14 janvier 2007

Mumbai et les retrouvailles

Mumbai

मुम्बई


Je remonte à Mumbai pour accueillir Alex, mon ami d'enfance, qui me rejoint pour deux mois. Il vient ici pour la 1ère fois et j'ai souci que tout se passe bien pour lui. J'espère aussi que je "supporterais" de ne plus voyager seule, libre à chaque instant. Alex m'ayant donné plus ou moins carte blanche pour notre itinéraire, je suis confiante et effectivement, tout se passera bien durant notre séjour commun.

Nous restons dans la mégapole, le temps d'une petite acclimatation. J'ai réservé une chambre loin d'être pourrie pour cette 1ère approche, histoire de ne pas l'effrayer. Non pas que je choisisse des lieux insalubres comme chambres mais force est de reconnaître qu'après tout ce temps passé en Asie, où la propreté n'est pas à chaque fois de mise, mon seuil de tolérance a augmenté. On s'habitue à tout et de fait, la saleté n'est plus si répugnante à force de la côtoyer...



Nous visitons la lavanderie de la ville, énorme espace où des milliers de vêtements sont nettoyés chaque jour. On peut se demander comment ils font pour ne pas perdre les choses...



La lavanderie de la ville



Nous errons dans différents marchés, au temple Mumba, déesse de la ville ou encore dans les trains urbains. Nous jouons au backgammon sur des terrasses, visitons la bibliothèque et les couloirs du prestigieux Taj Mahal hôtel. Non loin se trouve la Gateway of India, ouverte sur l'Océan.





Nous allons aussi à la mosquée Hadji Ali, située sur la mer, à quelques mètres du rivage. Un chemin long et tortueux y conduit. Le cortège de pélerins en perpétuel mouvement, arrivant ou partant, foule le sol. Une centaine de mendiants sont installés tout au long afin de collecter quelques piècettes auprès des nombreux pélerins. On y voit de tout : amputés, infirmes, malformés, vieillards aux râles de douleurs, lépreux, enfants maigrichons, etc.


Je visite l'espace réservé aux femmes car je n'ai pas pensé à prendre un foulard couvrant ma tête pour entrer dans le lieu de culte. J'observe l'insouciant spectacle de ce dimanche après-midi. Je vois les femmes, cheveux à l'air libre, profitant du soleil, jouant, s'occupant des enfants, dans une ambiance décontractée. Plusieurs d'entre elles m'abordent, me demandent d'où je viens. Elles semblent amusées de me voir là. Je me dis que j'ai de la chande d'être l'une d'elles pour les voir ainsi, s'épanouir, belles, loin du regard des hommes.




Enfin, nous réservons nos tickets de train pour rejoindre Hampi, notre prochaine étape. Ai-je déjà parlé du processus pour réserver un ticket? Un petit exemple tout bête d'un système qu'il vaut mieux connaître pour se simplifier la vie. Il faut se munir d'une fiche blanche où doivent être indiqués le nom du train, son n°, la gare de départ, l'h, la destination etc. Autant dire des informations que le voyageur moyen n'est pas sensé savoir... Il existe heureusement un catalogue appelé "Trains at a glance" présentant les correspondances principales. A acheter dès son arrivée. Cela permet de choisir son train, puisque pour le même trajet, les convois peuvent mettre un temps radicalement différent pour le parcourir.

05 janvier 2007

Gokarna


Je décide de rejoindre le bord de mer. Je prends un taxi-jeep jusqu'à Munnar, puis un bus qui me mène à Ernakulam. Il est 23h lorsque j'y arrive. Tant que j'étais dans le bus, tout allait bien. J'allais d'un point A à un point B. Maintenant que je dois me diriger vers la gare, où je suis déjà sûre de ne point trouver de ticket de train pour cette nuit, je commence légèrement à douter de ma décision hâtive de quitter les lieux.

En effet, il n'y a plus de ticket pour le nord en classe couchettes. J'achète donc un ticket en classe générale, à savoir les bancs en bois. Ce sont des wagons archi-bondés d'habitude et la perspective d'y passer la nuit, ne fait pas du tout partie de mes plans. Je monte dans un wagon couchettes, sympathise avec un couple de français et laisse mon sac non loin d'eux, histoire que quelqu'un y jette un oeil si je dois m'absenter (à la recherche d'une place).

Le contrôleur passe et me demande de rejoindre le wagon général. Je tente de savoir s'il y a moyen d'avoir une place dans ce train jusqu'à ma destination, Bekal, au nord du Kerala. Le train est archi plein me dit-il. Je dois changer de wagon à la prochaine station. Quoi qu'il arrive cette nuit, j'ai déjà décidé que je n'irais pas. Je préfère encore m'installer à côté des toilettes... Et finalement, la providence. Un homme qui m'a vue errer, sans couchette, me propose la sienne, gratuitement malgré mon offre, car il dormira avec son petit garçon. Je le remercie 1000 fois, touchée par sa générosité.

Je fais une brève escale à Bekal. Le jour de la mort de Saddam Hussein. Je m'en rappelle bien car j'ai eu la mauvaise idée de me ballader dans les rues. Je ne le savais pas, c'est sûr, ça n'est pas en plein milieu de la jungle que j'ai suivi les nouvelles... Le village manifeste en guise de protestation. Les hommes, il n'y a qu'eux dans la rue, sont tendus. On sent une certaine électricité dans l'air. Je me demande vraiment ce que je fais là et m'en veux encore d'avoir quitté Top Station et la charmante famille de Mano. Je ne traîne pas bien longemps dans les rues. Je suis venue ici, à la recherche d'un nouvel endroit au bord de la mer pour m'y poser quelques semaines, genre les plans de Goa, il y a 10 ans de cela. Mais le nord Kerala est musulman et je ne suis pas sûre que la population soit prête, comme au sud, à voir l'invasion de touristes et son lot de distractions arriver...

Je pars le lendemain matin à l'aube. Je n'ai pas envie de rester plus longtemps ici... Je rejoins Gokarna, au bord de la mer, juste au sud de Goa.
La plage de Gokarna
C'est une petite ville sainte au charme pittoresque que j'aime bien. J'y rencontre toujours des gens particuliers, des personnages, comme j'aime à les appeler. Il y a cette photographe, voyageant avec sa fille qui bricole son carnet de voyage. J'apprends que sa maman édite des bouquins, dont "Les odeurs de l'Inde" et pour ce faire, a travaillé avec un nez, qui a composé des parfums accompagnant l'ouvrage. J'avais écouté toute une émission de radio sur ce sujet et avais souhaité m'offrir le bouquin, évidemment, mais il s'était avéré bien trop cher... J'ai aussi rencontré là un vieil américain, vêtu comme les "Babas" d'ici : un loongi blanc autour de la taille et un autre posé sur les épaules, passant le plus clair de son temps à méditer.
Aujourd'hui, 2 gourous, appelés aussi Swamis (सवामिस) (prêtres), étaient attendus dans la ville. Un cortège les a précèdés, avec entre autres, des hommes aux looks incroyables, représentant certaines des divinités, même féminines (quelque peu troublant). Quelle exhubérance! Toute fête religieuse s'accompagne de musique aux rythmes endiablés... Je profite de filmer ces scènes, me réjouissant déjà de monter le tout. Ce pays est tellement étonnant. Je ne suis toujours pas sûre de bien comprendre tout ce que j'y vois. Mais en règle générale, les sourires sont nombreux et la gentillesse de rigueur.

