusement, une échoppe cuisine encore et nous voilà tous assis, en rang d'oignons, avalant goulûment un thali. Cela fait à peine 3 heures que nous sommes arrivés et déjà la liste des aventures est longue!

Nous trouverons refuge pour la nuit sous le préau d'un chaishop, son propriétaire nous laissant place sur le bitume. Ce sera drôle à voir: 11 voyageurs (nous avons été rejoints par 4 autres touristes débarqués aujourd'hui qui se trouvaient dans la même situation que nous), tous alignés comme des sardines, couchant dans nos sacs à moitié secs... Une vague partie de poker s'organise, puis chacun s'installe dans la nuit alors que les sons arabisants d'une flûte de bambou nous berce. Un brin de douceur, ma fois, bienvenu après cette rude entrée en matière.

Le réveil sera dur, comme la nuit, comme le sol: Le magasin d'à-côté ouvre ses portes à 4h30 du matin (!?), en faisant sonner une musique forte et saturée. J'ai essayé de faire abstraction en tentant de me rendormir. L'exercice s'est avéré nul.

Et la journée est loin d'être terminée...

Je ne trouve plus mon haut de costume de bain. J'ai dû le perdre dans le noir hier, alors qu'il fallait ranger en toute hâte. Voilà qui est bien embêtant. Je n'en ai point d'autre et me promener sans en porter un n'est pas la meilleure des choses à faire en Inde. Le port du bikini est déjà en soi, mal vu, alors les seins nus... Me voilà rebroussant chemin, à la recherche de ce petit bout de tissu et imaginant quelque subterfuge adopter en cas de perte définitive (on m'a conseillé les noix de coco, des feuiles de palmiers tressées et enfin les seins nus, pour ce que j'ai à cacher... Pourvu que je retrouve ce damné haut!). J'imagine le pire, la marée emportant au loin ce petit rien qui fait toute la différence. Puis, heureusement, je parviens à remettre la main dessus, à l'endroit même où mon sac gisait.

Il est 7h30 du matin lorsque nous prenons le chemin de Lalaji beach, la plage qui accueillera notre campement. Chargés commes des mules, la face chiffonnée et le corps courbaturé après cette nuit mouvementée, nous partons d'un bon pas en direction de ce qui me semblait être le nord. De bonne humeur et ravis de vivre une nouvelle aventure, nous voici traversant les derniers champs avant de nous enfoncer dans la jungle.



Très vite le groupe se démantèle, chacun allant à son rythme. Je me retrouve en compagnie de Jez, l'un des 2 anglais (heureusement que l'on s'avèrera être à 2 d'ailleurs!). L'itinéraire que l'on nous a donné était pourtant simple: "Tout droit, puis à gauche en arrivant à la mer".

Une fois dans la forêt, une multitude de chemins la traversent et s'offrent à nous. Aucun ne semble aller droit devant. C'est loin de ce que j'avais d'abordimaginé : une sorte de sentier, clair et net, comme les nôtres dans les forêts. Non, ici, plus nous avançons, plus nous doutons. Déboussolés et n'ayant absolument aucune idée de la bonne direction à suivre, nous devinons la route et nous fions à notre instinct. Ceci, chargés de sacs contenant les provisions pour ces 10 prochains jours, ainsi que le minimum matériel vital mais néanmoins utile comme le hamac et le sac de couchage. Mouillés, ils pèsent encore plus lourds. J'ai laissé derrière moi la moustiquaire.
Cette marche est intense, il fait chaud, on ne sait pas où l'on va et encore moins où sont les autres. Quelque peu flippant, certes, mais quelle autre option que de continuer.



Il est 9h.

Je suis trempée de sueur au point que j'en essorerai mon t-shirt à l'arrivée.

Il aura ensuite une odeur que je ne me suis jamais sentie...

En marchant, nous retrouvons 3 autres comparses au milieu de la jungle. Il nous faudra encore une bonne heure avant d'atteindre enfin la plage. Lalaji.

Heureusement, elle est BEA beaaaaaaaaaaaaautiful!!!

Bordée de grands arbres, où s'emmêlent lianes et branches.




Nous trouvons un endroit pour camper. Il y a déjà un abri pour le feu, il nous faut juste déblayer le sol des feuilles mortes, afin de voir où nous posons les pieds. Chacun implante son hamac, son espace. Les autres du groupes finissent par arriver quelques 2h plus tard... Un peu furax, il est vrai...
La journée passe vite, en s'attelant à chercher du bois pour le feu et remplissant des bouteilles d'eau claire au puits (enfin claire... il nous a semblé voir un bébé crocodile mort, flotter à la surface, un jour... Et on se félicite d'avoir des Micropur avec soi! (Merci grande!)
Souper convivial, au feu de bois avec un poisson pêché du jour (le seul où on en aura). Les portions sont néanmoins minuscules et chacun se regarde, anxieux, l'oeil avide, se demandant s'il en sera tous les jours ainsi... De fait, j'aurais perdu quelques kgs sur cette plage...

L'ambiance est au beau fixe. Ca rigole, parle, fait du chai, jusqu'à ce que le ciel se transforme en énorme saut d'eau se déversant sur nos têtes. En quelques minutes, tout, absolument tout est mouillé : les hamacs, sacs-à-dos et de couchages, nous. Le feu est sauvé, protégé par des casseroles, et nous au-dessus, ce qui permettra de vaguement sécher le minimum nécessaire, une fois l'accalmie arrivée. Il nous faudra attendre une bonne heure pour cela. Dur pour le moral après la nuit précédente qui a déjà pas mal atteint le capital fatigue. Je ressens un doute, est-ce qu'il va en être ainsi tous les jours? Ca ne sera pas supportable longtemps, c'est sûr. On était pas si mal à Neil island. Bref, des pensées entamant quelque peu mon enthousiasme passent par mon esprit (et je ne dois pas être la seule, au vu de certains regards échangés. Chacun est nénamoins dans sa bulle, supportant, subissant cette pluie qui nous refroidit).

Elle cesse enfin, nous laissant morts d'épuisement. L'on prend sur soi, tout le monde se tait et s'apprête pour la nuit. Je m'endors de suite, à même le sol, à côté du feu, sans même une seule pensée pour les éventuels cobras hyper vénimeux qui pourraient rôder dans les parages. Je suis bien trop fatiguée pour cela...

Le lendemain, TOUT va beaucoup mieux, il fait grand soleil comme si la nuit passée n'avait été qu'un cauchemar. Nous construisons néanmoins un abri de fortune pour parer à une potentielle autre pluie (qui, bien entendu, n'arrivera pas). Couper des troncs, des branches, y tailler les épines, ajuster la longueur, coincer le tout entre 2 arbres, traîner sur des mètres, de longues et lourdes branches de cocotiers, qui constitueront la protection (partielle, certes) contre l'eau. Chacun y va de son idée et nous y passerons toute la journée.


Elaboration de l'abri - Lalaji

Une certaine routine s'installe ensuite : il faut chercher du bois, faire le feu, cuisiner, puis faire la vaisselle dans l'eau de mer, vie précaire mais que j'apprécie. Après 5 jours, je décide de prendre une douche. Je me rends donc au puits d'eau claire, qui permet le camping sauvage à cet endroit. Il s'agit de faire preuve d'agilité. En commençant par tirer l'eau à l'aide du saut, remplir la bassine prévue à cet effet et me doucher (en costume de bain, il y a tout de même quelques indiens qui se trouvent par là) et entourée de mon loongi. Il faut être motivée... Je suis perchée sur une pierre plate, utilisée pour que l'on s'y tienne donc, lors de la douche ou pour y frotter sa lessive. Je quitte le puits, entouré d'un champ de cocotiers, en me veillant car les noix tombent régulièrement et autant dire qu'elles pourraient tuer. De plus en plus, notre expérience ressemble à Ko Lanta. Il ne manque plus que la partie où chacun jette la pierre à celui, il y en a toujours un, qui ne fout rien.