Il y a évidemment toujours aussi les regards persistants, voire hargneux, comme je l'ai vu, une fois seulement, le jour de la mort de Saddam, à Bekal, étant le seule femme, blanche de surcroît, à me ballader dans la rue.



Les coupures d'électricité et ses dêmélés


Une vendeuse de fruits


En route pour Paradise beach
J'y passerai environ 2 semaines, les dernières de mon voyage en solo avant qu'Alexandre ne vienne me rejoindre pour 2 mois. Je suis bientôt à la moitié de ce voyage. C'est fou comme la notion du temps (à nouveau) varie selon l'état d'esprit. Il me paraîtrais inimagineable de rentrer maintenant alors que 3 mois était la durée de mes voyages les plus récents (ces 5 dernières années).





30 décembre 2006

Trek dans les alentours de Munnar

J'ai quitté la frénésie balnéaire pour les montagnes du Kerala. Je me suis retrouvée au frais, à Top Station. Il y a là des plantations de thé, ces jolis buissons d'un vert vif. Je passe une 1ère nuit dans une petite cabane du bout du monde, où se trouve le view point. Il est fortement visité la journée, mais à l'aube de mon 1er réveil, je savoure le calme et la beauté de l'instant, en totale solitude et vis là un magnifique moment.











Je rencontre Mano dans l'un des seul chai shop des environs. Il est guide et me propose un trek dans la région. Je viens d'abord dormir chez lui. Je partage la chambre (seule pièce de la maison) avec sa mère (qui dormira sur le sol malgré mes supplications), son mari sur un lit et moi sur un autre.
Sa mère semble perdre un peu la boule avec l'âge mais de manière sympathique. J'aime bien la regarder écosser les haricots de ses mains ridées. Elle les cuisinera ensuite dans un pot en aluminium sur un feu de bois. L'âtre est alimenté par de fines bûches. Le foyer est fait de terre, avec un trou pour placer les casseroles. Il y a constamment un grand récipient qui chauffe de l'eau (pour se laver, faire la cuisine, la vaisselle). Le plafond de la maisonnée est noir de suie mais la nourriture a cette saveur particulière de la cuisson au feu de bois. Il n y a pas l'eau courante mais un tuyau relié à un ru qui remplit de gros barils, dehors. Une autre vie, un autre temps.





Des gens à l'accueil incroyable, d'une générosité sans pareille alors qu'ils n'ont pratiquement rien. Ca me renvoie des choses à la figure... La maman, une veille femme qui me regarde fixement de ses yeux foncés, en me tenant le menton avant d'embrasser ses doigts, en dodelinant de la tête, comme seuls les indiens savent le faire. J'adore. J'ai l'impression ici, que les êtres se rencontrent et n'ont pour ce faire, pas même besoin de parler une langue commune. Je me sens ici accueillie, telle que je suis et je peux m'y sentir chez moi. Etrangement, ça ne sera pas le cas. Après le trek que nous effectuerons, je ne me sentirais pas à l'aise, trop en décalage. Je n'arriverai pas à rester dans ce, pourtant, charmant endroit. J'aurais besoin de bouger. Allez savoir pourquoi, le mental est fort quand même...

Mais nous partons donc en trek avec Mano aux travers de buissons et plantations, de forêts et sentiers dans une belle campagne. Je reste alerte et les sens en éveil car ici vivent encore des tigres et éléphants sauvages. J'aurais vu leurs traces de pas dans la terre, des griffures de félins sur les troncs des arbres (où ils s'installent sur les branches pour se reposer) mais pas les animaux en chair et en os, malheureusement. J'écoute les 1001 histoires contées par Mano qui m'émerveillent, me font frissoner et enfin rêver.









Voici une fleur qui ne pousse que tous les 14 ans, appelée Kurinji. Sa comparse de couleur blanche ne pousse elle que tous les 24 ans! J'ai eu la chance d'en apercevoir en toute fin de floraison.

25 décembre 2006

Noël à la plage

La crèche de Noël



Je me retrouve sur la plage de Varkala pour Noël. Ce devait être splendide lorsque c'était encore sauvage,il y a quelques années avec cette grande falaise qui domine la mer, recouverte de cocotiers. Maintenant il y a tout du long, des restos, des hotels et des échopes. Dommage de tout sacrifier ainsi pour le pognon... Même si je suis une actrice active de ce jeu-là en visitant autant d'endroits. J'ai néanmoins bien profité des richesses que ce monde a à offrir, c'est Noël après tout(!), en me gavant de poissons frais, présentés sur des feuilles de bananiers et autres croissants au chocolat...


Le frigo de Varkala
वर्काला


Ce soir-là, j'assiste à un spectacle de danses, genre Bollywood. Les protagonistes, une sorte de boysband, vêtus de fringues un brin kitshouille remuent des hanches, sautent toniquement en tous sens et font du playback sur les paroles. Ils semblent vraiment heureux de se produire et ça a mis une sacrée bonne ambiance! J'ai passé la soirée en compagnie de sexuagénaires, croquant la vie à pleine dents (mon 1er Noël avec cette unique tranche d'âge, comme l'a soulevé Michel, l'un d'entre eux, qui j'imagine ne quintera pas si je donne ici l'adresse de leur blog sur l'Inde, pour ceux que cela intéresseraient, il y a de superbes photos http://inde-eternelle.blogspot.com/).

22 décembre 2006

L'ashram d'Amma

Je fais une autre ballade sur les eaux, en bateau à moteur cette fois-ci, pour rejoindre Kollam, toujours plus au sud. Je décide de faire halte en chemin, à l'ashram d'Amma, une des seules femmes Gourou du pays.




"Amma est amour, amour inconditionnel,
Amour libre de toute demande,
Amour humble qui ne fait que donner, qui ne peut que donner.
Son amour est une étreinte qui nous emmène au cœur du Divin.
Sa vie est l'expression de cet amour,
Sa vie est compassion infinie,énergie puissante qui jaillit de la source pure de l'Être, énergie de compassion au service de toutes les souffrances."





Je suis quelque peu surprise par la taille des bâtiments qui composent l'ashram. 2 grandes tours abritent les studios des disciples (dont certains vivent là). Tout est rose ici, on se croirait au pays de Barbie, Made in India! La structure est très bien organisée : internet, shops divers, cantine indienne, cantine western food et un bureau d'accueil pour les étrangers (venus de partout dans le monde, Amma ayant des ashrams ailleurs).






J'ai toujours eu un regard sceptique, voire cynique sur ce genre de lieu. Et comme je m'y attendais, je croise certaines personnes qui ont l'air "un peu perdues", d'autres avec un sourire (niais) scotché sur la face, qui me rappellent étrangement celui de certains chrétiens... Une autre se ballade en serrant dans ses bras, une poupée en chiffon à l'effigie d'Amma. Il y a de quoi se poser des questions...

Amma : une grosse mama qui serre les gens dans ses bras pour faire passer son message
d'amour. J'ai donc fait la queue pour avoir mon embrassade, munie d'un ticket jaune, semblant me donner un passe-droit pour y accèder, en tant que nouvelle arrivante. La gourou est sur une grande scène, à sa gauche la queue des hommes et à sa droite, celle des femmes. Dans la salle, se trouvent des chaises où sont assis des gens. Je ne sais pas ce qu'il font là, s'ils attendent l'embrassade, se recueillent ou assistent juste à la cérémonie. Je me fais prendre en main par une disciple de blanc vêtu, qui m'oriente donc dans la queue, lorsqu'elle aperçoit mon ticket jaune.