Le campement :




La nuit, le ciel est sublime. Il n'y a (bien entendu) pas d'électricité, nous pouvons alors voir des étoiles scintiller par milliers. La voie lactée pointille de sa traînée cotonneuse l'étendue noire. C'est de toute beauté. Sur le hamac, j'isole mon dos avec des couches de loongis car le vent souffle et me refroidit. Puis, au cours des heures, la marée monte jusque sous ma couche. C'est bruyant mais je ne finis par ne plus l'entendre.

Les réveils sont auroraux, la lumière faisant son apparition dès 5 heures du matin. C'est le moment que les vaches, traînant sur la plage, préfèrent, pour tenter de voler à manger. Elles se sont successivement attaquées à un livre, un sac-à-dos (rongés) et carrément toutes les provisions de nos voisins. Un matin, alors que j'étais la seule éveillée, je vois le troupeau, motivé, se diriger vers le campement des voisins, suisses-allemands, brièvement rencontrés sur Neil island (débrouillards comme pas 2 : ont carrément construits un vaisselier et un abat-jour (!!!) pour illuminer toutes les mains des joueurs de poker (oui, les soirées ont repris ici aussi!). En voulant chasser les ruminants donc, j'ai shooté dans un petit tronc poussant sur le chemin, blessant ainsi violemment mon orteil. Je fais une petite parenthèse sur l'état de mes jambes car les conséquences s'en feront sentir pour quelques semaines encore... De plus, il y a sur la plage des petites bêtes appelées sandflies. Minuscules mouches, quasi invisibles à l'oeil inattentif, qui piquent et donnent ensuite furieusement envie de se gratter. Ce qu'il ne faut évidemment pas faire au risque de se voir parer d'une belle infection... Plusieurs d'entre nous seront touchés (les plaies peinant en effet à cicatriser avec les pieds constamment dans le sable, l'eau salée et, disons-le, souffrant d'un manque d'hygiène régulier...). Un des tchèque, nous l'apprendrons plus tard, s'est retrouvé avec des pieds énormes, ressemblant étrangement à ceux d'un élephant, à force d'avoir trop gratté ses plaies...

Nous quittons l'île et nos compagnons, par petits groupes. La cohabitation aura été sympathique et supportable pour ce temps donné. J'ai surtout béni cette compagnie les 1ers soirs, les plus rudes, ceux de pluies. Je nous aurais bien vus, avec l'Alex qui, disons-le, n'est pas non plus un pro du camping, seuls, sous la pluie ardente, dans le noir, aux portes de la jungle, ruminant sur notre sort, si cela se trouve affamés car incapables de faire un feu (pénible quand cela prend 1/2 heure), paranoïant sur toutes les bestioles potentiellement dangereuses que cette forêt doit forcément abriter, recroquevillés sur nous-mêmes, à la recherche d'un brin de chaleur, préférant pour un temps la solitude et le mutisme avant de finalement se hurler dessus, accusant l'autre de tous les maux, comme des frangins le feraient...

Non, c'est bien qu'on ait été accompagnés pour ces épreuves, je ne suis pas sûre, sans cela, que nos nerfs auraient passés la nuit...
Et donc, chacun reprend son chemin. Jez reste au campement jusqu'au prochain bateau, dans quelques jours. Les suédoises et les tchèques s'en retournent à Port Blair alors que le reste d'entre nous allons sur Havelock, la dernière île des Andamans que je visiterais, ce coup-ci...

12 février 2007

Neil Island

Réveil au petit matin pour rejoindre l'aéroport. Alex est un peu grinche, comme souvent quand il n'a pas encore mangé. Etant donné que c'est son seul défaut en tant que compagnon de voyage, je ne vais pas le blâmer.
Comme dans tous les aéroports, l'attente se fait longue, le moindre chai, au goût insipide, est à un prix exhorbitant et chacun tente de tromper son ennui à sa manière. Puis enfin l'envol pour ces îles dont nous avons tant parlé!

Nous arrivons à Port Blair en début de matinée, sans avoir vraiment réflechi à la suite des opérations. Nous tentons de prendre une chambre mais bon nombre de guest houses sont pleines. Nous allons donc à l'internet, profitant d'une dernière connection avant un long moment, un mois pour être précise, les îles que nous allons visiter n'étant de loin pas toutes équipées. Finalement, nous décidons de partir à la jetée afin de nous rendre directement sur une île où il fera bon se reposer.

Là, nous apprenons que tous les bateaux pour Havelock, la 1ère et plus connue des îles, sont complets jusqu'à demain matin, ceci après une queue interminable. Ne sachant que faire, nous parlementons entre nous et hésitons. C'est alors que je reconnais Johav, un israélien déjà rencontré brièvement au fin fond de la Sangla valley puis à Pushkar. Il me parle de Neil, moins fréquentée (par ses compatriotes notamment) que Havelock et fort sympathique île, semblerait-il. Soit. Etant donné le coin perdu où je l'ai rencontré, je pense que nous pouvons lui faire confiance et achetons un ticket de bateau pour Neil. Départ demain matin. Nous avons bien essayé de nous incruster sur le navire partant à 14H mais personne n'a voulu de notre backchisch pour nous autoriser à monter. Le bateau était loin d'être plein pourtant...

Nous retournons donc sur nos pas, trouvons une guest house non loin du port et parcourons le marché animé de Port Blair. Vague tentative afin d'aller visiter le musée de la prison, qui finit par échouer pour causes de fatigue et feignardise, principalement... Le lendemain matin, nous arpentons une fois de plus la jetée mais cette fois-ci avec un ticket à la main, prêts à embarquer. Jolie ballade sur les flots avant d'atteindre les rives turquoises, translucides et parsemées d'une ribambelle de petit poissons du joli petit port de Neil.





Eeeeeeeeeeeeeeh oui, je sais... La nature fait bien les choses parfois... Nous sommes donc au mois de février. Certes, l'hiver n'aura pas été trop rude en Suisse cette année... Mais enfin tout de même... On se sent mieux lorsque les pieds foulent du sable fin comme de la poudre, blanc, presque trop étincelant et longent une eau à la marée contrastante, aux bleux clairs sublimes. Les arbres sont immenses ici, les troncs sont gris argentés, leur feuillage abondant, abritant des oiseaux aux beaux plumages. Nous suivons un rabatteur pour rejoindre la Tango guest house, toujours recommandée par Johav et qui s'avèrera être The Place to Be sur l'île. Nous y ferons de très chouettes rencontres de voyage. Nous avons une mini-hutte pour chambre. Elle est faite de feuilles de bananiers tressées. La porte se trouve être une simple bâche de plastique à en-(ou dé-)rouler. Outre les huttes du même genre, il y a aussi quelques chambres en dur et des hamacs disséminés dans le jardin, sous les arbres, ombrant de manière salvatrice les campeurs.





La vie se fait douce ici et rapidement, chacun prend ses habitudes. Je pars au village à mon réveil, pour y déjeuner des idlis, ces délicieux "moelleux" salés, servis avec du chutney, une sauce faite de noix de coco. Je vais dans un petit bouib sur la place du village pour les déguster. J'y prends mes habitudes... Le gars qui les vend finit fatalement par me demander si je veux un chai et hurle la commande à l'autre bout de la rue. Je rejoins ensuite le dit-chaishop, où j'en sirote encore quelques uns, alors que je regarde la vie se dérouler.





Les journées sont faites de ballades à vélo à la découverte de l'ìle et ses plages. La routine ici se compose essentiellement de beachtennis, bronzettes et trempettes dans ces eaux sublimes.





Nous faisons au sein de la guest house, de belles rencontres avec Yvi et Nadja, notamment, deux soeurs suisses-allemandes, parties sur la route pour une durée indéterminée. Nos nombreuses discussions vont alimenter des pensées qui ne demandent qu'à se réveiller. Reprendre la route sans date de retour, par exemple. La graine a été plantée dans mon esprit et ne cessera de grandir dès lors. Nous rencontrons là aussi tout un groupe voyageant déjà ensemble, se composant de 2 anglais, 2 suédoises et 2 tchèques. Nous nous retrouverons ensemble à camper sauvagement à Long island, mais j'y reviendrais plus tard...