Alors que mon tour approche, je suis prise en charge par la main vigoureuse d'une disciple, en blanc aussi, afin d'être positionnée face à Amma. J'ai ensuite à peine le temps de me rendre compte de ce qui m'arrive. Me voilà la tête collée contre les seins d'Amma. Elle continue de parler avec des gens derrière moi alors que j ai les bras coincés contre son ventre.
Je ne suis pas sûre de savoir ce que je devrais ressentir pendant l'étreinte...
Puis Amma change ma tête de côté en me maintenant fermement contre elle. Là, elle me dit à l'oreille quelque chose qui ressemble à : "mowglimoglimowglimogli". Elle me relâche alors, me regarde dans les yeux en me donnant un petit paquet contenant des cendres et un bonbon à l'orange... D'accord...

Je suis à nouveau tirée par le bras. Une autre disciple, celle-ci chargée de placer les gens derrière Amma, me trouve une place. J'ai alors tout le loisir d'observer la faune locale. Certains méditent, d'autres regardent amoureusement Amma (sourire toujours scotché) et d'autres encore se rapprochent d'elle, chaque x qu'une place se libère devant eux...






J'ai de la peine à comprendre cette ferveur, ce besoin d'adulation qui étreint certains de nos congénères. Drôle d'idée que de vouloir vivre dans un ashram qui, quelque part, se coupe de la vie, de la réalité. Je trouve cela un peu triste. Il y a beaucoup de personnes âgées, d'étrangers, seuls chez eux, quoi qu'il en soit, qui s'installent ici, retrouvant une sorte de famille.

Autant qu'ils soient là finalement...

Je quitte la cérémonie de l'embrassade, appelée Darshan, alors que les mantras battent leur plein et ne cesseront pas avant 23h. Amma aura serré des gens dans ses bras pendant 15h aujourd'hui. C'est sûr (il faut le lui laisser), ça n'est pas donné à tout le monde!

Je quitte l'ashram le lendemain, me demandant si je suis un être sans spiritualité aucune...



20 décembre 2006

Allepey

Je descends plus au sud, jusqu'à Allapuzha, aussi appelée Allepey. Ici commençent les circuits (touristiques) des backwaters. Ca regorge de palmiers, du vert partout, même l'eau des canaux est de cette couleur. Le bleu du ciel vient agréablement nuancer le tableau.





J'assiste au 1er jour d'un festival de musique religieuse au Mullackal temple. On m'a avertie d'une cérémonie, le lendemain matin, avec un éléphant faisant le tour du temple. M'y voici donc. Une musique s'entendant de fort loin, au son criard, plein de disto, accompagne le rituel. L'éléphant, décoré d'un tissu aux 1000 couleurs et où brillent aussi quelques petits miroirs, se tient devant l'entrée du temple. Il est monté d'un homme au loongi blanc (tissu de coton, noué à la taille). Devant la grande bête, il y a une flamme qui brûle dans un "bougeoir" avec, en ornement sculpté et pour guise de poignée, un cobra au cou deployé. Devant la flamme et celui qui la portera, se tiennent les musiciens (clarinette, tambour battant la chamade et une autre percussion). Ils jouent un même mantra qui plonge réellement l'esprit dans un certain état... d'hébétitude? Puis à un moment donné, le cortège se met en route et fait le tour du temple. Ils répèteront le même rituel 3x. La procession est marrante à observer.

A un moment donné, il me semble bien percevoir un brin de tension chez le pachyderme. Il remue ses jambes, attachées par de grosses chaînes. Son regard semble apeuré, serait-ce la musique trop forte, trop tout? Il remue plus fort une jambe et reçoit en retour un coup de bâton. Il pousse alors un cri, venu du fond des entrailles (de la terre?) qui fige tout un chacun sur place, un frisson semble même parcourir l'audience. D'un coup, je l'imagine brisant ses liens, balançant sa tête, la trompe assomant tout ce qui passe et enfin devenir fou en détalant .
Mais le calme revient une fois qu'il s'est exprimé.
Cela me rappelle simplement que je suis bien peu de chose face aux forces de la nature.

Au cours de la céremonie, les gens ont afflué, tous faisant face à l'éléphant vénéré. Il y a une petite table, devant le temple, où sont entreposées différentes poudres orange, blanche et rouge.
Je vois les indiens défiler les uns après les autres et s'en tamponner le doigt. Il aposent ensuite la couleur sur leur front. Il y a même un miroir installé sur une colonne pour pouvoir viser juste. C'est tout de même bien organisé!!!

Certains prient avec une ferveur, une totale dévotion qui me laisse un brin émue. Ils semblent si "vrais" à ces instants, fronçant parfois des sourcils, les lèvres remuant à peine, formulant vite leur prière. Certains se prosternent à même le sol, dans un mouvement souple.
Un dernier signe sur le front et ils quittent les lieux. Je les suis, quelque peu assourdie et groggy par tant de mêmes phrasés musicaux...

Ballade ensuite dans les backwaters en canoë. Seul le froissement de la pagaie vient troubler le calme environnant. Je découvre des rivières larges, de petits canaux qui desservent les maisons isolées. Je vois un serpent comme posé sur l'eau, qui se met à onduler à la surface alors que le bateau vient troubler sa quiétude.
Les cocotiers sont partout, se reflètant sur les eaux. Elles se transforment alors en fidèle miroir.



14 décembre 2006

Fort Kochin


L'ambiance est décontractée, on est dans le sud. Les chaudes après-midis aspirent à la paresse. Je décide, tout de même au bout de 18 jours, de quitter ce rythme doux pour me (re)jeter dans l'Inde, qui une fois de plus, m'aura suprise en arrivant à Fort Kochin, au Kerala. Un état vert, d'une végétation omniprésente, encore plus luxuriante et éclatante qu'à Goa. Il y a de l'eau partout, des rivières, des canaux qui composent les fameux backwaters.

A Fort kochin (aussi appelé Ernakulam), il y a de veilles maisons coloniales, d'autres rafraîchies luxueusement. La chaleur y est étouffante, écrasante, étonnante pour la saison. Le moindre mouvement me fait suinter. Les gens se balladent sous des parapluies pour se cacher du soleil. Je tente de feinter mon sort et obtenir un brin d'air en louant une bicyclette, un jour de grève générale. Tous les magasins sont fermés et les rues sans circulation, la ville est au calme. Je longe les devantures d'exportateurs : thé, épices, curry, sacs qui s'entassent, caisses en dépôt. Les odeurs de turmeric, poivre, piment, cardamome, cannelle et autres se mélangent. J'ai l'impression d'y être : plongée dans le temps, la route des épices, ses découvertes, le frétillement du marché conclu puis l'embarcation sur un bateau, d'une durée indéterminée. La chaleur en plus, ça le fait complètement!

Je longe la côte et me rapproche des pêcheurs et de leurs carrelets de filets chinois. C'est beau. Le filet est suspendu en l'air, retenu par un système de balancier. La pêche ici n'est toutefois pas sensationnelle.




En revanche, je me suis levée bien tôt un matin pour assister au retour des bateaux, partis dans le grand large. Les paniers de poissons sont amenés et jetés au sol, sur des bâches. La vente se fait a l'enchère. Rapidement un groupe d'hommes entoure le tas de poiscaille et le gars qui crie les prix. Ca s'active de toute part, les bateaux (de larges barques, avec parfois écrits dessus, le nom des donnateurs suite au tsunami, qui a également atteint ces rives) partent et laissent leur place à d'autres. On me montre un serpent de mer, pris au piège dans un filet. Une fois libéré, un homme lui assène un coup de pagaie sur la tête alors que je cris un nooooooooon...

Puis comme toujours, la vie reprend son cours. Je m'en vais boire un chai, servi par un gars qui se ballade, un tonneau à robinet posé sur son velo. Une petite corbeille contient les verres en plastiques à l'avant. Astucieux. Je sirote mon thé en répondant aux habituels bonjour et autres prénom, nationalité, mariée ou pas, maman ou non et enfin sourires. On veut savoir qui je suis. On ne me demande pas quel travail je fais. Sacrée différence!

Je quitte la doucereuse ambiance de cette ville qui m'aura fait rêver, transportée par ses odeurs.

06 décembre 2006

Goa




J'ai donc laissé les terres arides, lunaires et désertiques du nord visité pour rejoindre la végétation luxuriante du sud, à commencer par goa. J'ai pris le train de jour depuis Mumbai. Départ à 7h du matin alors que la ville et ses faubourgs s'éveillent. La voie ferrée longe pendant longtemps les différents quartiers de cette mégapole. C'est l'heure des toilettes et les hommes viennent se vider le long des rails, l'air impassible, leur bouteille d'eau à portée de main. Diverses odeurs m'assaillent : celle de la merde, évidemment, de l'eau rance, ou encore de l'encens, du café, de bidis, de bouffe huilée. Je m'y fais et finis même pas ne plus la remarquer.

Puis le train prend de la cadence, le cliquetis métallique des rails me berce. Je m'endors pour quelques heures. Je dois être près de Goa lorsque je me réveille. Les alentours sont verts d'arbres, de plantes énormes, de fleurs. L'humidité de l'air contraste fort avec la sécheresse des semaines passées. Je reconnais les charmantes maisons du coin, à l'aspect colonial, revisitées Made in India. Les toits sont bas, faits de tuiles rouges. Pas un ne semble droit, tous ondulent, comme si eux aussi étaient aplatis par la chaleur et les differentes moussons qui leur sont tombées dessus. Les murs sont de couleurs, le plus souvent jaune, vert, bleu ou rose pastels, defraîchis, ce qui leur donnent un air désuet, comme arrêté dans le temps. J'aime bien.


La terre est rouge, humide, elle sent fort. Le ciel, alors bleu, commence à se charger de nuages. Au sortir d'un des nombreux tunnels, une pluie diluvienne, digne de la mousson, s'abat sur nous. L'air devient carrément frais. J'alpague l'un des nombreux vendeurs ambulants qui arpentent le train pour boire un chai (thé au lait). Il l'annonce en disant d'une voix nasillarde : "chaigarrrrrrrrrram" (thé chaud), les autres qui défilent sans cesse crient : kelle (bananes), kakkkkerrrri (concombre), vegbiryani (riz frit), toastsandwicheggcurry (...). puis arrivent les vendeurs de jouets en plastiques, de journaux, de lacets (?), de chocolats, de boissons (gardées au frais dans un sceau rempli de glace). Passent aussi les estropiés, les travelos (ça donne un indien en sari, plein de poils, parfois même avec une moustache, du rouge aux lèvres, dans tous les cas, surprenant), des gamins aux habits sales qui nettoient le sol des wagons, tendant ensuite la main pour obtenir quelques roupies.

J'arrive au terminus de la ligne, à Magdaon plus précisément et pars directement pour rejoindre Patnem, où j'ai maintenant l'habitude d'aller me poser. J'y retrouve les comparses qui passent l'hiver ici. S'en suivent 18 jours de farniente presque total. Au programme bronzage, ballade à vélo (mais pas trop), lecture, grimpe.
Suis allée :
  • 1x a agonda a velo pour manger le superbe thali de Fatma. Chez elle, il y a 6, voire 7 sortes de légumes différents qui composent l'assiette. Un vrai régal, un spectacle de saveurs en bouche. Les graines utilisées, le choix des légumes font que c'est bel et bien, l'un des meilleurs thalis de l'Inde (je dis bien de l'Inde entière) qu'il m'ait été donné de goûter.
  • 3x jusqu a Chaudi (2kms) pour diverses activités, internet, réservation du ticket de train, achat de poudre antibiotique, pas mal pour assècher les plaies.
  • 1x jusqu a Gokarna (3h30 de bus aller) afin de commander des sacs à vendre.
  • 2x a Palolem (la plage d'à côté) pour aller souper...



Vue depuis ma chambre


Vous l'aurez compris, ici , c est repos assuré où le moindre détail prend son importance car on a le temps de s'y arrêter. Goa et ses palmiers qui bruissent dans un léger froissement. Le roulis régulier des vagues. Le cri des chiens en meute la nuit. L'odeur du poisson pêché (de + en + rare), celle fleurie des rizières, en fin d'après-midi. On dirait que toute la terre transpire la chaleur de la journée. C'est humide, chaud, moite, boisé, fleuri, enveloppant, parfois même enivrant. Les oiseaux tiennent des conversations sur les fils éléctriques dont ces beaux verts/jaunes, très fins, qui une fois leurs ailes deployées me font penser aux dinosaures qui volaient. Mes préfèrés restent les martins-pêcheurs aux couleurs bleus ou verts flashys, superbes. Ils ont l'air fiers avec leur bec droit.



Un vendeur de babioles sur la plage



Et puis, allez savoir pourquoi (peut-être le fait de voir des couples partager leur passion ensemble...?!), de profondes refléxions sur ma relation amoureuse se mettent en branle dans mon esprit. Ce n'est pas toujours facile à gérer avec la distance, il faut bien le dire. J'ai le blues comme qui dirait. Triste de ne jamais pouvoir partager cette envie, passion-là. Une sorte de malaise intérieur grandit. Je suis entre 2 chaises depuis bien longtemps. Et le voyage, malgré sa beauté, ses découvertes et surprises n'empêche pas les remises en question. C'est bien plutôt le contraire...

04 décembre 2006

Départ pour le sud, escale par Bundi

J'ai quitté Pushkar par un beau matin dans l'un de ces typique bus locaux. Là, 4 vieilles femmes montent dans l'engin, encore vide à l'aurore. 2 d'entre elles sont fortes et les 2 autres toutes menues. Elles ont l'air de très bien se connaître. Je les imagine soeurs ou belles-soeurs,vivant ensemble depuis longtemps. Les 2 plus fortes peinent à monter dans le bus. Elles brandissent une main tremblotante, tentant de s'agripper quelque part et se hisser, en vain. Finalement, elles se voient aider par les plus agiles qui tirent, poussent de toute part, en pouffant de la situation, loufoque, il faut bien le dire. J'observe le manège et les vois enfin s'installer sur les banquettes en bois : 2 à l'avant et 2 derrière. Elles entament alors des chants religieux, aux sons concordants douteux. Elles chanteront pendant 4h, jusqu'à leur destination. Personne ne se formalisera de cet acte de foi en plein bus. Tout le monde finalement y prendra part à sa manière : chantonnant à son tour, battant le rythme du pied, de la tête, les mantras ayant cette inévitable faculté de plonger l'esprit dans un certain état de torpeur. Je n'y échapperai pas.