Pour l'heure, nous voici partis en expédition "Snorkelling", plongée avec masque et tuba. Les côtes défilent, la mer est houleuse et un israélien vomira par 7 fois avant de se jeter gaiment à l'eau. J'aurais eu l'occasion de voir passer au raz du sol et à toute allure, une tortue, bénéficiant d'un courant rapide. En tournant la tête, je vois un requin des récifs à pointes noires, s'éloigner d'un coup de queue. J'aperçois encore les traditionnels poissons corails que l'on trouve partout dans ces eaux. Les coraux à proprement parler sont passablement morts malheureusement. Les vives couleurs des poissons animent seules les fonds.



Clive and Jez

Our favourite londonian accent friends

Les soirées sur l'île sont trépidantes : Poker au programme. Il faut le dire, le risque en cas de perte est moins grand lorsque l'on joue des roupies... (100rs = 3.-). Je bluffe et m'en fous plein les poches le temps des premiers soirs. Cela me vaut une réputation qui me précèdera (incroyable!), les nouveaux arrivants sur l'île semblant tous connaître "lasuissessequijoueaupokeretplumetoutlemonde". Ce temps de gloire sera néanmoins bref, chacun s'améliorant au fil du temps, la concurrence deviendra rapidement rude.
Nous festoyons aussi à l'occasion des 20 ans d'une jeune suédoise. Pour ce faire, une sono a été louée au village et des guirlandes mises dans les arbres. Il faut le dire, ce sera pour certains une belle beuverie et pour d'autres, le moment de danser toute la nuit (avant de finir à la table, car qui est gambleur, le reste...)









Puis le jour pointera son nez et ce sera l'occasion de regarder apparaître le soleil, l'oeil un peu rougi et la bouche pâteuse. Le spectacle restera nénamoins superbe. Je finirais par m'endormir sur la plage et me réveiller à 9h, sous une chaleur déjà torride, rude après cette longue nuit... Chacun récupérera à son rythme et pour sûr, la demoiselle se rappelera de ses 20 ans!!!








Nous passons quelques 2 semaines sur cette île, habitée en grand nombre par nos amis les bernard-l'hermite, qui arpentent les plages.





Puis nous organisons notre départ pour Long Island, dont Nadja et Yvi nous ont tant parlé. Ce sera l'étape Robinson Crusoé de ce voyage puisque nous y ferons du camping sauvage. Il s'agit de faire le plein de piles pour les hauts-parleurs de voyage, acquérir un nouveau jeu de cartes et se munir de hamacs qui seront notre couche pour les 10 prochains jours.

28 janvier 2007

Pondicherry et Auroville

Escapade par Pondi, cette ancienne enclave française, qui a toujours ses écriteaux de rues transcris dans notre langue (et en tamil, bien sûr). Il y a, implantées dans la vieille ville, de superbes maisons au style colonial revisité. De gros bouguainvillers aux roses et oranges flamboyants longent les façades. La promenade du bord de mer est délicieuse en fin de journée avec cette brise incessante, venue du grand large.



Nous allons retrouver Dano, l'ami yogi, qui séjourne à Auroville, cette étrange cité, créée en 1968 par "La Mère", soeur spirituelle de Sri Aurobindo, visionnaire du début du siècle passé. Auroville donc, se veut être un lieu qui n'appartient à personne, interdisant toute religion mais où chacun y résidant, s'engage à devenir meilleur. L'argent n'est pas sensé être un problème mais le reste, comme partout ailleurs.
Cette communauté se veut en constante évolution dans divers domaines et apporte peut-être un plus, ou du moins, tente un essai différent de mode de vie.

Il m'a néanmoins semblé que les humains et leurs préoccupations restent partout pareils et même avec les meilleures volontés qui soient, ne semblent pas être si différents à Auroville.
Enfin, il faut leur laisser les meilleures tartelettes au chocolat (suisse, s'il vous plaît) et les croissants pur beurre que je me suis envoyés!!!

Nous avons loué une vespa pour nous y rendre et cela a été l'occasion de bonnes rigolades. C'est un peu comme être dans un jeu vidéo, où plusieurs obstacles, pour ne pas dire dangers, nous viennent contre. Les motos, voitures, rickshaws, camions et bus composant les principaux acteurs de la route ne cessent de se dépasser, faire irruption sur la chaussée, freiner brusquement pour tourner, sans, bien évidemment avertir du mouvement. Bref, une ballade qui m'a fait me demander si je ne fais pas, parfois, preuve d'inconscience lors de mes voyages... En même temps, il faut bien le dire, cela fait partie des meilleurs moments!