J'arrive à Bundi, charmante petite ville du Rajasthan. Il y a là bien moins de touristes que dans les autres cités de l'état. L'atmosphère me séduit de suite. L'on découvre dès l'abord de la localité, un fort la surplombant, majestueux avec sa belle architecture aux airs arabisants. Cela me donne le sentiment de voyager dans le temps, également. J'aperçois un quartier de maisons bleues indigo, la couleur des brahmanes, la plus haute caste. J'ai trouvé une superbe chambre dans une vieille haveli. Il y a des alcôves dans les murs, un escalier qui mène sur la terrasse privée et un balconnet intérieur derrière une fenêtre aux verres de 1000 couleurs. Pour un peu, je me croirais Shéhérazade...



Bundi
बुंदी

Je me ballade dans les ruelles étroites. Des vaches traînent ci et là, à la recherche d'un petit rien à boulotter. Certains gamins agitent leurs cerf-volants. D'autres sont assis, se cherchent les poux. Le marché est vivant, coloré, tout s'y trouve, s'y vend. Il y a une rue où se fabriquent les bangels, ces bracelets qui cliquettent et s'accordent au sari, que les femmes indiennes aiment à porter.

Je reste longtemps assise à les voir confectionner les bijoux. Il faut voir aussi le moment de l'essayage. De grosses femmes indiennes, les bras déjà chargés d'achats, s'arrêtent et regardent, comparent, tatent ces cercles de verres. Elles les tiennent entre leurs mains et les ajustent pour voir s'ils sont tous ronds de la même manière. Ca discute ensuite du prix, puis un autre set de bracelets est montrés et la cliente repart avec quelques jeux de nouveaux artifices. Personne ne s'étonne de me voir assise là en leur compagnie, c'est normal, plutôt chouette même.

Je ne fais étape que quelques jours. J'ai un ticket de train qui part de Kota, à 1h de route de là. Je m'en vais rejoindre Mumbai (Bombay) en trajet de nuit. Je quitte Bundi en catastrophe car j'imaginais partir la nuit suivante. Le convoi part à 00.05 le 25 et non pas le 26, comme je l'imaginais. Je packe mes affaires pendant que la famille de la guest house me fait à souper. Je prends encore vite une douche et file ensuite à l'arrêt de bus. Waouh... Je respire, même si ces petits coups d'adrénaline m'amusent bien. Ca aurait été trop bête de rater le train car toutes les places pour la ligne sur Mumbai sont complètes les jours suivants. La période des mariages a commencé (elle durera jusqu'à avril) et de fait, il peut s'avérer difficile de trouver des places en wagon couchettes.

Je débarque à Mumbai après une (étonnante) bonne nuit de sommeil et tente de trouver un ticket de train pour le soir même afin de rejoindre Goa. Bien que je me rende au bureau des touristes, où l'on peut obtenir des places sous quotas réservés à notre effet (étrangers donc), j'apprends que tout est complet... Je passerais la nuit ici et descendrais plus au sud avec le train de jour demain. Je me dirige à Collaba, le quartier des voyageurs, situé juste derrière la Gateway of India et le fameux Taj Mahal Hotel. J'y ai mes habitudes et débarque à l'Apollo guest house où je suis accueillie par les boys (en Inde chacun à son rôle. Il y en a un qui s'occupe du nettoyage des WC, l'autre de cuisiner, le 3ème d'amener le plat, le 4ème, je l'ai vécu, poste l'échelle alors que le 5ème, le patron, montera dessus pour changer l'ampoule), qui me reconnaissent, ce qui est toujours fort sympathique. Ca me demande des nouvelles de chez moi, être sûrs que tout le monde va bien. On s'est rencontrés peut-être 6x et ces gens qui ne connaissent absolument pas ma famille m'en demande des nouvelles. Ce sont ces petits détails qui me touchent ici.

28 novembre 2006

Pushskar



Je me rends à Pushkar, village saint situé dans le Rajasthan, aux portes du désert. Un lac se trouve en son milieu et confère un aspect serein à l'endroit.



PushkarCentrer
पुष्कर


Il y a de belles maisons, appelées Havelis (हवेलिस), aux fenêtres comme brodées ; savantes constructions pour garder les femmes loin du regard des vicieux, pendant les temps plus anciens.




Je prends des cours de hindi ici et cela s'avèrera être une fort intéressante expérience. Comment dire... La méthode utilisée n'était pas tout-à-fait concordante à mes attentes. Assise à côté de ma prof, que je visite 3h par jour, j'écris les mots qu'elle me dicte. Ils sont groupés par genres, comme les légumes, les fruits, les épices (à ce propos, ils en utilisent un tel nombre au quotidien! Je me suis faite la réflexion qu'on était pauvres en saveurs), puis les animaux sauvages, domestiques (dont ici le chameau fait partie. Pushkar est aussi connue pour sa foire aux dromadaires qui attire des milliers de bestiaux).

Une myriade de mots, à la prononciation pas évidente que j'apprends jour après jour. Lorsqu'on en vient au corps humain et tente alors de mémoriser des mots tels la luette, les omoplates, le pancréas, je réalise qu'il sera difficile de les glisser dans la conversation, même pour simplement vérifier ma prononciation... Je commence alors à me demander si cette méthode m'est vraiment profitable. Nous ne voyons pas la grammaire et ne sais donc toujours pas comment se construisent les phrases. Alors que les jours passent, je doute avoir trouvé la bonne personne pour apprendre à parler.




Pushkar attire de plus en plus de voyageurs. On est en haute saison et j'ai davantage l'impression d'être à Tel Aviv qu'en Inde. Il y a un nombre d'israéliens important ici, comme à d'autres endroits ciblés en Inde. Bon nombre d'entre eux partent, en effet, voyager pour quelques mois après le service militaire (3 ans les hommes, 2 ans les femmes). L'Inde semble être une destination phare pour eux. L'un rencontré, me disait, qu'ici, il a l'impression d'être le roi, peut tout y faire et n'a pas de restrictions comme à l'armée. Et tout ça, pour pas cher. Certes, mais enfin est-ce que cela donne tous les droits???

Il faut aller aux abords du lac observer les pélerins en train de faire leurs ablutions ou dans les temples pour se rappeler que c'est un lieu saint. Cette ambiance surfaite motivera également mon envie de bouger.

25 novembre 2006

Richikesh



Depuis que j'ai quitté la jeep, le trajet durera encore une éternité. Je changerais de bus 3x avant d'atteindre les rives du Gange sacré. A chaque trajet, une foule hétéroclite qui monte, descend du véhicule, parfois dans des endroits saugrenus, où il ne semble rien avoir.
A Rishikesh, il y a un monde fou, une agitation intense et du bruit qui m'agresse. Après la sérénité et la zénitude de Spiti valley... C'est un peu dur, je dois le dire...

Je trouve une chambre et découvre les lieux. Le Gange est bleu ici, c'est la première chose qui me frappe. Je suis habituée à le voir à Varanasi où le vert foncé, opaque est bien contrastant...
Il y a de nombreux saddhus, d'orange vêtus, assis le long des rives. Beaucoup de blancs viennent ici pour faire du yoga ou, semble-t-il, toute autre recherche spirituelle. Il y a, en effet, une miriade d'ashrams, de cours de reiki, méditation, massages etc... dans le coin. Les Beatles eux-mêmes y avaient leur Guruji ici...



Sacred India
सक्रेद गंगा


Alors que j'aimerais me poser quelques temps afin de prendre mes cours de langues, je sens néanmoins de suite que ce ne sera pas ici que je pourrais le faire. Cela ne s'explique pas. Je ne sens pas le lieu, malgré un côté sympathique, que j'y reconnais.



22 novembre 2006

Kakanal (et oui, cela ne s'invente pas)

Je ne reste pas à Manali que je trouve trop bruyante et surpeuplée après le calme de Spiti Valley. Je descends quelques kilomètres plus bas, à Kakanal, chez des amis d'une amie (merci grande!) qui vivent là depuis quelques années déjà. Je me retrouve dans un havre de paix, une charmante maison, entourée de pommiers plantés en escaliers. De superbes oiseaux, à la longue queue faite de plumes rebondies, s'envolent et se posent sur les fils électriques, au gré de leur envie. La vie semble bien douce ici.



J'écoute les récits d'aventures de mon hôte, lorsque ses deux petits ouragans sont couchés. Les histoires de voyages datent d'il y a quasi 30 ans et cela me fait rêver. L'Inde devait être autre à ce moment-là. On peut dire que les moyens et services pour le voyageur ont quelque peu changés depuis!!! La route est maintenant bien facilitée.

De plus en plus, naît en moi l'envie de prendre des cours de hindi. Je me rends compte à chaque fois comme cela me serait utile. Dans les montagnes, particulièrement, là où les femmes sont davantage ouvertes, il serait intéressant de pouvoir communiquer plus profondément avec elles. Je cherche le prochain endroit du voyage où j'irais, afin de suivre ces cours. Ici, la saison ne devient pas idéale pour qui n'est pas équipé.

Je reste quelques jours où je récupère du dernier trajet.

Puis, nous descendons ensemble en jeep, de nuit et quittons la Kullu valley. J'aime ces trajets nocturnes. Il y a toujours une drôle d'ambiance. J'ai de la peine à dormir malgré ma fatigue. J'ai envie de voir le contour des montagnes sous la faible lumière de la lune. Cela donne toujours une autre perspective.
On s'arrête dans des bouibs au bord de la route. Malgré l'heure tardive, il y a toujours de quoi se sustenter et boire un chai... Evidemment...
J'adore ces moments, décalés, où tout le monde est fatigué. Il y a un gars qui dort, allongé sur le banc. Je me demande ce qu'il fait là et encore plus, ensuite, où il va, lorsqu'il finit par se réveiller et, partant sur la route, seul, au milieu de la nuit. Scènes de vie... J'entends le clapclap régulier du cuisiner qui confectionne des chapatis, les applatissant entre ses mains, en les faisant pivoter. Le feu rougeoie dans un coin, les murs de la cuisine sont noirs de suie, un autre noctambule a son écharpe nouée autour de la tête, telle un oeuf de Pâques... J'y vois toute une poésie.

Alors que la jeep continue jusqu'à Dehi, je saute en route pour rejoindre Richikesh.

18 novembre 2006

La route jusqu'à Manali

Je quitte la vallée de Spiti par une route que je ne pensais pas non plus pouvoir emprunter, pour cause de neige entravant le passage. En effet, il va nous falloir passer un col à quelques 4500 mètres...

Je prends place dans un taxi-jeep que nous partageons à onze voyageurs. Je suis heureusement arrivée tôt le matin (7 heures) pour avoir une place au milieu. Les derniers, se retrouvent à l'arrière et sont plutôt coincés, il faut le dire.
La compagnie est jouasse, la musique bat son plein et les paysages restent sublimes. Il y a quelques champs labourés qui dessinent de beaux motifs. La jeep, cahotante, sur cette piste, longe des parois raides puis croisent des points d'eaux. Des ponts que je pensais hors service, pour cause de dangerosité évidente, se voient pourtant traverser par quelques véhicules et camions brinquebalants.

Il faut en parler des camions en Inde. On les voit partout sur les routes et parfois même sur les rails! En ligne, incomptables. Et dans ces régions montagnardes, ils sont primordiaux, reliant les coins les plus perdus. Ils sont souvent bien chargés et certains, extrêmes, rappellent étrangement la forme de champignons, déambulants, avec leur bâche recouvrant le chargement. Les engins sont colorés, avec des motifs peints sur les rebords, comme une guirlande de fleurs et presque tous arborent à l'arrière, un fier "Horn please" (klaxonnez, svp)...
Comme si les indiens avaient besoin de se le faire rappeler?!?
Et lorsqu'ils klaxonnent, j'ai remarqué qu'il n'y avait aucune agressivité. C'est vraiment et uniquement, LE moyen de se signaler aux autres.




La route monte et l'on aperçoit la neige de très près. Nous parvenons au Kunzam La Pass.




Les cols de l'Himalaya, fortement habités par la population bouddhiste, sont toujours de forts moments à vivre, lorsque je les traverse. Il y a ici 3 Chörtens (photo ci-dessus) avec les objets de cultes habituels, recouverts de drapeaux de prières colorés, qui illuminent l'espace. Ils flottent au vent, claquant d'un léger bruissement et rappelant ainsi la présence des Dieux aux profanes. C'est splendide. Il y a de nombreuses pierres aux prières sculptées, appelées Madi aux alentours.




Tout le monde est silencieux, respectueux. Mes voisins de route s'en vont prier. Ils se prosternent devant l'autel, déposent une offrande, puis tournent autour des gompas, toujours dans le sens des aiguilles d'une montre, avant de se recueillir une dernière fois.

Nous reprenons ensuite la route.

Petit-à-petit, le silence s'installe dans le véhicule. Chacun semble perdu dans ses pensées. Les paysages défilent et ne me lassent pas. Chaque pierre semble être différente, la rivière change d'aspect également et maintenant que nous commençons à descendre, voilà même que la verdure réapparaît.

Nous ferons une pause thali, repas typique d'ici, aussi appelé "meal". Plat servi sur une feuille de bananier (dans le sud) ou sur une assiette en alu avec bord remonté. On mange avec la main droite, toujours (l'autre servant aux tâches impures), le rebord permet donc de stopper la nourriture afin de la mettre en main, doigts en cuillère. On pousse ensuite les aliments en bouche avec le pouce. Le repas se compose de : riz, portions de curry, legumes, dhal (lentilles), pickles (sauce très étrange au goût on ne peut plus étonnant. Est-ce amer, piquant, salé, sweet'n'sour, acide? Tout cela en même temps? L'un après l'autre? Je ne saurais le dire mais on s'y fait avec le temps et je ne m'en passerais maintenant pour plus rien au monde! Il y en a de toutes sortes. J'ai souvent eu celui à la mangue. Je mange donc en sirotant un chai ravigotant et en appréciant la vue, dans un de ces typiques bouibs longeant la route.