Nous ne restons que quelques jours dans les environs, puis rejoignons Chennai en fin de journée et peinons, étrangement, à trouver de quoi loger près de l'aéroport. Nous finissons dans un hôtel, un peu plus loin sur la route pour une courte nuit. L'avion pour les Andamans part tôt demain matin...

26 janvier 2007

Tirupati






Nous avons donc quitté Hampi, le coeur gros, en nous dirigeant vers Tirupati, un autre lieu saint. J'ai, à tout hasard, vérifié notre heure d'arrivée alors que le train roulait (convoi attrapé de justesse, en courant à travers rails, sacs sur le dos, pour s'engouffrer avant l'imminent départ). Alors que nous nous apprêtions à passer la nuit dans le wagon, je découvre que nous atteindrons notre but à 2h du matin... Il s'agit donc de rester éveillé puisque la nuit sera courte.


Arrivés à destination, nous cèderons à la tentation, en nous offrant un taxi, plutôt que le bus, au départ incertain. Il y a une faune qui erre entre la gare et le guichet des tickets de bus. Nous négocions le prix du taxi, roulons dans un lieu où le traffic ne semble jamais s'arrêter et visitons plusieurs chambres avant de jeter notre dévolu sur l'une d'entre elles. Elle est charmante, à l'arrière du batiment, donc loin de la route et de son agitation. Alors que nous nous reposons enfin, voilà qu'un loooooooooong sifflement se fait entendre. Il nous laisse cois, jusqu'à ce que nous réalisons que la chambre donne bien à l'arrière, mais sur 6 voies de chemin de fer!!!

Et c'est là que j'ai pris conscience de la longueur des sifflements de locomotives, annonçant les départs et arrivées des nombreux trains, déversant leurs lots quotidiens de pélerins.




Là, ils viennent offrir leur chevelure aux Dieux. Cela donne une énorme salle aux sols mouillés, avec des gens faisant la queue pour se faire raser la tête. Les femmes et les enfants sont d'un côté et les hommes de l' autre.
Puis, il y a les coiffeurs qui travaillent, assis par terre, leur outil à la main. Ils s'activent en gestes précis, traçant des lignes faisant apparaître le crâne brun, lissé, rasé. Les cheveux tombent, par longues masses chez les femmes, qu'il est déjà si rare de voir aux cheveux courts... Certains enfants pleurent, d'autres restent stoïques.
C'est étonnant tous ces tondus à la ronde, cela n'arrive pas souvent d'en voir autant!
Le site est énorme et reçoit les jours de festival, plus de visiteurs que la Mecque, le Vatican et Jérusalem réunis...



23 janvier 2007

La douceur de Hampi

Nous quittons Mumbai le soir et prenons un train de nuit pour Hubli, dans l'état du Karnataka. La nuit est mouvementée, comme souvent dans les trains et nous arrivons en gare avec de petits yeux, groggys, chiffonés, comme nous. Une correspondance pour Hospet, à 4 kms de Hampi suit dans l'heure, c'est plutôt chanceux.


Nous voyagerons en classe générale, autrement dit, les bancs en bois. Il n'y a plus de place et parvenons à trouver un espace au-dessus des banquettes, sur les portes-bagages. Nous nous asseyons, cougnés comme des sardines, certes, mais le trajet se fait néanmoins dans la bonne humeur. Il faut simplement faire preuve d'une certaine agilité pour se frayer passage afin d'aller au WC par exemple ou fumer une cigarette à la porte, toujours ouverte. Il fait chaud et bon se poser sur les marches, en regardant le paysage défiler. La campagne est verte, en longues étendues. Il y a de nombreux oiseaux qui virevoltent. C'est calme et beau.

Puis, enfin nous parvenons à Hospet. Un rickshaw nous mènera jusqu'au village saint de Hampi.