Nous arrivons enfin au Rotang Pass, le dernier bout avant de descendre la vallée et d'atteindre Manali. L'endroit est assez drôle. C'est une sorte de station de vacances pour indiens dits Middle ou même Upper class. La jeep se retrouve prise dans un bouchon, étonnant après le traffic à dose homéopathique que j'ai subi les semaines passées. Les taxis, bus touristiques et autres voitures privées (il y en a là plus que je n'en ai vus en presque un mois!), venus de Manali et parqués n'importe où, empêche le traffic de s'écouler. J'en profite pour sortir de la jeep et me dégourdir les jambes. C'est surtout l'occasion d'assister à un cirque inouï! Les gens se posent tous au même endroit : en bas de la pente, à côté de la route. Certains ont pris leurs chaises pliantes, d'autres tentent la photo en allant un peu plus loin, tous portent ces manteaux en fausse fourrure ou une combi de ski datant des années 70, loués en contre-bas, dans une échoppe longeant la route. Et la grande masse reste debout, éparpillée en groupe, en se sirotant des chai, du coca ou boulottant un épi de maïs, des cacahouètes, n'importe quoi d'autre vendu sur le site. Tous piètinent dans une boue brune qui contraste avec les cimes étincelantes, semblant toutes proches pourtant...

Après une petite heure de stagnation, nous voilà reprenant la route alors que le soleil commence à se faire plus doux. La journée aura été longue et je commence à me réjouir à l'idée d'une douche chaude (absente depuis longtemps au programme, ainsi que le lavage des cheveux, qui, bien qu'ils auraient eu l'occasion de se dresser plusieurs fois sur ma tête, compte-tenu des précipices abrupts que j'ai longés, en auraient été bien incapables, étant donné leur état de saleté).

Il me faudra pourtant patienter encore quelques peu car, alors que j'observe les arabesques que tracent les parapentes en vol, voilà que les freins de la jeep, lâchent. Ce qui est, somme toute, embêtant sur une route de montagne descendante...
Le chauffeur semble s'y connaître. Il se met à la tâche alors que les hommes passagers se groupent autour de lui et commentent la situation.
Tous les véhicules croisés au Rotang Pass descendent, comme le soleil. Après une bonne demi-heure d'essai, on finit par me demander si je n'aurais pas un préservatif pour stopper l'écoulement du liquide des freins... Mmmhhhhmmmm... Vous pensez vraiment que cela va tenir???

Après une heure et demie d'attente et de non-solution, je décide d'agir, voyant le flux des voitures roulant pour Manali devenir de plus en plus rare. Je me fais prendre en stop par des punjabis, contents de me dépanner. Je suis confortablement installée dans une énorme voiture de buisnessmen. Ca chante les tubes en vogue, j'imagine sans peine les images du clip avec de belles demoiselles ondoyant des hanches. Ils m'amènent à leur guest house, qui sera à mon goût. Tout irait de toute façon étant donné l'état de fatigue... Et il y a là de l'eau chaude.

15 novembre 2006

Spiti Valley


- Impressionnante Spiti Valley -
- स्पिति -



Je quitte le monastère de Khanum à l'aube et rejoins la route principale en contre-bas. Il n'y a pas de traffic, le village est encore endormi. Je me mets donc à marcher, entourée des montagnes pour seules compagnes. J'en découvre d'autres et d'autres encore, à chaque virage. Je me sens toute petite entre ces parois qui se dressent énormes, imposantes, inébranlables. Puis, je rencontre un groupe d'enfants sur ma route. Ils attendent le bus qui les mènera, quelques villages plus loin, à la première école. Il est 7h du matin... Comment vous expliquer mes sentiments alors que je découvre cette joyeuse ribambelle de tout âges. Ces sourires, cette explosion de joie, ces cris lorsque ces petits bouts me voient débarquer, sac sur le dos. Ca a quelque chose de magique. Puis, je sors mon appareil photo. Il faut les voir alors, l'air interdit, toute curiosité dehors, d'un air digne, prendre la pause.

Les rayons du soleil s'infiltrent entre les vallées secondaires et tracent comme des V de lumière dorée, c'est magnifique. Je marche quelques kilomètres ainsi, perdue dans la contemplation de ces lieux à l'aspect rocailleux, me sentant libre comme l'air. Une sorte de méditation me plongeant dans l'instant présent. Puis un camion me dépasse et l'on propose de me prendre en route jusqu'à Puh, situé à une vingtaine de kilomètres. Je monte dans la cabine du conducteur, où se trouvent 3 hommes. Il y en a un qui est l'homme à tout faire, un 2ème, chauffeur "de rechange", qui, lorsqu'il n'est pas derrière le volant, agite sa main à la fenêtre, côté passager pour assister la conduite de son partenaire. Je reste quelque peu sur mes gardes, finalement, tout pourrait arriver, mais mes compagnons de route, semblent loin d'être des psychopathes. Il émane plutôt d'eux une sorte de naïveté, comme je le ressens souvent. Comme meilleure arme en voyageant afin de parer aux dangers, j'écoute mon intuition. Elle ne m'a jamais trompée jusqu'à maintenant. Je peux alors me détendre et observer à loisir la cabine de pilotage.

Celle-ci est grande, confortable pour tout un chacun. Il y a des guirlandes en tous genres qui pendouillent sur le pare-brise et divers Dieux lumineux qui clignotent. La radio est fidèle au poste et le camion, cahotant sur la piste défoncée, semble suivre les rythmes endiablés des chansons. Je me sens bien. On ne parle pas la même langue, à part les 3 mots de hindi que je peux baragouiner. On fume en silence (ma tentative d'arrêt n'est pas encore totale... Il faut dire aussi que la cigarette à ce rôle en voyage : elle rassure, seul objet fidèle et connu. Dans un nouvel endroit, l'une des premières choses que je fais sera d'allumer une cigarette afin de me poser et d'appréhender l'espace inconnu).

J'arrive à Puh vers les 9h (environ 1h30 pour la distance parcourue : 20kms). Le camion me dépose. J'ai ensuite à peine le temps de me renseigner pour un bus qu'un homme dans un break propose de m'emmener. Quel luxe de pouvoir découvrir ces paysages hallucinants dans un véhicule tout confort ou presque! Je me mettrais lorsqu'il fera plus chaud, à l'arrière de la voiture, assise sur des énormes sacs de pives, afin de faire le reste du trajet.
Et c'est là parmi les plus beaux instants du voyage : Tête à l'air libre, le vent battant contre mon corps, mon visage, faisant voler mes cheveux. Je me sens vivre. Ca me rappelle aussi des souvenirs d'enfance qui me sont doux. J'aime cette sensation du vent m'effleurant. Aucun toit, fenêtre ou voisin pour m'empêcher de contempler ces montagnes aux reflets argentés, superbes. Je ne me sens jamais aussi libre qu'en ces moments-là. Le spectacle est de toute beauté et je ne cesse de le répeter au charmant chauffeur qui sourit de me voir si heureuse d'être là!

Bliss, this is bliss...

Dès que nous entrons dans la Spiti valley, l'eau de la rivière devient turquoise, d'une couleur au ton vif qui contraste fort avec celles des roches. Celles-ci prennent toute la place. Seul le ciel peut encore rivaliser et se pâmer, en occupant une aussi bonne partie de l'espace. Il est bleu électrique ici. La pureté de l'air est telle qu'elle ne laisse plus de place à la platitude. Cette immensité, peu habitée pourrait sembler monotone et ne l'est pourtant pas. La route serpente en étroit lacet, monte la pente, longe la rivière puis la quitte pour se reperdre dans des grandeurs pierreuses, semblables aux paysages lunaires. Je découvre des structures de montagnes différentes, aux tons changeants. La rivière nous montre son côté tumultueux et serein, toujours translucide et turquoise. Saisissant.




Je roule jusqu'à Kaza, la capitale du pays de Spiti. Le chauffeur qui aura refusé que je lui paie à manger ou le dédommage pour l'essence, me trouve même de quoi loger. La saison touchant plus qu'à sa fin, les guest houses sont, pour la plupart, fermées ou pratiquant des prix exhorbitants. Mon chauffeur me place donc dans la maison qui accueille ses collègues en visite. Je suis touchée par tant de générosité. Un sourire pour toute réponse et mon bienfaiteur s'en ira comme il est arrivé. Il y a une famille qui vit dans une pièce de la maison d'accueil. Le père se charge de me faire à souper. Je mange sur le lit de leur unique chambre car ils ont le chauffage et la nuit tombée, il fait un froid glacial. J'ai même vu des flocons de neige virevolter... Ma présence n'a pas du tout l'air de gêner la famille dans son quotidien.

Depuis Kaza, je rayonne et visite les monastères bouddhistes tibétains qui se trouvent dans les alentours : Key, Kibber et Dankhar. J'ai rencontré l''unique autre touriste dans la région. Il loue un taxi-jeep et me propose de se joindre à lui pour m'y rendre. Ce qui m'arrange fort, je dois le dire, compte-tenu des horaires aléatoires des bus. Je ne paie qu'une participation, ne pouvant décemment pas faire brûler mon budget, seulement pour une question de confort personnel. C'est entendu avec cet autrichien, exilé aux Etats-Unis, écrivain de profession, en vacances pour quelques semaines et ayant, de fait, un autre budget que le mien à disposition.



Le monstère de Key




Kibber Gompa




Les salles principales des édifices se parent de superbes couleurs par leurs longues tentures et autres Tangkhas, aux effigies de Bouddha. Il y a aussi de nombreux livres de prières. Ce sont en fait des feuillets, empilés en un bloc et serrés en leurs extrémités, par des planches en noble bois. Ils sont ensuite recouverts d'un tissu protecteur. Certains de ces écrits datent de plus de dix siècles! Les moines font volontiers visiter le monastère. J'y re-découvre (voyage au Laddakh et en Himachal Pradesh en 2000, avec également de nombreuses visites de monsatères bouddhistes tibétains) la rusticité des lieux, du confort, de"services", si je puis m'exprimer ainsi (certes, cela reste un monastère mais tout de même... ceux de la Thailande me semblent bien loin...) : Les toilettes sont un trou entre deux planches. La douche : un robinet d'eau froide venant de la source. Un tuyau le bouche et arrose le jardin. Sinon, un bout de bois qui pendouille stoppe le flux de l'eau. Evidemment, avant que je ne m'en aperçoive lorsque j'ai du l'utiliser, j'inonde le lieu...

Mes diverses observations me font, une fois de plus, m'étonner des différences qui composent nos vies, varient nos réalités et que je ne pensais parfois même pas exister. J'imagine le quotidien des ces gens, au bout de leur vallée, loin de tout, près du ciel.

04 novembre 2006

Khanum Gompa

C'est donc guillerètement, l'expression presque naïve, ravie de mon coup de tête, que je m'engage en direction de la vallée.
Je vais faire étape dans ce monastère bouddhiste tibétain, Khanum gompa, situé au sommet d'une colline, gravie à la force de mes jambes... Vue superbe après l'effort, soit, je me suis tout de même demandé pourquoi je n'avais pas bêtement attendu le bus pour y aller... Malgré ma tentative d'arrêt de fumer, l'effort me coûte, je peux le dire. Je fais de nombreuses pauses qui me font profiter du paysage et je constate que les montagnes n'ont de végétation qu'autour des villages, tout au plus. Il y a de la roche au beige mielleux, qui semble être polie tant elle scintille sous les rayons du soleil. Celui-ci disparaît tôt, se cachant derrière les cimes déjà blanches.
Le ciel est d'un bleu vif, clinquant.
C'est magnifique mais je ne devrais pas trop traîner avant d'arriver à mon but, qui semble chaque fois plus loin, plus haut.

Enfin arrivée au bout de la pente, je dois d'abord traverser le village, charmant, aux maisons de bois avec sculptures incrustées autour des portes et fenêtres. Les bestiaux se trouvent au rez-de-chaussée et la famille à l'étage, se nichant, le plus souvent, dans la même pièce. Alors que je déambule sur l'unique chemin du bas-village, je m'étonne de la simplicité dans laquelle ces gens vivent. J'ai l'impression de sauter de quelques générations pour ne pas m'exprimer en siècles. Quel décalage...
Les personnes que je croise sont bien sympathiques et répondent volontiers à mes saluts. J'ai plaisir à être là, malgré la fatigue et le récent effort, dans cette beauté naturelle et en toute simplicité.

Je finis par atteindre le monastère, situé, évidemment, tout en amont du village. Je me fais orienter vers le bâtiment des femmes et pour ce faire, suis guidée par un garçon, content de s'acquitter de la tâche.
J'y suis accueillie par une moniale qui parle peu anglais mais comprend, avec nos gestes échangés, que je cherche à dormir là pour quelques nuits... Elle ouvre alors la porte d'une pièce qui comporte un lit, un tapis et des fruits qui sèchent pour l'hiver. Une armoire où sont entreposées des photos du Dalaï Lama, trône dans un coin. Je m'en vais prendre le lit et la moniale dormira par terre, malgré mes oppositions. Elle insiste et rien n'y fera.



Pour venir au monastère, je me suis auparavant munie de quelques provisions pour mon séjour. J'ai acheté du riz, des lentilles (dhal) et quelques légumes. Je les amène au garde-manger où j'y rencontre un vieux monsieur, probablement le garant de l'économat. Assis, dans le noir, le long d'un mur, il se trouve dans une pièce où chauffe, en son milieu, un petit four à bois. Il y a des denrées en tous genres, que je découvre empilées ça et là. Je dépose à tâtons mon paquet dans un coin, qu'indique le geste vague du vieux moine. Je le quitte, comme je l'ai trouvé et une drôle d'impresion m'habite alors. J'ai comme le sentiment d'avoir vécu un moment d'immobilité ou d'éternité. Me demandant ce qu'il fait là, assis, seul, dans cette pièce? Rien? Et après, lorsque je serais partie depuis longtemps, il fera quoi? Sera-t-il toujours assis là, dans la même position? Pense-t-il à quelque chose ou, est-il, seulement?

Combien de fois en Asie, aurais-je vu des gens ne rien faire, en plein milieu de la journée, de la nuit, n'importe où, sur la route, assis par terre, sous un arbre, devant chez eux, au bistrot. Partout. Quel contraste avec notre monde de fou, j'ai envie de dire, où il faut prendre rendez-vous des semaines à l'avance avant de se rencontrer.
Est-ce que j'ai envie de vivre comme ça? Stressée la plupart du temps, indisponible à mes propres besoins, mes envies, aux autres, à la spontanéité. Ici, les gens prennent le temps et j'aime ça, c'est mon luxe.

Après une brève ballade de reconnaissance dans l'est du village, je dors merveilleusement bien, me réveille en pleine nuit et profite alors d'un ciel superbe, noir, au-dessus de ces lieux reculés, où brillent 1000 étoiles argentées.

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