Sur la route, les enfant sourient, nous crient des "Namaste" à tue-tête, débordant de spontanéité. Ils courent encore le long de notre rickshaw. Puis ils laissent place aux autres acteurs de la route, ici, les zébus qui tirent des charrettes. Ils sont hauts sur pattes, avec des belles et longues cornes, parfois peintes ou arborant des grelots.

Nous arrivons enfin dans le village et traversons le bazar avec vue impressionnante sur le Virupaksha temple.







Hampi bazar


Là, nous traversons la rivière et allons directement chez une famille, recommandée par une amie. De suite, nous nous sentons bien ici. Le cadre environnant après le trajet, qui aura tout de même duré quelques 21 heures, est séduisant. Il y a une petite terrasse, où il fait bon se prélasser les chaudes après-midi, alors qu'une légère brise souffle.
La vue donne sur les rizières qui sont superbes au coucher du soleil, alors que la lumière devient comme magique, ourlant de doré tous les contours.


La campagne est jallonée de collines aux "constructions" de pierres rondes, amoncellées, étonnantes.


Les temples de Hampi réservent aussi des surprises. Il y a là un éléphant, par exemple qui, lorsqu'on lui donne 2 roupies, fait une puja (prière) en bénissant le donneur avec sa trompe. Je n'ai évidemment pas manqué de me faire protéger par la bête (Ganesh n'est pas loin...)




Nous avons gravit les 500 marches qui mènent à l'Hanuman temple (Dieu Singe), avec un saddhu qui vit là, fumant de gros shiloms à longueur de journée. L'escalier pour y parvenir est escarpé. Les singes se balladent dans les arbres aux alentours. Ils sautent de branches en branches, se posent pour manger un fruit glâné au passage ou encore se cherchent les poux. Ils ne sont absolument pas gênés par les aller-et-venues des pélerins et autres amateurs de points de vue. Car celui qui est offert depuis le temple est tout simplement splendide. Les cocotiers se dessinent en mini feux d'artifices, les rizières se voient parées de reflets aux tons changeants et enfin les rochers encadrent le tout comme dans un rêve.




Hanuman temple
हनुमान तेम्प्ले

La vie se fait douce. On parcourt les environs à vélo, puis les chemins du village, profitant de vues suprenantes sur ces rochers.




Enfin, j'achète ici mon 1er sari, sublime en soie fine, vert émeraude, avec un tombé sur l'épaule en violet, parsemé de bordures dorées. Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller me pavaner (à quelle occasion le porterais-je sinon?!). J'avais le sentiment d'être une princesse, avec ces drapés qui ondulent si bien.
Tous les indiens m'ont regardée défiler, un grand sourire aux lèvres et en dodelinant de la tête, comme ils le font ici, si typiquement, me disant que je suis comme une femme indienne ainsi. Il faut dire que Ganga, la maman de la famille (22 ans), m'avait toute préparée : Bindi au front, tresse sur cheveux préalablement huilés et bien sûr l'enfilage du sari, que j'aurais bien été incapable de faire seule. Et voilà ce que cela donne...





J'ai fort sympathisé avec Ganga, mère des 2 garçonnets de la maisonnée. Ils ont le même âge que mes neveux et sont de vrais bouts de chous. Ils nout ont adoptés, venant jouer, dessiner ou se faire consoler à nos côtés. Nous sommes partis en expédition "à la ville" afin de faire des achats, dont le dit-sari. Il fallait nous voir, entassés dans la jeep-taxi, musique bolywoodienne entraînante émanant de la radio et le petit sur mes genoux. Moments magiques.

Nous avons quitté la maisonnée où l'on se sentait vraiment comme chez soi, avec un confort pourtant loin de rappeler la maison (d'une propreté néanmoins irréprochable). Et pourtant cet endroit, la rencontre avec cette famille resteront l'un des points forts de ce voyage. Le sens de l'hospitalité, le souci de bien faire et la générosité de ces gens en ont fait une vraie rencontre de voyage où les larmes se sont confondues aux au revoirs lorsqu'il fût temps de partir.


Leonidio, les monastères alentours puis le village de Kosmas et enfin Astros

  To go with the flow... Je tombe instantanément sous le charme de Leonidio , situé en Arcadie , alors que je longe le lit asséché de la riv...

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